"Wéry", comme elle s'autointerpelle dans son dernier livre, l'ébouriffant et séduisant "Selfie de Chine" (Midis de la poésie éditions, 86 pages, 2022) assurément l'écrivaine belge la plus décoiffante de l'époque. Décoiffée aussi, mais ça, c'est autre chose. Bref, Isabelle Wéry est l'invitée de la dernière lecture-spectacle de l'année de la compagnie Albertine, ce lundi 5 juin en soirée au lieu habituel, la magnifique Maison Autrique à Schaerbeek. Le cycle Portées-Portraits présentera une mise en voix et en musique de son récit inspiré par les voyages qu'elle y a faits en 2017 et 2019. Six mois sur place en tout, ouverts au hasard et à l'improvisation, où chaque événement a servi de tremplin à son imagination ou a permis une expérimentation littéraire. Un livre écrit en Belgique pendant la covid et le confinement, en pyjama, tenue tout à fait autorisée le soir à Shanghai.
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vendredi 2 juin 2023
En Chine avec Wéry, avec ou sans téléphone
"Wéry", comme elle s'autointerpelle dans son dernier livre, l'ébouriffant et séduisant "Selfie de Chine" (Midis de la poésie éditions, 86 pages, 2022) assurément l'écrivaine belge la plus décoiffante de l'époque. Décoiffée aussi, mais ça, c'est autre chose. Bref, Isabelle Wéry est l'invitée de la dernière lecture-spectacle de l'année de la compagnie Albertine, ce lundi 5 juin en soirée au lieu habituel, la magnifique Maison Autrique à Schaerbeek. Le cycle Portées-Portraits présentera une mise en voix et en musique de son récit inspiré par les voyages qu'elle y a faits en 2017 et 2019. Six mois sur place en tout, ouverts au hasard et à l'improvisation, où chaque événement a servi de tremplin à son imagination ou a permis une expérimentation littéraire. Un livre écrit en Belgique pendant la covid et le confinement, en pyjama, tenue tout à fait autorisée le soir à Shanghai.
jeudi 4 mai 2023
Instantané de Tunisie. Un festival de danse contemporaine pour les jeunes de Maknassi
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Stage de danse à "La Rencontre fest". (c) DR. |
Infatigable, le jeune chorégraphe tunisien Achref Hammouda poursuit la mission qu'il s'est donnée: proposer des stages de danse contemporaine, de break dance et de hip hop à des jeunes et à des enfants qui n'y connaissent rien, mais s'y intéressent. Pour tenter de faire germer en eux une petite graine de passion, pour les occuper, pour les rassurer, pour leur donner confiance. Pour qu'ils déploient leurs ailes. Dans ce but, il parcourt depuis cinq ans déjà la Tunisie (lire ici et ici) et l'Europe (lire ici), se partageant avec sa petite équipe entre animation et participation à des festivals. Il était invité à Marseille l'été dernier pour donner des stages aux écoliers en vacances.
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Au centre, Achref Hammouda. (c) DR. |
Quelques photos des différentes journées de La Rencontre fest.
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(c) DR. |
lundi 24 avril 2023
"Portées-portraits" ce lundi avec Antoine Wauters
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Antoine Wauters (c) Loraine Wauters. |
Il a une gueule d'ange, mais un regard doux et un sourire craquant qui le ramènent à l'état humain. Antoine Wauters est sans doute le romancier belge le plus original, le plus intranquille, le plus exaltant de la nouvelle génération littéraire. Le plus vivifiant pour le lecteur qui recueille dans ses phrases puissance, émerveillement et satisfaction. On s'en rendra compte encore une fois lors de la lecture-spectacle musicale qui lui sera consacrée, ce lundi soir à la Maison Autrique. Le cycle Portées-Portraits de la compagnie Albertine proposera la mise en voix et en musique d'extraits de son magnifique roman, "Mahmoud ou la montée des eaux" (Verdier, août 2021, 144 pages; Folio, février 2023, 176 pages). Un récit poétique qui a figuré dans nombre de sélections des prix littéraires 2021, a empoché plusieurs prix en France, dont le Marguerite Duras et le Wepler (lire ici) et, plus récemment, le prix du Livre Inter (lire ici).
"Il s'efforçait de rire.Et eux aussi riaient, ne se doutant pas un seul instant du gouffre que cache parfois le rire d'un père."
mardi 11 avril 2023
La fête de la librairie ce samedi 15 avril
On le sait, la date officielle de la fête de la librairie et du droit d'auteur, la Sant Jordi, est le 23 avril. Elle aura lieu un peu plus tôt cette année, le samedi 15 avril, en raison des dates des congés scolaires en France.
Une fête intranquille cette année en Belgique
Déjà la 25e édition
- Stéphane Audeguy
- Joël Baqué
- Bertrand Belin
- Éric Chevillard
- Patrick Deville
- Diaty Diallo
- Yannick Haenel
- Claudie Huntziger
- Régis Jauffret
- Simon Johannin
- Alexandre Labruffe
- Marie-Hélène Lafon
- David Lopez
- Marielle Macé
- Clémentine Mélois
- Laurence Nobécourt
- Lucie Rico
- Jean Rolin
- Jacques Roubaud
- Tiphaine Samoyaud
- Pierre Senges
- Anne Serre
- Fanny Taillandier
- Laura Vazquez
- Emmanuel Venet
- Amazone poudrée
- Canard
- Canari
- Chouette
- Coq
"Plumes". (c) Association Verbes. - Cormoran
- Corneille
- Engoulevent
- Fou de Bassan
- Hoatzin huppé
- Inséparables
- Merle
- Mésange charbonnière
- Oie
- Oiseau de paradis
- Oiseau imaginaire
- Perroquet (2)
- Pic épeiche
- Pigeon
- Poule d'eau
- Rouge-gorge
- Tarier des prés
- Tourterelle
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"Plumes". (c) Association Verbes. |
- Tropismes Galerie des Princes, 11 1000 Bruxelles
- Les Météores Rue Blaes, 207 1000 Bruxelles
- Tulitu Rue de Flandre, 55 1000 Bruxelles
- Candide Place Brugmann, 1-2 1050 Bruxelles
- Les yeux gourmands Avenue Jean Volders, 64A 1060 Bruxelles
- Poëtini librairie Rue de Roumanie, 28 1060 Bruxelles
- Librairie Herbes folles Rue St Guidon, 30 1070 Anderlecht
- Librairie Jaune Rue Léopold 1er, 499 1090 Bruxelles
- U.O.P.C. Av. Gustave Demey, 14-16 1160 Bruxelles
- La Licorne Chaussée d'Alsemberg, 715 1180 Bruxelles
- A Livre Ouvert-Le Rat conteur Rue St Lambert, 116 1200 Bruxelles
- Librairie Claudine Courte rue des Fontaines, 74 1300 Wavre
- La Mazerine Square Marie Pouli, 1A 1310 La Hulpe
- Twist Rue des Fusillés, 2 1340 Ottignies
- La DUC Ciaco Grand-Rue 2-14 1348 Louvain-la-Neuve
- Au P'tit Prince Rue de Soignies, 12 1400 Nivelles
- Graffiti Chaussée de Bruxelles, 129 1410 Waterloo
- Le Baobab Rue des Alliés, 3 1420 Braine-l'Alleud
- Livre aux Trésors Place Xavier Neujean, 27A 4000 Liège
- Pax Place Cockerill, 4 4000 Liège
- L'Escale librairie Rue du Laveu, 30 4000 Liège
- Siloë Rue des Prémontrés, 40 4000 Liège
- Le Long Courrier Avenue Laboulle, 55 4130 Tilff
- L'Ours à lunettes Grand Place, 9 4500 Huy
- Marque Tapage Rue de José, 68 4651 Battice
- Les Augustins Pont du Chêne, 1 4800 Verviers
- La Traversée Rue de l'Harmonie, 9 4800 Verviers
- Cunibert-Daumen Chemin-rue, 49 4960 Malmedy
- Papyrus Rue Bas de la Place, 16 5000 Namur
- Point-Virgule Rue Lelièvre, 1 5000 Namur
- Antigone Place de l'Orneau, 17 5030 Gembloux
- Graines de vie Rue de Charleroi, 17 5140 Sombreffe
- DLivre Rue Grande, 67A 5500 Dinant
- Libre à toi Avenue de Forest, 30 5580 Rochefort
- La Petite librairie Rue du Naimeux, 39 4802 Heusy
- Molière Bld Tirou, 68 6000 Charleroi
- Croisy Rue du Sablon, 131 6600 Bastogne
- La Dédicace Place Nestor Outer, 11 6760 Virton
- Le Temps de lire Rue du Serpont, 13 6800 Libramont
- Oxygène Rue St Roch, 26 6840 Neufchâteau
- Livre'S Avenue de France, 9 6900 Marche
- Florilège Rue du Grand Jour, 16 7000 Mons
- Leto Rue d'Havré, 35 7000 Mons
- Ecrivain Public Rue de Brouckère, 45 7100 La Louvière
- Librairie de la Reine Grand Place, 9 7130 Binche
- Quartier Latin Rue Grande, 13 7330 Saint-Ghislain
- Chantelivre Quai Notre-Dame, 10 7500 Tournai
- La Procure Rue des Maux, 22 7500 Tournai
jeudi 6 avril 2023
Cinq moments de la Foire du livre de Bruxelles
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Louis Joos. |
Louis Joos à l'honneur
Parmi les rencontres peu suivies, celle organisée dimanche après-midi autour de Louis Joos. Notre merveilleux illustrateur était accompagné de Rascal, son vieux complice, et de son ami auteur-illustrateur Pascal Lemaître. La conversation précédait la remise, des mains de Nadine Vanwelkenhuyzen, directrice générale adjointe au Service général des Lettres et du Livre, du Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour sa contribution au rayonnement de la littérature jeunesse en Belgique francophone. Un maigre public d'une petite vingtaine de personnes, membres du jury l'ayant couronné, membres d'une fondation privée, personnes de sa maison d'édition ou famille du lauréat. Quel dommage!
Quoi qu'il en soit, ces lauriers sont une excellente nouvelle et une juste consécration, couronnant un immense artiste en littérature, jeunesse, BD et jazz, et en peinture (lire ici). Autre motif de réjouissance, la sortie en septembre d'un nouvel album jeunesse illustré par Louis Joos sur un texte de Rascal, "Buffalo Kid" (l'école des loisirs, Pastel). Cette histoire de bisons en Amérique arrivera plus de dix ans après la précédente, "Mère magie" (texte de Carl Norac, même éditeur). Un projet dont Louis Joos m'avait déjà parlé fin 2017 (lire ici en pages 32 à 37). Un album qui s'est créé comme les précédents du duo Rascal-Louis Joos: le premier compose une ébauche de texte, le second dessine et fait quelques suggestions, le premier écrit le texte définitif sur base des dessins réalisés.Editeur jeunesse écoresponsable
Maison d'édition jeunesse créée à Nantes en 2019, La cabane bleue publie des livres illustrés pour sensibiliser les enfants à la protection de la planète dans une démarche 100 % écoresponsable. C'est-à-dire, quatre titres par an maximum, bien conçus et accompagnés, tous sur le même format pour optimiser l'impression réalisée en France, sans couverture à pelliculage plastique, avec des droits d'auteur supérieurs à la moyenne, distribués en Belgique par Makassar.
Les titres des différentes collections montrent bien combien chaque album apparaît original dans l'océan de livres jeunesse publiés sur tout et n'importe quoi. La collection "Mon humain et moi" présente des personnes célèbres par le biais de leur animal. "Les herbes folles" évoquent la nature et l'écologie autrement. "Suis du doigt" invite l'enfant à déterminer son parcours dans les pages qui lui présentent une espèce menacée. "Les histoires" réunissent des fictions sur les questions écologiques. Catalogue complet ici.
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Aglaé, par Giulia Vetri. (c) La cabane bleue. |
Revenons sur l'album documentaire "Charles et moi" d'Emmanuelle Grundmann aux textes et Giulia Vetri aux illustrations (La cabane bleue, 2019, 28 pages). Bien sûr, il y sera de la découverte de la théorie de l'évolution par Charles Darwin. Mais toute l'originalité de l'album tient dans le fait que la narratrice en est Aglaé, le poulpe que le naturaliste a capturé en 1832 près des îles du Cap-Vert et installé dans un bocal posé sur son bureau à bord du Beagle. Aglaé nous raconte l'homme en face d'elle, ses recherches, ses découvertes et l'évolution de leur relation. Un point de vue original et percutant porté par de somptueuses illustrations. Dès 8 ans.
Poésie jeunesse voyageuse
Quelle belle rencontre que les mots de la Belge Béatrice Libert et les dessins de Kotimi, une Japonaise vivant depuis longtemps à Paris (lire ici). Leur recueil de poèmes, "Voyages à perdre haleine" (Motus, 64 pages) est une puissante invitation à bouger. Qu'on soit une valise, un voyageur, un chapeau, un vaisseau spatial, un éléphant ou un escargot... C'est que chez la poétesse à la belle imagination, à la toute aussi grande tendresse et à l'humour très présent, tout peut voyager. Les humains comme les animaux ou les objets. Cela donne lieu à de formidables petits textes, souvent fantaisistes, où la première phrase ne permet en général pas de deviner la dernière. Ce merveilleux pouvoir de la poésie de tout déménager est transcendé par les illustrations de Kotimi qui a réinterprété chaque poème pour le porter encore plus loin. Combien de kilomètres parcourt-on dans cet excellent recueil? La question ne demande pas de réponse car le plus important est l'envie de remuer, de bouger, de voyager, que distillent irrésistiblement toutes ces doubles pages. Pour tous dès 6 ans.![]() |
In "Voyages à perdre haleine". (c) Motus. |
Multiples familles animales
On ne cesse de parler de la multiplicité des familles chez les humains. Qu'en est-il chez les animaux, s'est demandé Karine Granier-Deferre dans son premier album documentaire junior, "Naître animal", fort bien illustré par Marie Caudry (Casterman, 48 pages). En vingt-six histoires, elle démontre que chez les animaux, la famille est tout aussi diversifiée que chez les humains, lesquels apparaissent en dernière double page. Il y a ceux qui inversent les rôles traditionnels comme la hyène. Il y a des mères célibataires, chez l'orang-outan par exemple. Il y a ceux qui changent de sexe par nécessité, cela arrive chez le poisson-clown et chez l'albatros.L'auteure nous raconte tout cela avec force détails dans de petits textes ciselés, aux titres littéraires, le noms des espèces présentées apparaissant dans le cartouche scientifique. Ils sont superbement accompagnés par les dessins de Marie Caudry.
Présente à la Foire du livre de Bruxelles, Karine Granier-Deferre a répondu à mes questions.
Pourquoi "Naître animal"? "C'est un documentaire différent. Il fait écho aux changements de modèles familiaux dans la société. Je ne porte pas de jugement mais je veux montrer aux enfants les différentes familles qui existent. C'est une façon de parler de la différence, d'inciter à ne pas souffrir de la différence. Quand on voit toutes ces différences, on comprend que plus personne ne l'est, puisqu'on est tous différents. J'ai fait énormément de recherches, j'ai beaucoup lu, je me suis constitué mon réseau, j'ai échangé avec des chercheurs. J'ai fait un livre d'éthologie, de comportement."
Comment avez-vous établi votre sélection? "Je présente 26 animaux, dont l'être humain en finale. Pour les choisir, j'ai pris un peu dans toutes les espèces, avec des schémas très différents, contre les clichés répandus comme celui que chez les mammifères, ce sont les mamans qui s'occupent des petits et non les papas. J'ai aussi opté pour des animaux qui plaisent aux enfants."
L'histoire qui vous a le plus étonnée? "Le nombre d’animaux qui grandissent sans parents. Autres étonnements: sur les quatre types de hyène, le fait qu'une soit complètement différente, et aussi que les campagnols soient les plus proches de la famille nucléaire."
Pourquoi Marie Caudry? "C'est l'éditeur qui a choisi l'illustratrice. J'aime le côté onirique de Marie Caudry, proche du conte. Elle a créé un vrai rapport texte-images, sans anthropomorphiser mais avec une touche affective pour l'émotion. Elle a choisi un pantone orange comme fil conducteur entre tous ses dessins."
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La tortue Arrau. (c) Casterman. |
Une plume adulte à suivre
Son recueil de nouvelles s'intitule "Incisives" (Lamiroy, 233 pages). Normal, Caroline Wlomainck y montre les crocs dans une écriture au scalpel épinglant divers faits de notre société. Cinq textes courts bien mordants qui, en réalité, enchantent. Qui secouent, dégoûtent, sidèrent et perturbent. Dans le bon sens du terme.Sous son nom, Caroline Wlomainck se lançait aussi en janvier dans la nouvelle, plutôt noire, avec l'excellent opuscule "Little paradise" (Lamiroy, lire ici). Un texte qui se retrouve au milieu du recueil "Incisives" tout juste paru. Avant, dans un texte à deux voix, un jeune couple de "Vautours" qui se montre aimable avec sa vieille voisine, dans l'unique but de lui rafler sa maison au joli jardin. Sans imaginer que la fine Eliane allait déployer de redoutables ruses. Dans "Débordement", un journaliste déçu et dégoûté par l'ultralibéralisme décide de faire justice lui-même. Il enlève le big boss d'une multinationale de l'agroalimentaire, un pourri de la pire espèce. Ce sera la grande malbouffe! Des scènes incroyables et une finale inattendue.
Après "Little paradise" arrive un texte tout aussi incisif, "Eté 89", où un ancien gamin se remémore les étés de sa jeunesse, au camping dans le sud. Les balades avec son meilleur ami, les explorations, les découvertes, les paris et les défis… Un texte à deux voix, leurs surnoms de l'époque, vingt ans plus tôt, car le destin a sacrément rebattu les cartes des inséparables. Enfin, "Joker" porte un grand coup dans la vie de couple. Vingt-cinq ans après leur mariage, Fred, le narrateur, travaille toujours (à la police) mais Hélène tourne en rond (syndrome du nid vide). Les bonnes intentions suffisent-elles?
Dans ces cinq nouvelles, Caroline Wlomainck pointe d'une écriture acérée, porte la plume, comme on disait avant, dans ce qui émerge de notre monde, l'argent, encore l'argent, le couple, les remords... Elle a de l'imagination et du style. Elle nous secoue pas mal et ça fait du bien.
dimanche 2 avril 2023
Le prix Prem1ère 2023 à Anthony Passeron
Les habitudes printanières ont repris à Bruxelles. La Foire du livre est revenue à Tour & Taxis, dans un espace légèrement décalé par rapport aux années antérieures : une partie seulement des magasins habituels, désormais dénommés Shed 1 et Shed 2, mais toute la Gare maritime voisine, à portée de passerelle. L'inauguration a eu lieu mercredi soir, drainant le tout-Bruxelles littéraire. Les jours suivants, le public a été présent, les auteurs et les éditeurs aussi - des centaines d'éditeurs, regroupés la plupart du temps selon leur origine géographique. Pire que les giboulées autorisées, la pluie a douché avec régularité les amateurs de livres.
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Anthony Passeron. (c) Jessica Jager. |
Pas du tout, j'ai opté pour l'écriture blanche pour que ma famille adhère à ce projet de livre. Ma famille qui avait fait le choix du silence. J'ai fait ce choix pour que ma famille puisse se reconnaître dans ce livre, avec sa pudeur. Je ne voulais pas esthétiser leur douleur, pas les froisser non plus. Ma forme a été guidée par la forme de leur expression à eux, ne pas se faire remarquer, ne pas se plaindre, ne pas revenir sur cet événement très factuel.
Oui, c'est une question de générations. Maintenant, la parole est libératoire. Pas pour mes grands-parents qui visaient l'ascension sociale. Eux sont de la génération de l'immédiat après-guerre. Pensant qu'il ne faut jamais se plaindre, qu'il y a toujours plus grave. Il était impossible pour ma grand-mère de parler d'un sujet comme la toxicomanie ou le sida qui, à l'époque, était systématiquement associé à l'homosexualité. Ils ne voulaient pas parler mais quand il s'agissait d'agir, comme de s'occuper des malades, ils le faisaient. Ma grand-mère en est d'ailleurs morte. C'était un déni géographique.Vous parlez souvent de la colère de votre père contre son frère, Désiré. Ne s'agit-il pas aussi de jalousie ?
Mon père essaie de s'assurer l'affection de ses parents par son travail de boucher dans le commerce familial. Mais la jalousie entre les deux frères est terrible. La jalousie de mon père pour son frère Désiré, l'aîné, le mieux aimé, est cristallisée par le sida et son déni.
C'est à la fois un roman, autobiographique, et un récit des découvertes de l'époque. J'ai lu Annie Ernaux, Marguerite Duras, Pierre Bergounioux et leur manière de raconter l'intime. Ce sont les membres de ma famille qui apparaissent mais revus par la fiction.Je voulais montrer la solitude d'une famille, et en parallèle, le désarroi des professions médicales, leur ténacité, leur courage. La ténacité de ma grand-mère aussi, qui a soigné son fils, puis sa petite-fille, et y a laissé finalement sa vie. Je voulais montrer ces deux solitudes qui finalement ne se rencontrent jamais.
On espère que les traitements vont aboutir pour ma cousine Emilie, la fille de Désiré et Brigitte. Avec la bithérapie, cela crée un suspense. Mais elle est née trop tôt. Une autre question arrive : pourquoi ses parents lui ont-ils donné la vie ? Ils étaient contaminés sans symptômes. Il faut se remettre dans les hypothèses de l'époque. On ne savait pas grand-chose. Avant d'écrire, j'ai beaucoup fréquenté les associations. Quand le risque existe, quel droit a-t-on de décider pour eux ? L'histoire de ma cousine est une tragédie d'une telle violence. La mort d'une enfant ! Cela a sûrement causé une partie de la colère de mon père.
Non, un enfant séropositif comme Emilie n'apparaît pas dans la littérature. Aujourd'hui, avec les nouveaux traitements, ces enfants séropositifs ont eux-mêmes des enfants qui ne sont pas contaminés. Tout cela n'aurait pas été possible sans cette épopée scientifique. On a oublié ce qu'on doit à ces médecins. Je voulais leur rendre grâce. Montrer aussi la détresse des toxicomanes, la culpabilité des familles, rappeler que le pays n'a pas pris conscience du risque malgré les alertes et n'a rien mis en place.
- 2022 Mario Alonso pour "Watergang" (Le Tripode, lire ici)
- 2021 Dimitri Rouchon-Borie pour "Le Démon de la Colline aux Loups" (Le Tripode, lire ici)
- 2020 Abel Quentin, pour "Sœur" (Editions de l'Observatoire, 2019, lire ici)
- 2019 Alexandre Lenot, pour "Écorces vives" (Actes Sud, 2018)
- 2018 Mahir Guven, pour "Grand frère" Editions Philippe Rey, 2017, lire ici)
- 2017 Négar Djavadi, pour "Désorientale" ;(Liana Levi, 2016, lire ici)
- 2016 Pascal Manoukian, pour "Les échoués" (Éditions Don Quichotte, 2015, lire ici)
- 2015 Océane Madelaine, pour "D'argile et de feu" (Les Busclats, 2015, lire ici)
- 2014 Antoine Wauters, pour "Nos mères" (Verdier, 2014, lire ici)
- 2013 Hoai Huong Nguyen, pour "L'ombre douce" (Viviane Hamy, 2013)
- 2012 Virginie Deloffre, pour ;"Léna" (Albin Michel, 2011)
- 2011 Nicole Roland, pour "Kosaburo,1945" (Actes Sud, 2011)
- 2010 Liliana Lazar, pour "Terre des affranchis" (Gaïa Éditions, 2009)
- 2009 Nicolas Marchal, pour "Les Conquêtes véritables" (Les Éditions namuroises, 2008)
- 2008 Marc Lepape, pour ;"Vasilsca" (Éditions Galaade, 2008)
- 2007 Houda Rouane, pour "Pieds-blancs" (Éditions Philippe Rey, 2006)
lundi 27 mars 2023
Une soirée "Portées-Portraits" en deux langues
Attention! La prochaine soirée "Portées-Portraits" a lieu déjà ce lundi soir à la Maison Autrique à Schaerbeek. Une lecture-spectacle d'un nouveau genre puisqu'elle sera bilingue (surtitrée). C'est en effet le dernier roman en date de l'écrivain belge Stefan Hertmans, "Une ascension" (traduit du néerlandais (Belgique) par Isabelle Rosselin, Gallimard, collection "Du monde entier", 480 pages, janvier 2022). La version originale, "De opgang", était parue chez De Bezige Bij en 2020.
La soirée "Portées-Portraits" débutera par une rencontre avec l'auteur à 19 heures, l'occasion d'un partage avec le public sur le roman et le travail d'écrivain multiple (romans, nouvelles, poésie, théâtre, essais) qu'est Stefan Hertmans. Il est bilingue, pas d'inquiétude à ce sujet.
dimanche 26 mars 2023
Les dix finalistes du Prix Prem1ère 2023
C'est à 14 heures le jeudi 30 mars, premier jour de la Foire du livre de Bruxelles, que sera dévoilé et remis le prix Prem1ère 2023. Lequel/laquelle des dix primo-romancier/ère.s finalistes sera-t-il/elle récompensé.e? Je le sais, mais je ne dirai rien. Cinq des livres datent de la rentrée littéraire d'août 2022, cinq de celle de janvier 2023.
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(c) Francesca Mantovani. |