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jeudi 9 novembre 2017

Le prix Médicis à Yannick Haenel

Yannick Haenel.

Candidat malheureux au Goncourt lundi dernier, Yannick Haenel, 50 ans, a remporté ce jeudi 9 novembre le prix Médicis 2017 pour son septième roman,  "Tiens ferme ta couronne" (Gallimard, "L'infini", 352 pages). Le lauréat a dédié son prix à Anne Wiazemsky, romancière, comédienne et réalisatrice française, membre du jury du prix décédée le 5 octobre dernier à l'âge de 70 ans: "Comme mon livre porte sur les noces entre le cinéma et la littérature, si quelqu'un l'a incarné merveilleusement c'est elle. Baisers à Anne Wiazemsky", a-t-il dit.  Il a été élu au quatrième tour de scrutin, étant finalement préféré à Jean-François Désérable ("Un certain M. Piekielny", Gallimard) et à Chantal Thomas ("Souvenirs de la marée basse", Seuil).

"Tiens ferme ta couronne" est un roman drôle pour ne pas dire comique parfois. Avec des airs de thriller aussi à certains moments. Surtout c'est un roman ambitieux, drôlement casse-gueule mais qui tient jusqu'au bout. Yannick Haenel y fait se rencontrer un homme qui a écrit un énorme scénario sur la vie de Herman Melville dont aucun producteur ne veut et le cinéaste américain Michael Cimino, le réalisateur mythique de "Voyage au bout de l'enfer" et de "La Porte du paradis".

Ce qui compte surtout, c'est la manière dont les événements s'enchaînent, parfois de façon rocambolesque même. On passe de Paris à New York. On va en Italie. On croise Isabelle Huppert et d'autres personnages surprenants. Tout cela à la recherche d'une histoire. Un beau morceau de littérature.

Les premières pages de "Tiens ferme ta couronne" peuvent être lues ici.


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Le prix Médicis Etranger 2017 a été décerné à l'Italien Paolo Cognetti, 39 ans, pour son premier roman (après un recueil de nouvelles et un récit de voyage) "Les huit montagnes" ("Le otto montagne", traduit de l'italien par Anita Rochedy, Stock, "La Cosmopolite", 299 pages). Le livre qui a déjà reçu dans son pays les prix Strega, l'équivalent du Goncourt, et Strega jeunesse cet été, est en cours de traduction dans trente-six pays.

"Les huit montagnes" est un excellent roman, passionnant de bout en bout. Tellement prenant que j'ai avalé avec bonheur cette histoire de vie en montagne, de marches sur les glaciers notamment, moi qui ai horreur de cela. On y suit deux gamins que rien ne réunit à part leur âge, onze ans. Pietro, le narrateur, vient de la ville, Bruno est originaire de Grana, le village du Val d'Aoste où s'installe la famille de Pietro. Paolo Cognetti donne une épaisseur incroyable à ces deux garçons et à leurs proches. Il entre dans leurs têtes et dans leurs cœurs et nous permet de bien les connaître, lors de leur jeunesse, avec tous les écarts d'éducation qu'on suppose entre eux, et vingt ans plus tard, quand Pietro veut retrouver son passé. C'est très beau, un peu sauvage, surprenant, émouvant et follement emballant.

Pour lire le début du roman "Les huit montagnes", c'est ici.


Shulem Deen.

Le prix Médicis Essai 2017 va au livre "Celui qui va vers elle ne revient pas" de l'Américain Shulem Deen, 43 ans (traduit de l'anglais par Karine Reignier-Guerre, L'école des loisirs/Globe, 416 pages), sorti en mars de cette année. Ce récit autobiographique raconte la vie dans une communauté juive hassidique et les difficiles efforts qui ont été nécessaires pour la quitter, tout en s'interrogeant sur l'identité.





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Si on fait, à ce jour, le compte des prix qui comptent (Cinq continents de la Francophonie, Prince Pierre de Monaco, Jean Giono, Académie française, Goncourt, Renaudot, Décembre, Femina, Premier roman, Flore, Médicis), sans penser une seconde que ces prix sont mal attribués, bien au contraire cette année, peut-on faire remarquer qu'une seule femme apparaît dans un palmarès? Justine Augier, lauréate du Renaudot essai (lire ici). Et Françoise Héritier pour un prix Femina spécial (lire ici). Pour le reste, des hommes et rien que des hommes, seize à mon compteur aujourd'hui. Faut-il tourner son regard vers les jurys?


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