Nombre total de pages vues

lundi 2 novembre 2015

Deux autres livres de Hédi Kaddour, superbes

Hédi Kaddour publie peu, un ou deux  livres tous les cinq ans environ. Mais quels livres! C'est dire si je suis en joie que son nouveau roman, "Les Prépondérants", ait été reçu le Grand prix du roman de l'Académie française, en duo avec Boualem Sansal (lire ici).


J'aimerais rappeler à cette occasion ses deux titres précédents, sortis, en bonne logique,  en 2010, "Savoir-vivre" (Gallimard et Folio l'année suivante) et "Les pierres qui montent" (Gallimard). Un roman et un journal, deux œuvres splendides qui, ensemble, font moins de pages que "Waltenberg" (Gallimard, 2005, Folio, 2007), son premier roman qui en affichait tranquillement 720 et qui, auréolé de prix (Goncourt du Premier roman, Meilleur roman français pour "Lire"), a royalement fait entrer le poète dans la sphère du roman.

Si Hédi Kaddour réjouit autant, c'est parce que la qualité d'écriture de ses livres donne une sensation d'euphorie. "Savoir-vivre" est un "roman dans le genre anglais", me glissait l'auteur au moment de sa sortie. Savamment ficelé, superbement écrit, il se base sur une histoire vraie qui s'est déroulée en Angleterre au tournant des années 20 et 30. Epoque de crise économique, déjà, où le fascisme se fait rudement tentant. Epoque explorée aujourd'hui dans "Les Prépondérants", dans un pays non nommé d'Afrique du nord.

On découvre l'affaire à l'occasion du reportage que le journaliste français Max Goffard veut ramener de Londres, où il retrouve Lena, son amie cantatrice: "une histoire un peu forte, avec une vraie chute", en dit le Franco-Tunisien. Il sera servi avec celle de William Strether, colonel décoré, héros de l'atroce bataille de Mons en 1914, "protégé des anges" et maître d'hôtel d'un restaurant chic, qu'il croise parfois au bras de son épouse, la terne Gladys. Un roman impeccable, splendide à tous égards.

L'autre volume, "Les pierres qui montent", est un journal littéraire de l'année 2008, passionnant de bout en bout. Encore une fois une plume merveilleuse, des mots dont on découvre l'assemblage avec bonheur et ravissement. Beaucoup d'impressions de lecture, Flaubert, Colette et des journaux d'écrivains en première place, avant la littérature contemporaine, parfois égratignée. Des "notes" qui vous pressent de se ruer sur sa bibliothèque.

Egalement, de nombreuses considérations nées du quotidien, rencontres, choses vues en rue. Des photos par écrit, des "croquis" dont l'acuité réjouit. Et une langue magnifique, sobre, fluide, généreuse dans le partage des émotions.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire