Ainsi donc, Delphine de Vigan arrive, avec son nouveau roman, le quatrième, "D'après une histoire vraie" (JC Lattès, 479 pages), en tête du classement français établi par "Livres Hebdo" qui a demandé à 300 libraires de désigner leurs romans préférés dans la rentrée littéraire - en tout, ils ont cité 205 titres parmi les romans français et étrangers de l'automne.
J'avais lu son gros bouquin à sa sortie, fin août, et il m'avait laissée assez indifférente pour ne pas dire dépitée. Tout ça pour ça?
Je m'en explique ci-dessous. Voyons d'abord qui Delphine de Vigan devance et qui sont les heureux élus du côté étranger.
Palmarès 2015 des libraires
Littérature française
Littérature étrangère
J'en reviens à "D'après une histoire vraie", roman d'apparence autobiographique.
C'est l'histoire d'une femme écrivain, prénommée Delphine, en panne d'écriture depuis le succès incroyable et imprévu de son précédent roman sur sa famille. Tiens, on dirait Delphine de Vigan et "Rien ne s'oppose à la nuit", son livre sur sa mère bipolaire sorti en 2011.
Cette romancière de papier est en couple avec un animateur d'émission télé sur les livres qui s'appelle François. Ooohhh, dans la vraie vie, Delphine de Vigan partage depuis quatre ans celle de François Busnel, qui anime chaque semaine depuis 2008 "La grande librairie" sur France 5.
La narratrice égrène les noms de quelques amies auteures, ou donne le titre de leurs livres. Par exemple Nathalie Kuperman ou Delphine Coulin. Plus loin, elle parlera d'Agnès Desarthe avec qui elle était au cours ou de Lionel Duroy qui aide des personnalités à rédiger leur biographie.
On serait donc dans une histoire vraie, comme le suggère le titre à une nuance près? C'est la question qui revient sans cesse dès l'apparition rapide d'un nouveau personnage féminin, L., qui débarque un soir par hasard, mais est-ce un hasard, et va peu à peu prendre possession de Delphine. L., à dire tout haut, qui se présente comme une nègre-star. Qui connaît donc le milieu de l'édition et le métier d'écrivain.
Le livre est vertigineux par moment, quand on voit l'araignée L. tisser sa toile, armée de tout ce qu'elle sait de Delphine, aussi fragile qu'aveugle, et l'y coincer, l'isolant d'un entourage peu présent mais que la narratrice tient aussi volontairement à distance. Cette dernière est tellement sous l'emprise de L. qu'elle dépasse sa panne d'écriture... Bien sûr, tout cela a un petit air de "Misery", le roman que Stephen King publia en 1987 et qui fut porté à l'écran en 1990 par Rob Reiner.
On avance dans le roman qui décoche toujours des noms de vraies personnes, souvent parisiennes. Qui conte par le menu le quotidien de Delphine et L. désormais. Leur temps ensemble, leurs conversations, leurs déplacements, leurs rares affrontements. C'est assez long et nous mène vers la finale dont Delphine de Vigan a semé tous les éléments, jusqu'au dernier mot du livre.
Est-ce le style de l'auteure, assez transparent, est-ce la longueur du texte, ne dépassant guère le quotidien, est-ce le côté "regardez comme je construis bien mon roman", je n'ai pas été convaincue de la sincérité de l'auteur et je n'ai pas été portée par son histoire. D'où mon "tout ça pour ça?" Pas grave, Delphine de Vigan figure dans les premières sélections de plusieurs prix: Goncourt et Goncourt des Lycéens, Renaudot et Médicis, après avoir été finaliste du Grand prix du roman Fnac (lire ici), attribué finalement à Laurent Binet. Les prochains jours verront tomber les deuxièmes sélections des différents prix, qui éclairciront forcément les lignes.
Pour lire le début de "D'après une histoire vraie", c'est ici.
J'avais lu son gros bouquin à sa sortie, fin août, et il m'avait laissée assez indifférente pour ne pas dire dépitée. Tout ça pour ça?
Je m'en explique ci-dessous. Voyons d'abord qui Delphine de Vigan devance et qui sont les heureux élus du côté étranger.
Palmarès 2015 des libraires
Littérature française
- "D'après une histoire vraie", Delphine de Vigan (JC Lattès)
- "Profession du père", Sorj Chalandon (Grasset, lire ici)
- "Otages intimes", Jeanne Benameur (Actes Sud)
- "La terre qui penche", Carole Martinez (Gallimard)
- "Un amour impossible", Christine Angot (Flammarion)
Littérature étrangère
- "Délivrances", Toni Morrison (Bourgois)
- "Intérieur nuit", Marisha Pessl (Gallimard)
- "D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds", Jon Kalman Stefansson (Gallimard)
- "L'imposteur", Javier Cercas (Actes Sud)
- "La neige noire", Paul Lynch (Albin Michel)
Delphine de Vigan. |
C'est l'histoire d'une femme écrivain, prénommée Delphine, en panne d'écriture depuis le succès incroyable et imprévu de son précédent roman sur sa famille. Tiens, on dirait Delphine de Vigan et "Rien ne s'oppose à la nuit", son livre sur sa mère bipolaire sorti en 2011.
Cette romancière de papier est en couple avec un animateur d'émission télé sur les livres qui s'appelle François. Ooohhh, dans la vraie vie, Delphine de Vigan partage depuis quatre ans celle de François Busnel, qui anime chaque semaine depuis 2008 "La grande librairie" sur France 5.
La narratrice égrène les noms de quelques amies auteures, ou donne le titre de leurs livres. Par exemple Nathalie Kuperman ou Delphine Coulin. Plus loin, elle parlera d'Agnès Desarthe avec qui elle était au cours ou de Lionel Duroy qui aide des personnalités à rédiger leur biographie.
On serait donc dans une histoire vraie, comme le suggère le titre à une nuance près? C'est la question qui revient sans cesse dès l'apparition rapide d'un nouveau personnage féminin, L., qui débarque un soir par hasard, mais est-ce un hasard, et va peu à peu prendre possession de Delphine. L., à dire tout haut, qui se présente comme une nègre-star. Qui connaît donc le milieu de l'édition et le métier d'écrivain.
Le livre est vertigineux par moment, quand on voit l'araignée L. tisser sa toile, armée de tout ce qu'elle sait de Delphine, aussi fragile qu'aveugle, et l'y coincer, l'isolant d'un entourage peu présent mais que la narratrice tient aussi volontairement à distance. Cette dernière est tellement sous l'emprise de L. qu'elle dépasse sa panne d'écriture... Bien sûr, tout cela a un petit air de "Misery", le roman que Stephen King publia en 1987 et qui fut porté à l'écran en 1990 par Rob Reiner.
On avance dans le roman qui décoche toujours des noms de vraies personnes, souvent parisiennes. Qui conte par le menu le quotidien de Delphine et L. désormais. Leur temps ensemble, leurs conversations, leurs déplacements, leurs rares affrontements. C'est assez long et nous mène vers la finale dont Delphine de Vigan a semé tous les éléments, jusqu'au dernier mot du livre.
Est-ce le style de l'auteure, assez transparent, est-ce la longueur du texte, ne dépassant guère le quotidien, est-ce le côté "regardez comme je construis bien mon roman", je n'ai pas été convaincue de la sincérité de l'auteur et je n'ai pas été portée par son histoire. D'où mon "tout ça pour ça?" Pas grave, Delphine de Vigan figure dans les premières sélections de plusieurs prix: Goncourt et Goncourt des Lycéens, Renaudot et Médicis, après avoir été finaliste du Grand prix du roman Fnac (lire ici), attribué finalement à Laurent Binet. Les prochains jours verront tomber les deuxièmes sélections des différents prix, qui éclairciront forcément les lignes.
Pour lire le début de "D'après une histoire vraie", c'est ici.