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lundi 10 février 2025

En preuve de sa résistance, la librairie indépendante belge crée son prix littéraire

Les 5 romans en lice pour le Prix des librairies indépendantes.
 
L'actualité politique belge des derniers jours a quelque peu éclipsé le point annuel fait par le Syndicat des Librairies Francophones de Belgique (SLFB) sur la situation économique des librairies indépendantes membres de son réseau. Un réseau qui compte deux nouvelles venues, le Corner (ex-Filigranes Corner) de l'avenue Lepoutre à Ixelles et la librairie des PUB - Presses Universitaires de Bruxelles, avenue Paul Héger. Et ce bilan n'est pas joyeux joyeux.
 
Certes, le chiffre d'affaires 2024 des librairies indépendantes en Belgique francophone a progressé (+2,76%). Mais cette progression s'explique principalement par l'augmentation du prix moyen du livre vendu (environ 2% en 2024), la vente en volumes étant stable (+0,61%). Plus inquiétante dans le contexte de baisse des subventions en culture annoncée est la poursuite de la descente des chiffres de la vente aux collectivités (bibliothèques, administrations publiques): -4,58% en CA en 2024, -2,7% en 2023. Il faut savoir que ces ventes représentent près de 20% du chiffre d'affaires des librairies indépendantes. La vente au comptant (vente directe en librairie) s'en sort: +3,38% en CA.
 
Littérature, bande dessinée et jeunesse représentent 62 % des ventes. (c) SLFB.

L'assortiment riche permet l'équilibre entre fonds et nouveautés. (c) SLFB.

Le Top 20 2024. (c) SLFB.
 
Le SLFB s'interroge logiquement sur l'avenir qui attend ses librairies: "Alors que le métier de libraire continue à faire rêver, et que l'on dénombre quelques ouvertures de librairies (récentes ou à venir), pareille conjoncture ne peut guère nous satisfaire. En effet, nos librairies sont coincées entre de faibles hausses de prix du livre et une inflation qui est toujours supérieure à la hausse du prix de vente du livre. Depuis 2022, nos marges bénéficiaires s'en trouvent réduites et, selon l'étude XERFI faite en juin 2024 pour la librairie française (lire ici) susmentionnée, elles deviendraient négatives dans un horizon de trois ans. Il est donc urgent que tous les acteurs de la filière, et principalement les éditeurs – distributeurs (qui fixent les prix ET les conditions commerciales), ainsi que les pouvoirs politiques prennent la pleine mesure de ce qui pourrait se passer: un réel risque de voir le métier de libraire indépendant se paupériser, avec des pertes d’emplois voire des fermetures à la clé."

Mais le SLFB n'est pas le genre à se lamenter sans bouger. La preuve, il vient de créer le Prix des librairies indépendantes dont le/la lauréat.e sera choisi.e. par les votes des lecteurs (comme le prix Bernard Versele de la ligue des familles le fait en jeunesse). Ce prix récompensera un ouvrage de littérature (adulte) paru dans le courant de l'année qui précède. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024 pour la première édition donc. La sélection des cinq romans a été réalisée par un comité composé de douze libraires. Les votes du public sont recueillis dans les cinquante librairies indépendantes participantes (liste ci-dessous) ou au stand des Librairies indépendantes à la Foire du livre de Bruxelles (stand 228) ou en ligne ici. Ils seront clôturés le dimanche 16 mars, dernier jour de la FLB. La remise du prix aura lieu le mercredi 23 avril 2025, jour de la San Jordi, fête annuelle de la librairie indépendante. 

Les cinq romans
  • "Ilaria ou la conquête de la désobéissance", de Gabriella Zalapì (Zoé)
  • "La Lumière vacillante", de Nino Haratischwili (traduit de l'allemand par Barbara Fontaine, Gallimard, "Du monde entier")
  • "La Petite Bonne", de Bérénice Pichat (Les Avrils)
  • "Roman de Ronce et d'Epine", de Lucie Baratte (Typhon)
  • "Tirer", d'Alexandre Valassidis (Scribes/Gallimard)

Où voter?

A Livre Ouvert - Le Rat Conteur (Woluwe-Saint-Lambert) – Antigone (Gembloux)
Au P'titPrince (Nivelles) – Autre Chose (Hannut) – Bleus d'Encre (Uccle)
 Brin d'Acier (Schaerbeek) – Candide (Ixelles) – Claudine (Wavre)
Croisy (Bastogne) – Cunibert-Daumen (Malmedy) –Dlivre (Dinant)
Canard Paon (Arlon) – Ecrivain Public (La Louvière) – Graffiti (Waterloo)
Graines deVie (Sambreville) – Herbes Folles (Anderlecht) – La Dédicace (Virton)
La Licorne (Uccle) –La Mazerine (La Hulpe) – La Page d'Après (Louvain-la-Neuve)
La Petite Librairie (Heusy) –La Procure (Tournai) – La Traversée (Verviers)
L'Aventure (Malmedy) – Le Baobab (Braine-l'Alleud) –  Le Chat Botté (Rixensart)
 Le Long Courrier (Tilff) – Les Augustins (Verviers)
Les Yeux Gourmands (Saint-Gilles) – L'Escale (Liège) – Librairie de la Reine (Binche)
Librairie Européenne (Etterbeek) –Librairie Flagey (Ixelles)
Livre aux Trésors (Liège) – Livre's (Marche-en-Famenne) – Marque Tapage (Battice)
Melpomène (Mouscron) –  Molière (Charleroi) – Oxygène (Neufchâteau)
Papyrus (Namur) – Pax (Liège) – Poëtini (Saint-Gilles) – Point Virgule (Namur)
Quartier Libre (Uccle) – Schaerbook (Schaerbeek) – Scientia (Mons)
Tropismes (Bruxelles) – Tulitu (Bruxelles)
Twist (Ottignies) – UOPC (Auderghem)
 
Les 5 titres finalistes du prix en détail.


 

vendredi 7 février 2025

Un alléchant Festival Passa Porta 2025

Diantre! Ce sera déjà la dixième édition du Passa Porta Festival - il est né en 2007.Tous les deux ans, il rassemble une belle brochette d'écrivain.e.s et d'artistes multilingues à Bruxelles. Cette fois, ce sera du 28 au 30 mars, et une centaine d'entre eux sont attendus. "Ghosts" est le thème retenu pour cette édition. Bigre! Une septantaine de rendez-vous, plus ou moins fantomatiques, proposeront lectures, conférences augmentées, entretiens, projections, performances poétiques en une vingtaine de lieux du centre de Bruxelles. Sont déjà annoncés, Jeanette Winterson, Erri De Luca, Eléonore de Duve, In Koli Jean Bofane, Merethe Lindstrøm, Eduardo Halfon, Bregje Hofstede, Abdellah Taïa, Jón Kalman Stefánsson et Solvej Balle (en résidence en mars à Passa porta). Du bien beau monde! La liste des autres écrivain·es et artistes du festival sera dévoilée en même temps que sa programmation complète, le 24 février.

On sait déjà que le festival s'ouvrira le vendredi soir (28 mars) avec des "Ghost Stories", soit une soirée littéraire et musicale à La Monnaie. Répondront à la question "Par qui ou par quoi vous sentez-vous hanté?" cinq écrivain·es: le Guatémaltèque Eduardo Halfon ("Tarentule", traduit par David Fauquemberg, prix Médicis étranger 2024 (lire ici), Éditions de la Table Ronde, 2024), la Néerlandaise Bregje Hofstede (non traduite en français), la Norvégienne Merethe Lindstrøm ("Quelques jours dans l'histoire du silence", traduit par Marina Heide, Cambourakis, 2023), la Belge Eléonore de Duve ("Donato", Éditions José Corti, 2023 (lire ici) et "Sophia" Éditions José Corti, 2025) et l'Islandais Jón Kalman Stefánsson ("Ton absence n'est que ténèbres", traduit par Eric Boury, Grasset, 2022, Prix Jean Monnet de Littérature Européenne). Ils liront aussi chacun un texte inédit sur scène, dans leur langue maternelle (sous-titres simultanés en français et en néerlandais).

Le samedi, la formidable Britannique Jeanette Winterson ("Pourquoi être heureux quand on peut être normal?", traduit par Céline Leroy, L'Olivier, 2012 et "Les oranges ne sont pas les seuls fruits", traduit par Kim Tran et Hélène Cohen, L'Olivier, 2012) donnera une conférence sur les fantômes en littérature, le thème de son formidable dernier recueil de nouvelles, "Histoire de fantômes" (traduit par Céline Leroy, Buchet-Chastel, 2024). Inoubliable dans chacune de ses interventions, le grand écrivain italien Erri De Luca ("Montedidio" évidemment, traduit par Danièle Valin, Gallimard 2002, prix Femina étranger 2003, mais aussi "Les règles du Mikado",  traduit par Danièle Valin, Gallimard 2024) sera également présent le samedi pour un grand entretien en français.

Le dimanche, nous accueillerons entre autres le romancier congolais In Koli Jean Bofane pour "Nation Cannibale" (Denoël, 2025) ainsi qu'Abdellah Taïa ("Le bastion des larmes, Julliard, 2024, prix Décembre 2024, lire ici), écrivain et cinéaste marocain qui brise le silence de l'homosexualité au Maroc.


Infos pratiques et réservations ici.

 

 

mercredi 29 janvier 2025

Anouk Ricard sacrée à Angoulême

Anouk Ricard, Grand Prix FIBD 2025.
 
La 52e édition du Festival International de la Bande Dessinée (FIBD) d'Angoulême a été officiellement inaugurée ce mercredi soir. A cette occasion, le Grand Prix 2025 a été remis à Anouk Ricard, 54 ans, élue par ses pairs à l'issue d'un processus électoral réalisé sous contrôle d'huissier. Elle a été préférée à Alison Bechdel et Catherine Meurisse. Elle succède à Posy Simmonds récompensée l'an dernier et devient la cinquième femme à recevoir le Grand Prix.

Anouk Ricard est une illustratrice et autrice de bande dessinée comme de littérature de jeunesse. En vingt-cinq ans, elle a créé un nombre incroyables de personnages, drôles, non-sense, allant la plupart du temps là où on ne les attend pas. Née en 1970 dans le Sud de la France, elle est diplômée en 1995 des Arts-Déco de Strasbourg. A ses débuts dans la presse jeunesse, elle est remarquée par Olivier Douzou, qui édite son premier livre aux éditions du Rouergue. Ce sont "Les aventures de Pafy, Pouly, Caty, Blatty" en 1999. Elle fera vite partie de la Douzou team. En 2004, elle se lance dans la bande dessinée avec sa série "Anna et Froga", une série jeunesse humoristique, destinée au magazine "Capsule Cosmique". Peu de temps après, sollicitée par les éditions Requins Marteaux, elle commence à écrire une autre série d’humour, plutôt adulte, "Commissaire Toumi", pour leur revue "Ferraille". Ces deux séries sont publiées par les éditions Sarbacane. 
 
On retrouve le nom d'Anouk Ricard au Rouergue bien entendu mais aussi aux Fourmis rouges, Casterman, Nathan, Milan Gallimard, Cornélius, Seuil Jeunesse, 2042, L'Agrume, Exemplaire Editions (son "Animan" a été Fauve d'Angoulême - Prix spécial du jury 2023), Requins Marteaux, Sarbacane, L'Articho.

Voici ce que j'écrivais dans "Le Soir" en 1999 à propos du premier album d'Anouk Ricard.
 
"Interactif! "Les aventures de Pafy, Pouly, Caty, Blatty", Anouk Ricard. L'ambition d'un cédérom et les limites d'un livre... Un livre-rom! Avec une ironie complice, l'auteur invite le lecteur à agir sur le déroulement de cette histoire animalière, grâce à une souris en 3 D (carton à assembler soi-même). Très rigolo! (Editions du Rouergue, 48 pages)."



D'autres choses sur Anouk Ricard ici.


(c) Anouk Ricard.

vendredi 24 janvier 2025

"Portées-Portraits" ce lundi avec Chris de Stoop

Chris de Stoop. (c) Lenny Oosterwijk.

Vous êtes libres lundi soir, 27 janvier? Vous ne l'êtes plus. La soirée "Portées-Portraits" à cette date va être formidable. Elle se tiendra autour de Chris de Stoop et de son puissant récit "Le livre de Daniel" (traduit du néerlandais (Belgique) par Anne-Laure Vignaux, Globe, 288 pages ou Le Livre de poche, 350 pages). Dommage qu'on ait si peu des livres de Chris de Stoop en français. Avant celui-ci, on avait eu "Ma ferme" (Christian Bourgois, 2019), sur l'évolution du monde agricole en Belgique (lire ici).
 
Attention, changement de lieu pour cette rencontre. Elle n'aura pas lieu à la Maison Autrique comme à l'habitude mais le coin tourné, au Centre Culturel de Schaerbeek, Rue de Locht, 91, toujours à Schaerbeek. La lecture sera faite par Lucas Tavernier, accompagné au piano par Harold Noben, sur une  mise en voix de Geneviève Damas.

"Le livre de Daniel" est une histoire terrible, l'assassinat d'un vieux fermier de 84 ans par une bande de gamins de merde. Elle nous est présentée par un ancien journaliste du magazine "Knack" devenu écrivain. Chris de Stoop restitue pas à pas l'enquête qu'il a faite sur ce fait divers sordide. Qui était Daniel, cet oncle dont il est l'héritier et pour cela appelé à assister au procès de ceux qui l'ont abattu. Pourquoi ont-ils fait cela? Qui sont-ils dans cette région économiquement dévastée? Quel est leur avenir en général et leur avenir par rapport à cette mort donnée qu'ils porteront toujours? Et là, l'auteur introduit la notion de justice réparatrice.
"Rafael a vu les motos et les i Phone de ses copains. Il en a parlé à la maison, au Colruyt, au lycée et à sa petite amie. Les auteurs du forfait eux-mêmes l'ont raconté à leurs frères et amis. L'histoire s'est répandue dans le village, et les jeunes de la cité, surtout, en ont très vite connu tous les détails. Personne n'a pensé à aller voir la victime ni à appeler les secours, pas même anonymement. Tout le monde se tenait à carreau.
Le village se taisait dans toutes les langues.
Il arrivait que des gens de 84 ans meurent, après tout."
in "Le livre de Daniel".
"Cette histoire doit être racontée", sait Chris de Stoop qui en a fait un formidable texte littéraire narratif de non fiction. Les faits se sont déroulés il y a longtemps. Son oncle Daniel a été tué le 22 mars 2014. L'histoire a été peu médiatisée. "Je suis content de pouvoir raconter son histoire", a-t-il expliqué lors d'une précédente rencontre à Bruxelles. "Il n'y a rien eu dans la presse, même, cinq ans après, lors du procès d'assises de deux semaines à Mons. Il est vrai que se tenait en même temps le procès pour le meurtre du bourgmestre de Mouscron".
 
"Je me suis demandé ce que vaut la vie d'un homme de 84 ans et j'ai eu  l'idée du livre. J'ai suivi l'affaire. J'ai toujours dit depuis l'enfance que j'étais écrivain. Allais-je écrire sur ça? Au procès d'assises, il n'y avait aucune partie civile. Je me suis donc constitué partie civile. C'était une obligation morale. Après le procès, le livre s'est écrit automatiquement. J'avais tout dans ma tête. J'avais passé des nuits à étudier le dossier pour le procès."

"Daniel était un homme bon, jovial, peut-être négligent", poursuit son neveu. "Il avait un frère plus jeune de trois ans et handicapé qu'il a soigné jusqu'à sa mort dans les années 90. Après des échecs amoureux et financier, il est devenu un ermite. Ces fermiers sont représentatifs d'un drame social."
 
"Face à lui, il a eu une petite bande de 18 ans, sans diplôme, sans argent, sans travail, sans perspective mais qui voulait tout tout de suite. Il a vécu une nuit d'horreur et de souffrance qui a été filmée. Pourquoi?" La maison du fermier Daniel a été incendiée une semaine plus tard. C'est ce qui a déclenché les secours car personne n'était allé y voir durant la semaine qui a suivi l'agression alors que tout le monde était au courant.
 
"Mon livre est un exercice d'empathie. Se mettre dans la peau du fermier, dans celle de son assassin. Deux mondes totalement différents qui se rencontrent. Comme d'une autre planète, d'un autre siècle."

"Ma mère et moi avons été les cohéritiers de ruines. L'incendie a détruit tout ce que Daniel avait et tout ce qu'il était. Les Assises ont eu lieu cinq ans après les faits à Mons. Le vieux fermier n'était pas une priorité. Mais moi, je voulais que justice soit faite." Les cinq accusés ont été défendus par dix avocats célèbres. Un de leurs arguments a été que leurs clients n'avaient tué personne - Daniel est mort dans l'incendie de sa ferme. Chris de Stoop s'est défendu seul, sans avocat. Les jeunes ont été condamnés.
 
Le neveu du mort pointe l'indifférence, la non-conscience de responsabilité et la responsabilité collective des jeunes. Il les a néanmoins rencontrés en prison, dans un processus d'humanisation. "Des rencontres très intenses, je tremblais sur mes jambes." En finale, une pierre tombale a été érigée dans le cadre de la justice réparatrice, payée par ceux qui ont assassiné un vieil homme qui ne leur avait jamais rien fait. Et qui n'était même pas riche.
 
 
Soirée surprise ce 27 janvier... Comme la fréquentation des lectures "Portées-Portraits" est majoritairement féminine (fierté des organisatrces), elles proposent de faire découvrir une lecture au sexe masculin, amoureux, pote, fils, papa ou autre. En conséquence, tous·tes les spectateur·ices accompagné·es d'un mec, se verront offrir la soirée du "mec" au prix de 1 euro!
 
 
 
Pratique
Où? Centre Culturel de Schaerbeek, Rue de Locht, 91 à 1030 Bruxelles.
Quand? Le lundi 27 janvier.
A quelle heure? La lecture-spectacle bilingue français-néerlandais surtitrée commence à 20h15. Elle est précédée d'une rencontre avec l'auteur à 19h15.
Durée? 1 heure.
Combien? 9 euros (possibilité de visiter toute la maison et un verre offert), 6 euros pour les étudiants et les artistes, 1,25 euros pour les articles 27.
Réservation indispensable pour la lecture par mail à reservations.compagniealbertine@gmail.com

jeudi 23 janvier 2025

Une Belge lauréate, quatre autres sélectionnés à l'exposition des illustrateurs de Bologne

Une œuvre en laine bouillie
d'Anne Crahay exposée à Bologne.
 
 

Meilleure année pour la littérature de jeunesse de Belgique à la Foire de Bologne cette fois - en 2024, aucun Belge n'apparaissait dans les 344 finalistes choisis sur les 3.520 participants issus de 81 pays et régions. En 2025, cinq artistes de notre pays ont été sélectionnés par le jury de la Foire de Bologne pour participer à la célèbre Exposition des illustrateurs qui s'y tiendra du 31 mars au 3 avril prochain: Anne Crahay, Dieter De Schutter, Emile Jadoul, Jacques (Maes) & Lise (Braekers) et Philippine Vidart (sélection complète ici). Et, cocorico, Anne Crahay a été désignée par le jury comme illustratrice lauréate, parmi les 76 séries d'illustrations qu'il a retenues (sélection complète ici). Un ter pour celle qui avait eu la même distinction en 2022 (lire ici) et 2010.

Cette année, 4.374 illustrateurs s'étaient inscrits à l'Exposition des illustrateurs 2025, avec un total de 21.870 candidatures provenant de 89 pays et régions. Pour déterminer les gagnants, le jury international a présélectionné 324 artistes finalistes. Il a ensuite choisi 76 séries d'illustrations, représentant 77 auteurs de 29 pays et régions du monde, comme lauréates.
 

Le jury 2025 était composé du spécialiste en littérature de jeunesse Walter Fochesato, de l'auteur-illustrateur Chris Haughton, de l'éditeur Neal Porter, de l'auteure-illustratrice Felicita Sala et de l'éditrice Gema Sirvent.

Existant depuis 1967, l'exposition est une belle opportunité pour les illustrateurs sélectionnés de gagner en visibilité. A l'issue de la Foire de Bologne, elle part pour une tournée internationale de deux ans.
 
Anne Crahay est née en 1973 à Verviers. Après avoir étudié les arts graphiques à l'École supérieure des arts Saint-Luc de Liège (ESA), elle a travaillé dans le cinéma d'animation, avant de devenir graphiste indépendante. Elle enseigne le graphisme et l'illustration à l'école de ses études. Elle a publié son premier album jeunesse en mars 2007, "Dans le bidon de maman", sur un texte de Florian Rudzinski (Alice jeunesse). Depuis, plusieurs dizaines de titres se sont succédé, souvent pour les tout-petits ou des contes, aussi des créations plus personnelles. Elle publie essentiellement à l'Elan vert, chez CotCotCot éditions, Albin Michel Jeunesse et Didier Jeunesse.
 
"Le sourire de Suzie", d'Anne Crahay. (c) CotCotCot éditions.
 
 
Parmi les dernières parutions d'Anne Crahay, la réédition en septembre dernier du "Sourire de Suzie" (CotCotCot éditions, 2019), précisément réalisé au départ des cinq  illustrations primées au salon du livre de jeunesse de Bologne en 2010 (lire ici). De merveilleux collages tout en finesse, en accord avec la douceur du texte.

Pour rassurer son entourage, Susie invente mille sourires de papier pour remplacer le sien qui a disparu. "Chaque matin, comme on enfile ses chaussettes, j'accrochais un sourire à mes oreilles." Tout rentre dans l'ordre avec ces sourires de défense. Jusqu'au jour où le sourire de papier s'envole et où Susie a enfin l'occasion de parler vraiment avec ses parents de tout ce qu'elle ne leur avait jamais dit. Un album poétique pour appeler au dialogue, illustré d'expressifs collages.
 
"Le sourire de Suzie" d'Anne Crahay. (c) CotCotCot éditions.
 
(c) CotCotCot éditions.


 Autre titre récent d'Anne Crahay, "Mon premier grand imagier" (Albin Michel Jeunesse, 24 pages tout carton). Un grand format pour les tout-petits, joyeux et coloré, organisé en doubles page thématiques avec plein d'interactions entre les différents éléments: les petits animaux du jardin, les animaux de la ferme, les animaux sauvages, les animaux de la mer, les légumes, les fruits, les objets de la maison, la salle de bains, les vêtements, les jeux et les jouets ainsi que les transports. Autant d'univers proches des bébés, agréablement présentés. Une approche d'autant plus ludique qu'une petite fourmi rouge apparaît discrètement à chaque page.

"Mon premier grand imagier". (c) Albin Michel Jeunesse.