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vendredi 20 septembre 2024

La paréidolie selon Bobi+Bobi et François David

La puissance évocatrice de nuages bleus. (c) Le Voyageur assis.


Bleu, la couleur du ciel.
Bleu, la couleur qu'a choisie l'artiste Bobi+Bobi pour représenter des nuages. A l'aquarelle, à la gouache.
Dans ces formes mystérieuses, elle a distingué un animal, un visage, un objet...
Elle en a dessiné le contour au crayon bleu.
Elle a transmis ces nuages étiquetés à François David.
Il les a regardés, les a laissé infuser en lui.
Sous la puissance évocatrice de ces nuages bleus, ses mots ont surgi.
Et voilà couchées sur le papier ces phrases surprenantes, ondulantes, pénétrantes.
Posées chaque fois en vis-à-vis de "leur" nuage.
 
Poésie, philosophie, humour, actualité, vocabulaire sont autant de perles qu'égrènent l'album "Que du bleu" de François David et Bobi+Bobi (Le Voyageur Assis, 100 pages).
On passe de l'une à l'autre, avide de découvrir la prochaine réjouissance littéraire.
On sourit, on savoure, on découvre, on se laisse porter par ce bleu en formes et en lettres.

PS: la paréidolie consiste donc à identifier des formes familières dans des éléments naturels ou aléatoires.
 
 
Leçon souriante de vocabulaire. (c) Le Voyageur Assis.

 

vendredi 13 septembre 2024

Les grands travaux inutiles italiens

"Incompiuto" de Roberto Giangrande. (c) Light Motiv.

 

Curieux livre au premier abord que le moyen format broché bilingue "Incompiuto" de Roberto Giangrande (Light Motiv/emuse, traduction française par l'auteur et David Galati, 136 pages). Une jaquette en carton mat orange potiron dans laquelle sont découpées des fenêtres en forme de gros saucissons (la simulation des filets de balisage orange des chantiers en réalité). Y apparaissent en tons largement passés la photo de constructions abandonnées. Un titre en italien, incompréhensible pour celui ou celle dont la connaissance de l'italien se limite aux cartes de restaurant.

On pourrait facilement passer à côté de ce livre photographique documentaire et esthétique. Ce serait une grave erreur car il est formidable! Et sa conception originale sobrement mise en pages révèle toute sa raison d'être.

La photo de couverture. (c) Light Motiv.

Le photographe s'explique dès le début en introduction: "Le terme "Incompiuto" est utilisé en Italie pour désigner les bâtiments et ouvrages d'art qui n'ont pas été achevés et sont donc inutilisables." On comprend déjà mieux le titre de ce texte, "Le pays volé". Tout au long des pages balisées de couleur orange (couverture, fil de couture du dos, légende des photos et parure typographique), on va découvrir des aéroports, des ponts, des barrages, des routes, des écoles, des hôpitaux, des installations sportives qui ont été construits et n'ont jamais été utilisés pour différentes raisons, chantier trop long, projet devenu obsolète, manque d'autorisation, coût de fonctionnement trop élevés. Très présents dans la moitié sud de l'Italie, ils ont évidemment des liens avec les mafias. Laissés à l'abandon, ils ont été vandalisés. C'est sidérant.

Un pont construit à 30% en Toscane (2009). (c) Light Motiv.

Roberto Giangrande a parcouru son pays de long en large et a photographié en lumière blanche ces lieux abandonnés, pays invisible absent des guides, "signe concret et symbole d'une aberration, à la fois esthétique et sociale". Selon un registre officiel, il existerait un millier de travaux publics inachevés en Italie. Entamé pour pointer le gaspillage économique et les dommages environnementaux, le voyage du photographe a glissé vers le témoignage social au fil des rencontres qu'il a faites. Et l'a fait grandement s'interroger sur le futur de ces "verrues dans le paysage".

Centre pluridisciplinaire en pages 68 et 69. (c) Light Motiv.

Avec lui, on parcourt la péninsule en des paysages aux ciels gris ou d'un bleu éteint où se dessinent ces constructions de teinte claire. Des tons qui font penser à ceux des anciennes photos Polaroid qui vieillissaient si mal. Un choix tellement symbolique en opposition avec l'Italie des cartes postales. Chaque photo est accompagnée d'une légende en donnant le lieu, la localisation GPS, l'année de début et le pourcentage d'achèvement. Des ponts qui ne mènent à rien, des routes qui s'arrêtent sur le vide, les squelettes d'une gare, d'un planétarium, de bâtiments administratifs, une vertigineuse tour vide, la structure d'un parking, une piscine jamais remplie... Les édifices sont souvent gigantesques, ravageant d'autant plus les paysages ou les environnements citadins. Les sites se suivent, suscitant l'étonnement et l'incompréhension. Chaque page appelle la suivante. Une lecture hautement addictive qui s'achève avec un splendide texte d'analyse et de réflexion de l'écrivain et chroniqueur Roberto Ferrucci alors qu'une carte pointe les lieux photographiés. Quel travail utile, à la fois artistique et journalistique que ce livre! Il offre des heures de lecture riche menant à autant de réflexion et d'interrogation. D'empathie aussi.

Piscine terminée à 75 %. (c) Light Motiv.


"Incompiuto" rappellera évidemment à tout Belge d'un certain âge l'émission de télévision de Jean-Claude Defossé "Les grands travaux inutiles" (RTBF, voir ici et ici). Une quarantaine de reportages réalisés dans le royaume entre 1986 et 2012.




jeudi 12 septembre 2024

Qui aura le prix Vendredi 2024?


Créé en 2016 par le groupe des éditeurs jeunesse du Syndicat national de l'édition (SNE) et désigné pour la première fois en 2017 (lire ici), le prix Vendredi récompense chaque année un ouvrage francophone destiné aux plus de 13 ans, et publié entre le 1er octobre de l'année précédente et le 30 septembre de l'édition en cours à compte d'éditeur. Depuis l'an dernier existe une collaboration entre le Prix Vendredi et le pass Culture qui a donné lieu à la création du prix Vendredi - Jury des jeunes pass Culture. Ce Prix est remis par un jury composé de sept jeunes lecteurs et lectrices issus de différentes régions et bénéficiaires du pass Culture. La Fondation d'entreprise La Poste, partenaire historique du Prix, dote cette année le Prix Vendredi d'une enveloppe globale de 3000 euros.

Malgré quelques divergences, le jury 2024 du prix Vendredi, composé des journalistes Raphaële Botte ("Mon Quotidien", "Lire" et "Télérama"), Philippe-Jean Catinchi ("Le Monde"), Françoise Dargent ("Le Figaro"), Cécile Ribault-Caillol, des autrices Claudine Desmarteau, lauréate 2023, ​Marie Desplechin, de l'auteur Tom Levêque, de la critique Nathalie Riché, et du libraire Simon Roguet, a su, nous dit-on,  trouver un terrain d'entente, pour livrer une sélection "qui reflète la diversité du lectorat", avec des titres "de qualité, audacieux et originaux".
 

Les dix titres sélectionnés

  • "Charbon bleu" d'Anne Loyer (Éditions D'eux)
  • "Des Jours comme des nuits" de Sébastien Joanniez (Rouergue)
  • "Deux mois chez Andréa" de Julien Dufresne-Lamy (Nathan)
  • "Infiltré" de Laurent Petitmangin (Actes Sud Jeunesse)
  • "La Cabane" de Ludovic Lecomte (l'école des loisirs)
  • "La Chasse" de Maureen Desmailles (Editions Thierry Magnier)
  • "La Louve" d’Antonin Sabot (Talents Hauts)
  • "Les Coquillages ne s’ouvrent qu'en été" de Clara Héraut (Hachette)
  • "Reine de l'Ouest" de H. Lenoir (Sarbacane)
  • "Vindicte" de Gildas Guyot (Faction)

 
Les prix Vendredi 2024 seront remis à Paris le 5 novembre.


Palmarès

2023 Claudine Desmarteau pour "Au nom de Chris" (Gallimard Jeunesse)
et Arnaud Cathrine, prix Vendredi - Jury des jeunes Pass Culture pour "Octave" (Robert Laffont)
2022 Claire Castillon pour "Les Longueurs" (Gallimard Jeunesse, lire ici)
2021 Sylvain Pattieu pour "Amour chrome" (l'école des loisirs, lire ici)
2020 Vincent Mondiot, pour "Les Derniers des Branleurs" (Actes Sud junior, lire ici)
2019 Flore Vesco, pour "L'Estrange Malaventure de Mirella" (l'école des loisirs, lire ici)
2018 Nicolas de Crécy, pour "Les amours d'un fantôme en temps de guerre " (Albin Michel, lire ici)
2017 Anne-Laure Bondoux, pour "L'Aube sera grandiose" (Gallimard, lire ici)
 
 

mercredi 11 septembre 2024

Fêtons en jouant les 50 ans de la librairie bicéphale A livre ouvert - Le rat conteur

Cinquante ans, ce n'est rien, dit-on habituellement. Mais pour une librairie belge, a fortiori francophone? Et tenue en famille? C'est un fameux exploit. Car une librairie qui fête ses cinquante ans, cela ne court pas les rues. C'est pourtant le cas de la librairie bicéphale A Livre ouvert + Le rat conteur. Chapeau!

Créée par Chantal Limauge, A Livre Ouvert a ouvert ses portes à La Hulpe en septembre 1974. En 1986, la librairie s'installe à Woluwé-Saint-Lambert en compagnie de la librairie Le Rat Conteur, spécialisée en littérature jeunesse, née dans une autre rue de la commune à la fin des années 70. Deux enseignes indépendantes dans le même espace qui s'entendirent bien et fusionnèrent en 2000.
 

Cinquante ans de ventes de livres, cela fait beaucoup de volumes. "Environ dix millions, soit une hauteur de 150 km", estime Yves Limauge, le responsable de la librairie. Cela représente surtout un nombre inouï de lectures partagées en littérature, en jeunesse et en sciences humaines. Plus de 2000 événements, rencontres, dédicaces, lectures, ou ateliers organisés.
 
"Nous, libraires, en sommes très fiers", poursuit Limauge. "Nos clients y sont pour beaucoup. Nous les remercions pour leur enthousiasme et leur confiance."
 
Pour fêter ces 50 ans, une grande fête est prévue le lundi 14 octobre à 19h30 à Wolubilis.
 
Un jeu littéraire s'intitulant "Bagarre dans la librairie" dont l'animatrice sera l'écrivaine Geneviève Damas. Face à elle prendront place quatre concurrents, Safia Kessas, Myriam Leroy, Thomas Gunzig et Philippe Marczewski, qui devront argumenter suite aux questions cocasses de Geneviève. Une joute prestigieuse dont le public déterminera le/la gagnant/e.
Un extrait des livres gagnants sera lu par un.e comédien.ne et le tempo musical sera donné par DJ Voodoo Mama.
 
Inscription à la soirée sur le site de Wolubulis (ici) ou au 02/761.60.30. P.A.F.: 10 euros (dont un bon d'achat de 5 euros).



Classement olympique
Cinquante ans c'est formidable. D'autres librairies belges y arrivent-elles? Infos difficiles à trouver car peu disponibles sur la grande toile. Néanmoins, voici quelques éléments à propos d'officines toujours en activité, même si elles ont pu changer de propriétaire et/ou de lieu.
  • La médaille d'or va à l'UOPC (Bruxelles) qui affiche ses100 ans (et quelques déménagements) en 2024.
  • La médaille d'argent à la librairie Corman (Ostende), fondée en 1926 et installée au 1 de la place Léopold depuis décembre 1996. 
  • La médaille de bronze à la librairie Pax (Liège), existant depuis 1928.
Dans le peloton, on trouve ensuite
- La licorne (Bruxelles, 197?)
- Graffiti (Waterloo, 1977)
- Am Stram Gram (Bruxelles, 1978)
- André Leto (Mons, 1978)
- Libraire Candide (Bruxelles, 198?) 
- Molière (Charleroi, 1983)
- Librairie jaune 2 (Wavre, 1984)
- L'écrivain public (La Louvière, 1985)
- Florilège (Mons, 1986)
- L'oiseau-lire (Visé, 1986)
- Au p'tit prince (Nivelles, 1990)
- Papyrus (Namur, 1990)
- Chantelivre (Tournai, 1991) 
- Long-courrier (Tilff, 1991)
- Antigone (Gembloux, 1994)
- Molière (Charleroi, 1995)
- Librairie de la reine (Binche, 1996)
 
Quelle merveille que tous ces rayonnages débordant de livres! Ce qui n'enlève aucune qualité aux librairies plus récentes.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

mardi 10 septembre 2024

Une résidence d'écriture au Québec? Auteur.e.s, faites vite, vite, vite, votre dossier!

"Je prends feu très souvent" de Charlotte Gosselin (lire plus bas),
actuellement en résidence en Belgique. (c) Station T.

Dans le cadre d'un accord d'échanges entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, WBI et le CALQ (Conseil des arts et des lettres du Québec), deux auteurs ou autrices belges seront accueillis en résidence au Québec en 2025. Attention, les candidatures sont attendues pour le 15 septembre 2024 au plus tard. Soit ce dimanche.

Concrètement, une bourse ira à un écrivain ou une écrivaine pour une résidence à Montréal. L’autre bourse est destinée à un-e bédéiste ou auteur-illustrateur, autrice-illustratrice de littérature jeunesse pour une résidence à Québec.

Qui peut poser sa candidature?
Les écrivains, auteurs-illustrateurs de littérature jeunesse et auteurs de bande dessinée qui comptent au moins deux ans de pratique artistique (selon leur CV), qui sont belges ou résident sur le territoire belge.

Qui choisit?
L'organisation qui accueille choisit le ou la lauréate parmi les candidat.e.s.

Le séjour au Québec
La durée du séjour pris en charge est de deux mois.

Les lieux de résidence

  • L'auteur.e de littérature générale sélectionné.e sera accueilli.e à Montréal par le CALQ, en collaboration avec l'Union des écrivaines et écrivains québécois. Période : mars-avril 2025
  • L'auteur.e de bande dessinée ou l'auteur.e-illustrateur.trice de littérature jeunesse sélectionné.e sera accueilli.e à Québec, en partenariat avec Québec BD. Période : avril-mai 2025

En pratique
L’appel à candidatures complet et formulaire de réponse (ici).
Le formulaire de candidature (ici).

Informations complémentaires
Pour la littérature générale: nausicaa.dewez@cfwb.be
Pour la BD et la littérature de jeunesse: bruno.merckx@cfwb.be

 

Charlotte Gosselin.

Dans le cadre de ce programme d'échanges, Charlotte Gosselin vient d'arriver en Belgique. Artiste interdisciplinaire née en 1996 au Québec, elle s'exprime à travers l'illustration, la vidéo, la poésie et le dessin grand format. Elle a grandi à Sherbrooke puis a habité à Gaspé, à Chicoutimi, sur l'île d'Anticosti, à Montréal et finalement à Rimouski. Elle a participé à différentes expositions et résidences artistiques en Europe (en juin 2023 à la Villa Yourcenar) et à travers le Québec.
 
Elle est l'autrice de l'album "Je prends feu trop souvent" (Station T, 2022), qui suit les crises et la recherche d'équilibre d'une femme aux prises avec un
feu qui la consume trop souvent.
 
En résidence, elle réalise "Moi aussi je pars en morceaux", une bande dessinée sur la co-dépendance. Dans les yeux d'une narratrice sensible et à travers des métaphores visuelles aux traits précis, on suit l'histoire d'une femme qui retourne chez elle après être allée accompagner son grand amour dans un centre de désintoxication.
 

 

lundi 9 septembre 2024

Les 8 prix Atomium Raymond Leblanc 2024

Mina Koraichi, lauréate 2024.
 
Les prix Atomium Raymond Leblanc 2024 ont été remis le premier soir du BD Comic Strip Festival de Bruxelles (6-8 septembre) dans le cadre toujours superbe du Centre belge de la bande dessinée. Une cérémonie qui rassemblait le gratin du monde de la BD. Huit récompenses fort bien dotées ont été proclamées dans une alternance quasi parfaite femme/homme. Dommage à ce propos que sur l'écran d'annonce ne se soit affichée que la mention "LE GAGNANT". Car il y avait pas mal de GAGNANTES.

Palmarès
 
Prix Atomium Leblanc de la jeune création
10.000 euros de la Cocof, 10.000 euros en avance sur droits, contrat d'édition proposé en alternance par les Editions du Lombard, Futuropolis et Casterman.
 
Lauréate: Mina Koraichi pour "Anti-Illiteracy Club"
Traitant de l'analphabétisation en milieu rural au Maroc, l'album de la jeune Marocaine a été choisi par le jury entre 220 projets arrivés du monde entier. Il sera édité par le Lombard.
Arrivée la veille de la remise du prix à Bruxelles, Mina Koraichi entame en cette année 2024 un master en bande dessinée à l’ESA St Luc à Bruxelles.
 
 
 
 
 
 
Prix Atomium Cognito de la BD historique
meilleure bande dessinée à caractère historique (3.000 euros).
 
Lauréat: Lomig pour "Au cœur des solitudes" (Sarbacane)
Sur plus de 50 ouvrages candidats et une shortlist de 5 titres:
  • "La truie, le juge et l'avocat", Laurent Galandon & Damien Vidal (Delcourt)
  • "Le fils de Taïwan, tomes 1-2 -3-4/4", Yu Pei-Yun & Zhou Jian-Xin (Kana)
  • "Au cœur des solitudes", Lomig (Sarbacane)
  • "Environnement toxique", Kate Beaton (Casterman)
  • "Charlotte impératrice - III. Adios", Carlotta. Nury & Bonhomme (Dargaud)
Breton autodidacte, Guillaume Fournier a choisi de publier sous le pseudo de Lomig qui signifie Petit Guillaume en breton. En un noir et blanc qui magnifie les espaces, son album suit le périple effectué en 1867 par le premier écologiste moderne, militant de la protection de la nature, l'écrivain américain John Muir.
 
"Au cœur des solitudes". (c) Sarbacane.



Prix Atomium Le Soir de la BD d’actualité
reportage en bande dessinée (20.000 euros en espace publicitaire, ainsi qu’une forte présence rédactionnelle sur les supports du journal Le Soir). 
 
Lauréat : Hippolyte pour "Le Murmure de la mer" (Les Arènes BD)

Shortlist de 5 titres:
  • "Mahar le lionceau", Anne Poiret et Lars Horneman (Delcourt)
  • "Worm", Edel Rodriguez (Bayard)
  • "Et travailler et vivre", Fabien Toulmé (Delcourt)
  • "Journal de guerre", Nara Krug (Gallimard) 
  • "Le murmure de la mer", Hippolyte (Les Arènes)
Habitant à La réunion, Hippolyte a adressé un message vidéo au public, rappelant son séjour à bord de l'Ocean Viking, le bateau ambulance de l'association SOS Méditerranée qui tente de sauver des vies en mer (40.000 actuellement), et ses rencontres avec les bénévoles. "J'ai voulu rendre hommage à toutes ces personnes qui sauvent des vies. SOS Méditerranée continue à faire vivre cet espoir. Ce prix est pour eux. Je veux aussi rendre hommage à tous les reporters qui essaient de faire leur métier, en Palestine, à Gaza..."
 
"Le murmure de la mer" a emporté le jury par l'histoire, le dessin, le trait, les couleurs, magnifiques, qui prennent le lecteur au cœur et aux tripes.
 
Pour lire un extrait en ligne, c'est ici.



Prix Atomium de la Fédération Wallonie-Bruxelles en bande dessinée
10.000 euros.

Léonie Bischoff. (c) N. Van Campenhoudt.

Lauréate : Léonie Bischoff

Le prix Atomium - Fédération Wallonie-Bruxelles récompense un auteur, une autrice ou un collectif d'auteurs actif à Bruxelles et en Wallonie, qui a déjà une œuvre graphique originale et innovante et qui entend la poursuivre. Il va comme un gant à Léonie Bischoff, née en Suisse en 1981 et devenue belge depuis quelques semaines, pays où elle réside depuis plus de vingt ans. La lauréate affiche une belle bibliographie, les adaptations de romans de Camilla Läckberg, et bien sûr la remarquée BD "Anaïs Nin, sur la mer des mensonges" (Casterman, lire ici), l'adaptation en récit graphique du roman jeunesse de Kathleen Karr "La longue marche des dindes" (Rue de Sèvres, lire ici). En parallèle, elle est un membre très actif de l'Atelier Mille, fondé en 2011 et regroupant plusieurs auteurs et autrices de bande dessinée. Sans oublier son  implication dans des projets collectifs de fanzinat et de microédition. Le prix tombe à point nommé pour Léonie Bischoff qui vient d'entamer deux nouveaux projets en bande dessinée.


 
Prix Atomium Spirou
Histoire publiée dans Spirou et toutes les publications seront rémunérées au tarif professionnel.
 
Lauréat: Samuel Pereira pour "Noël mais presque".

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Prix Atomium de la BD citoyenne
ouvrage de bande dessinée qui suscite une réflexion éthique et sociétale, qui aborde de manière positive, constructive et généreuse des enjeux de société contemporains (5.000 euros).
 
Lauréats: Salomé Parent-Rachdi & Deloupy pour "Amour, sexe et Terre promise - Reportage en Israël et Palestine" (Les Arènes)

Shortlist de 12 titres:
  • "Sang Neuf", Jean-Christophe Chauzy (Casterman)
  • "A l'arrêt", Frédéric Debomy, Sandra Ndiaye, Benjamin Ades (Delcourt)
  • "Petit Pays", Faye, Sowa, Savoia (Dupuis)
  • "Les Yeux fermés", Héloïse Martin, Baptiste Magontier, Valentine De Lussy (Dupuis)
  • "Ce que je sais de Rokia",  Quitterie Simon, Francesca Vartuli (Futuropolis)
  • "Bobigny 1972", Marie Bardiaux-Vaïente, Carole Maurel (Glénat)
  • "Soigne, maltraite et tais-toi!" Ferenc, François Sanz (La boîte à bulles)
  • " La Vie secrète des arbres", Fred Bernard, Benjamin Flao, Peter Wohlleben (Les Arènes)
  • "Amour, sexe et terre promise", Salomé Parent-Rachdi & Deloupy (Les Arènes)
  • "Je suis au-delà de la mort", L'Homme Etoilé (Le Lombard)
  • "L'Œil du marabout", Jean-Denis Pendanx (Maghen)
  • " Les Petites Reine", Magali Le Huche (Sarbacane)
Seize témoins, hommes et femmes, palestiniens et israéliens, arabes et juifs, racontent comment la guerre et la religion s'insinuent dans leur vie amoureuse et sexuelle. Une vie codifiée, contrainte, blessée: l’amour sous le joug de la géopolitique. "Je voudrais remercier les personnages de l'album qui sont des vraies personnes", a dit la lauréate. "Rami notamment qui est journaliste à Gaza et est maintenant réfugié dans une tente. Entamée en 2018, nous avons terminé la BD le 6 octobre 2023. Il nous a fallu rebondir, apporter du contexte dans les premières pages, ajouter des choses à la fin."

 

Prix Atomium Première du roman graphique
prix d'auditeurs (20.000 euros en espace publicitaire, ainsi qu’une forte présence rédactionnelle sur les supports de La Première). 
 
Lauréat: Etienne Davodeau pour "Loire" (Futuropolis).

Shortlist de dix titres:
  • "Le lierre et l’araignée", Grégoire Carle (Air Libre )
  • "Le champ des possibles", Anaïs Bernabé et Vero Cazo (Air Libre)
  • "Sang Neuf",  Jean-Christophe Chauzy (Casterman)
  • "La route", Manu Larcenet (Dargaud)"L'homme en noir", Panaccionne et Di Gregorio (Delcourt)
  • "Le grand large", Jean Cremers  (Glénat )
  • "Bobigny 1972", Marie Bariaux-Vaiente et Carole Maurel (Glénat)
  • "Verts", Patrick Lacan et Marion Besancon (Rue de Sèvres)
  • "Jusqu'ici tout va bien", Nicolas Pitz (Rue de Sèvres)
  • "Loire", Etienne Davodeau (Futuropolis)

Absent car en randonnée, Etienne Davodeau a envoyé un message vidéo où il explique qu'il avait le projet Loire en lui depuis qu'il fait de la BD. Il a aussi rappelé combien la nature réconforte quand elle n'est pas massacrée.



Prix Atomium de Bruxelles
pour un auteur qui a su mettre en avant Bruxelles dans son travail (7.500 euros).  

Lauréats: Simon Spruyt & Nicolas Juncker pour "Les mémoires du Dragon Dragon", tome 2, "Belgique c’est chic" (Le Lombard).

Shortlist de 3 titres:
  • "Les mémoires du Dragon Dragon, Tome 2. Belgique c’est chic", Spruyt & Juncker (Le Lombard)
  • "La Bête", Tome 2, Frank Pé & Zidrou (Dupuis)
  • "Berlin 61", Weber& Deville (Editions Anspach)

Le jury a apprécié l'approche originale de l'histoire de la Belgique et de Bruxelles. Un scénario dû à un Français, des illustrations signées par un Belge néerlandophone.
 


Les chiffres du BD Comic Strip Festival 2024

  • plus de 60.000 personnes en trois jours
  • 75 stands
  • près de 200 auteur.ices et dessinateur.ices
  • plus de 300 séances de dédicaces
  • 14 conférences
  • 8 expositions




vendredi 6 septembre 2024

La revue 64_page célèbre ses dix ans

Le dessin de couverture du catalogue des 10 ans,
dû à Inès Sanchez Royant.

Gâteau! Bougies! Champagne! La
revue de récits graphiques 64_page fête ses dix ans ce week-end à la fête de la BD de Bruxelles, rebaptisée BD Comic Strip de Bruxelles, qui se tient à la Gare maritime (Tour & Taxis) du 6 au 8 septembre (infos ici). 64_page, dont le slogan est "Les grand.e.s auteur.e.s de demain sont déjà aujourd'hui dans 64_page" (lire ici). 64_page, revue papier devenue semestrielle après le covid, mais avec une pagination double, conjuguant image, bande dessinée, dessin de presse, récit graphique et littérature de jeunesse. Je reconnais être celle par qui l'album pour enfants s'est ajouté. En recension patrimoniale, le plus souvent en accord avec le thème du numéro, et en sollicitation des auteurs depuis le partenariat avec la Section belge francophone de l'IBBY (International Board on Book for Young People, ici). 64_page qui, en dix ans et 27 numéros, a publié 81 autrices et 85 auteurs, dont plusieurs dizaines ont trouvé éditeur. 64_page, idée un peu folle née au 64 de la rue du Page à Ixelles, matérialisée en revue à la fête de la BD de Bruxelles 2014 et qui boucle la boucle des dix ans au BD Comic Strip.
 
Au programme du week-end:
 
- une exposition hommage à Cécile Bertrand, notre géniale dessinatrice de presse décédée bien trop tôt le 1er mars de cette année, avec des originaux de Cécile et des dessins qui lui rendent hommage.
 
 
- une expo-vente d'une cinquantaine de dessins des auteurs de 64_page, original ou tirage unique, dont les bénéfices aideront la revue à poursuivre sa route.
 
 
- le numéro 27 de la revue, sur le thème "Soleil rouge", tout juste sorti de l'imprimerie (132 pages, 12,50 euros, habituellement en vente sur abonnement); interviews des auteurs ici.
 
 
- des dédicaces des auteurs 64_page tout au long du week-end.

Vendredi 6: Trefilis, Thé au Vinaigre, Enrique Cropper, Marc Descornet, Gilles Proust, Valentine Langer, Aurélie Wilmet, Wanwine
Samedi 7: Christophe Playfoot, Benedetta Frezzotti, Xan Harotin, Mathilde Brosset, Marc Descornet, Olivier Lambert, Guillaume Balance, Alice Wion, Roman RG, Johanna Gousset, Émilie Reineke, Michel Di Nunzio, Pavé
Dimanche 8: Émilie Reineke, Élodie Adelle, Alexandre Kostantatos, Masha Vander Kelen, Julie Mandarine, Amé, Johanna Gousset, Delcasy, Lucas Bouvard et Enrique Cropper.



La couverture du numéro 27, celui des 10 ans,
due à Julie Mandarine et Jean-Christophe T..




mercredi 4 septembre 2024

Ernest et Célestine en une superbe fresque

La fresque Ernest et Célestine rue Véronèse. (c) Jean-Paul Hittelet.

Ils ont de la chance, les passants de la rue Véronèse à Bruxelles. Ils peuvent admirer la magnifique fresque Ernest et Célestine peinte sur un des pignons de l'école de la ville de Bruxelles établie au numéro 21.Une composition réalisée selon les choix des enfants de l'école Emile Jacqmain à partir de différents dessins des deux héros de la merveilleuse Gabrielle Vincent (1928-2000). Joyeux, le gros ours et la petite souris chantent et dansent. Leur musique et leur complicité mettent immédiatement la joie au cœur. Les écoliers n'ont qu'à lever les yeux depuis la cour de récréation pour en bénéficier. La fresque est évidemment bien visible depuis la rue et réjouira tous ceux qui la voient.
 
Le dessin représenté dans la fresque.

Détail de la fresque. (c) Jean-Paul Hittelet.
Cette 73e fresque du Parcours BD de la ville de Bruxelles est la première qui célèbre une artiste davantage référencée en littérature de jeunesse qu'en bande dessinée. Vingt-quatre ans après son décès, Gabrielle Vincent, le pseudo que Monique Martin s'était choisi pour s'adresser aux enfants, enchante toujours le jeune public. Son œuvre universelle, de toute beauté, est portée par les éditions Casterman qui maintiennent ses albums disponibles et par la Fondation Monique Martin - Gabrielle Vincent créée par ses ayant-droit pour perpétuer sa mémoire. Il est magnifique que l'artiste bruxelloise puisse ainsi veiller sur les enfants de l'école.

Imaginé il y a plus de vingt ans, le Parcours BD met à l'honneur sur les murs bruxellois des personnages et des auteurs incontournables de la bande dessinée. Qu'ils fassent partie du patrimoine ou qu'ils en soient les acteurs/actrices aujourd'hui. Il serpente entre le Centre-Ville, Laeken, Haren et le quartier européen (plus d'infos sur le Parcours BD ici).
 

Les échevins Arnaud Pinxteren et Faouzia Hariche.
(c) Jean-Paul Hittelet.
L'inauguration de la fresque a eu lieu le mardi 3 septembre, à la sortie des cours. Beaucoup de proches de l'école pour écouter les deux échevins de la ville de Bruxelles qui étaient présents. On ne peut que déplorer la "boulette" selon ses mots, de l'échevine de l'Instruction publique francophone Faouzia Hariche qui convoqua au micro l’autrice du dessin choisi. L'ange qui passa lui rappela que Gabrielle Vincent était décédée depuis longtemps. Arnaud Pinxteren, l’échevin de la Petite Enfance, de la Participation citoyenne et de la Rénovation urbaine qui coordonne le parcours BD, enchaîna sur les missions du Parcours BD, qui a choisi de mettre à l'honneur des femmes. Les prochaines fresques seront ainsi dues à Catherine Meurisse et Judith Van Istendael.
 
J'ai eu, pour ma part, le plaisir de rappeler, en tant que secrétaire de l'ASBL, que la Section belge francophone de l'IBBY avait été créée en 1992 dans le but de proposer Gabrielle Vincent au très important prix Andersen (lire ici). Le destin ne le permit pas. Plus d'infos sur Gabrielle Vincent ici.



 
Histoire de l'école
 
(c) D.R
On peut s'étonner du nom de l'école de la rue Véronèse, Ecole fondamentale Emile Jacqmain. Elle a en effet été créée en amont de l'établissement d'enseignement secondaire portant le même nom.
L'école primaire de la rue Véronèse voit le jour le 13 octobre 1907, sous le nom d'"Ecole primaire 19" appelée "Alfred Mabille"; un jardin d’enfants s'y ajoute après la guerre, en 1948. Après quatre années de direction unique pour les deux sections, le jardin d'enfants devient autonome. Il faudra attendre 1977 pour retrouver une direction unique pour les sections primaires et maternelles. La même année, un prégardiennat est fondé.
En 1985, les élèves de cinquièmes et de sixièmes primaires sont déplacés dans les bâtiments du Lycée et l'Ecole préparatoire Alfred Mabille devient l'Ecole fondamentale Emile Jacqmain. Ces élèves seront ensuite accueillis dans le bâtiment Warocqué situé au sein du Parc Léopold. Le déménagement du Centre Pédagogique Vlaesendael permettra le retour au Véronèse de ces élèves. L'école qui les regroupe tous prend le nom d'Ecole fondamentale Emile Jacqmain.

Chef-d'œuvre de l'architecte belge Théodore Serrure (1862–1957), l'école se caractérise par un néoclassicisme marié à d'élégantes structures de toit en fer et en verre. Son préau Art nouveau est une merveille.