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mardi 30 septembre 2014

La Suédoise Barbro Lindgren en vidéo

Barbro Lindgren.

Aujourd'hui, c'est cinéma, enfin vidéo.
En suédois principalement.
Mais rassurez-vous, tout est sous-titré en anglais.

Plus besoin de se déplacer pour vivre de bons et intéressants moments. Et en plus, on révise ses connaissances en langues.

Qui est la Suédoise dont on boit les paroles? Barbro Lindgren, évidemment, qui a été la lauréate 2014 du prestigieux prix Astrid Lindgren. On s'en rappelle, le prix lui fut décerné le 25 mars dernier., durant la Foire du livre pour enfants de Bologne. C'est à lire ici.

Qui est plus précisément cette merveilleuse auteure-illustratrice?
D'où est né Mini Bill? Juju le bébé terrible? Ou plus récemment Benny?

Trois documents nous la présentent avec chaleur, mais est-il possible de faire autrement avec cette femme extraordinaire, digne héritière d'Astrid Lindgren?

Le premier est sa présentation à l'occasion de l'attribution du prix.


Le deuxième reprend son discours de réception du prix lors de la cérémonie officielle, le 2 juin.


Le troisième, tout récent, nous vient de la Foire du livre de Göteborg, où elle était présente le 25 septembre.



Quel bonheur que ces vingt-trois minutes, au total, de vidéos sous-titrées! On a vraiment de la chance avec de tels auteurs.

Et c'est le jeudi 9 octobre après-midi que seront dévoilés, durant la Foire du livre de Francfort, les nominés pour le Prix Astrid Lindgren 2015.

lundi 29 septembre 2014

La mélancolie joyeuse de Véronique Poulain

Auteur d'un superbe premier livre, dense, fort, original et touchant, "Les mots qu'on ne me dit pas" (Stock, 144 pages), Véronique Poulain n'apparaît étrangement dans aucune des sélections des prix littéraires de la saison. "En fait, je m'en fous", me dit-elle, de passage à Bruxelles, "mais y être relance les ventes."
Celle qui a été l'assistance personnelle de Guy Bedos pendant quinze ans y va à l'oral sans s'embarrasser de formules. Elle fait pareil à l'écrit, finalement.

La première page de son premier livre se présente ainsi:
"Mes parents sont sourds.
Sourds-muets.
Moi pas."
Tout est dit. Véronique Poulain va raconter en courtes séquences sa vie d'enfant (unique) et d'adolescente entendante entre deux parents sourds - et des grands-parents également entendants. On passe des histoires des uns aux histoires des autres. Celles d'une famille différente. Franco.

Ça permet des choses marrantes, car inconcevables dans notre logique, comme quand elle les salue d'un sonore "Salut, bande d'enculés!" au retour de l'école.

Véronique Poulain. (c) Benjamin Colombel.
Ça permet de prendre conscience d'un autre monde, parallèle au nôtre souvent, perméable à certains moments. Sans esprit de revanche ni tabou.

"J'ai toujours été dans l'oral", explique la nouvelle venue en littérature. "Mais j'ai toujours écrit pour mes amis, des nouvelles, des petites choses. Parce que je suis une amoureuse de la littérature."
Une formidable prof de français l'y a plongée dès sa sixième, repérant chez elle un certain appétit dont l'origine est contée dans le livre.

Amoureuse de la littérature, ah oui? Et quels sont les dix livres préférés de Véronique Poulain alors? En rafale, elle énumère:
  1. "L'idiot", et tous les Dostoïevski
  2. "Le ventre de Paris", et tous les Zola (lus à 12 ans)
  3. "Le marin de Gibraltar", de Marguerite Duras
  4. "Kafka sur le rivage", d'Haruki Murakami
  5. "Histoire de l'œil", de Georges Bataille
  6. "Portnoy et son complexe", de Philip Roth (le livre qui l'a fait basculer dans l'écriture, offert par Guy Bedos)
  7. tous les livres de Michel Houellebecq
  8. "Les mots",  de Jean-Paul Sartre
  9. "Tout est illuminé", de Jonathan Safran Foer
  10. "Mort à crédit", de Céline
  11. "L'attrape-cœur", de Salinger
Il y en a plus de dix? Et alors? Ils permettent toutefois de comprendre ses hésitations à écrire: "Avec ces auteurs comme grandes figures littéraires en tête, on se dit «Non, je ne vais pas écrire». Mais j'ai montré dix pages à Bedos et il m'a dit «Continuez, essayez de faire 120 pages». Je me suis dit: «Et si tu racontais ton histoire qui n’est pas banale?» Cela répondrait aussi aux questions que tout le monde se pose."

Vacances, sorties, soirées, repas, "Les mots qu'on ne me dit pas" rend aussi pudiquement compte d'une vie où deux oreilles performantes faisaient le tri entre ce qui est à entendre et ce qui ne l'est pas. Pourquoi l'intimité des parents ne s'est-elle révélée de façon sonore qu'après un déménagement qui a donné une chambre à la fille du couple?

Tout au long du livre, Véronique Poulain raconte, se raconte, les raconte. Et on la suit dans ses joies car elle a toujours été formidablement accompagnée et soutenue par ses parents et ses grands-parents. "Je viens d'une famille où on rit beaucoup, j'ai eu de la chance avec ma famille." Dans ses manques aussi, dont celui des mots en rapport avec les relations sentimentales: "Il n'y a qu'à mes enfants que je suis parvenue à dire que je les aimais. J'ai du mal à mettre les bons mots sur les sentiments, positifs ou négatifs: dire «je t'aime» ou «tu me soules». C'est lié à mon histoire avec mon père qui ne m'a jamais dit ses sentiments pour moi. Je n'ai jamais entendu ces mots et c'est difficile. Mais je pense que c'est encore plus difficile quand on ne les entend pas dans des familles d'entendants."

A ce propos, à la fin du récit, elle glisse: "Dans la famille, la vraie muette, c'est moi."

Le livre est composé de séquences courtes, de souvenirs, d'anecdotes, super agréables à découvrir. "Mon écriture est simple et directe", analyse l'auteure. "Elle est issue de ma langue maternelle, la langue des signes. Ces récits courts imposent un rythme. J'écris et puis je relis à haute voix. Quand j'entends un mot qui plombe la phrase, je change de mot même si cela crée une répétition."

Pas de notion psychologique. "J'ai une tendance naturelle à psychologiser, mais cela pèse sur le livre et crée un rythme différent." Un choix fait aussi pour que chacune ait sa propre lecture, sa propre projection."Je suis avant tout sincère." Et les lecteurs le sentent. "Tous les enfants de sourds me disent qu'ils se sont retrouvés. Tous, nous avons détesté nos parents, tous, nous avons regretté avoir détesté nos parents."

Dans le rétroviseur, elle voit son enfance dans les deux mots de "mélancolie joyeuse".

Et aujourd'hui que le livre est terminé, Véronique Poulain va se remettre à lire. "Pour moi, ce n'est pas possible de lire et d'écrire en même temps."

Mais elle s'assume:
"Je suis paradoxale. J'ai souvent le cul entre deux chaises.
Je veux le bruit et le silence.
Je suis fière mais en colère."

Et aussi:
"J'ai la patate.
Merci maman, merci papa.
Je crois en mes rêves et en ceux des autres."

Tout ça à retrouver dans "Les mots qu'on ne me dit pas", en attendant un autre livre, car une auteure est née.









mercredi 24 septembre 2014

La petite flamme brille toujours dans la nuit

Les premières phrases du livre.

Quel plaisir de retrouver en format de poche le magnifique roman illustré de François David et Henri Galeron, "Une petite flamme dans la nuit", sorti en 1996 chez Bayard Editions.
C'est J'aime Lire Livres
(n° 277, 112 pages) qui le republie aujourd'hui, dans sa livraison de septembre, avec le dessin de couverture initial mais dans un format légèrement rétréci. Normal pour un passage en poche.

En couverture, une image forte et lumineuse où une panthère à l’œil sévère se fait tirer la moustache par une main sortie d'une manche militaire, triplement étoilée. Imagine-t-on qu'on se trouve dans un camp de concentration?

On retrouve l'énigmatique panthère dans un des douze contes forts, prenants, métaphores parfaites de la soumission et de la liberté, rassemblés dans ici. François David, l'auteur, a eu la bonne idée de poser ces contes-paraboles dans la bouche d'une jeune femme, Moune, pour aider la petite Lila à s'endormir. Car la vie n'est pas rose pour elles dans ce lieu de désolation, suggéré au début par les dessins d'Henri Galeron.

Le lecteur est confronté aux sentiments de la petite fille, peur, révolte, désespoir, angoisse... Mais petit à petit, Moune aide Lila à trouver le sommeil. Et aussi à vivre. La jeune femme transmet l'espoir à l'enfant, lui apprend qu'une petite flamme peut redonner lumière et vie. Et cela, l'enfant lecteur le perçoit aussi. Ces douze histoires montrent comment l'esprit et la volonté peuvent résister à la pire des intolérances. L'écrivain fait alterner dialogues entre les prisonnières et récits. Le rythme du roman, jusqu'à l'ultime transmission en finale, est soutenu par les nombreuses et superbes illustrations en noir et blanc d'Henri Galeron, qui, avec le talent qu'on lui connaît, nous conduit de la réalité au rêve et vice-versa.

"Une petite flamme dans la nuit" est destiné aux enfants mais aussi aux adultes. Il évoque la barbarie sans mièvrerie ni sensibilisme. Voilà une œuvre forte et originale, qui touche le lecteur au plus profond de lui-même, autant aujourd'hui qu'au moment de sa création, il y a près de vingt ans. Depuis ce premier travail en commun, François David et Henri Galeron ont signé ensemble cinq autres titres, chez Motus et chez Actes Sud.



samedi 20 septembre 2014

"Into the wild" avec Atak et Goele Dewanckel


Deux univers graphiques aussi différents que ceux du Berlinois Atak et de la Gantoise installée à Châtillon (Jura) Goele Dewanckel peuvent-ils s'apparier?

A voir leur exposition conjointe, "Into the wild", qui s'est ouverte hier à The Bries Space (Borgerhout) et s'y tiendra jusqu'au 1er novembre (tous les samedis de 13 à 18 heures et quelques autres jours indiqués sur le site), la réponse est OUI.
Car la sobriété de la seconde épouse parfaitement le côté baroque du premier.

A découvrir aux deux niveaux de cette épatante galerie anversoise, assortie d'une librairie pointue, petite maison ancienne nichée entre d'exubérantes plantes grimpantes en façade et un jardin joliment planté.



Les préparatifs.


Atak a sorti en Allemagne un très bel album, "Der Garten", dont la traduction française sortira en mars prochain chez Thierry Magnier. Plusieurs planches en sont exposées, et même un sac en tissu brodé!

Différentes scènes de "Der Garten", d'Atak.



Goele Dewanckel, quant à elle, prépare un gros livre qui sera illustré par cinquante gravures! Mais elle a interrompu ce travail de longue haleine pour composer des images dédiées à cette expo.





Les univers de Goele Dewanckel.

vendredi 19 septembre 2014

Je pense que j'en veux la traduction française

Prenez un auteur, Toon Tellegen par exemple.
Choisissez une illustratrice, une portraitiste même, pourquoi pas Ingrid Godon?
Ajoutez une graphiste qui va marier textes et dessins, ou les laisser libres sur la page.

Vous avez le trio qui vient de concocter le magnifique album "Ik denk" (Lannoo,  96 pages). En noir, blanc et rouge.
En résonance avec le précédent "Ik wou" (Lannoo, 2011) des mêmes auteurs, devenu en français "J'aimerais" (La joie de lire, 2013).
Le souhait est évidemment que ce livre, poétique et philosophique et humain, soit traduit en français, chez le même éditeur de préférence.
Surtout qu'un troisième volume pourrait également voir le jour.


Pour patienter, on peut se rendre à Gand et visiter la très belle exposition des originaux d'Ingrid Godon qui est présentée au Museum Dr. Guislain.







On peut aussi découvrir le livre "Ik denk" dans sa version originale en néerlandais.
En voici quelques doubles pages.



Trois doubles pages de "Ik denk" de Toon Tellegen et Ingrid Godon (Lannoo).


vendredi 12 septembre 2014

Tous à Saint-Gilles (Bruxelles) ce week-end!

Il y a ceux, ou plutôt celle, qui s'en vont au Festival America qui se tient à Vincennes. Et il y a ceux qui restent à Bruxelles.
A l'intention de ces derniers, j'ai repéré deux activités intéressantes.

(c) Dieter VDO.

Le cinquième Festival de bandes dessinées contemporaines Cultures Maison qui débute ce soir et se tient tout ce week-end en différents lieux de Saint-Gilles (à la Maison des cultures, à la Maison du livre). On y trouvera une cinquantaine d'éditeurs, auteurs et artistes, belges et internationaux. Et plusieurs expositions dont la principale est consacrée à la maison d'édition Bries (d'Anvers).




Et un peu plus haut dans Saint-Gilles, commune vallonnée comme on le sait, Gilles Martin se promet de mettre le week-end à profit pour fêter le rétablissement des éditions Aden et de la librairie Joli Mai (Avenue Paul Dejaer, 29).


jeudi 11 septembre 2014

Un fameux duo! Claude Ponti illustre la stupidité humaine décrite par Carlo M. Cipolla!

(c) Claude Ponti/P.U.F.

Regardez bien le dessin ci-dessus. Les couleurs, les formes des personnages, leurs expressions.
Mais oui, c'est bien lui. Lui, Claude Ponti!

Il illustre cet automne le livre culte de Carlo M. Cipolla, "Les lois fondamentales de la stupidité humaine" (traduit de l'anglais par Laurent Bury, P.U.F., 96 pages), qui sera disponible en librairie dans cette nouvelle version le 24 septembre.

Quel duo!

Pour patienter en attendant de revenir au livre lors de sa sortie, je vous glisse en guise d'apéritif les deux pages d'introduction et les deux illustrations qui les entourent. La première ouvre la note, l'autre se trouve ci-dessous. Et plein d'autres sont à découvrir dans cette nouvelle édition illustrée.


  




A noter que l'album jeunesse de Claude Ponti, "Blaise et le Kontrôleur de Kastatroffe" (L'école des loisirs) arrivera en librairie le 26 novembre.

mercredi 3 septembre 2014

Le bonheur, menace et promesse chez Delacourt

(c) Blog de Grégoire Delacourt


Grégoire Delacourt, c'est bien entendu le livre "La liste de mes envies" (JC Lattès, 2012, Le livre de poche, 2013). L'immense succès en librairie d'une mercière-blogueuse, Jocelyne Guerbette, d'Arras, ayant gagné le gros lot d'une loterie prolongé dans un film avec Mathilde Seigner.


Grégoire Delacourt, c'est aussi les procès intentés par une Scarlett Johansson chaque fois déboutée par la justice, héroïne de "La première chose qu'on regarde" (JC Lattès, 2013, Le livre de poche, 2014), son troisième roman qui n'est donc pas devenu un film avec Scarlett Johansson jouant son propre rôle.


Mais Grégoire Delacourt, ce n'est pas que cela. C'est aussi un homme, qui passe par le roman pour se dire, pas pour s'imposer, non, pour faire entendre sa voix. Il l'avait fait dans son premier roman, "L'écrivain de la famille" (JC Lattès, 2011, Le livre de poche, 2012).


Il le refait aujourd'hui dans son quatrième roman, "On ne voyait que le bonheur" (JC Lattès, 364 pages), tout juste sorti. Il y met en scène Antoine, la quarantaine, expert en assurances. Un homme qui rame après son licenciement brutal. Un ancien enfant pétri de souffrances, un mari perdu, un père moqué par ses enfants. Il est lâche, Antoine, il le reconnaît. Mais son propre père, droguiste, lui a-t-il donné un autre exemple? Pourtant, il a envie de bien faire, l'assureur qui chiffre le prix des choses. Il peut même faire preuve d'humanité. Parfois.

La somme des drames et des souffrances qu'il endure font qu'Antoine le lâche se lâche lui-même. Il perd pied, commet l'irréparable, sans le comprendre, sans que personne ne le comprenne. Il ira chercher rédemption et pardon au Mexique.

On le voit, Grégoire Delacourt change de registre avec ce quatrième titre. Il se fait plus grave dans le propos, même si ses mots ont toujours la même élégance. Plus personnel aussi. Il compose le portrait d'un humain contemporain, hanté par ses démons, dans un témoignage qu'il partage avec générosité. Autour d'Antoine gravitent toute une série de personnages secondaires rencontrés à diverses étapes de sa vie et dont on fait volontiers la connaissance. L'écrivain de la famille, au sens propre, sait toujours écrire les choses et les gens. Maintenant il nous raconte aussi leurs sentiments. "On ne voyait que le bonheur" est un roman dur, qui emprunte aux faits divers, mais beau et juste. On y parle de lâcheté et aussi de pardon.

Grégoire Delacourt.
Sept questions à Grégoire Delacourt

Votre quatrième roman est le premier à paraître la rentrée littéraire de septembre. Que ressentez-vous?
C'est très curieux comme sensation. Il y a aujourd’hui treize jours que le roman est sorti mais cela fait trois mois que l'éditeur et moi, nous vivons avec, en rencontrant les librairies, la presse. Les enjeux d’une rentrée sont violents. Il y a 600 livres qui sortent dont 500 seront tout de suite oubliés. Dans les 100 dont on va parler beaucoup, 30 vont émerger. C'est à la fois excitant et terrifiant. La rentrée littéraire, c'est comme le festival de Cannes pour le cinéma. En même temps, il y a le revers de la compétition, les choses pas très fair-play qui se passent et que je ne connaissais pas.
C'est mon éditeur qui a pris la décision de publier pour la rentrée. Il m'a dit: "C’est un texte qui doit être confronté à d’autres livres.".
Avec "On ne voyait que le bonheur", vous apparaissez de nouveau comme l'écrivain de la famille.
Paradoxalement, c'est un livre que je ne voulais pas écrire. Je ne l'avais pas prévu dans ma vie alors que les trois autres étaient écrits dans ma tête. J’en suis sorti KO. Je l'ai commencé en novembre 2012 quand on m'a annoncé que mon père allait mourir et j'ai fini la version ultime le 7 avril 2014, le jour de son décès.
J'y ai mis des choses de moi, j’ai pris des risques. C'est quoi être un bon fils? Etre un bon père? Ces questions personnelles, j'ai voulu les creuser, mettre à nu ces lâchetés, ces difficultés. Moi-même, dans ma vie, j'ai reproduit en tant que père les difficultés vécues en tant que fils. J’ai voulu arrêter ces héritages à la con.
Avec ce livre, j'ai osé aller vers plus de mise à nu, vers plus d'impudeur, et ce, grâce au soutien, non, grâce à l’amitié, de mes lecteurs. Je pense que le témoignage d’Antoine peut aider d'autres gens.
On y parle de lâcheté mais aussi de pardon.
C'est un livre sur la lâcheté mais aussi sur le pardon, avec des démons à réaffronter. "L’écrivain de la famille" racontait l’adolescence, "On ne voyait que le bonheur" raconte les chagrins d'une vie d’homme. Je suis sorti du nord de la France pour aller vers le Mexique. Le Mexique parce que le nom de ce pays m'est venu en écrivant le prologue. Sans doute aussi parce qu’en 1998, j'y ai passé une semaine de vacances, imposée par mon patron de l’époque qui me voyait perdre pied. L’hôtel s’appelait vraiment Desconocido (l'inconnu), un signe du destin sans doute.
Le roman se compose de trois parties.
Au début il n'y en avait que deux. Il me fallait un break à la fin de la première. La troisième est arrivée d'elle-même. J'ai été dépassé par ce que j'avais écrit. Je voulais donner une chance à Joséphine, la fille d'Antoine, j'avais besoin qu'elle ne disparaisse pas. Cette troisième partie, je l'ai écrite en larmes. Et en me demandant ce que mes enfants penseraient de la première. Ils ont lu le livre et estiment que c'est mon meilleur, que c'est un livre important. Ils m'ont mieux compris. On ne naît pas de rien.
Il met en scène un drame inattendu.
Qu'est-ce qui fait qu'à un moment, on n'aime plus sa vie? Il y a les souffrances de l’enfance, celles du boulot, celles que vous infligent vos enfants en vous regardant, les amis, les amours...
Les gens souffrent, sont malheureux, et à un moment, ils ne peuvent plus supporter leur vie. Les petites gouttes d’eau font qu'ils sont noyés. Ce sont les mécanismes du burn-out total. A un moment, certains décident de tout supprimer comme cela se voit dans les faits divers.
La solution est peut-être de permettre aux autres de nous aider. Mais la famille est le lieu où il y a à la fois le plus et le moins d’amour au monde.
Le titre est-il une envie ou un défi ?
Grand blanc dans la conversation
Quand j'ai écrit le passage où apparaît la phrase "On ne voyait que le bonheur", il m'a été évident que ce serait le titre. Un titre qui est à la fois une menace et une promesse: l'effet de l'usage de l'imparfait. Mais ce n'est pas du tout un livre sur le bonheur.
Pour la première fois, vous titrez vos chapitres.
Dans la première, ce sont des sommes d’argent, en francs ou en euros selon les époques, parce qu’Antoine est assureur et évalue les moments. Je trouvais provocateur de fixer des montants pour résumer des événements.
Dans la deuxième, j’ai gardé les chiffres, en clin d’œil au texte, mais aussi en petit jeu avec le lecteur, pour être complice au moment où j'écrivais ce texte qui a été dur à sortir.
Dans la troisième, ce sont logiquement les dates du journal de Joséphine.