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vendredi 20 juin 2025

Palmarès du prix Bernard Versele 2025

Les livres lauréats 2025.

Ils ont été près de 37.000 enfants à participer au prix Bernard Versele de la Ligue des familles cette année. 36.800 exactement. Pas mal, mais une dégringolade par rapport à l'an dernier où ils étaient plus de 45.000 (lire ici)! Ces jeunes lecteurs ont désigné le meilleur du livre jeunesse parmi les vingt-cinq titres qui leur avaient été proposés au cours de l'année scolaire 2024-2025. Un commentaire à propos de l'album ayant obtenu le label en catégorie 3 chouettes: "Un jour j’ai été coincé dans un ascenseur avec 4 personnes donc je comprends sa frustration et aussi l’histoire était XXL incroyable."
 
Depuis 1979, année de sa création, la mécanique du prix est bien huilée. Vingt-cinq livres sont sélectionnés par 300 volontaires (adultes). Les livres entament alors leurs périples à travers les classes et bibliothèques de Wallonie et de Bruxelles. Chaque enfant participant découvre les cinq livres correspondant à son niveau de lecture. Les enfants lisent seuls ou grâce à la complicité d'un lecteur adulte, en classe, en bibliothèque ou à la maison, avant de voter pour leur préféré. Ils peuvent voter pour leur coup de cœur même s'ils n'ont pas lu la totalité des cinq livres d'une catégorie. Ils peuvent aussi voter en dehors de leur catégorie d'âge.

Le palmarès des différentes éditions du prix Bernard Versele constitue une sorte de bibliothèque idéale, rendant compte des goûts des enfants (lire ici). Humour et exigence en général. S'ils aiment rigoler, ils sont aussi touchés par des sujets plus difficiles. Ce que confirme à propos de l'édition 2025, Aurore Bagno, chargée de projet à la Ligue des familles: "Il n'y a pas de thème dominant cette année. C'est assez varié… L’humour prime mais par exemple, "La petite chienne et la louve" parle de maltraitance, et "C'est moi qui décide!" aborde l’adaptation des enfants des familles recomposées." Les dix livres choisis par les enfants pour cette sont des traductions pour six d'entre eux, des revisites de contes pour trois d'entre eux, les deux étant parfois liés. Sauf en catégorie 3 chouettes, les préférences des lecteurs sont clairement marquées dans le nombre de votes.
 
Par rapport à la baisse de participants, Aurore Bagno nous dit: "Il y a surtout eu une hausse spectaculaire en 2024, 6.000 votants de plus! Cette année, nous avons compté environ 1.000 votes en moins par catégorie. Nous retombons dans nos moyennes." Effectivement, 39.000 votes ont été annoncés en 2023, 38.000 en 2022, 34.000 en 2021 malgré le covid (autres résultats à lire ici). Aurore Bagno évoque aussi des raisons pratiques, les vacances de Pâques et le déménagement de la Ligue des familles qui aurait perturbé l'acheminement de certains courriers.
 

Palmarès
J'y ai ajouté les noms des traducteurs.trices.
 
 

1 chouette
(dès 3 ans)


Lauréat

Le monstre du lac
Léo Timmers
traduit du néerlandais par Laurent Bayer
Cambourakis

Une épatante relecture du conte "Le vilain petit canard".
 
4.100 votes
 
 
 
Label
Mais où est-elle ?
Marie Mirgaine
Les Fourmis Rouges
lire ici 

Une drôlissime chasse à la perruque envolée

2.478 votes
 
 


2 chouettes
(dès 5 ans)

Lauréat

C'est moi qui décide!
Ingrid Olsson et Anete Melece
traduit du suédois par Aude Pasquier
Versant Sud
 
Se retrouver catapulté en compagnie d'autres enfants, par exemple, ceux du nouvel amoureux de maman…

3.734 votes


Label

Dépêche-toi, Alphonse Aubert
Gunilla Bergström
traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy
L'étagère du bas

Le départ à l'école d'un gamin, pressé par son papa parfois surprenant.

2.587 votes



3 chouettes
(dès 7 ans)



Lauréat

Les trois boucs bourrus
Mac Barnett et Jon Klassen
traduit de l'anglais par Alain Gnaedig
l'école des loisirs/Pastel

Un conte populaire norvégien revisité.

2.716 votes  
Label
Dans le noir de l'ascenseur
Constance Ørbeck-Nilssen et Øyvind Torseter
traduit du norvégien par Aude Pasquier
La Joie de lire

Coincé tout seul dans l'ascenseur dont l'accès était interdit. Comment s'en sortir?

2.165 votes


4 chouettes
(dès 9 ans)

Lauréat

Ni chien ni méchant
Laurent Gautier
Éditions Thierry Magnier

Un texte drôle et grinçant qui dénonce la méfiance et la crainte systématique de l'autre.

1.894 votes




Label

Blancaflor: la princesse aux pouvoirs secrets
Nadja Spiegelman et Sergio Garcia Sanchez
traduit de l'anglais par Alice Delarbre
l'école des loisirs/Rue de Sèvres

Un conte traditionnel d'Amérique latine.

885 votes



5 chouettes
(dès 11 ans)


Lauréat

La petite chienne et la louve
Marine Blandin
Biscoto

Comment résister à la maltraitance et s'en échapper.

1.289 votes





Label
Il court!
Jesse Owens, un dieu du stade chez les nazis
Cécile Alix et Bruno Pilorget
L'élan vert

Quand un athlète noir américain affronte le nazisme lors des JO de 1936.

417 votes





Les 25 titres proposés aux suffrages des enfants
 
1 chouette (dès 3 ans)
  • Le monstre du lac - Leo Timmers (Cambourakis)
  • Jamais, jamais - Marc Solal et Pierre Pratt (Motus)
  • Saute grenouille - Anna Walker (Thierry Magnier)
  • Pescadu - Lisa Bonardi (l'école des loisirs)
  • Mais où est-elle? - Marie Mirgaine (Les Fourmis Rouges)
 
2 chouettes (dès 5 ans)
  • L'imagier des sens - Anne Crausaz (Askip)
  • Le jardin de Baba - Jordan Scott et Sydney Smith (Didier Jeunesse)
  • Bonogong! - Moog et Dwiggy (Helvetiq)
  • Dépêche-toi, Alphonse Aubert - Gunilla Bergström (L'étagère du bas)
  • C'est moi qui décide! - Ingrid Olsson et Anete Melece (Versant Sud, Petites histoires nordiques)
 
3 chouettes (dès 7 ans)
  • Groun grount - Alice Bossut (L'atelier du poisson soluble)
  • Un si petit jouet - Irène Cohen-Janca et Brice Postma Uzel (Les éditions des éléphants)
  • Dans le noir de l'ascenseur - Constance Orbeck-Nilssen et Oyvind Torseter (La Joie de lire)
  • Monsieur Paul et le poisson Alfred - Sylvie Neeman et Serge Bloch (l'école des loisirs, Mouche)
  • Les trois boucs bourrus - Mac Barnett et Jon Klassen (L'école des loisirs, Pastel)
 
4 chouettes (dès 9 ans)
  • Hekla et Laki -  Marine Schneider (Albin Michel Jeunesse)
  • Ni chien ni méchant - Laurent Gautier (Thierry Magner, Petite Poche)
  • Le détour - Rozenn Brécard (La Partie)
  • Le ciel de Samir: quartier sensible - Marie Desplechin (L'école des loisirs, Neuf poche)
  • Blancaflor: la princesse aux pouvoirs secrets - Nadja Spiegelman et Sergio Garcia Sanchez (Rue de Sèvres)

5 chouettes (dès 11 ans)
  • Solveig: une viking chez les Iroquois - Frédéric Bernard et François Roca (Albin Michel Jeunesse)
  • La petite chienne et la louve - Marine Blandin (Biscoto)
  • Histoires naturelles 5 - La forêt des nuages - Xavier-Laurent Petit et Amandine Delaunay (l'école des loisirs/coll. Neuf)
  • Il court! Jesse Owens, un dieu du stade chez les nazis - Cécile Alix et Bruno Pilorget (L'élan vert)
  • Willodeen - Katherine Applegate et Charles Santoso (Seuil Jeunesse)
 
 

mercredi 18 juin 2025

Le duo Rosen-Oxenbury à nouveau réuni

A paraître fin septembre.
  
Ils n'ont travaillé qu'une fois ensemble, l'écrivain Michael Rosen et l'illustratrice Helen Oxenbury, mais quelle fois! L'album "La chasse à l'ours" enchante les enfants depuis trente-cinq ans ("We're Going on a Bear Hunt", Walker books, 1989).
 
Le duo britannique sera de retour à la rentrée avec un nouvel album, "Oh Dear, Look What I Got! , qui paraîtra chez Walker Books le 11 septembre. Sa traduction française, par Maurice Lomré, tout aussi musicale, "Oh là là , voyez-vous ça?", suivra de peu la version originale. Elle sera publiée Pastel, la branche belge de l'école des loisirs, le 24 septembre.
 
Pas de chasse à l'ours bis dans ce nouvel opus, mais un album chantant comme une comptine avec toute une série de joyeux malentendus portés par les illustrations très reconnaissables: "Je me rends au magasin pour acheter un chapeau élégant. À la place, on me donne… un chat bien portant ! Oh là là, voyez-vous ça? Est-ce que j'ai demandé ça? Non, vraiment pas! Je demande un manteau chaud, et on me donne un bouc tout penaud! Oh là là, mais que faire maintenant?", glisse l'éditeur à son propos. Alléchant.
 
Quelques pages de la version originale, faciles à traduire et dont on perçoit déjà le charme.
 



 
Initialement publié en 1989 en français chez Ouest-France dans une traduction adaptation de Claude Lauriot Prévost, l'album "La chasse à l'ours" a été repris par Kaléidoscope en 1997 dans une traduction d’Élisabeth Duval. 
 
 
 
 
 
 
 
 
Voici ce que j'en écrivais dans "Le Soir" à sa sortie.
 

UNE CHASSE A L'OURS QUI FAIT DU BRUIT

ATTACHANT album que cette "Chasse à l'ours" (1) publiée par un nouveau venu dans l'édition pour la jeunesse, Ouest-France, et dans laquelle une illustratrice au talent incontesté a posé ses aquarelles et ses fusains. Dans le texte, quelques lignes reviennent comme une comptine et nous bercent de leur mouvement de métronome et l'histoire, toute simple au départ, nous entraîne sur les chemins délicieux de la fantaisie. Autant de points tout à l'honneur de cet album, si plaisant avec son alternance de doubles pages en couleurs et en noir et blanc.

Une grande famille, le père, quatre enfants (dont un bébé) et un chien, décide de partir à la chasse à l'ours. Divers obstacles vont se présenter aux promeneurs, une prairie, une rivière, de la boue, une forêt... Comme ils ne peuvent être contournés, ils seront abordés de front: la famille va traverser la prairie, plonger dans la rivière, s'enliser dans la boue, s'enfoncer dans la forêt...

Particularité de cet album, et qui fait tout son charme, chaque épreuve est commentée par des onomatopées: "Flou flou!" pour la prairie herbeuse, "Splich splach!" pour la froide rivière, "Plaf plouf!" pour la boue épaisse... Succès garanti auprès des jeunes lecteurs auxquels on lit l'histoire.

Les illustrations sont autant d'instantanés des aventures des personnages. Les héros y sont saisis sur le vif, en pleine action. Les couleurs douces de l'aquarelle illuminent l'histoire, débordent même sur les pages en noir et blanc.

Quant à la chute de cette chasse, elle nous entraîne dans une folle course. On connaît les rebobinages en accéléré au cinéma, qui nous ramènent en quelques secondes au point de départ. Ici aussi, sur une seule page, toutes les étapes de la promenade défilent en sens inverse. Cette page découpée en espaces horizontaux est suivie d'une autre, découpée en «tranches» verticales où l'on voit la famille se retrouver chez elle, dans sa maison, et se cacher sous la couverture d'un grand lit familial. Quelle originalité et quel dynamisme dans l'utilisation de l'espace!

(1) La Chasse à l'ours, racontée par Michael Rosen, illustrée par Helen Oxenbury, Editions Ouest-France, 587 F (diffusion Labor-Bruxelles).
 
 
Les deux versions, 1989 et 1997.


 
 
 
 

mardi 10 juin 2025

Lorenzo aux JO

La flamme olympique par Lorenzo Mattotti (c) Galerie Martel.
 
Exposition Mattotti à Bruxelles.
Personne n'a oublié les Jeux Olympiques et Paralympiques qui se sont déroulés l'été dernier à Paris. Une ouverture sous des pluies dignes de la Belgique, des performances sportives incroyables dans des cadres souvent magnifiques. Des jours d'union, nationale ou pas, où les malheurs du monde se sont un peu effacés. Ces souvenirs reviennent instantanément en mémoire en parcourant la nouvelle exposition bruxelloise de la galerie Martel, espace inauguré à la fin de l'année dernière (lire ici). Elle est entièrement dédiée à la vision des JO de Lorenzo Mattotti. Et elle est magnifique. Le natif de Brescia installé à Paris attrape l'élan du sportif comme personne. "Je me suis rendu compte que, pour arriver à donner l'idée de mouvement dans une image arrêtée, il fallait parvenir à enlever ce qui est superflu pour ne conserver que la tension extrême du trait et de la forme. Par la composition, l'imbrication des formes et des couleurs, on parvient alors à créer une tension particulièrement forte dans le dessin", en a-t-il dit.

Une soixantaine d’œuvres sont présentées.

On retrouve aux cimaises largement occupées - une soixantaine d’œuvres y sont accrochées - les couleurs si caractéristiques de l'artiste, son trait, sa représentation des corps. Sa célébration des corps qui, ici, courent, soulèvent des poids, font la course à vélo, à cheval ou dans l'eau ou sur l'eau. Des corps tendus, en pleine compétition. Des corps d'athlètes. Des hommes et des femmes dans différentes disciplines des Jeux Olympiques et Paralympiques. On croit les reconnaître comme on croit retrouver le ciel sombre lors de l'avancée de la flamme. 
 
Différentes techniques, ici des encres de couleur.
 
A un moment, on se rend compte que toutes ces œuvres ont été créées bien avant le mois d'août 2024. Et ce n'est pas grave car l'émotion et le plaisir sont là. Bien sûr, si on avait suivi l'actualité bibliographique de Lorenzo Mattotti, on l'aurait su. Les originaux superbes présentés à Bruxelles viennent de deux beaux livres publiés l'an dernier. "Attraper la course" (Casterman, 128 pages, 2024), le catalogue de la centaine de dessins réalisés par Mattotti pour une exposition du Festival d'Angoulême 2024, ponctués de textes de Maria Pourchet et "Se dépasser" (Casterman, 128 pages, 2024) qui reprend les dessins et les peintures qu'il a réalisés à l'occasion des Jeux Paralympiques et qui ont été exposés dans les plus grandes gares de France.
 
Pastel et crayons de couleur.

Si Mattotti recourt à sa technique de crayons de couleur et de pastels qu'on lui connaît bien, il utilise aussi les encres de couleur et l'encre de Chine pour certains dessins. "Courir, se dépasser", une exposition qui donne la pêche en ces jours gris.

Jeux Olympiques et Paralympiques. 

 
Infos pratiques
Galerie Martel Bruxelles
Chaussée d'Ixelles, 337, 1050 Bruxelles
Jusqu'au 26 juillet
Du mardi au samedi de 14h30 à 19 heures
+32 2 721 79 57
contact@galeriemartel.com
Liste des œuvres ici