Mario, c’était une voix qui porte, pour raconter ses
livres aux enfants, pour expliquer avec précision son travail
d’auteur-illustrateur, pour rire et faire rire.C’était un regard clair, joyeux, pétillant, derrière des
lunettes cerclées ces dernières années. Un large sourire, contagieux. Une petite boucle d'oreille. Une
silhouette élancée qui portait bien la marinière, souvent bronzée car il
adorait le soleil.
Mario, c’était un raconteur d’histoires, un dessinateur hors pair. Chacune de ses images, sobre d’apparence, était le résultat d’un long travail de rabotage, de réflexions innombrables. Il défendait la cause des enfants, se considérait avec fierté comme un artiste engagé. Ses albums leur ont raconté le monde, rose ou gris, les bons et les méchants, les rêves et les angoisses, les joies et les injustices. Ils les ont incités à réfléchir à leur vie et à en être acteur. Ils les ont fait rire, et leurs parents aussi, au-delà des propos parfois graves.
Mario, c’est un artiste dont j’ai suivi le travail
depuis son tout premier album jeunesse, Djabibi, en 1992, où il posait
ses illustrations sur les mots de Rascal. L’histoire d’un petit cochon qui ne
voulait pas aller à l’abattoir et trouvait refuge dans une épicerie bien bruxelloise.
Trois ans plus tard, il exultait: il avait sorti son premier album en solo, Le
monde à l’envers. Il avait tant d’idées de livres qu’il en publiait souvent
deux par an.
Mario était un voyageur, partant aux quatre coins du monde rencontrer ses jeunes lecteurs ou découvrir en famille d’autres pays. Un amateur de livres, de films, de musique, d’art de vivre. De fêtes, auxquelles il participait ou qu’il organisait. Un homme honnête et droit, à l’écoute des autres, aimé et apprécié partout où il est passé.
Mario était mon ami.
Demeurent ses livres, une trentaine d'albums, tous nés chez Pastel, branche belge de L'école des loisirs, et repris dans d'autres formats à L'école des loisirs.
Ses images.
C'est moi le plus beau. |
C'est moi le plus fort. |
Restent ses affiches, à portée souvent sociale à ses débuts et qui ont accompagné la littérature
de jeunesse en Belgique ensuite.
Depuis l'annonce de sa disparition, le net vibre d'hommages qui lui sont rendus de toutes parts.
Claude Ponti:
"Mario Ramos est mort. Il était somptueusement scrupuleux dans son travail pour les enfants. Il y a à peine huit jours nous parlions tous les deux. De sa difficulté d'être dans la justesse et dans l'honnêteté pour faire ses livres. C'était un souci pour lui. Une préoccupation forte. Je me demandais s'il s'était jamais vu sourire. Ça se voyait qu'il ne pouvait pas être autre que lui-même, le faiseur de miracles de papier et de couleur. Ses livres sont communicatifs. Ça passe de lui aux enfants. Bien sûr en traversant ses mondes, ses douleurs, ses bonheurs. Accostant en fin de contes sur des continents dont il était le seul guide, dans sa mains la main de milliers d'enfants. Il avait peur de ne pas être à la hauteur des enfants. C'est la seule fois où on s'est vu. Et là, pour cette peur, c'est mon ami de mon village. Il y en a tant qui se baissent vers les enfants. Lui connaissait ce secret: s'élever jusqu'à eux."
"C'est un coup de massue, ta disparition. Celle d'un garçon, tant tu étais juvénile, l'œil rieur, l'humour toujours à fleur de peau. Concerné, aussi. Révolté plutôt qu'indigné. Généreux dans l'amitié. Et tes albums, au dessin si juste et si tendre : des histoires toute simples, à belle hauteur d'enfance, des albums pour faire peur et pour faire rire, des albums pour apprivoiser les petites misères et les grands chagrins... Des albums à tenir très fort entre ses bras, comme on voudrait tant pouvoir le faire avec toi, Mario, parce que ce chagrin-là, il ne passe pas, il nous laisse sans voix, et c'est trop tôt, trop dur pour les souvenirs. Nous pensons à Andréa, à Tania, et nous mêlons nos larmes à leurs larmes. Et aussi, nous pensons à toi, Mario, où que tu sois."
Marie-Aude Murail:
"J'ai, dans mon bureau, dûment encadrées, ces trois pages. Mario avait accepté de participer à un ouvrage collectif de la Charte "Un amour d'enfance" et nous avait confié en images son grand amour d'enfance pour Tintin, que je ne pouvais que partager.
Comme vous le constaterez, il concluait par ces mots : juste un tout petit moment d'éternité. Mario reste pour moi, éternellement, un beau jeune homme et un type d'un grand professionnalisme, ce qui m'importe beaucoup. C'est le respect du lecteur.
Alors, pour toi aussi, Mario, respect."
Pascal Lemaître:
"Jour après jour,
Semaine après semaine,
Année après année,
Ligne après ligne,
Tu as peaufiné ton trait.
Mot après mot, tu as construit ton langage,
Image après image tu as aiguisé ton esprit.
Tu as atteint cette maîtrise où le cœur, l'esprit et la main se rencontrent et travaillent en totale harmonie.
Livre après livre, tu as créé cet oasis où enfants et adultes se sont posés et ont pu rencontrer Beauté, Sagesse, Humour, Amour.
Tu as réussi à toucher les mômes dans leur cœur même.
Tu leur as diffusé la lumière de ton humanisme.
Tu as fait partie de ceux qui ont amélioré ce monde."
L'école des loisirs:
"Le petit Guili était curieux de tout et n'avait peur de rien. Il aimait faire rire ses amis." (Mario Ramos, Le petit Guili)
Mario Ramos aimait tant nous faire rire dans ses livres. Il prenait un soin et une attention passionnée à raconter des histoires aux enfants. Leur donner les moyens pour se défendre face aux plus forts, pour se construire.
Mario était curieux de tout, généreux, talentueux et très fidèle.
Ses loups, cochons, singes, crocodiles et autres petits lardons sont chargés de toutes les émotions.Chaque rencontre lui tenait à cœur, “Faire rire et réfléchir les petits et les grands est la plus belle récompense pour un auteur.”Mario nous a quittés dimanche 16 décembre.Il va nous manquer énormément."
Des illustrateurs:
Antoine Guilloppé. |
Emmanuelle Zicot. |
Geoffroy Dussart. |
Matthieu Maudet. |
Nicolas Gouny. |
Jean-Luc Englebert. |
Gilles Bachelet. |
Jean-Luc Englebert. |
Nicolas Duffaut. |
Frédéric Stehr. |
Un cadeau pour Radio Campus. |