Traduction: J'aime le grec ancien et je l'assume
Oui, j'aime le grec ancien depuis que je l'ai découvert à l'école secondaire et pratiqué de près durant cinq années, de 12 à 17 ans. Plusieurs heures chaque jour de classe mais quel bonheur à l'arrivée. L'apprentissage de l'alphabet me mit dans le bain: les minuscules le matin, les majuscules l'après-midi. Après, c'était parti, vocabulaire, déclinaisons, conjugaisons, verbes irréguliers, thèmes, versions, scansions... Un peu à marche forcée avec un prof à l'ancienne qui pensait qu'on n'en savait jamais assez. On a souffert mais quel plaisir aussi après ces efforts, de lire le grec ancien dans le texte, de le comprendre sans devoir passer par la traduction, de savourer la finesse des épithètes homériques, la richesse des mots qu'on ne peut traduire que par de longues expressions, de déguster l'ordonnancement des mots dans une phrase ou la subtilité d'un verbe conjugué. Bref, c'était bien. Cela m'a mis des milliers de mots dans la tête, me permettant de retrouver leurs racines dans le vocabulaire d'aujourd'hui. Eventuellement, de déchiffrer rapidement le grec moderne. Cela m'a montré une liberté et une subtilité inouïe dans la formulation et dans l'énoncé des concepts.
J'ai fait du latin aussi, six années au même rythme, sans éprouver le même enthousiasme linguistique. Pour moi, le latin était carré alors que le grec ancien était rond.
C'est dire si j'ai été enchantée de découvrir le livre "La langue géniale, 9 bonnes raisons d'aimer le grec" (sous-entendu ancien), d'Andrea Marcolongo, 30 ans, (traduit de l'italien par Béatrice Robert-Boissier, Les Belles Lettres, 198 pages), complété par l'auteure d'un avant-propos destiné à l'édition française. Une autre solide amoureuse du grec ancien, comme l'a été Virginia Woolf! L'Italienne a complété ses apprentissages de jeunesse par une étude constante de cette langue. Il est réjouissant pour moi, devenue adulte, de lire ses propos passionnants. Loin de la philologie classique, parfois assommante pour les non-initiés, elle partage son érudition et son enthousiasme avec tous, qu'ils soient familiers du grec ou pas.
Le grec ancien est assurément une langue géniale et Andrea Marcolongo nous le fait découvrir avec chaleur, mêlant ses connaissances au monde d'aujourd'hui et à notre quotidien. Il ne faut pas s'alarmer devant les titres de ses "9 bonnes raisons d'aimer le grec",
Andrea Marcolongo. |
Oui, j'aime le grec ancien depuis que je l'ai découvert à l'école secondaire et pratiqué de près durant cinq années, de 12 à 17 ans. Plusieurs heures chaque jour de classe mais quel bonheur à l'arrivée. L'apprentissage de l'alphabet me mit dans le bain: les minuscules le matin, les majuscules l'après-midi. Après, c'était parti, vocabulaire, déclinaisons, conjugaisons, verbes irréguliers, thèmes, versions, scansions... Un peu à marche forcée avec un prof à l'ancienne qui pensait qu'on n'en savait jamais assez. On a souffert mais quel plaisir aussi après ces efforts, de lire le grec ancien dans le texte, de le comprendre sans devoir passer par la traduction, de savourer la finesse des épithètes homériques, la richesse des mots qu'on ne peut traduire que par de longues expressions, de déguster l'ordonnancement des mots dans une phrase ou la subtilité d'un verbe conjugué. Bref, c'était bien. Cela m'a mis des milliers de mots dans la tête, me permettant de retrouver leurs racines dans le vocabulaire d'aujourd'hui. Eventuellement, de déchiffrer rapidement le grec moderne. Cela m'a montré une liberté et une subtilité inouïe dans la formulation et dans l'énoncé des concepts.
J'ai fait du latin aussi, six années au même rythme, sans éprouver le même enthousiasme linguistique. Pour moi, le latin était carré alors que le grec ancien était rond.
C'est dire si j'ai été enchantée de découvrir le livre "La langue géniale, 9 bonnes raisons d'aimer le grec" (sous-entendu ancien), d'Andrea Marcolongo, 30 ans, (traduit de l'italien par Béatrice Robert-Boissier, Les Belles Lettres, 198 pages), complété par l'auteure d'un avant-propos destiné à l'édition française. Une autre solide amoureuse du grec ancien, comme l'a été Virginia Woolf! L'Italienne a complété ses apprentissages de jeunesse par une étude constante de cette langue. Il est réjouissant pour moi, devenue adulte, de lire ses propos passionnants. Loin de la philologie classique, parfois assommante pour les non-initiés, elle partage son érudition et son enthousiasme avec tous, qu'ils soient familiers du grec ou pas.
Le grec ancien est assurément une langue géniale et Andrea Marcolongo nous le fait découvrir avec chaleur, mêlant ses connaissances au monde d'aujourd'hui et à notre quotidien. Il ne faut pas s'alarmer devant les titres de ses "9 bonnes raisons d'aimer le grec",
- Quand. Jamais. L'aspect
- Le silence du grec. Sons, accents et esprits
- Trois genres, trois nombres
- Avec ou sans âme. Le neutre
- Je, nous deux, nous. Le duel
- Les cas, ou une anarchie ordonnée des mots
- Un mode nommé désir. L'optatif
- Mais alors, comment traduire?
- Le grec et nous, toute une histoire
Le texte est d'une limpidité parfaite, témoignant d'une profonde connaissance de la langue aimée et d'une immense envie de partager cet enthousiasme. On notera aussi les cadres qui enjolivent les pages, présentant des particularités grecques ou des notions relatives à la langue.
Il y a de la grammaire racontée dans cet ouvrage, bien entendu, plus littéraire que littérale. Il y a surtout le journal d'une helléniste qui souhaite partager ses découvertes et ce en quoi elles peuvent nous aider tous les jours. "Le grec ancien", écrit Andrea Marcolongo, " formule une certaine appréhension du monde, un monde plus que jamais utile et génial pour notre génération. Aucun examen n'est nécessaire: si à la fin de votre lecture, j'ai réussi à vous impliquer et à répondre aux questions que vous ne vous étiez jamais posées, si vous avez finalement compris la raison de toutes ces heures de travail, j'aurai atteint mon objectif." Un ouvrage hors du commun qui ouvre mille chemins.