Nombre total de pages vues

jeudi 7 décembre 2023

Marcher encore

"Comment encore marcher?" (c) Lustre.

En couverture, des cuissardes sombres et gigantesques. Un pêcheur? Un ogre? Un utilisateur des bottes de sept lieues? Peut-être. Ou peut-être pas, des orteils pointant à l'extrémité des énormes chaussures. Une silhouette esquissée et un titre, "Comment encore marcher?". En lien mais énigmatiques. Cet ouvrage poétique illustré est né des lithographies de la dessinatrice bruxelloise Lisa Sibillat sur lesquelles le dessinateur bruxellois Olivier Spinewine a posé ses textes (Lustre, 52 pages, disponible à Bruxelles chez Tropismes, Peinture Fraîche et CFC, à Paris au Monte-en-l'air).
 
Reproduites en deux pantones de tons différents, les lithographies de Lisa Sibillat alignent des silhouettes. Elles se chaussent ou sont debout quand elles ne vacillent pas. Des postures pour tenir sur leurs jambes, pour être en mouvement, pour être en vie. La question du titre surgit d'elle-même. Olivier Spinewine y répond par des textes présentant diverses occasions, apprentissage initial, vieillesse, mort, chute, nouveaux apprentissages... Des histoires de bottes qui séduisent parce que si elles naissent de situations concrètes, elles n'apportent pas la réponse réaliste que tout le monde connaît. Au contraire, elles jouent sur les sons et les sens des mots. Elles lancent des idées, surprennent et enchantent. Elles créent un mouvement qui répond à celui des dessins. Elles nous touchent aussi car elles nous tendent le miroir de ce que nous sommes. Bottes, béquilles, Hula-hoop, autant de manières de marcher encore.
 

"Comment encore marcher?" (c) Lustre.




mardi 5 décembre 2023

Etre la fille du milieu

Illustration de Larissa Viaene. (c) L'arbre de Diane.
 
Ecrire. Ecrire de la poésie. A dix-sept ans, brûler tous ses poèmes.
Ecrire autre chose? Sans doute. En silence.
Née en 1965, Catherine Barreau publiera quatre romans, la cinquantaine et la confiance venues."Quatre attentes" en 2015 (Academia), "L'escalier" en 2016, "La Confiture de morts" en 2020 (prix Rossel) et "La grande profondeur" en 2023 (Weyrich tous les trois).
 
En parallèle à cette dernière fiction en date, Catherine Barreau renoue avec la poésie dans "Tes cendres" (L'arbre de Diane, 84 pages), une suite de textes douloureux et déchirants d'une immense beauté, illustrés de quelques dessins de Larissa Viaene et proposés dans une mise en pages très graphique. La Namuroise y dit la mort du père, pendant le confinement. Elle y dit les progrès de sa maladie. Elle le dit lui, incapable de communiquer, incapable de se laisser aimer. Elle se dit elle, l'enfant du milieu, entre une sœur aînée et une sœur cadette. Celle qui ne doit pas se faire remarquer. Sa jeunesse peu radieuse.
 
Les souffrances sourdent du choix de ses mots, de leur agencement. Rapides ici, comme s'ils couraient pour arriver sur le papier, plus descriptifs là. Ils tracent une relation filiale qui s'est avérée impossible du temps du vivant du père, une incapacité à communiquer des sentiments bien présents, une enfance de frustrations et de déceptions. Se bousculent au fil des pages tant d'espoirs que seule la mort a pu transformer. A fleur d'émotion, les poèmes nous touchent profondément. Ils nous permettent de nous reconnaître ici ou là, de nous projeter, de nous consoler. L'auteure explique que l'écriture poétique lui est revenue à la mort de son père. Elle a la force que confère un élan trop longtemps retenu. "Tes cendres" signent une résurrection multiforme.







samedi 2 décembre 2023

La treizième vente aux enchères du Muz

EDIT 04-12-2023

 

La vente aux enchères 2023 du Muz a rapporté 18.240 euros. Moins que l'an dernier (lire ici), mais de quoi soutenir les activités du Musée des enfants. Plusieurs enchères remarquables, dépassant les mille euros, parmi les œuvres proposées par Claude Ponti: 1.910 euros pour "Musique", 1.210 pour "Maman regarde", 1.010 pour "Rideau de pluie", 1.200 pour "Soudain devant son miroir".

 

Les cadeaux 2023 de Bruno Heitz.

Gloups!

Le calendrier affiche aujourd'hui la date du 2 décembre. Et contrairement aux éditions précédentes (lire ici), c'est déjà à midi ce samedi que s'achève la treizième vente aux enchères du Muz, le musée des œuvres des enfants créé en 2009 par Claude Ponti, aujourd'hui dénommé La Venture - Le Muz!
 

Chaque année, Claude Ponti organise une vente aux enchères d'originaux de littérature jeunesse afin de permettre au Musée des enfants de poursuivre ses activités. Un très pratique système d'enchères automatiques apparaît sur le site (ici). Mais attention, si elles ont été ouvertes le 18 novembre, elles s'arrêteront ce samedi 2 décembre à midi pile (heure de Paris).

Cette treizième vente est permise par la générosité des 19 artistes donateurs, dont trois Belges, des habitués et quelques nouveaux, emmenés par la locomotive Claude Ponti, bien entendu.
J'ai nommé, pour cette année,

Martina Aranda, Aurélia Aurita, Jeanne Ashbe,
Armelle Benoît, Julien Béziat, Bruno Heitz,
Pénélope Jossen, Mai lan Chapiron,
Claire Lebourg, Clémentine Mélois, Alan Mets,
Dorothée de Monfreid, Yvan Pommaux, Pomme,
Grégoire Solotareff, Tardi, Eglantine Triboulet,
Anaïs Vaugelade, Marie Wabbes.

 
En détail

Pour voir le catalogue des cinquante œuvres mises aux enchères, et enchérir, c'est ici.
Chaque œuvre est photographiée et assortie de ses informations techniques, auteur, titre, lieu d'origine, date, taille, technique et niveau d'enchère.

En pratique

Le prix de l'enchère en cours s'affiche sous la miniature de l'œuvre.
On enchérit en cliquant sur le bouton "enchérir" sur chacune des œuvres.
Une fenêtre s'ouvre et demande à être complétée.
L'enchère est confirmée par mail (possibilité de l'infirmer).
Il est aussi possible de proposer une enchère maximale, le système actualisant alors l'enchère de 10 euros en 10 euros si nécessaire jusqu'au moment de l'enchère maximale déterminée.
La vente se termine le samedi 2 décembre à 12 heures précises.
Après la clôture de la vente, les enchérisseurs ayant remporté l'enchère recevront un mail indiquant la procédure pour payer et récupérer l'œuvre.

En guise de mise en bouche
Quelques-unes des œuvres offertes au Muz pour sa treizième vente aux enchères, dont quinze par Claude Ponti lui-même.
 

Anaïs Vaugelade.

Claude Ponti.

Dorothée de Monfreid.

Marie Wabbes.

Martina Aranda.

Claude Ponti.


Yvan Pommaux.

 



vendredi 1 décembre 2023

La vie comme un roman de Simone Guillissen-Hoa

Louvain-la-Neuve, en partie bâtie selon les plans de Simone Guillissen-Hoa.
(c) Jean-Dominique Burton/Prisme.
 
Louvain-la-Neuve. Tout le monde connaît ce projet fou des années 1970 de construire une ville nouvelle au milieu des champs. Qui sait toutefois qu'une de ses plus anciennes parties fut établie selon les plans de Simone Guillissen-Hoa? Une architecte belge! Une des premières femmes architectes belges même! Une architecte moderniste belge, du second modernisme exactement, dont le nom n'a guère percé, contrairement à celui de ses homologues masculins, Henry Van de Velde ou Constantin Brodzki pour ne citer qu'eux.

Le nom de Simone Guillissen-Hoa va pouvoir sortir de l'ombre grâce à la formidable biographie illustrée que lui consacre Caroline Mierop, l'ancienne directrice de l'ENSAAV La Cambre - entre autres fonctions. Tout simplement intitulée "Simone Guillissen-Hoa Architecte 1916-1996" (Prisme éditions, 232 pages), elle se lit comme un roman grâce à une écriture précise mais virevoltante. Le texte marie avec justesse et élégance éléments de vie, témoignages, écrits, engagements et réflexions. Il est ponctué de sept "portraits-souvenirs" signés Jean-Pierre Hoa, le fils de l'architecte devenu également architecte dont on découvre l'origine du prénom.

1916-1996. Ces deux dates balisent une vie qui fut extraordinaire à tous points de vue. Simone naît en effet d'un père chinois et d'une mère juive polonaise qui se sont rencontrés à Paris et se sont installés en Chine. La famille qui s'est agrandie voyage entre l'Asie et l'Europe. Après Paris et l'Angleterre, Simone viendra faire ses études d'architecture à La Cambre. Une école où étudier et établir de solides amitiés. On suit la jeune femme dans tous ses chemins, amitiés, amours, architecture, famille, engagements politique et civil, féminisme et maternité en solo. Résistante pendant la guerre, elle connaîtra un camp de concentration dont elle reviendra mais ne dira rien. En parallèle, devenue Simone Guillissen-Hoa par mariage, elle travaille, assistant un architecte ici, créant là ses propres maisons ou des bâtiments publics. Avec en constante la recherche de la lumière naturelle. Les six chapitres du livre sur l'architecte permettent de bien suivre l'évolution de ses recherches et leur aboutissement. Des éléments les plus importants à d'attachantes anecdotes.

Une des premières doubles pages. (c) Prisme éditions.

En parallèle à son sujet principal, Caroline Mierop conte cette Belgique créatrice et innovante. Que ce soit à l'école avec la fréquentation de l'école Hamaïde ou lors de rencontres amicales ou de plans conçus pour des amis, ici ou ailleurs, on perçoit l'énergie de cette jeune femme qui semblait ne jamais devoir vieillir. Les noms égrenés au fil des pages raviront les habitants du sud de Bruxelles, pour peu qu'ils aient un certain âge. C'est en effet là que sont nés plusieurs maisons ou immeubles de Simone Guillissen-Hoa, dont celui qu'elle s'est fait pour elle-même rue Langeveld à Uccle et qui existe toujours.

Les innombrables photos ponctuent les différents épisodes de cette vie incroyable, habilement mis en page et dont les textes sont présentés dans un caractère au noir affirmé qui correspond parfaitement au style moderniste de l'architecte. D'avoir rencontré Simone Guillissen-Hoa dans ces pages splendides, on se sent grandi. 
 
L'appartement de l'architecte dans l'immeuble de la rue Langeveld.
(c) ArchitectenWoning/Prisme éditions.

jeudi 30 novembre 2023

Les Pépites du Salon de Montreuil


Hier, mercredi 29 novembre, jour d'ouverture du 39e Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis a été révélé le palmarès des Pépites dont les vingt titres finalistes se trouvent ici. A le découvrir, on constate qu'un seul album jeunesse est primé, sur la production de toute une année. Pas que le roman lauréat de la Pépite d'or soit mauvais, loin de là, mais ne serait-il pas utile de porter l'attention sur davantage de livres illustrés pour lecteurs plus jeunes?

Palmarès

La Pépite d'or,

attribuée par un jury de critiques littéraires (Raphaële Botte de Télérama, Émile Bravo, auteur-illustrateur et président du CPLJ-93, Alexis Demeyer de France Inter, Charline Guerton Delieuvin de Libération, Laurence Houot de Franceinfo Culture, Laurent Marsick de RTL, Lucille Prost de la librairie Matière Grise à Montrouge, Cécile Ribault Caillol de Franceinfo et Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis,

va au roman "Nous traverserons des orages", d'Anne-Laure Bondoux (Gallimard Jeunesse). 

 

 

 

 

 


Les quatre autres Pépites ont été décernées par 36 jeunes lecteur·rice·s de 8 à 18 ans, choisi·e·s parmi les 800 candidatures de cette année.

Pépite livre illustré

"Des papillons dans la nuit", d'Olivier Ka et Christophe Alline (Les Grandes Personnes).

 

 

 

 

 


Pépite fiction junior

"Ottoline et le vétérinaire des monstres", de Yann Apperry et Laurent Gapaillard (PKJ).


 

 

 

 

 

Pépite bande dessinée

"Sans panique", de Coline Hégron (Delcourt).

 

 

 

 

 

 

 

Pépite fiction ados

"Oxcean", de Nicolas Michel (Talents Hauts).