En cette période où l'idée de "seconde chance" pour les gamins refait heureusement surface, voilà que paraît en poche l'excellent roman pour jeunes ados "Mauvais garçon" de Michael Morpurgo, subtilement illustré par Michael Foreman (traduit de l'anglais par Diane Ménard, Gallimard Jeunesse, Folio Junior, 107 pages).
Il a paru fin 2012 dans la collection "Roman junior" de Gallimard Jeunesse (135 pages), format plus grand, meilleur papier, illustrations et texte mieux mis en valeur (10.000 exemplaires écoulés). Si on peut se permettre de dépenser 8,50 euros plutôt que 5,60 pour le poche, il faut le faire. Si ce n'est pas possible, le "Folio Junior" ne diffère guère du "Roman junior": le texte est plus resserré, quelques dessins ont changé de place.
Dans "Mauvais garçon", un grand-père donne à son petit-fils un cahier où il raconte à la première personne comment, petit, il a failli mal tourner. Il est né pendant la Seconde Guerre mondiale, sans père, dans une fratrie nombreuse de six enfants. Comment Mam pouvait-elle faire face à tout cela?
A l'école, ce n'était pas la gloire. Sauf à la classe de musique de Miss West. Mais Miss West a été déplacée. Et le narrateur privé de la musique qu'il adore, son repère, et de cette institutrice qui a osé lui faire confiance plonge. Un petit larcin, un autre. Et cette étiquette de "Mauvais garçon" que son entourage lui colle sur le front! En rupture d’école, de société, de famille, le grand ado sera placé en "maison", c'est-à-dire en maison de redressement, pendant un an.
Ce sera sa chance finalement. Car il rencontre là un vieil homme, M. Alfie, qui lui servira un peu de père. Il y découvrira surtout aussi le monde des chevaux qui deviendra sa vie professionnelle, sa raison de vivre. Dans ce milieu dur, où il faut travailler beaucoup, il réalisera ainsi que sa vocation n’est pas d'être voleur mais de marier si possible musique et équitation. N'est-ce pas lui seul qui est parvenu à apprivoiser Dombey, le cheval violent car autrefois maltraité? Parce que M. Alfie lui redonne confiance en lui, comme Mlle West l'avait fait et a continué à le faire de loin, le narrateur recouvrera son estime de lui-même.
Le roman se poursuit avec les épisodes de sa vie, privée et professionnelle, pleine de bonnes surprises. L'entrée à l'armée, la rencontre avec la future grand-mère, au-delà de la rupture définitive avec sa mère. "J'ai eu de la chance, finalement", écrit le narrateur de ce livre sensible et prenant.
"Mauvais garçon" est un très beau roman de la seconde chance, qui fut offerte au narrateur. Et qu'il a pu saisir parce qu'il était encore capable de le faire. Il n'est pas resté voyou parce que Mlle West a cru en lui, et ensuite M. Alfie. Il n'était pas que l'appellation par laquelle il était désigné. Mais s'il n'avait eu ces précieux soutiens, il aurait pu mal tourner.
En choisissant qu'un grand-père raconte sa vie à son petit-fils, Michael Morpurgo prend une intéressante distance temporelle. De ce passé, il raconte une histoire s'adressant au présent de ses lecteurs. Son repenti peut ainsi donner l’air de rien une leçon de vie. Dire que tout le monde n'est pas parfait. Qu'on peut faillir mais aussi se redresser.
Son roman donne aussi de nombreuses explications sur les "maisons de redressement" dans l’Angleterre de l’immédiat après-guerre, sévères, violentes mais dévouées à leur tâche. Elles prônaient le travail et l'effort physique pour rééquilibrer un mental en recherche. Elles avaient de l'intérêt pour les gamins pris individuellement.
Si le roman à fin heureuse peut paraître un peu angélique, il se lit avec beaucoup d'intérêt et de plaisir. Sa position par rapport à la "seconde chance" en fait un cadeau. Les illustrations en noir et blanc de Michael Foreman rendent un bel hommage aux chevaux et font superbement naître l'ambiance du texte.
Le début de la version poche de "Mauvais garçon" peut être lu ici.
Il a paru fin 2012 dans la collection "Roman junior" de Gallimard Jeunesse (135 pages), format plus grand, meilleur papier, illustrations et texte mieux mis en valeur (10.000 exemplaires écoulés). Si on peut se permettre de dépenser 8,50 euros plutôt que 5,60 pour le poche, il faut le faire. Si ce n'est pas possible, le "Folio Junior" ne diffère guère du "Roman junior": le texte est plus resserré, quelques dessins ont changé de place.
Dans "Mauvais garçon", un grand-père donne à son petit-fils un cahier où il raconte à la première personne comment, petit, il a failli mal tourner. Il est né pendant la Seconde Guerre mondiale, sans père, dans une fratrie nombreuse de six enfants. Comment Mam pouvait-elle faire face à tout cela?
A l'école, ce n'était pas la gloire. Sauf à la classe de musique de Miss West. Mais Miss West a été déplacée. Et le narrateur privé de la musique qu'il adore, son repère, et de cette institutrice qui a osé lui faire confiance plonge. Un petit larcin, un autre. Et cette étiquette de "Mauvais garçon" que son entourage lui colle sur le front! En rupture d’école, de société, de famille, le grand ado sera placé en "maison", c'est-à-dire en maison de redressement, pendant un an.
Ce sera sa chance finalement. Car il rencontre là un vieil homme, M. Alfie, qui lui servira un peu de père. Il y découvrira surtout aussi le monde des chevaux qui deviendra sa vie professionnelle, sa raison de vivre. Dans ce milieu dur, où il faut travailler beaucoup, il réalisera ainsi que sa vocation n’est pas d'être voleur mais de marier si possible musique et équitation. N'est-ce pas lui seul qui est parvenu à apprivoiser Dombey, le cheval violent car autrefois maltraité? Parce que M. Alfie lui redonne confiance en lui, comme Mlle West l'avait fait et a continué à le faire de loin, le narrateur recouvrera son estime de lui-même.
Avec Dombey, illustration de Michael Foreman. (c) Gallimard Jeunesse. |
Le roman se poursuit avec les épisodes de sa vie, privée et professionnelle, pleine de bonnes surprises. L'entrée à l'armée, la rencontre avec la future grand-mère, au-delà de la rupture définitive avec sa mère. "J'ai eu de la chance, finalement", écrit le narrateur de ce livre sensible et prenant.
"Mauvais garçon" est un très beau roman de la seconde chance, qui fut offerte au narrateur. Et qu'il a pu saisir parce qu'il était encore capable de le faire. Il n'est pas resté voyou parce que Mlle West a cru en lui, et ensuite M. Alfie. Il n'était pas que l'appellation par laquelle il était désigné. Mais s'il n'avait eu ces précieux soutiens, il aurait pu mal tourner.
En choisissant qu'un grand-père raconte sa vie à son petit-fils, Michael Morpurgo prend une intéressante distance temporelle. De ce passé, il raconte une histoire s'adressant au présent de ses lecteurs. Son repenti peut ainsi donner l’air de rien une leçon de vie. Dire que tout le monde n'est pas parfait. Qu'on peut faillir mais aussi se redresser.
Son roman donne aussi de nombreuses explications sur les "maisons de redressement" dans l’Angleterre de l’immédiat après-guerre, sévères, violentes mais dévouées à leur tâche. Elles prônaient le travail et l'effort physique pour rééquilibrer un mental en recherche. Elles avaient de l'intérêt pour les gamins pris individuellement.
Si le roman à fin heureuse peut paraître un peu angélique, il se lit avec beaucoup d'intérêt et de plaisir. Sa position par rapport à la "seconde chance" en fait un cadeau. Les illustrations en noir et blanc de Michael Foreman rendent un bel hommage aux chevaux et font superbement naître l'ambiance du texte.
Le début de la version poche de "Mauvais garçon" peut être lu ici.