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vendredi 20 juin 2025

Palmarès du prix Bernard Versele 2025

Les livres lauréats 2025.

Ils ont été près de 37.000 enfants à participer au prix Bernard Versele de la Ligue des familles cette année. 36.800 exactement. Pas mal, mais une dégringolade par rapport à l'an dernier où ils étaient plus de 45.000 (lire ici)! Ces jeunes lecteurs ont désigné le meilleur du livre jeunesse parmi les vingt-cinq titres qui leur avaient été proposés au cours de l'année scolaire 2024-2025. Un commentaire à propos de l'album ayant obtenu le label en catégorie 3 chouettes: "Un jour j’ai été coincé dans un ascenseur avec 4 personnes donc je comprends sa frustration et aussi l’histoire était XXL incroyable."
 
Depuis 1979, année de sa création, la mécanique du prix est bien huilée. Vingt-cinq livres sont sélectionnés par 300 volontaires (adultes). Les livres entament alors leurs périples à travers les classes et bibliothèques de Wallonie et de Bruxelles. Chaque enfant participant découvre les cinq livres correspondant à son niveau de lecture. Les enfants lisent seuls ou grâce à la complicité d'un lecteur adulte, en classe, en bibliothèque ou à la maison, avant de voter pour leur préféré. Ils peuvent voter pour leur coup de cœur même s'ils n'ont pas lu la totalité des cinq livres d'une catégorie. Ils peuvent aussi voter en dehors de leur catégorie d'âge.

Le palmarès des différentes éditions du prix Bernard Versele constitue une sorte de bibliothèque idéale, rendant compte des goûts des enfants (lire ici). Humour et exigence en général. S'ils aiment rigoler, ils sont aussi touchés par des sujets plus difficiles. Ce que confirme à propos de l'édition 2025, Aurore Bagno, chargée de projet à la Ligue des familles: "Il n'y a pas de thème dominant cette année. C'est assez varié… L’humour prime mais par exemple, "La petite chienne et la louve" parle de maltraitance, et "C'est moi qui décide!" aborde l’adaptation des enfants des familles recomposées." Les dix livres choisis par les enfants pour cette sont des traductions pour six d'entre eux, des revisites de contes pour trois d'entre eux, les deux étant parfois liés. Sauf en catégorie 3 chouettes, les préférences des lecteurs sont clairement marquées dans le nombre de votes.
 
Par rapport à la baisse de participants, Aurore Bagno nous dit: "Il y a surtout eu une hausse spectaculaire en 2024, 6.000 votants de plus! Cette année, nous avons compté environ 1.000 votes en moins par catégorie. Nous retombons dans nos moyennes." Effectivement, 39.000 votes ont été annoncés en 2023, 38.000 en 2022, 34.000 en 2021 malgré le covid (autres résultats à lire ici). Aurore Bagno évoque aussi des raisons pratiques, les vacances de Pâques et le déménagement de la Ligue des familles qui aurait perturbé l'acheminement de certains courriers.
 

Palmarès
J'y ai ajouté les noms des traducteurs.trices.
 
 

1 chouette
(dès 3 ans)


Lauréat

Le monstre du lac
Léo Timmers
traduit du néerlandais par Laurent Bayer
Cambourakis

Une épatante relecture du conte "Le vilain petit canard".
 
4.100 votes
 
 
 
Label
Mais où est-elle ?
Marie Mirgaine
Les Fourmis Rouges
lire ici 

Une drôlissime chasse à la perruque envolée

2.478 votes
 
 


2 chouettes
(dès 5 ans)

Lauréat

C'est moi qui décide!
Ingrid Olsson et Anete Melece
traduit du suédois par Aude Pasquier
Versant Sud
 
Se retrouver catapulté en compagnie d'autres enfants, par exemple, ceux du nouvel amoureux de maman…

3.734 votes


Label

Dépêche-toi, Alphonse Aubert
Gunilla Bergström
traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy
L'étagère du bas

Le départ à l'école d'un gamin, pressé par son papa parfois surprenant.

2.587 votes



3 chouettes
(dès 7 ans)



Lauréat

Les trois boucs bourrus
Mac Barnett et Jon Klassen
traduit de l'anglais par Alain Gnaedig
l'école des loisirs/Pastel

Un conte populaire norvégien revisité.

2.716 votes  
Label
Dans le noir de l'ascenseur
Constance Ørbeck-Nilssen et Øyvind Torseter
traduit du norvégien par Aude Pasquier
La Joie de lire

Coincé tout seul dans l'ascenseur dont l'accès était interdit. Comment s'en sortir?

2.165 votes


4 chouettes
(dès 9 ans)

Lauréat

Ni chien ni méchant
Laurent Gautier
Éditions Thierry Magnier

Un texte drôle et grinçant qui dénonce la méfiance et la crainte systématique de l'autre.

1.894 votes




Label

Blancaflor: la princesse aux pouvoirs secrets
Nadja Spiegelman et Sergio Garcia Sanchez
traduit de l'anglais par Alice Delarbre
l'école des loisirs/Rue de Sèvres

Un conte traditionnel d'Amérique latine.

885 votes



5 chouettes
(dès 11 ans)


Lauréat

La petite chienne et la louve
Marine Blandin
Biscoto

Comment résister à la maltraitance et s'en échapper.

1.289 votes





Label
Il court!
Jesse Owens, un dieu du stade chez les nazis
Cécile Alix et Bruno Pilorget
L'élan vert

Quand un athlète noir américain affronte le nazisme lors des JO de 1936.

417 votes





Les 25 titres proposés aux suffrages des enfants
 
1 chouette (dès 3 ans)
  • Le monstre du lac - Leo Timmers (Cambourakis)
  • Jamais, jamais - Marc Solal et Pierre Pratt (Motus)
  • Saute grenouille - Anna Walker (Thierry Magnier)
  • Pescadu - Lisa Bonardi (l'école des loisirs)
  • Mais où est-elle? - Marie Mirgaine (Les Fourmis Rouges)
 
2 chouettes (dès 5 ans)
  • L'imagier des sens - Anne Crausaz (Askip)
  • Le jardin de Baba - Jordan Scott et Sydney Smith (Didier Jeunesse)
  • Bonogong! - Moog et Dwiggy (Helvetiq)
  • Dépêche-toi, Alphonse Aubert - Gunilla Bergström (L'étagère du bas)
  • C'est moi qui décide! - Ingrid Olsson et Anete Melece (Versant Sud, Petites histoires nordiques)
 
3 chouettes (dès 7 ans)
  • Groun grount - Alice Bossut (L'atelier du poisson soluble)
  • Un si petit jouet - Irène Cohen-Janca et Brice Postma Uzel (Les éditions des éléphants)
  • Dans le noir de l'ascenseur - Constance Orbeck-Nilssen et Oyvind Torseter (La Joie de lire)
  • Monsieur Paul et le poisson Alfred - Sylvie Neeman et Serge Bloch (l'école des loisirs, Mouche)
  • Les trois boucs bourrus - Mac Barnett et Jon Klassen (L'école des loisirs, Pastel)
 
4 chouettes (dès 9 ans)
  • Hekla et Laki -  Marine Schneider (Albin Michel Jeunesse)
  • Ni chien ni méchant - Laurent Gautier (Thierry Magner, Petite Poche)
  • Le détour - Rozenn Brécard (La Partie)
  • Le ciel de Samir: quartier sensible - Marie Desplechin (L'école des loisirs, Neuf poche)
  • Blancaflor: la princesse aux pouvoirs secrets - Nadja Spiegelman et Sergio Garcia Sanchez (Rue de Sèvres)

5 chouettes (dès 11 ans)
  • Solveig: une viking chez les Iroquois - Frédéric Bernard et François Roca (Albin Michel Jeunesse)
  • La petite chienne et la louve - Marine Blandin (Biscoto)
  • Histoires naturelles 5 - La forêt des nuages - Xavier-Laurent Petit et Amandine Delaunay (l'école des loisirs/coll. Neuf)
  • Il court! Jesse Owens, un dieu du stade chez les nazis - Cécile Alix et Bruno Pilorget (L'élan vert)
  • Willodeen - Katherine Applegate et Charles Santoso (Seuil Jeunesse)
 
 

mercredi 18 juin 2025

Le duo Rosen-Oxenbury à nouveau réuni

A paraître fin septembre.
  
Ils n'ont travaillé qu'une fois ensemble, l'écrivain Michael Rosen et l'illustratrice Helen Oxenbury, mais quelle fois! L'album "La chasse à l'ours" enchante les enfants depuis trente-cinq ans ("We're Going on a Bear Hunt", Walker books, 1989).
 
Le duo britannique sera de retour à la rentrée avec un nouvel album, "Oh Dear, Look What I Got! , qui paraîtra chez Walker Books le 11 septembre. Sa traduction française, par Maurice Lomré, tout aussi musicale, "Oh là là , voyez-vous ça?", suivra de peu la version originale. Elle sera publiée Pastel, la branche belge de l'école des loisirs, le 24 septembre.
 
Pas de chasse à l'ours bis dans ce nouvel opus, mais un album chantant comme une comptine avec toute une série de joyeux malentendus portés par les illustrations très reconnaissables: "Je me rends au magasin pour acheter un chapeau élégant. À la place, on me donne… un chat bien portant ! Oh là là, voyez-vous ça? Est-ce que j'ai demandé ça? Non, vraiment pas! Je demande un manteau chaud, et on me donne un bouc tout penaud! Oh là là, mais que faire maintenant?", glisse l'éditeur à son propos. Alléchant.
 
Quelques pages de la version originale, faciles à traduire et dont on perçoit déjà le charme.
 



 
Initialement publié en 1989 en français chez Ouest-France dans une traduction adaptation de Claude Lauriot Prévost, l'album "La chasse à l'ours" a été repris par Kaléidoscope en 1997 dans une traduction d’Élisabeth Duval. 
 
 
 
 
 
 
 
 
Voici ce que j'en écrivais dans "Le Soir" à sa sortie.
 

UNE CHASSE A L'OURS QUI FAIT DU BRUIT

ATTACHANT album que cette "Chasse à l'ours" (1) publiée par un nouveau venu dans l'édition pour la jeunesse, Ouest-France, et dans laquelle une illustratrice au talent incontesté a posé ses aquarelles et ses fusains. Dans le texte, quelques lignes reviennent comme une comptine et nous bercent de leur mouvement de métronome et l'histoire, toute simple au départ, nous entraîne sur les chemins délicieux de la fantaisie. Autant de points tout à l'honneur de cet album, si plaisant avec son alternance de doubles pages en couleurs et en noir et blanc.

Une grande famille, le père, quatre enfants (dont un bébé) et un chien, décide de partir à la chasse à l'ours. Divers obstacles vont se présenter aux promeneurs, une prairie, une rivière, de la boue, une forêt... Comme ils ne peuvent être contournés, ils seront abordés de front: la famille va traverser la prairie, plonger dans la rivière, s'enliser dans la boue, s'enfoncer dans la forêt...

Particularité de cet album, et qui fait tout son charme, chaque épreuve est commentée par des onomatopées: "Flou flou!" pour la prairie herbeuse, "Splich splach!" pour la froide rivière, "Plaf plouf!" pour la boue épaisse... Succès garanti auprès des jeunes lecteurs auxquels on lit l'histoire.

Les illustrations sont autant d'instantanés des aventures des personnages. Les héros y sont saisis sur le vif, en pleine action. Les couleurs douces de l'aquarelle illuminent l'histoire, débordent même sur les pages en noir et blanc.

Quant à la chute de cette chasse, elle nous entraîne dans une folle course. On connaît les rebobinages en accéléré au cinéma, qui nous ramènent en quelques secondes au point de départ. Ici aussi, sur une seule page, toutes les étapes de la promenade défilent en sens inverse. Cette page découpée en espaces horizontaux est suivie d'une autre, découpée en «tranches» verticales où l'on voit la famille se retrouver chez elle, dans sa maison, et se cacher sous la couverture d'un grand lit familial. Quelle originalité et quel dynamisme dans l'utilisation de l'espace!

(1) La Chasse à l'ours, racontée par Michael Rosen, illustrée par Helen Oxenbury, Editions Ouest-France, 587 F (diffusion Labor-Bruxelles).
 
 
Les deux versions, 1989 et 1997.


 
 
 
 

mardi 10 juin 2025

Lorenzo aux JO

La flamme olympique par Lorenzo Mattotti (c) Galerie Martel.
 
Exposition Mattotti à Bruxelles.
Personne n'a oublié les Jeux Olympiques et Paralympiques qui se sont déroulés l'été dernier à Paris. Une ouverture sous des pluies dignes de la Belgique, des performances sportives incroyables dans des cadres souvent magnifiques. Des jours d'union, nationale ou pas, où les malheurs du monde se sont un peu effacés. Ces souvenirs reviennent instantanément en mémoire en parcourant la nouvelle exposition bruxelloise de la galerie Martel, espace inauguré à la fin de l'année dernière (lire ici). Elle est entièrement dédiée à la vision des JO de Lorenzo Mattotti. Et elle est magnifique. Le natif de Brescia installé à Paris attrape l'élan du sportif comme personne. "Je me suis rendu compte que, pour arriver à donner l'idée de mouvement dans une image arrêtée, il fallait parvenir à enlever ce qui est superflu pour ne conserver que la tension extrême du trait et de la forme. Par la composition, l'imbrication des formes et des couleurs, on parvient alors à créer une tension particulièrement forte dans le dessin", en a-t-il dit.

Une soixantaine d’œuvres sont présentées.

On retrouve aux cimaises largement occupées - une soixantaine d’œuvres y sont accrochées - les couleurs si caractéristiques de l'artiste, son trait, sa représentation des corps. Sa célébration des corps qui, ici, courent, soulèvent des poids, font la course à vélo, à cheval ou dans l'eau ou sur l'eau. Des corps tendus, en pleine compétition. Des corps d'athlètes. Des hommes et des femmes dans différentes disciplines des Jeux Olympiques et Paralympiques. On croit les reconnaître comme on croit retrouver le ciel sombre lors de l'avancée de la flamme. 
 
Différentes techniques, ici des encres de couleur.
 
A un moment, on se rend compte que toutes ces œuvres ont été créées bien avant le mois d'août 2024. Et ce n'est pas grave car l'émotion et le plaisir sont là. Bien sûr, si on avait suivi l'actualité bibliographique de Lorenzo Mattotti, on l'aurait su. Les originaux superbes présentés à Bruxelles viennent de deux beaux livres publiés l'an dernier. "Attraper la course" (Casterman, 128 pages, 2024), le catalogue de la centaine de dessins réalisés par Mattotti pour une exposition du Festival d'Angoulême 2024, ponctués de textes de Maria Pourchet et "Se dépasser" (Casterman, 128 pages, 2024) qui reprend les dessins et les peintures qu'il a réalisés à l'occasion des Jeux Paralympiques et qui ont été exposés dans les plus grandes gares de France.
 
Pastel et crayons de couleur.

Si Mattotti recourt à sa technique de crayons de couleur et de pastels qu'on lui connaît bien, il utilise aussi les encres de couleur et l'encre de Chine pour certains dessins. "Courir, se dépasser", une exposition qui donne la pêche en ces jours gris.

Jeux Olympiques et Paralympiques. 

 
Infos pratiques
Galerie Martel Bruxelles
Chaussée d'Ixelles, 337, 1050 Bruxelles
Jusqu'au 26 juillet
Du mardi au samedi de 14h30 à 19 heures
+32 2 721 79 57
contact@galeriemartel.com
Liste des œuvres ici



vendredi 16 mai 2025

Décès d'un écrivain jeunesse néerlandais qui fut aussi vice-premier ministre

Jan Terlouw. (c) ANP.

Ce vendredi 16 mai, le "Standaard" annonce le décès de l'écrivain néerlandais pour la jeunesse Jan Terlouw à l'âge de 93 ans. Il était né le 15 novembre 1931. Sa particularité? Auteur de livres pour enfants, il a été vice-Premier ministre des Pays-Bas (parti D66),  ministre des Affaires économiques, commissaire de la Reine en Gueldre et sénateur! Comme quoi, la littérature de jeunesse réserve des surprises... Jan Terlouw est connu pour ses romans "Koning van Katoren" , "Oorlogswinter" ou "Oosterschelde; windkracht 10", ajoute le journal.
 
Premier réflexe devant ce nom inconnu du côté francophone: a-t-il été traduit?
  • Une recherche Google ne donne rien.
  • ChatGPT est plus fort: ""L'Hiver de la peur", traduction française de "Oorlogswinter" (littéralement "Hiver de guerre"), un roman jeunesse très célèbre aux Pays-Bas. Ce livre raconte l'histoire d'un adolescent pendant l'hiver 1944-1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans une région occupée par les nazis. C’est une œuvre à la fois historique et initiatique. La version française a été publiée dans les années 1980 (chez Flammarion notamment, collection Castor Poche)."
  • Wikipédia donne d'autres infos, complémentaires: "Koning van Katoren" a été traduit "Chevalier de l'impossible" chez G. P., collection Super 1000, en 1975; "Oorlogswinter" a été traduit sous le titre "Michel" chez G. P., collection Grand angle, en 1976.
Bref, tout cela est bien ancien alors que Jan Terlouw a publié de la littérature de jeunesse jusqu'en 1998.
Faute de mieux, voici une traduction de l'article du Standaard qui fait son portrait.
""Il est décédé hier soir à la maison, paisiblement, entouré de sa famille", a déclaré sa famille. Terlouw a été chef du parti D66 pendant près de dix ans dans les années 1970 et 1980 et a également été brièvement ministre des Affaires économiques et vice-Premier ministre dans les cabinets Van Agt II et III.
 
Il a également mené une deuxième carrière, particulièrement fructueuse: il a percé comme écrivain pour la jeunesse en même temps qu'il entrait en politique. Il fait ses débuts en 1970 avec l'émouvant "Pjotr; vrijwillig verbannen naar Siberië" (Pjotr ​: banni volontairement en Sibérie), l'histoire d'un garçon russe qui traverse la Russie et se rend en Sibérie à la recherche de son père, qui y a été banni.

Le fil conducteur des livres jeunesse de Terlouw est l'engagement: il voulait donner aux jeunes une conscience environnementale et un sens de la politique et de l'histoire. En tant qu'écrivain pour enfants, il était également un grand défenseur de la nuance: il voulait montrer à ses lecteurs que les choses ne sont pas noires et blanches, mais généralement grises. Son ascension a coïncidé avec une tendance dans la littérature pour enfants vers des livres socialement engagés.

Ses livres les plus connus sont "Koning van Katoren" (1971) et "Oorlogswinter" (1972). Ce livre est basé sur ses propres expériences de guerre. Il a reçu un Gouden Griffel pour ses deux livres, le prix néerlandais le plus prestigieux pour la littérature jeunesse. En 1976, il obtient également un score élevé avec "Oosterschelde; windkracht 10", qu'il écrit au milieu du débat qui fait rage aux Pays-Bas à l'époque sur la fermeture de l'Oosterschelde et la manière dont cela devrait être fait. Le livre se déroule pendant la catastrophe des inondations de 1953. Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma: "Koning van Katoren", "Oorlogswinter" et "Briefgeheim".

Après son mandat de ministre, Terlouw a quitté la politique néerlandaise, mais a continué à se faire entendre régulièrement ces dernières années. Il s'est particulièrement engagé en faveur d'un meilleur climat. Il a également continué à écrire. Dans ses dernières années, il s'est imposé comme un auteur de thrillers. Il en a écrit plusieurs avec sa fille Sanne Terlouw."
 
 
 

mercredi 14 mai 2025

Claude Ponti, Grand prix SGDL 2025 pour l'Œuvre

C'est quand même bizarre, le hasard. Ce midi, j'expliquais à une personne que j'avais rencontré Claude Ponti pour la première fois à une remise des prix Sorcières à Paris. Je me souvenais que c'était à l'extérieur. En réalité, cela a eu lieu dans la cour d'un bel hôtel particulier de la rue des Lions Saint-Paul, dans le 4e, alors que j'avais le souvenir erroné de l'Hôtel de Massa où siège la Société des Gens de Lettres (SGDL). Bon, c'était en juin 1997, ce qui explique sans doute la confusion.
 
Tout cela pour dire que je vois peu après l'annonce de la création d'un nouveau prix SGDL, le prix SGDL pour les libertés d'expression et de création, décerné à Boualem Sansal. Piquée par la curiosité, je file illico sur le site de la SGDL. Là, divine surprise, l'annonce toute fraîche que le Grand prix SGDL pour l'Œuvre est attribué pour 2025 à Claude Ponti! Et cela, pile le jour de la naissance de sa fille Adèle, celle qui a tout déclenché. C'est la première fois qu'un auteur très majoritairement jeunesse est récompensé de cette manière.
 
La liste des lauréats précédents du Grand prix de l'Œuvre se trouve ici
Les précédents lauréats du prix depuis qu'il porte cette appellation, et non plus Grand prix pour l'ensemble de son oeuvre, sont Élisabeth Badinter (2024), Jean-Christophe Bailly (2023), Claude-Louis Combet (2022), Jean-Marie Blas de Roblès (2021), Marie-Hélène Lafon (2020), Jean-Claude Grumberd (2019), Dominique SIGAUD (2018).

Présentation de la SGDL:

🎉Claude Ponti est né en 1948. Il a étudié les beaux-arts à Aix-en-Provence, puis fait des études de lettres à Strasbourg. À vingt ans, il s'installe à Paris et publie ses premiers dessins dans "L'Express" et "Le Monde". En parallèle, il peint, par passion. Au début des années 1980, il travaille aussi comme directeur artistique à l'Imagerie d'Épinal. À la naissance de sa fille, Adèle, il réalise "L'Album d'Adèle" (Gallimard, 1986). C'est le premier d'une longue série d'albums (publiés par l'école des loisirs) qui l'ont imposé comme l'un des plus grands auteurs-illustrateurs pour la jeunesse en France et à l'étranger. Il a reçu un prix Sorcières spécial en 2006 pour l'ensemble de son œuvre.
🔸Claude Ponti est le pontife de la littérature jeunesse, le créateur du déluge de poussins qui prolifèrent et chahutent joyeusement dans les rayons des librairies depuis qu'il y est entré par effraction en 1985. Son premier ouvrage paru cette année-là, "L'Album d'Adèle", ne devait être lu que par sa fille. C'était sans compter Geneviève Brisac, son éditrice, qui le convainc de le rendre accessible à tous les enfants, avant qu'il ne la rejoigne à l'école des loisirs où il a signé près de 80 albums depuis.
🔸C'est avec le livre jeunesse, si singulier, qu'il a inventé une langue "incroyabilicieuse", parfois opaque pour les adultes mais que tous les enfants comprennent, et un monde habité de chimères merveilleuses, telles Pétronille, Hipollène, Okilélé, Poutchy Bloue, Lili Prune et autres Oum-Popotte. Certaines ont le droit à leurs propres séries, comme Blaise, le poussin masqué.
🔸Il est aussi l'auteur de romans, publiés à l'Olivier, dont "Les Pieds Bleus", paru en 1995.

Autre récompense en littérature de jeunesse dans ce palmarès (version complète ici), le Grand Prix SGDL pour un roman jeunesse attribué à Sébastien Gendron, pour "Dans le collimateur" (Pocket Jeunesse).
 
 
Claude Ponti recevra son prix lors d'un grand entretien le vendredi 13 juin, à 17h30, à l'Hôtel de Massa, pendant le festival SGDL "Espèces d'auteurs". Sébastien Gendron recevra le sien le samedi 14 juin.
Infos et programme ici.
 
 
 
 

mardi 13 mai 2025

Cold case à l'île de Pâques

L'inspecteur Guillermo Valverde. (c) Rue de Sèvres.

"Caballero Bueno"
, le très plaisant, original et atypique roman graphique que signent Thomas Lavachery au scénario et Thomas Gilbert aux dessins (l'école des loisirs, Rue de Sèvres, 174 pages) est le résultat d'une succession de hasards féconds, j'y reviendrai. C'est un polar à la Agatha Christie - les faits, vrais, sont contemporains de la romancière anglaise. Un crime atroce a été commis en novembre 1933. Comme l'enquête locale piétine, le président du Chili dépêche sur place son meilleur inspecteur, Guillermo Valverde. C'est aussi un polar ethnographique, donnant à voir la réalité des habitants de l'île de Pâques il y a cent ans.
 
Un peu d'histoire
Le Chili possède l'île de Pâques depuis 1888. Peu après, ses militaires parquent la population locale dans une réserve entourée de barbelés et les surveillent sévèrement. La plus grande partie de l'île, de même superficie que la ville de Bruxelles, est louée à une compagnie anglaise qui y élève des moutons. La liberté et l'herbe pour les animaux, un enclos sans ressource pour les Pascuans.
 
La première page de l'album. (c) Rue de Sèvres.

Revenons à "Caballero Bueno", polar fictionnel basé sur des faits réels. L'album commence quand un bateau amène l'inspecteur au physique peu commun à l'île. A peine débarqué, il entend le gouverneur lui conseiller de repartir. Ce dernier aurait trouvé le coupable du sauvage assassinat perpétré sur la personne d'Anthony Wilcox, un administrateur de la société anglaise Williamson & Balfour opérant sur place. Il en faut plus pour impressionner le fonctionnaire à l'embonpoint assumé et au verbe accrocheur. Il reste.
 
Rencontre entre l'inspecteur et le gouverneur. (c) Rue de Sèvres.
 
Guillermo Valverdo va mener une enquête fine et pointue pour retrouver le coupable et découvrir les mobiles de cet assassinat surprenant. Anthony Wilcox avait tout pour plaire à tout le monde. Alors qui et pourquoi? On va suivre ses investigations, ses déplacements à cheval, le mode de transport local, ses rencontres, ses échanges. Il va prendre des risques et va devoir dépasser ses peurs. On découvre l'homme, musicien et consommateur de laudanum, derrière le fonctionnaire rusé. Lors des divers épisodes, on rencontre toute une série de personnes-clés. Des hommes et des femmes représentatifs de la réalité de l'île à cette époque, du côté des occupants britanniques et chiliens comme du côté des locaux, ravagés par la lèpre. Le tout, dans des décors rendant remarquablement les merveilleux paysages de l'île.
 
Première visite au "coupable". (c) Rue de Sèvres.
 
L'inspecteur chilien trouvera bien entendu l'assassin mais son enquête aura aussi mis à jour des amours secrètes, des drames et des scandales, des monstruosités et des enthousiasmes artistiques. Un menu complet savamment composé qui est bien plus que la résolution d'une affaire ancienne, un reflet d'une société où les méchants ne sont pas nécessairement les méchants, pas plus que les bons ne sont les bons.
 
Une découverte que cet enquêteur amateur de havane et ami des chats -  comme celui qui lui a donné sa vie de papier -, fin psychologue et rhéteur expérimenté en plus d'être un mélomane pratiquant le violon. Le sous-titre de l'album "Une enquête de l'inspecteur Valverde" est-il une promesse de le retrouver? En tout cas, "Caballero Bueno" se lit avec intérêt et grand plaisir. Ce polar finement construit va au fond de l'âme de ses personnages et est servi par des illustrations intervenant à juste titre dans le récit pour le faire progresser.
 
En fin d'album, Thomas Lavachery glisse quelques mots sur l'expédition à l'île de Pâques de 1934 à laquelle a participé son grand-père.
 
Les hasards féconds
  • Et si Henri Lavachery, grand-père de Thomas, n'avait pas été à l'île de Pâques en 1934?
  • Et s'il n'en avait ramené de petites sculptures et plus de la statue de l'île qui ont forgé le destin de son petit-fils? Il a étudié l'histoire de l'art à l'ULB et y a consacré son mémoire.
  • Et si Thomas Lavachery n'était pas retourné à l'île de Pâques réaliser un film documentaire sur son grand-père?
  • Et si Thomas Lavachery et Thomas Gilbert, amis et complices, n'avaient pas eu envie de retravailler ensemble après le succès de l'adaptation en bande dessinée de "Bjorn"?
  • Et si Thomas Lavachery n'avait pas rencontré à Jérusalem un médecin qui avait obliqué vers la criminologie après son séjour à l'île de pâques et enquêté sur ce crime dont Henri Lavachery avait aussi entendu parler?
  • Et si...
 
Exposition temporaire
Différentes planches de l'album "Caballero Bueno" et des photos de l'expédition de l'expédition franco-belge de 1934 à l'île de Pâques sont exposées au Musée d'Art et d'Histoire jusqu'au 31 août. Elles voisinent les trois chefs-d'œuvre de l'art de l'île de Pâques: Pou Hakanononga , la plus ancienne statue géante en pierre connue, et deux statues en bois exceptionnellement travaillées, un moai kavakava (figure humaine aux côtes visibles) et un moai tangata moko (homme-lézard).
 
Pou Hakanononga. (c) MRAH.
 
Rappelons que le colosse de pierre (moai) est arrivé en Belgique en 1935, amené par le célèbre navire-école Mercator au port d'Anvers.
 
La statue à bord du Mercator. (c) MRAH.

 
La statue en pierre de six tonnes de l'île de Pâques était un cadeau du gouvernement chilien en remerciement de l'excellent travail scientifique de l'équipe dirigée par l'archéologue français Alfred Métraux et l'ethnologue belge Henri Lavachery. 
Elle est l'objet d'un livre illustré, "Pou Hakanononga", écrit par Nicolas Cauwe (Musées Royaux d'art et d'histoire, 112 pages), disponible en français, en néerlandais et en anglais. Fort de ses vingt misions archéologiques à l'île de Pâques, le conservateur des collections d'Océanie au musée y retrace l'histoire de cette statue arrivée à Bruxelles en 1935, l'expédition franco-belge de 1934-1935 et complète ce récit passionnant de nombreuses autres informations à propos de Pou et des Pascuans d'hier et d'aujourd'hui. 

A noter qu'un entretien avec le commissaire de l'exposition Nicolas Cauwe et l'auteur Thomas Lavachery aura lieu dans l'exposition ce mercredi 14 mai de 14h30 à 15h30 (infos pratiques ici).
 
 
 
 
 

samedi 26 avril 2025

Client de librairie indépendante, es-tu là?

L'affiche 2025.

Ce samedi 26 avril, près de 700 librairies indépendantes en Belgique, en France et en Suisse organisent la 27ᵉ édition de la Fête de la librairie indépendante (lire ici). Inspirée de la tradition catalane de la Sant Jordi, cette journée est une célébration de la littérature, de la lecture et du rôle essentiel des librairies indépendantes dans nos communautés. Elle se déroule toujours le samedi proche de la date du 23 avril, date de la Journée mondiale du livre. On note la participation de cinquante librairies indépendantes belges cette année (liste en fin de note).

À l'occasion de cette journée, chaque visiteur.euse se verra offrir, dans les librairies participantes, un ouvrage inédit intitulé "Esprit es-tu là?" et une rose (ou équivalent). Tiré à 26.000 exemplaires, cet ouvrage publié par Gallimard pour l'occasion, explore le thème des fantômes dans la littérature et l'art. En prolongation parfaite du tout récent Festival Passa Porta. 

"À vous qui recevez cet ouvrage, nous aimerions exprimer combien nous tous, libraires, sommes très émus d’être les confidents privilégiés des lecteurs qui mènent une double vie dans les librairies, poursuivant un chemin secret de livre en livre… Nous vous souhaitons de déployer une plus forte présence au monde en trouvant de nouveaux passages secrets pour converser ailleurs, réjoui par le plus fidèle des amis: un livre."
Extrait de la préface de Marie-Rose Guarniéri

Présentation inhabituelle pour le cadeau 2025. Ce n'est pas un livre avec une couverture et des pages intérieures mais un sachet de papier rassemblant les contributions de cinq artistes et intellectuel.les, Gabriel Dufay, Antoine Ginésy, Claire Morel, Daniel Sangsue et l'artiste Vahram Muratyan (le best-seller "Paris vs New-York" chez 10/18, c'est lui), qui en a réalisé l''affiche. Comme chaque année, cette superbe opération est coordonnée par l'Association Verbes et la librairie des Abbesses (Paris).

"Esprit es-tu là?" traite de l'invisible de la librairie, les fantômes qui coexistent avec les libraires en leurs murs. En cinq variations, les auteurs tentent de dévoiler la réalité rugueuse de ce métier déraisonnable, surtout ils leur parlent du feu, des azurs de cette profession.
  • Gabriel Dufay conçoit une anthologie autour des fantômes
  • Antoine Ginésy célèbre quelques plaques commémoratives parisiennes
  • Claire Morel relève scrupuleusement et artistiquement les présences fantomatiques des dédicaces d’écrivain.es
  • Daniel Sangsue propose une histoire des fantômes dans la littérature
  • Vahram Muratyan compose des constellations dansantes d'écrivain.es.

Les cinq contributions 2025.

Voici la préface de Marie-Rose Guarniéri, de l'Association Verbes et de la Librairie des Abbesses à Paris. "Faites entrer l'infini." Elle dit magnifiquement ce mystère du métier de libraire.



Les 50 librairies belges associées à l'événement
classées selon leur code postal

Quelques changements par rapport à l'an dernier (lire ici), ce qui ne veut évidemment pas dire que les officines ont disparu à l'exception de La Licorne, qui a fermé ses portes fin mars, dix ans après sa reprise (lire ici), et plusieurs arrivées ou retours. Au total, cinquante librairies indépendantes participantes.
  • Tropismes Galerie des Princes, 11 1000 Bruxelles
  • Tulitu Rue de Flandre, 55 1000 Bruxelles
  • Brin d'acier Rue Josaphat 269 1030 Bruxelles
  • SchaerBook Avenue Léon Mahillon, 91 1030 Bruxelles
  • La Librairie Européenne Rue de l'Orme 1 1040 Etterbeek
  • Candide Place Brugmann, 1-2 1050 Bruxelles 
  • Les yeux gourmands Avenue Jean Volders, 64A 1060 Bruxelles 
  • Herbes folles Rue St Guidon, 30 1070 Anderlecht
  • ABC Livres, Librairie du Midi, Boulevard Pointcarré, 75 1070 Bruxelles
  • Librairie Jaune Rue Léopold 1er, 499 1090 Bruxelles
  • A Livre Ouvert-Le Rat conteur Rue St Lambert, 116 1200 Bruxelles 
  • Librairie Claudine Courte rue des Fontaines, 74 1300 Wavre
  • La Mazerine Square Marie Pouli, 1A 1310 La Hulpe
  • Twist Rue des Fusillés, 2 1340 Ottignies
  • La DUC Ciaco Grand-Rue 2-14 1348 Louvain-la-Neuve
  • La Page d'Après Rue des Wallons, 3 1348 Louvain-la-Neuve
  • Archibald Rue de la Bruyère 3 1370 Jodoigne
  • L'Ivre de Papier Rue Saint Jean, 34 1370 Jodoigne
  • Au P'tit Prince Rue de Soignies, 12 1400 Nivelles 
  • Graffiti Chaussée de Bruxelles, 129 1410 Waterloo
  • Le Baobab Rue des Alliés, 3 1420 Braine-l'Alleud
  • Livre aux Trésors Place Xavier Neujean, 27A 4000 Liège
  • Pax Place Cockerill, 4 4000 Liège
  • L'Escale librairie Rue du Laveu, 30 4000 Liège
  • La Grande Ourse Rue Maghin, 95 4000 Liège
  • Le Long Courrier Avenue Laboulle, 55 4130 Tilff
  • L'Ours à lunettes Grand Place, 9 4500 Huy
  • Marque Tapage Rue de José, 68 4651 Battice
  • Les Augustins Pont du Chêne, 1 4800 Verviers
  • La Traversée Rue de l'Harmonie, 9 4800 Verviers
  • Papyrus Rue Bas de la Place, 16 5000 Namur
  • Point-Virgule Rue Lelièvre, 1 5000 Namur
  • Antigone Place de l'Orneau, 17 5030 Gembloux
  • Graines de vie Rue de la Station, 53 5060 Sambreville
  • DLivre Rue Grande, 67A 5500 Dinant
  • La Petite librairie Rue du Naimeux, 39 4802 Heusy
  • Molière Bld Tirou, 68 6000 Charleroi
  • Croisy Rue du Sablon, 131 6600 Bastogne
  • La Dédicace Place Nestor Outer, 11 6760 Virton
  • Le Temps de lire Rue du Serpont, 13 6800 Libramont
  • Oxygène Rue St Roch, 26 6840 Neufchâteau
  • Livre'S Avenue de France, 9 6900 Marche 
  • Florilège Rue du Grand Jour, 16 7000 Mons
  • André Leto Rue d'Havré, 35 7000 Mons
  • Scientia Rue de la Chaussée, 64-66 7000 Mons
  • Librairie de la Reine Grand Place, 9 7130 Binche
  • Quartier Latin Rue Grande, 13 7330  Saint-Ghislain
  • Chantelivre Quai Notre-Dame, 10 7500 Tournai
  • La Procure Rue des Maux, 22 7500 Tournai
  •  Melpomène Rue de la Station, 85 7700 Mouscron

 

 

jeudi 24 avril 2025

Le Prix Prem1ère Victor du Livre Jeunesse à l'Australienne Robyn Bavati

Robyn Bavati.

La lauréate du Prix Prem1ère Victor du Livre Jeunesse 2025 est l'Australienne Robyn Bavati pour son roman "Un week-end avec Oscar" (traduit de l'anglais par Anne Cohen Beucher, Alice Editions, collection "Tertio", 2024, 300 pages). Un roman sur le deuil, le premier amour et l'importance d’être là pour sa famille, quoi qu’il arrive.
Trois mille cent vingt-deux lecteurs et lectrices de douze à quinze ans, chiffre en hausse par rapport aux années précédentes, étaient inscrits à la septième édition du prix. Près de deux tiers d'entre eux ont pris part au scrutin.
 
Vu la nationalité de la gagnante, on comprendra que ce soit sa traductrice, Anne Cohen Beucher, qui soit allée recevoir la récompense des mains de l'actrice belge Stéphanie Blanchoud, lors de l'émission Tendances Première de ce jeudi 24 avril (à écouter ici).
 
Robyn Bavati vit à Melbourne, en Australie, où elle est née, a grandi et est retournée en 1999 après avoir passé une partie de sa vie en Israël. Elle est la mère de trois enfants. "Un week-end avec Oscar" met en scène Jamie, Australien de seize ans. Depuis la mort de son père dont il est toujours en deuil, il vit avec sa mère et son petit frère Oscar, atteint de trisomie 21. Son avenir s'éclaircit lorsqu'il rencontre Zara, la nouvelle élève de l'école. Quand sa mère s'absente pour le week-end, Jamie accepte de garder Oscar. Mais le dimanche soir, elle ne revient pas.
 
Les quatre autres ouvrages sélectionnés selon les critères du prix (roman donnant envie de lire et made in Belgium):
  • "Chienne de guerre", de Nathalie Skowronek (Cotcotcot Éditions)
  • "La dernière marée", d'Aylin Manço (Éditions Talents Hauts)
  • "L'enlèvement de Donald Trump", de Nicolas Keszei (Éditions Mijade)
  • "Une île lointaine", de Frank Andriat (Ker Éditions)
 
A noter que le Prix Prem1ère Victor du Livre Jeunesse est doté de 1500 euros, montant offert par Bibliothèques Sans Frontières Belgique qui gère le projet depuis le début de l'année scolaire 2023-2024 (lire ici). Une campagne de promotion sur les plateformes de la RTBF est également prévue.

Les inscriptions pour le prix première Victor du Livre Jeunesse 2026 sont d'ores et déjà ouvertes ici. La sélection 2025-2026 sera dévoilée avant l’été.

Les livres primés lors des cinq premières éditions (2019-2023) sont disponibles sur le site Auvio de la RTBF (ici).


mercredi 23 avril 2025

Deux romans choisis par des jurys de lecteurs


Et le gagnant
du premier Prix des Librairies indépendantes de Belgique est une gagnante! Bérénice Pichat remporte en ce mercredi 23 avril, jour de la San Jordi, fête de la librairie indépendante, le premier trophée avec son roman "La Petite Bonne" (Les Avrils, 272 pages). Un premier roman écrit en vers libres, à la manière du regretté Joseph Pontus dans "A la ligne", et envoyé par la poste. Les éditrices Lola Nicolle et Sandrine Thévenet n'ont pas hésité. A raison, le livre s'est déjà vendu à plus de 40.000 exemplaires.
 
La lauréate et une de ses éditrices, Lola Nicolle, sont venues recevoir le prix à Bruxelles.
 
On se rappellera que le Syndicat des libraires francophones de Belgique avait créé ce prix en début d'année pour lutter contre la morosité du secteur (lire ici). Si la sélection des cinq titres est opérée par un comité de douze libraires, ce sont les lecteurs, les clients des librairies, qui votent et choisissent.
 
Bérénice Pichat (c) Chloé Vollmer-Lo.
 
Bérénice Pichat
est professeure des écoles au Havre. Passionnée d'histoire, elle raconte dans "La Petite Bonne" les répercussions intimes de la Grande Guerre dans la France des années 1930. Grâce à une alchimie parfaite entre prose et vers libres, elle tisse un huis clos bouleversant entre deux êtres que tout oppose hormis le poids du destin. Un huis clos magnétique entre une jeune domestique qui n'a pas de nom et son maître, Monsieur Daniel, un ancien pianiste accablé d’amertume, gueule cassée de la bataille de la Somme. Elle est travailleuse, courageuse, dévouée. Mais elle redoute ce week-end car Madame est partie prendre l'air à la campagne.
 
Pour lire en ligne un extrait de "La Petite Bonne", c'est ici


 
Pour rappel, les quatre autres romans en lice:
  • "Ilaria ou la conquête de la désobéissance", de Gabriella Zalapì (Zoé)
  • "La Lumière vacillante", de Nino Haratischwili (traduit de l'allemand par Barbara Fontaine, Gallimard, "Du monde entier")
  • "Roman de Ronce et d'Epine", de Lucie Baratte (Typhon)
  • "Tirer", d'Alexandre Valassidis (Scribes/Gallimard)
 

Le Prix des lycéens

Depuis 1993, le Prix des lycéens de Littérature permet chaque année à deux milliers d'élèves de cinquième et sixième secondaires de découvrir des auteurs et des autrices belges francophones. Pendant des mois, ils lisent, analysent, rencontrent les auteurs, débattent avant d'élire leur favori.
 
Les 2300 jeunes qui constituaient le jury du Prix des lycéens 2025 ont  choisi le roman de Paul Colize, "Devant Dieu et les hommes" (Éditions Hervé Chopin, 2023; Gallimard, 2024). Ils lui ont aussi décerné le Prix du sujet sorti de l'ombre: "En imaginant le procès de deux mineurs italiens rescapés de la catastrophe du Bois du Cazier, Paul Colize revisite une page de l'histoire de notre pays qui tend à tomber dans l'oubli. Extrêmement bien documenté, "Devant Dieu et les hommes" utilise les débats du prétoire pour mettre en lumière tous les maux d'une époque, où s'exprimaient au grand jour le racisme, le mépris de classe et la misogynie. Si nous y avons été si sensibles, c'est parce que ces tensions traversent toujours la société et restent d'actualité."

Les quatre autres romans de la sélection ont reçu des prix spéciaux:
  • "Immensità", de Victoire de Changy (Cambourakis): Prix du voyage vers un autre monde
  • "La Pouponnière d'Himmler", de Caroline De Mulder (Gallimard), Prix du roman qui ne s'oublie pas
  • "Demain les ombres", de Noëlle Michel (Le bruit du monde), Prix Au-delà des apparences et Prix des délégués de classe
  • "Le Témoin silencieux", d'Arnaud Nihoul (Genèse Édition), Prix Trampoline du roman riche en rebondissements

Le Prix des lycéens est une initiative du Service PECA (Parcours d’Éducation Culturelle et Artistique) de l'Administration générale de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles.