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samedi 26 avril 2025

Client de librairie indépendante, es-tu là?

L'affiche 2025.

Ce samedi 26 avril, près de 700 librairies indépendantes en Belgique, en France et en Suisse organisent la 27ᵉ édition de la Fête de la librairie indépendante (lire ici). Inspirée de la tradition catalane de la Sant Jordi, cette journée est une célébration de la littérature, de la lecture et du rôle essentiel des librairies indépendantes dans nos communautés. Elle se déroule toujours le samedi proche de la date du 23 avril, date de la Journée mondiale du livre. On note la participation de cinquante librairies indépendantes belges cette année (liste en fin de note).

À l'occasion de cette journée, chaque visiteur.euse se verra offrir, dans les librairies participantes, un ouvrage inédit intitulé "Esprit es-tu là?" et une rose (ou équivalent). Tiré à 26.000 exemplaires, cet ouvrage publié par Gallimard pour l'occasion, explore le thème des fantômes dans la littérature et l'art. En prolongation parfaite du tout récent Festival Passa Porta. 

"À vous qui recevez cet ouvrage, nous aimerions exprimer combien nous tous, libraires, sommes très émus d’être les confidents privilégiés des lecteurs qui mènent une double vie dans les librairies, poursuivant un chemin secret de livre en livre… Nous vous souhaitons de déployer une plus forte présence au monde en trouvant de nouveaux passages secrets pour converser ailleurs, réjoui par le plus fidèle des amis: un livre."
Extrait de la préface de Marie-Rose Guarniéri

Présentation inhabituelle pour le cadeau 2025. Ce n'est pas un livre avec une couverture et des pages intérieures mais un sachet de papier rassemblant les contributions de cinq artistes et intellectuel.les, Gabriel Dufay, Antoine Ginésy, Claire Morel, Daniel Sangsue et l'artiste Vahram Muratyan (le best-seller "Paris vs New-York" chez 10/18, c'est lui), qui en a réalisé l''affiche. Comme chaque année, cette superbe opération est coordonnée par l'Association Verbes et la librairie des Abbesses (Paris).

"Esprit es-tu là?" traite de l'invisible de la librairie, les fantômes qui coexistent avec les libraires en leurs murs. En cinq variations, les auteurs tentent de dévoiler la réalité rugueuse de ce métier déraisonnable, surtout ils leur parlent du feu, des azurs de cette profession.
  • Gabriel Dufay conçoit une anthologie autour des fantômes
  • Antoine Ginésy célèbre quelques plaques commémoratives parisiennes
  • Claire Morel relève scrupuleusement et artistiquement les présences fantomatiques des dédicaces d’écrivain.es
  • Daniel Sangsue propose une histoire des fantômes dans la littérature
  • Vahram Muratyan compose des constellations dansantes d'écrivain.es.

Les cinq contributions 2025.

Voici la préface de Marie-Rose Guarniéri, de l'Association Verbes et de la Librairie des Abbesses à Paris. "Faites entrer l'infini." Elle dit magnifiquement ce mystère du métier de libraire.



Les 50 librairies belges associées à l'événement
classées selon leur code postal

Quelques changements par rapport à l'an dernier (lire ici), ce qui ne veut évidemment pas dire que les officines ont disparu à l'exception de La Licorne, qui a fermé ses portes fin mars, dix ans après sa reprise (lire ici), et plusieurs arrivées ou retours. Au total, cinquante librairies indépendantes participantes.
  • Tropismes Galerie des Princes, 11 1000 Bruxelles
  • Tulitu Rue de Flandre, 55 1000 Bruxelles
  • Brin d'acier Rue Josaphat 269 1030 Bruxelles
  • SchaerBook Avenue Léon Mahillon, 91 1030 Bruxelles
  • La Librairie Européenne Rue de l'Orme 1 1040 Etterbeek
  • Candide Place Brugmann, 1-2 1050 Bruxelles 
  • Les yeux gourmands Avenue Jean Volders, 64A 1060 Bruxelles 
  • Herbes folles Rue St Guidon, 30 1070 Anderlecht
  • ABC Livres, Librairie du Midi, Boulevard Pointcarré, 75 1070 Bruxelles
  • Librairie Jaune Rue Léopold 1er, 499 1090 Bruxelles
  • A Livre Ouvert-Le Rat conteur Rue St Lambert, 116 1200 Bruxelles 
  • Librairie Claudine Courte rue des Fontaines, 74 1300 Wavre
  • La Mazerine Square Marie Pouli, 1A 1310 La Hulpe
  • Twist Rue des Fusillés, 2 1340 Ottignies
  • La DUC Ciaco Grand-Rue 2-14 1348 Louvain-la-Neuve
  • La Page d'Après Rue des Wallons, 3 1348 Louvain-la-Neuve
  • Archibald Rue de la Bruyère 3 1370 Jodoigne
  • L'Ivre de Papier Rue Saint Jean, 34 1370 Jodoigne
  • Au P'tit Prince Rue de Soignies, 12 1400 Nivelles 
  • Graffiti Chaussée de Bruxelles, 129 1410 Waterloo
  • Le Baobab Rue des Alliés, 3 1420 Braine-l'Alleud
  • Livre aux Trésors Place Xavier Neujean, 27A 4000 Liège
  • Pax Place Cockerill, 4 4000 Liège
  • L'Escale librairie Rue du Laveu, 30 4000 Liège
  • La Grande Ourse Rue Maghin, 95 4000 Liège
  • Le Long Courrier Avenue Laboulle, 55 4130 Tilff
  • L'Ours à lunettes Grand Place, 9 4500 Huy
  • Marque Tapage Rue de José, 68 4651 Battice
  • Les Augustins Pont du Chêne, 1 4800 Verviers
  • La Traversée Rue de l'Harmonie, 9 4800 Verviers
  • Papyrus Rue Bas de la Place, 16 5000 Namur
  • Point-Virgule Rue Lelièvre, 1 5000 Namur
  • Antigone Place de l'Orneau, 17 5030 Gembloux
  • Graines de vie Rue de la Station, 53 5060 Sambreville
  • DLivre Rue Grande, 67A 5500 Dinant
  • La Petite librairie Rue du Naimeux, 39 4802 Heusy
  • Molière Bld Tirou, 68 6000 Charleroi
  • Croisy Rue du Sablon, 131 6600 Bastogne
  • La Dédicace Place Nestor Outer, 11 6760 Virton
  • Le Temps de lire Rue du Serpont, 13 6800 Libramont
  • Oxygène Rue St Roch, 26 6840 Neufchâteau
  • Livre'S Avenue de France, 9 6900 Marche 
  • Florilège Rue du Grand Jour, 16 7000 Mons
  • André Leto Rue d'Havré, 35 7000 Mons
  • Scientia Rue de la Chaussée, 64-66 7000 Mons
  • Librairie de la Reine Grand Place, 9 7130 Binche
  • Quartier Latin Rue Grande, 13 7330  Saint-Ghislain
  • Chantelivre Quai Notre-Dame, 10 7500 Tournai
  • La Procure Rue des Maux, 22 7500 Tournai
  •  Melpomène Rue de la Station, 85 7700 Mouscron

 

 

jeudi 24 avril 2025

Le Prix Prem1ère Victor du Livre Jeunesse à l'Australienne Robyn Bavati

Robyn Bavati.

La lauréate du Prix Prem1ère Victor du Livre Jeunesse 2025 est l'Australienne Robyn Bavati pour son roman "Un week-end avec Oscar" (traduit de l'anglais par Anne Cohen Beucher, Alice Editions, collection "Tertio", 2024, 300 pages). Un roman sur le deuil, le premier amour et l'importance d’être là pour sa famille, quoi qu’il arrive.
Trois mille cent vingt-deux lecteurs et lectrices de douze à quinze ans, chiffre en hausse par rapport aux années précédentes, étaient inscrits à la septième édition du prix. Près de deux tiers d'entre eux ont pris part au scrutin.
 
Vu la nationalité de la gagnante, on comprendra que ce soit sa traductrice, Anne Cohen Beucher, qui soit allée recevoir la récompense des mains de l'actrice belge Stéphanie Blanchoud, lors de l'émission Tendances Première de ce jeudi 24 avril (à écouter ici).
 
Robyn Bavati vit à Melbourne, en Australie, où elle est née, a grandi et est retournée en 1999 après avoir passé une partie de sa vie en Israël. Elle est la mère de trois enfants. "Un week-end avec Oscar" met en scène Jamie, Australien de seize ans. Depuis la mort de son père dont il est toujours en deuil, il vit avec sa mère et son petit frère Oscar, atteint de trisomie 21. Son avenir s'éclaircit lorsqu'il rencontre Zara, la nouvelle élève de l'école. Quand sa mère s'absente pour le week-end, Jamie accepte de garder Oscar. Mais le dimanche soir, elle ne revient pas.
 
Les quatre autres ouvrages sélectionnés selon les critères du prix (roman donnant envie de lire et made in Belgium):
  • "Chienne de guerre", de Nathalie Skowronek (Cotcotcot Éditions)
  • "La dernière marée", d'Aylin Manço (Éditions Talents Hauts)
  • "L'enlèvement de Donald Trump", de Nicolas Keszei (Éditions Mijade)
  • "Une île lointaine", de Frank Andriat (Ker Éditions)
 
A noter que le Prix Prem1ère Victor du Livre Jeunesse est doté de 1500 euros, montant offert par Bibliothèques Sans Frontières Belgique qui gère le projet depuis le début de l'année scolaire 2023-2024 (lire ici). Une campagne de promotion sur les plateformes de la RTBF est également prévue.

Les inscriptions pour le prix première Victor du Livre Jeunesse 2026 sont d'ores et déjà ouvertes ici. La sélection 2025-2026 sera dévoilée avant l’été.

Les livres primés lors des cinq premières éditions (2019-2023) sont disponibles sur le site Auvio de la RTBF (ici).


mercredi 23 avril 2025

Deux romans choisis par des jurys de lecteurs


Et le gagnant
du premier Prix des Librairies indépendantes de Belgique est une gagnante! Bérénice Pichat remporte en ce mercredi 23 avril, jour de la San Jordi, fête de la librairie indépendante, le premier trophée avec son roman "La Petite Bonne" (Les Avrils, 272 pages). Un premier roman écrit en vers libres, à la manière du regretté Joseph Pontus dans "A la ligne", et envoyé par la poste. Les éditrices Lola Nicolle et Sandrine Thévenet n'ont pas hésité. A raison, le livre s'est déjà vendu à plus de 40.000 exemplaires.
 
La lauréate et une de ses éditrices, Lola Nicolle, sont venues recevoir le prix à Bruxelles.
 
On se rappellera que le Syndicat des libraires francophones de Belgique avait créé ce prix en début d'année pour lutter contre la morosité du secteur (lire ici). Si la sélection des cinq titres est opérée par un comité de douze libraires, ce sont les lecteurs, les clients des librairies, qui votent et choisissent.
 
Bérénice Pichat (c) Chloé Vollmer-Lo.
 
Bérénice Pichat
est professeure des écoles au Havre. Passionnée d'histoire, elle raconte dans "La Petite Bonne" les répercussions intimes de la Grande Guerre dans la France des années 1930. Grâce à une alchimie parfaite entre prose et vers libres, elle tisse un huis clos bouleversant entre deux êtres que tout oppose hormis le poids du destin. Un huis clos magnétique entre une jeune domestique qui n'a pas de nom et son maître, Monsieur Daniel, un ancien pianiste accablé d’amertume, gueule cassée de la bataille de la Somme. Elle est travailleuse, courageuse, dévouée. Mais elle redoute ce week-end car Madame est partie prendre l'air à la campagne.
 
Pour lire en ligne un extrait de "La Petite Bonne", c'est ici


 
Pour rappel, les quatre autres romans en lice:
  • "Ilaria ou la conquête de la désobéissance", de Gabriella Zalapì (Zoé)
  • "La Lumière vacillante", de Nino Haratischwili (traduit de l'allemand par Barbara Fontaine, Gallimard, "Du monde entier")
  • "Roman de Ronce et d'Epine", de Lucie Baratte (Typhon)
  • "Tirer", d'Alexandre Valassidis (Scribes/Gallimard)
 

Le Prix des lycéens

Depuis 1993, le Prix des lycéens de Littérature permet chaque année à deux milliers d'élèves de cinquième et sixième secondaires de découvrir des auteurs et des autrices belges francophones. Pendant des mois, ils lisent, analysent, rencontrent les auteurs, débattent avant d'élire leur favori.
 
Les 2300 jeunes qui constituaient le jury du Prix des lycéens 2025 ont  choisi le roman de Paul Colize, "Devant Dieu et les hommes" (Éditions Hervé Chopin, 2023; Gallimard, 2024). Ils lui ont aussi décerné le Prix du sujet sorti de l'ombre: "En imaginant le procès de deux mineurs italiens rescapés de la catastrophe du Bois du Cazier, Paul Colize revisite une page de l'histoire de notre pays qui tend à tomber dans l'oubli. Extrêmement bien documenté, "Devant Dieu et les hommes" utilise les débats du prétoire pour mettre en lumière tous les maux d'une époque, où s'exprimaient au grand jour le racisme, le mépris de classe et la misogynie. Si nous y avons été si sensibles, c'est parce que ces tensions traversent toujours la société et restent d'actualité."

Les quatre autres romans de la sélection ont reçu des prix spéciaux:
  • "Immensità", de Victoire de Changy (Cambourakis): Prix du voyage vers un autre monde
  • "La Pouponnière d'Himmler", de Caroline De Mulder (Gallimard), Prix du roman qui ne s'oublie pas
  • "Demain les ombres", de Noëlle Michel (Le bruit du monde), Prix Au-delà des apparences et Prix des délégués de classe
  • "Le Témoin silencieux", d'Arnaud Nihoul (Genèse Édition), Prix Trampoline du roman riche en rebondissements

Le Prix des lycéens est une initiative du Service PECA (Parcours d’Éducation Culturelle et Artistique) de l'Administration générale de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 


vendredi 18 avril 2025

Sydney Smith, tout en sensibilité

"Je parle comme une rivière" (c) Didier Jeunesse.
 
On connaît assez bien Sydney Smith chez nous. Qu'ils soient réalisés en solo ou en duo, la plupart des albums de l'artiste canadien né en 1980 en Nouvelle-Écosse sont traduits en français et ont été mis à l'honneur. Je l'ai rappelé à l'occasion du prix Hans Christian Andersen de l'IBBY dont il a été lauréat l'an dernier (lire ici).
 
Les albums de Sydney Smith traduits en français.

Prix Andersen 2024, Sydney Smith a donc réalisé la couverture de l'"Illustrators Annual 2025" de la Foire de Bologne et y a bénéficié d'une exposition (lire ici). Une magnifique exposition même pour laquelle il avait fait le déplacement du Canada en Italie. L'occasion de le rencontrer brièvement. 
 

Comment avez-vous abordé l'illustration de la couverture de l'"Annual Illustrator"?
Illustrer la couverture était vertigineux. Je me suis retrouvé dans la situation de quelqu'un qui commence à illustrer. J'étais complètement libre de faire ce que je voulais. Je balançais entre excitation et responsabilité. En Amérique du Nord, on n'a pas la même créativité qu'en Europe. Je voulais expérimenter, me pousser hors de mon confort. J'ai testé différentes idées sur ce que représente pour moi l'illustration. Et puis, j'ai vu mes enfants. Mes enfants dans ma salle à manger. Un moment qui m'a transcendé.
 
L'illustration de couverture complète.
 
Vos dessins se reconnaissent de loin.
Ma liberté a été encouragée par ce qui se passe ici à la Foire du livre pour enfants de Bologne.

Vous êtes né et avez grandi à la campagne. Est-ce que cela influence votre œuvre?
Oui, je pense que l'environnement a une influence sur le travail. L'océan, les frontières, ce n'est pas rien. Nous étions des personnes isolées mais nous avions de l'humour. J'ai effectivement grandi à la campagne, dans une ferme. Je fais des albums pour connecter les lecteurs à cela, pour me connecter moi-même aussi, pour retrouver ces moments d'enfance qui sont très naturels pour moi. En tant qu'adulte, j'ai l'impression d'avoir un peu perdu cela avec l'âge.

Quelles sont vos sources d'inspiration?
Tous mes livres sont inspirés de mon expérience ou de mes observations. Je suis aussi inspiré par l'enfant que j'étais que par la personne que je suis maintenant. Par contre, quand je fais mes livres, je ne pense pas aux enfants qui vont me lire. Je pense à l'enfant que j'étais, moi.
Bien sûr, il y a énormément de manières de faire des livres, il n'y a pas de mauvaise manière.

Quel enfant étiez-vous?
J'étais un enfant sensible. Petit, je voulais déjà devenir un artiste. J'ai fait des études artistiques dans une école. Bien avant de terminer l'école, j'avais choisi de faire des livres pour les enfants. Être très sensible est un état. C'est le rôle de l'artiste.

Vous faites des livres en duo, en illustrant les textes d'autres, et des livres en solo. Comment organisez-vous cela?
Pour moi, écrire est une lutte. J'éprouve même parfois de la peine à écrire le texte de mes livres. Jamais à les illustrer. Pour cela, j'utilise un mélange de techniques, l'aquarelle, la gouache, les pigments. Je scanne les illustrations pour ajuster les contrastes mais pas trop. Par contre, illustrer le texte de quelqu'un d'autre est un challenge. Le résultat est unique quand on est deux et qu'on est deux à résoudre les problèmes. En solo, les problèmes sont différents.
 
Vous avez une manière particulière de souligner vos personnages d'une ligne blanche.
La ligne blanche est ma signature. J'essaie d'inventer quelque chose chaque fois. J'ai besoin de me sentir excité et mon excitation vient de la nouveauté à trouver.


Quelques-unes des illustrations de Sydney Smith
   exposées à la Foire de Bologne 2025. (c) BCBF.

 

dimanche 13 avril 2025

Majorité féminine aux "Famous in Belgium" 2024

Derniers préparatifs avant la remise des prix.

Les comités belges de la Scam et de la SACD
ont proclamé leurs prix 2024 lors de la traditionnelle soirée festive "Famous in Belgium". Un palmarès ultra féminin (9 sur 10 prix) en ce qui concerne la Scam, très féminin pour la SACD (7 sur 9 prix), joyeusement présenté par le duo Isabelle Wéry - Emmanuel Texeraud. Un vendredi soir festif, avec une cérémonie longuette à force de remerciements et une fête bruyante dans un lieu trop petit pour les nombreux invités qui se pressaient à l'événement "Famous in Belgium" organisé cette fois à la Tricoterie (Saint-Gilles). La remise des prix fut toutefois l'occasion d'évoquer la pétition concernant la représentativité des deux organisations auprès des autorités belges (lire en fin de note).

Le Palmarès 2024


Prix Scam


Prix Parcours littéraire
- Lydia Flem, cette "bouche bavarde, oreille curieuse" comme elle se définit, pour l'ensemble de son œuvre. Elle dédie son prix à Maurice Olender (1946-2022), son éditeur et l'amour de sa vie.

Prix de l'œuvre littéraire - Victoire de Changy pour "Immensità" (Cambourakis), roman dont la sélection au Prix des lycéens belge, appellation curieuse comme elle le fait remarquer, lui a donné l'occasion de rencontrer et d'échanger avec plein de jeunes de 17-18 ans. "J'écris des histoires depuis que j'ai sept ans, j'en publie depuis dix ans, je trace pour mon petit chemin."
 
Prix Parcours Texte et image - Alix Garin pour "Impénétrable" (Le Lombard). Une bande dessinée explorant les troubles de la sexualité, récompensée par le prix du public à Angoulême.
NDLR: Il a été dit plusieurs fois que le prix texte et image irait en alternance à la bande dessinée et à la littérature jeunesse. Le dernier en date est Jean-Luc Englebert (2022). Dommage que les deux disciplines ne soient pas honorées chaque année car elles regorgent de talents.
Prix du documentaire audiovisuel - Nina Alexandraki et Eleftherios Panagiotou pour "Je suis dehors", l'histoire de Jamal, sans papiers obligé de se débrouiller seul.

Prix du documentaire sonore
- Chedia Le Roij pour "Après le Bruit", les rives de la Vesdre, un an après les inondations dévastatrices.

Âmes sœurs de la Scam
  • Sarah Pialeprat, directrice du Brussels Art Film Festival.
  • Laurence Rassel et l'équipe pédagogique de l'erg (Ecole de recherche graphique).
  • Anne-Lise Remacle, journaliste et modératrice de rencontres littéraires.


Prix commun SACD x Scam


Marion Sellenet
, animatrice, illustratrice et réalisatrice du documentaire "Marion ou la métamorphose", son parcours avec cette maladie évolutive qu'est la FSH.
 
 

Prix SACD


Prix spectacle vivant
- Sara Selma Dolorès, pour "Rire (pour en finir avec soi-même)", un spectacle de cabaret. Celle pour qui les paillettes étaient le dress code de la soirée mais son boulot à elle en a perdu son nez rouge de clown.
 
Prix spectacle vivant - Sophie Sénécaut, pour "L'arbre qui cachait la forêt", réflexion sur l'hospitalité inconditionnelle.
 
Prix chorégraphie - Fanny Brouyaux, pour "To be schieve or a romantic attempt", soit Paganini en version punk.
 
Prix audiovisuel - Rosine Mbakam, pour "Mambar Pierrette", fiction sur la vie quotidienne au Cameroun d'une mère de famille couturière. "Je dédie ce prix à ceux qui sont encore enfermés en centre fermé aujourd'hui", a déclaré celle qui a quitté le Cameroun à dix-sept ans.
 
Prix audiovisuel - Xavier Seron, pour "Chiennes de vies", chroniques canines réfléchissant les humains.
 
Prix radio - Daphné Huynh, chroniqueuse radio (La Première, RTBF).
 
Jumelles d'or
  • Louis Héliot, responsable depuis 1992 de la programmation cinéma au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris.
  • Marie Baudet, journaliste (La Libre et La Pointe).
 
Isabelle Rey (Scam), Frédéric Young (délégué général), Céline Beigbeder (SACD)
et les deux animateurs de la soirée.

Une fête en or et paillettes malgré le couperet gouvernemental qui menace les deux associations.
Voici leur communiqué.
"Dans le cadre du Décret "gouvernance culturelle", le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles renouvelle actuellement les reconnaissances et désignations des fédérations professionnelles qui siègeront dans les chambres de concertation pour les cinq prochaines années.
Cette décision politique est très importante pour garantir une concertation juste et équilibrée dans l'élaboration et l'application de toutes les politiques culturelles en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il est crucial en effet que les auteurs et autrices puissent être représenté·es dans les chambres de concertation et au Conseil Supérieur de la Culture.

Pour être reconnues comme telles, les fédérations doivent, selon ce décret, répondre à 9 critères; le premier est d'être une personne morale sans but lucratif et le 8ème d'être une organisation représentative du secteur ("faire partie des trois fédérations professionnelles les plus représentatives d'un secteur, ou être la fédération la plus représentative d'une discipline particulière ou d'une catégorie professionnelle").

La SACD estime répondre pleinement à chacun de ces 9 critères.
De fait, ses statuts mentionnent en son article 1er son caractère "sans but lucratif", et elle compte plus de 2.000 créateurs et créatrices dans le secteur du cinéma et de l'audiovisuel et plus de 2.000 créateurs et créatrices dans le secteur des arts vivants.
La Scam estime répondre pleinement à chacun de ces 9 critères.
Ses statuts mentionnent en effet en son article 1er son caractère de société de gestion sans but lucratif (en application de la loi française), et elle rassemble plus de 2.000 membres actives et actifs dans le secteur du cinéma et de l'audiovisuel, ainsi que plus de 2.000 membres actives et actifs dans le secteur de la littérature, du livre jeunesse et de la BD.

Pourtant, un avis négatif a été rendu contre nos deux organisations pour des motifs qui n'ont toujours pas été communiqués relatifs à ce caractère sans but lucratif et d'autres interprétations tout aussi floues du décret, rendant incertaines leurs reconnaissances en tant que fédérations par la Ministre Degryse et son gouvernement.

La SACD pourrait donc ne pas être reconnue comme fédération de l'audiovisuel ni des arts vivants.
La Scam pourrait, elle non plus, ne pas être reconnue en tant que fédération du secteur Lettres et livres – peut-être pourrait-elle l'être pour le cinéma et la création télévisuelle documentaire… mais ce n'est pas acquis.
Cependant, leurs partenaires dans les différentes chambres, comme l'UPFF, l'ARPI, Pro Spere, la FEAS, l'ADEB, les Éditeurs singuliers, le SLFB, le PILEn, les fédérations de bibliothécaires, tous demandent que la SACD et la Scam, selon le secteur, voient leur reconnaissance renouvelée.

Dès lors, réuni·es ce 11 avril pour l'Assemblée Générale de la SACD et la fête de remise des prix de la SACD et de la Scam, nous auteurs et autrices (présent·es ou par voie électronique), nous alarmons des informations qui indiquent que les reconnaissances en tant que fédérations de la SACD et de la Scam ne seraient pas renouvelées, ce qui leur fermeraient la porte de différentes chambres de concertation.
Nous demandons au Gouvernement que le décret soit appliqué sans discrimination et selon des motivations justes et transparentes.
La SACD et la Scam sont pour nous les deux fédérations professionnelles qui,
répondant à l'évidence aux critères du décret comme par le passé, peuvent le plus efficacement assurer une représentation active et experte de nos professions et la défense de nos droits culturels, droits d'auteur et intérêts professionnels légitimes dans le cadre de la concertation en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Faute de cela nous serions privé·es sans justification de toute représentation dans des chambres de concertation et au Conseil Supérieur de la Culture, ce que nous estimons inefficace, injustifié et scandaleux."
Pétition à signer si vous adhérez ici.
Ou via le QR code.

 

samedi 12 avril 2025

Vincent Cuvellier auteur jeunesse de l'année


La Belgique avait deux chances sur huit de remporter le nouveau titre de l'"auteur jeunesse de l'année" (lire ici). C'est Vincent Cuvellier qui remporte le premier trophée. Amusant que soit consacré à Paris un Français établi en Belgique depuis belle lurette! Il a été officiellement proclamé ce 11 avril au Festival du livre de Paris. Juste récompense pour un écrivain prolifique, avec sa série Emile bien entendu (28 tomes actuellement au compteur, avec Ronan Badel aux images, Gallimard Jeunesse/Giboulées), mais aussi d'autres albums, parfois documentaires, des bandes dessinées et, récemment, une série en trois tomes sur des orphelins de Paris historiques illustrés chez Little Urban.

vendredi 11 avril 2025

Choses vues à la Foire de Bologne (3/3)

 "Ö" de Guridi (CotCotCot éditions) suspendu
dans l'incroyable bibliothèque durable.
 
On poursuit la balade, la longue balade (largement plus de dix mille pas par jour), dans la 62e édition de la Foire du livre pour enfants de Bologne, partiellement présentée (lire ici et ici) avec les expositions. Multiples et agréablement placées dans les différents halls, ou en ville.  
 
Dans la foire
 
La 59e édition de l'Exposition des illustrateurs.
 
L'exposition des illustrateurs et l'exposition des lauréats BRAW
A tout seigneur, tout honneur. Créée en 1967 pour mettre en valeur les illustrateurs du monde entier, l'exposition a vu 4.374 illustrateurs participer à sa 59e édition, soit 21.870 illustrations envoyées de 89 pays et régions du monde. Un record! Aux murs cette année, 76 séries d'illustrations, réalisées par 77 artistes de 29 pays et régions du monde (lire ici et ici pour la liste complète).
 
Belle idée que de proposer plusieurs œuvres par artiste et plaisir de les voir de près et en vrai lors de la Foire. On peut ainsi apprécier le feutre subtilement utilisé par Anne Crahay, compter les baleines, retrouver les originaux d'artistes connus ou non. Par contre, l'accrochage en angle à cause des zigzags des cimaises, ne rendent pas justice à l'artiste qui en pâtit! Son nom apparaît seulement sur un des panneaux et non deux.
 
Anne Crahay.

Ishita Jain, Iranienne installée à New York.

L'Espagnole Ana G. Lartitegui.

L'Iranien Somaye Mohamady.

Le Britannique Benjamin Phillips.

Le Français Florian Pigé.

La Française Claire Schvartz.

La Moldave Ana Terral.

L'Italienne Beatrice Tonelli.

Sur l'angle, l'Iranienne installée à Angoulême Hajar Moradi.

 
Estonian Illustration
Invitée d'honneur 2025, l'Estonie a bien fait connaître ses artistes. L'exposition "Hello!/Tere!" ouvre la porte sur le monde de l'illustration estonienne contemporaine, mettant en valeur les détails des œuvres, l'utilisation ludique des couleurs et une maîtrise technique remarquable. On y a découvert 40 artistes adeptes de narration, créateurs de personnages originaux et férus d'une approche créative libre, même si influencée par les tendances mondiales. 
 
Autre point de vue, l'événement "Talking Pictures" qui a mis cette année l'accent sur l'Estonie. Avec notamment, une exposition de cent livres primés issus du concours des 25 plus beaux livres estoniens des quatre dernières années (2021–2024).

 
Les expositions estoniennes.
 
 
Sydney Smith
Lauréat du prix Andersen 2024 (lire ici), Sydney Smith a réalisé la couverture de l'"Illustrators Annual 2025", le catalogue qui reprend les illustrations et plein de renseignements pratiques sur leurs auteurs.
 
 
 
 
 
 
 
 
Conformément à la tradition, une exposition personnelle de ses œuvres est  présentée au cœur de la foire. Elle réunit des originaux issus de certains de ses livres les plus célèbres, la couverture créée pour l'"Illustrators Annual 2025" ainsi que des œuvres inédites réalisées spécialement pour l'occasion. Un travail absolument magnifique sur lequel l'artiste canadien s'est expliqué lors d'une rencontre publique et lors d'un entretien avec moi qui sera prochainement publié.
 
 

Exposition Sydney Smith.
 
 
Henrique Coser Moreira
Lauréat du prix Fundación SM 2024 (lire ici ), l'artiste brésilien bénéficie d'une exposition à la Foire et de la publication d'un album, "La danza del cielo y la tierra". Ce livre silencieux (sans texte) s'inspire de la danse rituelle de "suspension du ciel" du groupe ethnique indigène brésilien Krenak, dont le but est de rétablir l'harmonie entre les humains et la nature.
 
Henrique Coser Moreira.
 

The Chinese Excellence in Children's Illustration
Deuxième édition de cette exposition sélective donnant un aperçu du meilleur de l'illustration chinoise contemporaine (à voir en ligne ici). Et on est soufflé, entre genre classique ou davantage novateur. Composé d'experts chinois et internationaux (Ao Ran, Li Jianping, Long Niannan, Tan Fengxia, les quatre de Chine, Cathy Olmedillas et Mireia Trius d'Espagne et Marcella Terrusi d'Italie), le jury a désigné un lauréat et 18 finalistes, sur une présélection de 39 illustrateurs parmi 126 candidats. Un catalogue en chinois et anglais présente cent illustrations.
 
 
Le lauréat, Jiu'er.

 
Ukrainian illustration Yesterday and Today
Très intéressante exposition qui réunit par thème ou idée graphique des œuvres d'illustrateurs ukrainiens contemporains et d'artistes du siècle dernier. Elle montre aussi bien les liens que les contrastes entre le passé et le présent. Pont entre les générations, elle témoigne du pouvoir de la narration visuelle en période de changement.
 
Une exposition pont entre les générations.


The Original Art US 
Pour la deuxième année, la BCBF accueille l'exposition "The Original Art", qui présente des illustrations issues des meilleurs livres pour enfants publiés aux États-Unis au cours de l'année. On retrouve donc plein de noms connus parmi les 52 œuvres de l'édition 2024, accompagnées de leurs livres respectifs. Dont ceux de la Belge Marine Schneider et de l'Italienne Beatrice Alemagna.


Marine Schneider et Beatrice Alemagna,
deux des artistes choisies aux Etats-Unis.

 
Peace of cake project 
Le projet réunit 22 illustrateurs du monde entier pour vous servir leurs parts d'art et de beauté – chacun racontant une histoire à travers l'archétype visuel du gâteau. Jouant sur les sons identiques des mots anglais "piece" (petit bout) et "peace" (paix), il a plus d'impact en langue originale qu'en français: envie d'un petit bout de paix? Chaque membre du collectif Peace of Cake, né d'une rencontré à Bratislava en octobre 2023 lors de la Biennale de l'Illustration (BIB), a invité des illustrateurs de son pays ou d'ailleurs à créer un gâteau personnel, émouvant et inventif. 
 
 

 
 
 
Silent Book Contest
 
Pour la douzième année, ce prix international met en avant des livres sans texte, des récits racontés exclusivement par l'image, capables de franchir les barrières linguistiques et culturelles. Provenant de 49 pays, 275 candidatures ont été soumises au jury qui en a retenu 16 (à voir ici).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les 150 livres suspendus "BRAW Amazing Bookshelf 2025" 
Détail ici
 



Suspendus à leurs fils de nylon,
les albums s'animent au moindre mouvement.

 
Les 150 livres suspendus "BRAW Amazing Bookshelf 2025 - Sustainability (durabilité)" 
Détail ici.
 


La durabilité en 150 album suspendus.

 
 
Les 100 livres remarquables de dPictus
Détail ici.
 
dPictus.
 
 
En ville
 
Le Wallbook de Paul Cox
Merveilleuse installation que ce "Wallbook" soit livre en mur de Paul Cox. C'est exactement ce dont il s'agit: une splendide fresque de 75 mètres peinte sur une toile agrafée tout au long des murs du lieu. Particularité: chaque trait de pinceau est vertical ou horizontal. Des quadrillages plus ou moins serrés qui dessinent une histoire haute en couleurs que chacun interprétera à sa guise. On y voit des enfants, des adultes, des animaux, des phénomènes naturels, des constructions, la nature... A chacun d'élaborer sa propre histoire, ses propres histoires. Sourire et plaisir devant cette œuvre d'art magnifique et accessible à tous.
Wallbook est comme un livre illustré de taille géante dont les animaux et les personnages sont occupés à diverses activités. On y trouve aussi des hommages aux artistes préférés de Paul Cox, Töpffer, Hokusai, Brueghel, Chardin, les Lubok et les images populaires. Le travail de préparation a été long. Pendant quatre mois, l'artiste a peint les scènes des toiles dans son atelier en Bourgogne en pensant les murs du Palazzo bolognais. Il les a ensuite transportées en Italie.
"Wallbook fait l'objet d'une publication chez Hamelin (infos ici), plusieurs albums de Paul Cox sont disponibles chez MeMo, créations ou rééditions.

La fresque de Paul Cox court sur tous les murs.



Préparation à l'atelier.

Détail.


L'exposition de Joëlle Jolivet
Quel plaisir de voir rassemblées tant de facettes du merveilleux travail de Joëlle Jolivet sous l'appellation "Troppo di tutti". Linos gravés, tirages, dessins sur le vif, le tout remarquablement scénographié dans l'espace de la Fondation Hamelin. L'artiste française y est splendidement racontée.
 
 



 
 

"Troppo di tutto"? Pas du tout.
 
 
"Out of the cage" de dPictus
Dans une librairie de Bologne, qui accueille chaque année des événements en lien avec la Foire, présentation originale de nombreux albums édités via la plateforme dPictus. Dont "Ce qui sera" de Johanna Schaible (La Partie), lauréat du Prix IBBY Belgique francophone 2024 de l'album traduit (lire ici). Et d'autres titres remarqués par la Section belge francophone de l'IBBY.
 
Dessins aux murs et livres en relief.

Ce qui donnera "Ce qui sera".

Changements de taille pour les pages.

 
2026
La 63e édition de la Foire du Livre Jeunesse de Bologne se tiendra du 13 au 16 avril 2026, avec la Norvège comme pays invité d'honneur.