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jeudi 20 novembre 2014

L'Interallié à "Karpathia", de Mathias Menegoz

Le 30 octobre, on pensait que Mathias Menegoz aurait le premier prix de la saison, le Grand prix du Roman de l'Académie française, pour "Karpathia" (P.O.L., 697 pages), son premier roman. Il n'en fut rien. Mais, ce 20 novembre, le néo-romancier a reçu chez Lasserre le dernier prix du calendrier, l'Interallié. Pas sans peine: l'adepte des polos Lacoste a obtenu la récompense au cinquième tour de scrutin, par six voix contre quatre à Simonetta Greggio ("Les nouveaux monstres", Stock).

"Karpathia", pour ceux que le titre feraient frémir, c'est la Transylvanie certes, mais sans les vampires. C'est surtout un épais roman d'aventures (700 pages) qui nous expédie dans le passé. Si le récit se déroule factuellement au XIXe siècle, la mentalité existant dans ces contrées fait plutôt songer au Moyen-Age. Les communications n'étaient pas alors ce qu'elles sont aujourd'hui.

La Transylvanie de 1833 est une mosaïque peuplée de Magyars, de Saxons et de Valaques.  On y parle hongrois, roumain ou allemand. On y pratique différentes religions. On y est soumis à des juridictions différentes. C'est ce que découvre le capitaine hongrois Alexander Korvanyi qui s'y rend à la suite d'un duel qui le fait brutalement quitter l'armée, accompagné de sa jeune épouse autrichienne Cara von Amprecht.  La terre des ancêtres n'a rien à voir avec la ville de Vienne que le couple quitte.

Mathias Menegoz.
Dès leur arrivée, les époux Korvanyi vont être confrontés à une série de crises diverses, dépassant la gestion d'un domaine longtemps laissé à la garde d'intendants, allant plus loin que la réalité quotidienne d'un couple.
Ces choix d'écriture permettent à Mathias Menegoz de déployer son imagination et sa force d'écriture, de s'intéresser à l'Histoire tout en bâtissant de remarquables aventures. Il nous fait découvrir un pays proche mais peu connu en dehors de son floklore.

Lui-même, né en France en 1968, d'un père normand et d'une mère souabe du Danube a eu l'occasion de voyager en Transylvanie. Son éditeur nous apprend qu'il a quitté la recherche alors qu'il a un doctorat en neuro-biochimie pour se consacrer à l'écriture. Mathias Menegoz se dit mal à l'aise devant la modernité (à l'exception du domaine scientifique) et angoissé quand il voit le passé passer. "Karpathia" lui a donné l'occasion de dépeindre un pays complexe, ayant vécu à sa façon le XIXe siècle, sa révolution industrielle, sa lutte des classes, ses conflits d'idées. Surtout, son premier roman met en scène des individus avec leurs certitudes à propos du bien et du mal, de la force et de la faiblesse. Hommes et femmes se succèdent dans cette fresque historique riche d'aventures. L'auteur les fait vivre de façon intense, comme dans la vraie vie. S'il s'abstient toujours de les juger, il nous rappelle constamment qu'on est en Transylvanie il y a cent cinquante ans, avec des châteaux-forts, des lacs, des montagnes et des forêts... Et donc tout un imaginaire, rien à voir avec le folklore galvaudé.

Les premières pages de "Karpathia" sont à lire ici.








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