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vendredi 24 janvier 2025

"Portées-Portraits" ce lundi avec Chris de Stoop

Chris de Stoop. (c) Lenny Oosterwijk.

Vous êtes libres lundi soir, 27 janvier? Vous ne l'êtes plus. La soirée "Portées-Portraits" à cette date va être formidable. Elle se tiendra autour de Chris de Stoop et de son puissant récit "Le livre de Daniel" (traduit du néerlandais (Belgique) par Anne-Laure Vignaux, Globe, 288 pages ou Le Livre de poche, 350 pages). Dommage qu'on ait si peu des livres de Chris de Stoop en français. Avant celui-ci, on avait eu "Ma ferme" (Christian Bourgois, 2019), sur l'évolution du monde agricole en Belgique (lire ici).
 
Attention, changement de lieu pour cette rencontre. Elle n'aura pas lieu à la Maison Autrique comme à l'habitude mais le coin tourné, au Centre Culturel de Schaerbeek, Rue de Locht, 91, toujours à Schaerbeek. La lecture sera faite par Lucas Tavernier, accompagné au piano par Harold Noben, sur une  mise en voix de Geneviève Damas.

"Le livre de Daniel" est une histoire terrible, l'assassinat d'un vieux fermier de 84 ans par une bande de gamins de merde. Elle nous est présentée par un ancien journaliste du magazine "Knack" devenu écrivain. Chris de Stoop restitue pas à pas l'enquête qu'il a faite sur ce fait divers sordide. Qui était Daniel, cet oncle dont il est l'héritier et pour cela appelé à assister au procès de ceux qui l'ont abattu. Pourquoi ont-ils fait cela? Qui sont-ils dans cette région économiquement dévastée? Quel est leur avenir en général et leur avenir par rapport à cette mort donnée qu'ils porteront toujours? Et là, l'auteur introduit la notion de justice réparatrice.
"Rafael a vu les motos et les i Phone de ses copains. Il en a parlé à la maison, au Colruyt, au lycée et à sa petite amie. Les auteurs du forfait eux-mêmes l'ont raconté à leurs frères et amis. L'histoire s'est répandue dans le village, et les jeunes de la cité, surtout, en ont très vite connu tous les détails. Personne n'a pensé à aller voir la victime ni à appeler les secours, pas même anonymement. Tout le monde se tenait à carreau.
Le village se taisait dans toutes les langues.
Il arrivait que des gens de 84 ans meurent, après tout."
in "Le livre de Daniel".
"Cette histoire doit être racontée", sait Chris de Stoop qui en a fait un formidable texte littéraire narratif de non fiction. Les faits se sont déroulés il y a longtemps. Son oncle Daniel a été tué le 22 mars 2014. L'histoire a été peu médiatisée. "Je suis content de pouvoir raconter son histoire", a-t-il expliqué lors d'une précédente rencontre à Bruxelles. "Il n'y a rien eu dans la presse, même, cinq ans après, lors du procès d'assises de deux semaines à Mons. Il est vrai que se tenait en même temps le procès pour le meurtre du bourgmestre de Mouscron".
 
"Je me suis demandé ce que vaut la vie d'un homme de 84 ans et j'ai eu  l'idée du livre. J'ai suivi l'affaire. J'ai toujours dit depuis l'enfance que j'étais écrivain. Allais-je écrire sur ça? Au procès d'assises, il n'y avait aucune partie civile. Je me suis donc constitué partie civile. C'était une obligation morale. Après le procès, le livre s'est écrit automatiquement. J'avais tout dans ma tête. J'avais passé des nuits à étudier le dossier pour le procès."

"Daniel était un homme bon, jovial, peut-être négligent", poursuit son neveu. "Il avait un frère plus jeune de trois ans et handicapé qu'il a soigné jusqu'à sa mort dans les années 90. Après des échecs amoureux et financier, il est devenu un ermite. Ces fermiers sont représentatifs d'un drame social."
 
"Face à lui, il a eu une petite bande de 18 ans, sans diplôme, sans argent, sans travail, sans perspective mais qui voulait tout tout de suite. Il a vécu une nuit d'horreur et de souffrance qui a été filmée. Pourquoi?" La maison du fermier Daniel a été incendiée une semaine plus tard. C'est ce qui a déclenché les secours car personne n'était allé y voir durant la semaine qui a suivi l'agression alors que tout le monde était au courant.
 
"Mon livre est un exercice d'empathie. Se mettre dans la peau du fermier, dans celle de son assassin. Deux mondes totalement différents qui se rencontrent. Comme d'une autre planète, d'un autre siècle."

"Ma mère et moi avons été les cohéritiers de ruines. L'incendie a détruit tout ce que Daniel avait et tout ce qu'il était. Les Assises ont eu lieu cinq ans après les faits à Mons. Le vieux fermier n'était pas une priorité. Mais moi, je voulais que justice soit faite." Les cinq accusés ont été défendus par dix avocats célèbres. Un de leurs arguments a été que leurs clients n'avaient tué personne - Daniel est mort dans l'incendie de sa ferme. Chris de Stoop s'est défendu seul, sans avocat. Les jeunes ont été condamnés.
 
Le neveu du mort pointe l'indifférence, la non-conscience de responsabilité et la responsabilité collective des jeunes. Il les a néanmoins rencontrés en prison, dans un processus d'humanisation. "Des rencontres très intenses, je tremblais sur mes jambes." En finale, une pierre tombale a été érigée dans le cadre de la justice réparatrice, payée par ceux qui ont assassiné un vieil homme qui ne leur avait jamais rien fait. Et qui n'était même pas riche.
 
 
Soirée surprise ce 27 janvier... Comme la fréquentation des lectures "Portées-Portraits" est majoritairement féminine (fierté des organisatrces), elles proposent de faire découvrir une lecture au sexe masculin, amoureux, pote, fils, papa ou autre. En conséquence, tous·tes les spectateur·ices accompagné·es d'un mec, se verront offrir la soirée du "mec" au prix de 1 euro!
 
 
 
Pratique
Où? Centre Culturel de Schaerbeek, Rue de Locht, 91 à 1030 Bruxelles.
Quand? Le lundi 27 janvier.
A quelle heure? La lecture-spectacle bilingue français-néerlandais surtitrée commence à 20h15. Elle est précédée d'une rencontre avec l'auteur à 19h15.
Durée? 1 heure.
Combien? 9 euros (possibilité de visiter toute la maison et un verre offert), 6 euros pour les étudiants et les artistes, 1,25 euros pour les articles 27.
Réservation indispensable pour la lecture par mail à reservations.compagniealbertine@gmail.com

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