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jeudi 31 mars 2022

Un Live Magazine génial en cerise sur le gâteau de la troisième édition du Picture Festival

Live Magazine du Picture Festival à Bozar.

"Jamais deux sans trois"
, on l'admet volontiers. Mais peut-on glisser l'idée d'un "jamais trois sans quatre"? En tout cas à propos du Picture Festival (lire ici) qui s'est achevé hier à Bruxelles en feu d'artifice lors d'un époustouflant Live Magazine dans la grande salle Henri Le Bœuf de Bozar. Douze jours à se mettre un maximum d'images dans les yeux, des illustrations qui débordent parfois du cadre du livre, douze jours de découvertes et d'émerveillements, douze jours de rencontres avec des artistes inspirés, créatifs et disponibles - certaines de la vingtaine d'expositions montées pour cette troisième édition sont encore ouvertes (horaires ici).

Mercredi soir, la magnifique affiche de Valfret défile sur l'écran du Live Magazine, annonçant en musique avec Les Garçons, le programme de la soirée. Un journal vivant, en prise avec l'actualité de l'Ukraine, qui entend raconter le monde autrement, par les mots et par les images. Quelques dessins de presse, des blagounettes sur les "secrets de fabrication" et la séance commence.
Chacune des histoires est introduite par un dessin de Valentine De Cort, au joli stylo rouge, réalisé en direct et projeté sur l'écran, complété du titre de l'histoire qui va être dite sur fond de dessins existant déjà, parfois accompagnés de musique.



Les récits se succèdent, contemporains ou plus anciens, intimes ou planétaires, tenant en haleine un large public conquis. On entendra la journaliste française Doan Bui à propos de son enquête sur les "truthers" qui nient le 9/11 comme la tuerie de l'école primaire Sandy Hook (tuerie de Newtown), le 14 décembre 2012, où elle s'est rendue (dessins de Leslie Plée, album "Fake news" chez Delcourt). Judith Duportail, elle, s'intéresse à la façon d'être visible sur Instagram et retient en numéro un la pose de la Vénus callipyge (illustrations d'Anna Wanda Gogusey pour l'album "Qui est Miss Paddle?", chez Hlab Eds). Daniel Couvreur vient rappeler l'intrépide et folle aventure du "Faux Soir", journal écrit et publié en secret contre l'Allemagne nazie qui avait volé le titre vespéral durant la Seconde Guerre Mondiale (dessins de Denis Lapière et Christian Durieux, album chez Futuropolis). Emilie Gleason dénonce l'addiction et les désastres que cause le sucre à l'organisme (album "Sugar is dead", à paraître chez Casterman). Nicole Marchand-Zanartu s'intéresse aux images de la pensée, c'est inédit et passionnant (beau livre "32 grammes de pensée", chez Mediapop). Seham Boutata explique et analyse la passion pour les chardonnerets des Algériens (illustrations d'Eléonore Scardoni pour le livre "L'élégance du chardonneret" au Seuil). Steven Appleby se raconte tout simplement, femme trans, et évoque son roman graphique "Dragman" (Denoël Graphic). En finale, Vladimir Couprie déroule d'immenses bulles de savon en un superbe numéro de cirque.

Quelques images.

Doan Bui.

Une Vénus callypige.

Le faux Soir.

Emilie Gleason.

Les chardonnerets d'Eleonore Scardoni derrière Seham Boutata.

Steven Appleby.

Eléphant et phylactère.

Vladimir Couprie.

La soirée a passé vite. Le Live Magazine est terminé. Les participants, auteurs, dessinateurs, journalistes montent sur scène. Le Picture Festival s'achève. Monté par Carole Saturno et son équipe, il s'est avéré formidable de bout en bout. Bravo, bravo, bravo.




L'ensemble de mes pérégrinations au Picture Festival est à trouver ici.




mercredi 30 mars 2022

Créer un poème avec Thomas Gunzig et Lize Spit

Lize Spit et Thomas Gunzig nous invitent en poésie.

"Flirt Flamand", le concept est apparu lors de la Foire du Livre de Bruxelles 2019 dont la Flandre était l'invitée d'honneur (lire ici et ici). Une réussite qui a permis le rapprochement des auteurs, des éditeurs, des traducteurs et des publics francophones et néerlandophones. En 2020, l'aventure amoureuse a été "à la p(l)age" (lire ici). En 2021, année de confinement, elle a débouché sur plusieurs projets, des interviews d'auteurs, des rencontres entre lecteurs grâce au Matchmaker et même un mariage littéraire, celui de Thomas Gunzig et Lize Spit (#THOMIZE), dont les préparatifs ont donné lieu à de belles joutes oratoires sur internet (lire ici, ici et ici).

Cette année 20💓  où l'habituelle Foire du livre de Bruxelles a été annulée et remplacée par une Semaine du livre (lire ici), "Flirt Flamand" reprend encore du service, sous une autre forme, celle d'un concours de poésie transfrontalier ouvert au public, organisé avec la maison internationale des littératures Passa Porta. Une façon pour le projet de continuer à être le tiret entre nos littératures néerlandophone et francophone. 


"Ik poëzie je graag / Je te poème" invite à composer un poème avec Thomas Gunzig et Lize Spit. Les consignes sont simples:
  • le premier vers est écrit par Lize Spit
  • le dernier par Thomas Gunzig
  • on écrit dans l'espace entre les deux (maximum vingt-deux lignes en tout)
  • en français ou en néerlandais ou dans les deux langues
  • on ajoute un titre
  • on écrit en son nom ou sous pseudo
En résumé, chacun fait ce qui lui plaît mais avant le 29 avril, date ultime de réception des textes. 


Tout se passe en ligne (ici). Les consignes, l'écriture, la publication. Actuellement, 81 textes dont un quart en français figurent déjà déjà sur le site, le concours ayant été lancé le 21 mars. Ils peuvent être "likés", partagés sur les réseaux et téléchargés sous forme d'affiche.

Lize Spit et Thomas Gunzig sélectionneront un poème gagnant qui sera annoncé le 21 mai, deux mois après la journée mondiale de la poésie. Le poème vedette de "Flirt Flamand" sera traduit dans l'autre langue nationale et publié dans la revue "Poëziekrant". En outre, son auteur ou autrice recevra en cadeau une nuitée poétique dans le studio de la résidence de Passa Porta, au centre de Bruxelles. 
"Vous est-il déjà arrivé, dans votre enfance, de marcher le long d’un talus ou dans un pré et de cueillir des fleurs pour votre mère? C'est ce sentiment que la poésie éveille en moi, à ceci près que mon bouquet pour le lecteur, je le crée à travers l'écriture. Lire le poème d'un autre, c'est recevoir un bouquet fraîchement cueilli."
Lize Spit







lundi 28 mars 2022

Un dimanche au musée avec le Picture Festival

Elene Usdin et Aurélie Wilmet terminent leur performance.

Un effet Picture Festival? Sûrement. Il y avait plein de monde ce dimanche 27 mars ensoleillé au Musée d'art et d'histoire du Cinquantenaire. Un public de tous les âges venu assister à la performance dessinée d'Aurélie Wilmet et Elene Usdin et visiter en parallèle la magnifique exposition "Inuit. Voyage graphique au Grand Nord" concoctée par les deux mêmes et le poète Carl Norac.

Quand on pénètre dans l'immense salle à verrières et colonnes du musée, le Grand Narthex, on est accueilli par une musique planante, création, apprendrai-je plus tard, du fils d'Elene Usdin. Tout au bout, là où Léopold II pourrait les voir de l'étage où il est chevauche son cheval de métal, deux artistes sont à quatre pattes. Elene Usdin et Aurélie Wilmet peignent, à grand renfort de couleurs et de larges pinceaux - elles utiliseront les fins plus tard. Deux œuvres naissent sous nos yeux, prenant formes et consistance en deux heures trente chrono. 

"Nous nous sommes inspirées d'un conte inuit", m'explique Aurélie Wilmet. "Comme nous avions peu de temps, nous avons choisi de peindre en parallèle et non ensemble. C'est la première fois que nous faisions cela. A la fin de la performance, chacune a eu la surprise de découvrir ce que l'autre avait fait." Deux peintures dont on reconnaît bien l'inspiration commune, réalisées tête-bêche à voir l'emplacement des signatures des artistes.

Léopold II veille.

Aurélie Wilmet et Elene Usdin au travail.

Aurélie Wilmet.

Elene Usdin.


La baleine, une des plus belles œuvres inuit.
L'exposition présente une vingtaine d'estampes de toute beauté et quelques sculptures issues de la collection du poète belge. Ces œuvres ont été réalisées par dix-neuf artistes (principalement des femmes) utilisant diverses techniques de gravure. Elles illustrent aussi bien le monde marin arctique que le chamanisme ou la mythologie. Elles se complètent de trois œuvres sur le Grand Nord des deux artistes en performance dimanche.


Le Grand Nord par Elene Usdin et Aurélie Wilmet.





dimanche 27 mars 2022

Un énorme cinquième tour au Picture Festival

Olivier Spinewine, "Le pédiluve".

Bon je l'avoue, le compte-rendu de mes pérégrinations au Picture Festival couvre deux jours, vendredi et samedi. Pour changer, je commence par mon dernier arrêt. Attention, il ne faut plus tarder  car la troisième édition de ce qui est quand même ce qui se fait de plus intéressant dans le domaine de l'illustration à Bruxelles va bientôt se terminer (lire ici).

Arrêt 1 au Clignoteur 
Place de la Vieille Halle aux Blés 30, 1000 Bruxelles

Quel pied dans cette Nike?
Plasticien, enseignant, dessinateur, photographe, écrivain et éditeur, Olivier Spinewine expose deux projets, "Villevue", un travail photographique antérieur, et "Le Pédiluve", tout neuf, entièrement consacré au... pied. "Voir le pied de quelqu'un pour la première fois, c'est quelque chose", me dit-il en souriant. Plus sérieux, il explique que le projet lui est venu après la lecture d'un texte de Georges Bataille à propos du pied, oscillant entre la séduction et l'immonde ("Le gros orteil, 1929). "Après mon récit graphique "Corso à contre-main" (CFC éditions), j'ai eu l'idée de faire une série." Une série de pieds en différentes techniques et sur différents supports dont surtout des papiers de récupération. "Il y a des pieds réels et des pieds de tête, comme celui de Bob et Bobette et celui qui a coulé, celui d'une Nike Super H et celui de sandales tchécoslovaques. Jamais de métaphore. Souvent cinq orteils mais parfois six ou trois." 

Expo Le Pédiluve au Clignioteur.


Aux cimaises, une vingtaine de dessins de pieds, reflétant parfaitement le texte de Bataille, entre séduction et immonde. Seulement une vingtaine? Oui, mais on en trouve environ quatre-vingts dans le beau livre qui vient de sortir, "Le pédiluve, GRA DED EXPO SURE TO FEET" (Editions Lustre, en vente au Clignoteur, bientôt chez Tropismes, chez Peinture fraîche...) Un grand et épais format qui explore formidablement d'un trait léger cette "exposition progressive". Des pieds révélateurs, des pieds cachés, des pieds expressifs, des pieds esquissés ou portraitisés... 

Un album dont il faut saluer la mise en page magnifique, mettant superbement en valeur les dessins, jouant avec les couleurs et les sauts de pages, complétée d'un travail de photogravure magistral. Posées sur des fonds aux tons variables par séquences, les feuilles de papier des dessins y apparaissent comme en relief. Explication: les dessins ont été scannés des deux côtés et figurent parfois en transparence ou en superposition dans les pages. A tourner les pages pleines de surprises, on sourit, on s'interroge, on admire ou on est troublé. On oublierait presque qu'il s'agit d'un livre relié, tant on est pris par ces pieds dessinés qui se succèdent comme si on feuilletait une farde. Entre séduction et immonde.
Attention, l'exposition se tient encore ce dimanche 27 mars de 14 à 19 heures et le vendredi 1er avril de 17 à 20 heures où suivra à 20 heures un concert de Brèche de Roland dont Olivier Spinewine a illustré le premier EP..


Arrêt 2 à la Galerie Bortier
Rue Saint-Jean 17, 1000 Bruxelles

#PrintIsNotDead à la Galerie Bortier.

Simon Roussin.
Un week-end #PrintIsNotDead et toujours RisoZine, Marseille-Bruxelles (Cuistax, Fotokino, Frau Steiner, Harry Studio, Les Ateliers du Toner, Papier Carbone).

Fanzines, livres, revues, affiches… tous les supports et toutes les techniques participent à cette troisième édition du salon de la micro-édition et de l'image imprimée. Avec la Riso à l'honneur cette année.

A rencontrer: Actes Nord, Cuistax, Delphine Panique, Fanzinothèque, Fotokino, Frau Steiner, Gabri Molist, Harry Studio, Image Fantôme, Indekeuken / Chez Rosi, Jango Jim, Les Ateliers du Toner, Les Pinatas, Les Voizines & TMH, Morgane Griffoul, Sanlémo, Signes du Quotidien, Sterput, Ton piquant, Vite ed.
Encore ce dimanche de 11 à 18 heures.



Arrêt 2 bis à la galerie Bortier

Le nuancier de fusains de Sarah Cheveau.

Retour chez Sarah Cheveau ("Faire feu de tout bois") car je n'avais pas repéré l'autre jour (lire ici) son extraordinaire nuanciers de fusains. Quarante-sept essences de bois brûlés - pour le moment car d'autres vont encore compléter le tableau - sont posées sur une feuille, simplement légendées à la main de leur nom. Platane, cognassier, pêcher, ronce, prunier de mirabelles, ébène, gui, lierre, rosier, séquoia, églantier pour ceux qui sont ci-dessus, mais il y en a trente-six autres à découvrir sur place. C'est d'une incroyable beauté, avec des nuances de tons, gris, bruns, bleus même, et de dureté, plus gras ici, plus sec là. Généreuse nature.
Encore ce dimanche de 11 à 18 heures.

Arrêt 3 chez ABC
Place Gaucheret 13, 1030 Schaerbeek

Expo "Cimes" chez ABC.


Le mariage du pochoir et du pliage donne les formidables origamis colorés de Bernadette Gervais et Waii Waii réunis dans l'exposition "Cimes". Posées à hauteur d'enfant, fixées aux cimaises, suspendues au plafond, leurs créations enchantent et font rêver.
Encore ce dimanche de 10 à 17 heures et l'occasion de visiter ABC qui est en portes ouvertes.

Arrêt 4 au Wolf
20 rue de la Violette, 1000 Bruxelles

"On joue à cache-cache?", premier album de Léa Viana Ferreira.

Les originaux de l'excellent premier album jeunesse de Léa Viana Ferreira "On joue à cache-cache?" (CotCotCot Editions) s'offrent au visiteur (jusqu'au 18 juin). La particularité de ce livre en doubles pages est que son texte est en deux temps, un verbe et ensuite sa déclinaison pratique par les enfants de l'histoire. Toutes les étapes du jeu y passent pour le plus grand plaisir dans des images qui sont autant de peintures explosant joyeusement de couleurs, bourrées de détails parfois bien cachés et célébrant merveilleusement la nature, thème de cette troisième édition du Picture Festival.


Pour retrouver mes précédentes pérégrinations, c'est ici.


vendredi 25 mars 2022

Féminisme et sexe SM en taxi avec Hyam Yared

Hyam Yared. (c) Astrid di Crollalanza-Flammarion.

L'écrivaine libanaise Hyam Yared était début février à Bruxelles, invitée par la librairie Tropismes à propos de son dernier roman en date, "Implosions" (Editions des Equateurs, 2021, 272 pages). Revoilà la  signataire du Manifeste du Parlement des écrivaines francophones (lire ici) dans la capitale belge, à la maison Autrique cette fois, à l'occasion de la soirée Portées-Portraits qui est consacrée à son roman précédent, "Nos longues années en tant que filles" (Flammarion, 2020). 

Un roman qui commence justement à Bruxelles, rue Antoine Dansaert, et dont les premières lignes surprendront sûrement le lecteur. Piquante, Hyam Yared nous montre son héroïne entrer dans un taxi. Auteure de romans érotiques sous le pseudo de Victoria Akabal a rendez-vous avec Evan, prénom que son maître en sado-masochisme rencontré sur Tinder lui interdit de prononcer. Y penser dans sa tête, elle se l'y autorise, surtout quand elle est déjà apprêtée comme il le lui a ordonné.

Si le texte commence tambour battant, il n'en est pas de même du taxi dans lequel a prix place la Libanaise en instance de divorce, mère de deux enfants, qui parcourt le monde pour obéir aux rendez-vous que lui fixe son maître Evan. Ou son soumis, car il exige du SM switch. Pilotée par une femme transgenre, la voiture n'avance pas, coincée dans un embouteillage monstrueux comme en a connu le Paris post-attentat. Cette course contre la montre vers Melun est l'occasion de magnifiques échanges entre ces deux femmes qui ne se connaissaient pas.

Ecrivaine engagée, poétesse et romancière, Hyam Yared donne la parole à l'une et puis à l'autre, entremêle leur présent et leur passé, questionne les notions de genre, de sexe, de plaisir, de consentement, de féminisme, d'éducation, de déterminisme. L'histoire du Liban est aussi abordée dans ce magnifique roman en très courts chapitres posant toutes les questions qui concernent les femmes, leur désirs, leur soumission, voulue ou héritée. Les mots de l'écrivaine ne se voilent pas de fausse pudeur quand ils traitent de séances de sado-masochisme ou qu'ils retracent les enfances des deux voyageuses. On les suit intensément jusqu'à l'arrivée de ce taxi dont on sort, certaines certitudes ébranlées.

Pour lire en ligne le début de "Nos longues années en tant que filles", c'est ici.

Hyam Yared sera présente à la Maison Autrique dès 19 heures pour une rencontre avec le public. A 20h 15 débutera la lecture-spectacle de "Nos longues années en tant que filles". Le texte sera lu
par Sandrine Bonjean accompagnée par la DJ Laura Di Sciascio, dans une mise en voix de Geneviève Damas.

Pratique
Où? Maison Autrique, chaussée de Haecht, 266 à 1030 Bruxelles.
Quand? Le lundi 28 mars.
A quelle heure? La lecture-spectacle commence à 20h15. Elle est précédée d'une rencontre avec l'auteure à 19 heures.
Durée? 1 heure.
Combien? 8 euros (possibilité de visiter toute la maison)
Renseignements ici,  réservation indispensable. Par mail à reservations.compagniealbertine@gmail.com

Terminons avec un mot sur le superbe "Implosions" au titre piquant où Hyam Yared traite à sa manière l'explosion qui a eu lieu dans le port de Beyrouth le 4 août 2020 à 18h07. Le livre s'ouvre sur la narratrice qui explique où elle était au moment de la déflagration. Chez une thérapeute où elle consulte avec son mari pour leurs problèmes de couple. Immédiatement reviennent à l'esprit les images du port et de ses alentours revues et revues. Mais surtout à lire ce récit, tragique et drôle, on réalise combien les Libanais sont marqués dans leur chair et dans leur esprit par les guerres qui s'y sont succédées depuis plusieurs générations.


Deux autres visions littéraires de l'explosion à Beyrouth ici.


Bibliographie
  • "Reflets de lune", poésie (Editions Dar An-Nahar, 2001-
  • "Blessures de l'eau", poésie (Éditions Dar An-Nahar, 2004)
  • "L'Armoire des ombres", roman (Sabine Wespieser Éditeur, 2006)
  • "Naître si mourir", poésie (L'Idée Bleue, 2008)
  • "Sous la tonnelle", roman (Sabine Wespieser Éditeur, 2009)
  • "Beyrouth, comme si l'oubli", témoignage (avec Nayla Hachem, Éditions Zellige, 2012)
  • "La Malédiction, Sainte-Marguerite sur Mer", roman (Editions des Équateurs, 2012)
  • "Esthétique de la prédation", poésie (Mémoire d'Encrier, 2013)
  • "Tout est halluciné", roman (Fayard, 2016)
  • "Nos longues années en tant que filles", roman (Flammarion, 2020)
  • "Implosions", roman (Editions des Équateurs, 2021)


jeudi 24 mars 2022

Un quatrième, très mini, tour au Picture Festival

Vitrine de Peinture fraîche.

Mince, une voix dans l'oreillette me glisse qu'on est déjà à la moitié du Picture Festival 2022 (lire ici). Ai-je vu la moitié des expositions? Presque (lire ici, ici et ici). Mais ce n'est pas aujourd'hui que cela me tente, un certain Joe B. (USA) squattant les rues de Bruxelles. Je me suis donc rabattue sur plus près de chez moi. Mais je n'avais pas lu le programme en détail, habituée que j'étais aux grandes expositions en sous-sol de la librairie Peinture fraîche.

Déception à mon arrivée. S'il y a bien une rencontre-discussion-dédicaces avec Elene Usdin, Aurélie Wilmet et Dominique Goblet ce jeudi 24 mars à partir de 18 heures, il n'y a pas vraiment d'exposition. Les originaux des trois artistes sont tous exposés dans les deux vitrines du lieu. L'avantage est qu'on les voit de la rue, l'inconvénient qu'on ne peut guère en approcher pour complètement les apprécier.




Les originaux d'Aurélie Wilmet, Elene Usdin et Dominique Goblet
présentés chez Peinture fraîche.


Bref, je me rattraperai pour les deux premières avec l'exposition "Inuit. Voyage graphique au Grand Nord" qui se tient au Musée Art & Histoire (Parc du Cinquantenaire 10 1000 Bruxelles) jusqu'au 22 mai, sachant aussi qu'Aurélie Wilmet et Elene Usdin s'y lanceront dans une "Performance dessinée au cœur d'un conte inuit" ce dimanche 27 mars à 14 heures.


mercredi 23 mars 2022

Un troisième (et mini) tour au Picture Festival

Emile Seron expose son dernier album à la librairie Candide.

Après Bologne et Stockholm où ont été attribués lundi et mardi les plus prestigieux prix en littérature de jeunesse (lire ici et ici), retour à Bruxelles où le Picture Festival se tient jusqu'au 30 mars (lire ici). Cap sur la librairie Candide qui expose une série d'originaux très intéressants d'Emilie Seron, provenant de son dernier album jeunesse en date, "Boubou en était sûr", écrit par Karen Hottois (La Partie, 48 pages). Un rien plus grands que la version imprimée, très intéressants parce qu'on y distingue les détails de peinture, brillants ou carrément dorés.

Emile Seron expose son dernier album à la librairie Candide.


"Boubou en était sûr"
est un très bel album à deux voix et épistolaire à la fois, ce qui est assez rare dans la tranche d'âge à laquelle il s'adresse, celle des grandes maternelles. Il y est question d'amour, d'une évidence de sentiments qu'il faut exprimer, mais aussi d'hésitations, de confirmations, de reculades angoissées et de rencontre radieuse. Tout cela grâce aux bons soins du rat Fromage qui se charge de porter leurs missives aux deux amoureux, qui observe les réactions de Boubou et de Nadia et qui joue à l'intermédiaire pour que les deux enfants parviennent à se rencontrer.

L'histoire se développe agréablement, avec du suspense à propos des lettres échangées, et surtout  de la dernière, interceptée par un écureuil. Elle s'étend dans le temps, les illustrations montrant les changements de saison. Elle présente délicatement la fragilité de ceux qui sont dans l'état amoureux, surtout quand il se mue en un imbroglio plein de quiproquos qui seront finalement déjoués. Boubou, Nadia et Fromage déambulent dans des images finement réalisées, pleines de détails à observer, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur, la journée, le soir ou la nuit. Prenant et invitant de nombreux animaux aux côtés des deux enfants, le texte est porté par une typo grand format qui n'est pas sans rappeler le style des albums publiés notamment par les Editions des Femmes dans les années 1970.

Original et réussi, "Boubou en était sûr" aide à mettre en mots les émotions et les sentiments comme l'amour, des mots qui se coincent souvent, pour de multiples raisons.



"Boubou en était sûr", de Karen Hottois et Emilie Seron. (c) La Partie.


A savoir
  • Masterclasse avec Béatrice Vincent, éditrice à La Partie (ex-Albin Michel Jeunesse) le vendredi 25 mars à 17 heures à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles (Rue du Midi 144, 1000 Bruxelles)
  • Séance de dédicaces d'Emilie Seron le vendredi 25 mars de 17h à 19h dans son exposition à la librairie Candide (Place Brugmann 2, 1050 Bruxelles).

mardi 22 mars 2022

Le prix Astrid Lindgren 2022 à Eva Lindström

Eva Lindström. (c) Jonas Adner

Vingt ans après sa création, le prix Astrid Lindgren (Astrid Lingren Memorial Award, ALMA) va à l'auteure-illustratrice suédoise Eva Lindström, préférée lors de rudes discussions, selon un membre du jury, aux 281 autres finalistes (lire ici). Née le 15 février 1952 à Vasteras mais résidant aujourd'hui à Stockholm, présentée à de multiples reprises, elle est la vingt-et-unième lauréate de cette prestigieuse récompense. Une sorte de retour aux sources pour le prix considéré actuellement comme le Nobel de la littérature de jeunesse et qui fut créé en hommage à l'extraordinaire romancière suédoise Astrid Lindgren.
Selon le jury: "Le monde pictural énigmatique d'Eva Lindström se transforme constamment. Les arbres se déplacent à l'étranger, les chiens prennent des proportions géantes et les objets disparaissent, pour réapparaître soudainement. Avec des coups de pinceau rapides et une coloration dense, Eva Lindström crée un dialogue ambigu entre le texte et l'image. La frontière entre les enfants, les adultes et les animaux est trouble. Avec une grande gravité et un humour sauvage, ses personnages se débattent avec les questions éternelles: "Qui sommes-nous?, Où allons-nous? Qui a pris nos chapeaux?"
Si Eva Lindström a publié environ 35 titres en suédois en tant qu'auteure-illustratrice et si elle a illustré de nombreux livres d'autres auteurs, elle ne nous est parvenue en français quasiment que pour ses livres en solo. Ils se caractérisent par des histoires oscillant entre quotidien et existentiel, mêlant humour et absurde. Un ton particulièrement original, drôle et mélancolique, un graphisme mêlant aquarelle, gouache et crayon de couleurs.



Il y a aussi vingt ans qu'on a découvert Eva Lindström en français. C'était "Trucs et ficelles d'un petit troll", de Katarina Mazetti (Hachette Jeunesse, 2002). Il a fallu dix ans pour que sorte "Dans les bois", album en solo (Autrement Jeunesse, 2012, indisponible depuis la disparition de la maison et non réédité ailleurs). Sept titres ont suivi chez Cambourakis, tous traduits par Aude Pasquier, "J'aime pas l'eau" (2013, lire ici), "Olli et Ma" (2014), "Où sont nos bonnets?" (2014), "Et on est devenus amis" (2015), "Tout le monde s'en va" (2016), "Je m'évade!" (2018) et "Le Pont" (2021). 

Sans oublier "La grande amie" sur un texte de Ylva Karlsson, également traduit par Aude Pasquier (Le Cosmographe, 2020). Caïo est une toute toute petite fille qui vit au bord et de la mer et rêve d'avoir une baleine bleue pour amie. Une histoire simple et profonde qui nous montre que les croyances de l'enfance sont assez fortes pour soulever des montagnes d'amitié et vaincre la mort.
Le trait et les teintes d'Eva Lindström nous emportent en mer du Nord, ciel et eau à la froideur accueillante.

"La grande amie". (c) Le Cosmographe.



Le credo du prix Astrid Lindgren

Les enfants ont droit à des histoires fantastiques

Se perdre dans une histoire, c'est se retrouver sous l'emprise d'un pouvoir irrésistible. Un pouvoir qui provoque la pensée, déverrouille le langage et laisse libre cours à l'imagination. Le Astrid Lindgren Memorial Award a été créé en 2002 par le gouvernement suédois pour promouvoir le droit de chaque enfant à avoir de belles histoires. Ce prix mondial est décerné chaque année à une personne ou à une organisation pour sa contribution exceptionnelle à la littérature pour enfants et jeunes adultes. Avec un prix de cinq millions de couronnes suédoises (près de 500.000 euros), c'est le plus gros prix de ce genre. Par-dessus tout, il souligne l'importance de la lecture, aujourd'hui et pour les générations futures.


Les lauréats ALMA précédents

2021 
Jean-Claude Mourlevat (lire ici)
2020 Baek Hee-na (lire ici)
2019 Bart Moeyaert (lire ici)
2018 Jacqueline Woodson (lire ici)
2017 Wolf Erlbruch (lire ici)
2016 Meg Rosoff (lire ici)
2015 Praesa (lire ici)
2014 Barbro Lindgren (lire ici)
2013 Isol
2012 Guus Kuijer (lire ici)
2011 Shaun Tan
2010 Kitty Crowther
2009 Tamer Institute
2008 Sonya Hartnett
2007 Banco del Libro
2006 Katherine Paterson
2005 Philip Pullman et Ryôji Arai
2004 Lydia Bojunga
2003 Maurice Sendak et Christine Nöstlinger

Ce n'est pas pour rien que le Astrid Lindgren Memorial Award est aujourd'hui considéré comme l'équivalent jeunesse du prix Nobel de littérature, détrônant les prix Andersen de l'IBBY de cette appellation. Avec sa dotation de 5 millions de couronnes suédoises (480.000 €), il est le prix en littérature de jeunesse le plus important au monde.