Chic, un excellent roman pour ados (mais pas que, selon la formule), presque autobiographique, venu des Etats-Unis, nous arrive en réédition (nouvelle collection) presque dix ans après sa sortie en français. Il s'agit du superbe "Le premier qui pleure a perdu", de Sherman Alexie, romancier, nouvelliste et poète amérindien (traduit de l'anglais (américain) par Valérie Le Plouhinec, illustrations de Ellen Forney, Albin Michel Jeunesse, collection "Litt'", 288 pages).
C'est sa vie que Sherman Alexie romance à peine dans "Le premier qui pleure a perdu", son premier roman jeunesse, couronné en 2007 par le National Book Award. Constamment, il balance entre rire et drames, espoir et dépression. Il finit sur la note optimiste qui le caractérise, auteur attentif à son peuple, conscient de ses détresses mais peu déterminé à se laisser faire par le sort et/ou les autres.
Les pages écrites avec naturel montrent la vie d'un Indien Spokane de 14 ans, né dans une réserve. Pauvre, ballotté par le destin dès sa naissance. Chanceux aussi: hydrocéphale, Junior survit à une opération ultrarisquée. Mais il bégaie, zozote, porte des lunettes, est immense pour son âge. Vite surnommé "Gogol", il est sujet aux convulsions et se fait tabasser régulièrement.
Tout au long du livre qui intercale des événements anciens dans la chronologie d'une année, on suit Junior. Le jeune Indien raconte sa vie sans gémir, mais avec l'idée d'échapper à la faim, au désœuvrement et à l'alcoolisme qui mine les siens. Il se rêve même champion de basket.
Junior, qui prend la rude décision de quitter son lycée indien et de suivre les cours d'une école fréquentée par des Blancs. Se mettant ainsi tout le monde à dos, les siens pour qui il a trahi, les Blancs qui ne l'acceptent pas comme un des leurs.
Junior, qui expérimente l'amitié pouvant aller jusqu'à la haine avec l'Indien Rowdy, l'amour avec la Blanche Penelope, vit ses premiers émois physiques, vérifie qu'il peut être respecté, découvre une facette inconnue de sa sœur aînée, apprend une forme de philosophie avec sa grand-mère. Junior qui grandit tout en se frottant toujours aussi rudement à la vie.
"Le premier qui pleure a perdu" accroche son lecteur. Il le conduit aisément jusqu'à sa fin optimiste, non sans l'avoir intéressé à la pratique du basket et à lui en avoir donné le goût des paniers. Ce premier roman pour ados, "presque autobiographique", illustré de quelques dessins éloquents, masque la gravité de la vie des Indiens sous un ton humoristique. Pour tous dès 13 ans.
"J'ai toujours connu
la dernière phrase
du livre"
A sa sortie en français, en 2008, j'avais eu le plaisir de rencontrer Sherman Alexie à Bruxelles. Voici cet entretien.
On peut lire un extrait de "Le premier qui pleure a perdu" ici.
C'est sa vie que Sherman Alexie romance à peine dans "Le premier qui pleure a perdu", son premier roman jeunesse, couronné en 2007 par le National Book Award. Constamment, il balance entre rire et drames, espoir et dépression. Il finit sur la note optimiste qui le caractérise, auteur attentif à son peuple, conscient de ses détresses mais peu déterminé à se laisser faire par le sort et/ou les autres.
Les pages écrites avec naturel montrent la vie d'un Indien Spokane de 14 ans, né dans une réserve. Pauvre, ballotté par le destin dès sa naissance. Chanceux aussi: hydrocéphale, Junior survit à une opération ultrarisquée. Mais il bégaie, zozote, porte des lunettes, est immense pour son âge. Vite surnommé "Gogol", il est sujet aux convulsions et se fait tabasser régulièrement.
Tout au long du livre qui intercale des événements anciens dans la chronologie d'une année, on suit Junior. Le jeune Indien raconte sa vie sans gémir, mais avec l'idée d'échapper à la faim, au désœuvrement et à l'alcoolisme qui mine les siens. Il se rêve même champion de basket.
Junior, qui prend la rude décision de quitter son lycée indien et de suivre les cours d'une école fréquentée par des Blancs. Se mettant ainsi tout le monde à dos, les siens pour qui il a trahi, les Blancs qui ne l'acceptent pas comme un des leurs.
Junior, qui expérimente l'amitié pouvant aller jusqu'à la haine avec l'Indien Rowdy, l'amour avec la Blanche Penelope, vit ses premiers émois physiques, vérifie qu'il peut être respecté, découvre une facette inconnue de sa sœur aînée, apprend une forme de philosophie avec sa grand-mère. Junior qui grandit tout en se frottant toujours aussi rudement à la vie.
"Le premier qui pleure a perdu" accroche son lecteur. Il le conduit aisément jusqu'à sa fin optimiste, non sans l'avoir intéressé à la pratique du basket et à lui en avoir donné le goût des paniers. Ce premier roman pour ados, "presque autobiographique", illustré de quelques dessins éloquents, masque la gravité de la vie des Indiens sous un ton humoristique. Pour tous dès 13 ans.
Sherman Alexie. (c) Larry D. Moore. |
la dernière phrase
du livre"
A sa sortie en français, en 2008, j'avais eu le plaisir de rencontrer Sherman Alexie à Bruxelles. Voici cet entretien.
Pourquoi avez-vous choisi d'écrire pour les ados?
J'ai souvent écrit à propos d'enfants et d'adolescents. Plusieurs de mes livres ont traité de choses en rapport avec le récit d'apprentissage, l'arrivée à l'âge adulte. Nous, les Indiens, comme d'autres peuples colonisés, nous arrivons seulement à l'âge adulte en tant que peuple. Il était donc quelque part naturel pour moi d'aller vers la littérature pour les jeunes. Et le fait que beaucoup de gens, des éditeurs, des libraires, des lecteurs, m'aient demandé si j'allais un jour écrire pour les enfants m'a aussi influencé. De nombreux artistes ne se soucient pas de leur public, moi si. Les liens que j'ai avec ceux qui suivent mon travail ont toujours été importants pour moi. Après des années de sollicitations, je ressentais quasiment le devoir de le faire.
Votre écriture change-t-elle selon l'âge du public auquel le livre est destiné?
Il y a moins de place dans la littérature pour les adolescents pour des effets de style, une écriture abstraite. C'est comme si on se trouvait sur une autoroute à quatre voies, alors que pour la littérature pour les adultes, on est sur une route à six voies.
Qu'y a-t-il sur les deux autres voies?
L'indulgence envers soi-même, les petites expériences qui ne mènent pas forcément quelque part. Ces deux voies supplémentaires peuvent être liées au modernisme. Positivement, je dirais que certaines de ces expériences peuvent être surprenantes.
Aviez-vous décidé d'une fin heureuse dans ce roman jeunesse?
J'ai toujours voulu une fin positive dans ce roman-ci. J'en ai toujours connu la dernière phrase. Dès le début. Elle n'est ni désespérée ni extrêmement souriante. Cela m'est apparu comme une bonne façon d'écrire la façon dont nous vivons nos existences. On attend toujours le meilleur, c'est souvent le mieux que nous puissions faire.
On peut lire un extrait de "Le premier qui pleure a perdu" ici.