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samedi 29 octobre 2011

LA une pensée pour Florence Parry Heide

Florence Parry Heide avait 92 ans.

La romancière américaine est décédée dans son sommeil le 23 octobre, a annoncé sa famille. Elle était originaire de Pittsburgh en Pennsylvanie.
Florence Parry Heide a débuté en littérature quand ses cinq enfants ont commencé à aller à l'école.


Son premier titre fut "Maximilian" en 1967, non traduit en français.
Une centaine d'autres ont suivi: albums et romans, sans oublier la poésie et la chanson.
Si elle a finalement été peu traduite en français, ce qui nous est parvenu a un charme fou.
Ses œuvres sont pleines d'humour et de tendresse. Elles débordent d’imagination.
Ses textes ont été illustrés par les plus grands artistes américains, Edward Gorey, Jules Feiffer, Lane Smith.

Florence Parry Heide est surtout connue pour sa trilogie consacrée à Treehorn, précisément illustrée par Edward Gorey. De savoureux romans illustrés montrant le fossé entre l'enfance et l'âge adulte que les jeunes éditions parisiennes Attila viennent juste de republier dans une nouvelle traduction.




"Le rapetissement de Treehorn", "Le trésor de Treehorn" et "Le souhait de Treehorn" sont trois indispensables d'une bibliothèque jeunesse qui se respecte. Datant des années 70 dans leur version originale, ils n'ont pas pris une ride. Au contraire, ils apportent un sérieux vent de fraîcheur dans la mollitude ambiante.

Certains se rappelleront que le premier volume de la trilogie avait paru en français à L'école des loisirs en 1979, sous le titre "Théophile a rétréci". Le deuxième, "Le trésor de Théophile" avait vu le jour en 1982 chez le même éditeur français.


 
Si ces premières traductions indiquaient déjà la qualité des ouvrages, elles collaient moins au texte original que les nouvelles.



Le rapetissement de Treehorn
Florence Parry Heide
Edward Gorey
traduit de l'américain par Oskar
Attila, 2009, 72 pages
aujourd'hui Le Tripode

Devenu introuvable dans sa traduction en français parue à l'école des loisirs en 1979, l'excellent roman illustré "Théophile a rétréci", des Américains Florence Parry Heide et Edward Gorey (1925-2000), reparaît dans une nouvelle traduction et sous un nouveau titre, plus conforme à l'original, "Le rapetissement de Treehorn".

On retrouve avec plaisir ce chef-d'œuvre de la littérature de jeunesse, né aux Etats-Unis en 1971 – comme l'indique le calendrier de la cuisine –, mêlant l'étrange et la réalité. Les dessins en noir et blanc d'Edward Gorey, d'une finesse somptueuse, se posent magnifiquement sur l'atmosphère froide créée par l'écrivain. Quelle manière de dire le fossé entre Treehorn et les adultes. Le gamin s'inquiète de son rapetissement dans l'indifférence générale: sa mère se préoccupe de son ménage, son père du savoir-vivre, et le proviseur de son règlement.

Treehorn énumère sans se plaindre ses transformations: vêtements trop grands, portes trop hautes, boîte à lettres inaccessible, sans compter les scènes du bus et de l’école. Mais une finale qui annonce la magie de l'album "Jumanji" de Chris Van Allsburg (1982 aux Etats-Unis) permet au héros de surmonter son aventure et d'en vivre d’autres. Pour tous, dès 5 ans.



Le trésor de Treehorn
Florence Parry Heide
Edward Gorey
traduit de l'américain par Chantal Philippe
Attila, 2009, 80 pages
aujourd'hui Le Tripode

Nouvelle réédition de l'introuvable "Le trésor de Théophile" par les éditions Attila (aujourd'hui Le Tripode) qui font découvrir l'œuvre d’Edward Gorey, incroyable dessinateur américain (1925-2000). Ici, Treehorn lit des bandes dessinées, "assis à terre dans son placard". Sa mère se soucie de la déco, son père du budget: "l'argent ne pousse pas sur les arbres". Sauf que le placide gamin voit les feuilles des arbres du jardin devenir des billets de un dollar! Pour tous dès 5 ans. 



Le souhait de Treehorn
Florence Parry Heide
Edward Gorey
traduit de l'américain par Oskar
Attila, 2010, 80 pages
aujourd'hui Le Tripode

Fin avec ce titre de la trilogie entamée avec "Le rapetissement de Treehorn" et "Le trésor de Treehorn". Un travail entamé en 1971 et qui séduit toujours autant par sa fraîcheur et sa quête de liberté. Dans ce troisième volume, toujours finement illustré en noir et blanc, Treehorn s'apprête à fêter son anniversaire dans l'indifférence parentale, lorsqu'un génie surgit d'une jarre. Qui dit génie dit vœux à émettre. Trois évidemment. Une histoire joyeusement loufoque entre chapeau maternel vert, factures paternelles, employé du gaz et rêves d'enfant. Pour tous dès 5 ans.



Florence Parry Heide avait également eu quelques romans traduits en français, dont "Banane" et "Bananes à gogo" (L'école des loisirs).


vendredi 28 octobre 2011

LM les mots de Sorj Chalandon

A l'écrit, comme à l'oral, Sorj Chalandon qui a reçu jeudi le Grand Prix du Roman de l'Académie française pour "Retour à Killybegs" (Grasset), son cinquième roman,  est un orfèvre des mots. Il les polit, il les sculpte, il les râpe jusqu'à l'os. Aucun gras dans son écriture. L'essence des émotions. La force des faits. A l'oral, c'est sa sincérité qui frappe, ce qu'il donne sans compter.


(c) AFP.



Dans "Mon traître" (2008, lire en fin de note),
Sorj Chalandon offre au lecteur de partager la douleur du trahi.
Dans "Retour à Killybegs" (2011),
il se met dans la peau du traître et raconte son histoire.
Il change de focale.
Il prend la place du traître.
Il tente de le comprendre à défaut de lui pardonner.


"Mon traître" est un livre poignant, fracassant. L'auteur y romance la trahison d'une amitié de vingt ans  entre lui, alors journaliste à "Libération", et Denis Donaldson, membre de l'IRA. Il y est devenu Antoine, un petit luthier français qui découvre l'Irlande et ses combats; le traître prend le nom de Tyrone Meehan et vingt-cinq ans de plus que le négociateur des accords de paix avec les Britanniques.

"Retour à Killybegs" est tout aussi fracassant. Cette fois, c'est Tyrone Meehan qui s'exprime. Qui raconte son histoire d'Irlandais devenant un traître. Sans cesse, il confronte son présent, la révélation de cette trahison sur laquelle il ne s'est jamais expliqué, et sa vie de résistant irlandais. Un roman éreintant, qui détecte le côté noir en chacun.

Les deux romans, écrits chacun à la première personne, racontent les deux versants d'une même histoire. Mais ils peuvent se lire de façon indépendante.

Rencontre avec Sorj Chalandon à Bruxelles.
"Mon traître" était centré sur une trahison incompréhensible et non expliquée. Il a résonné chez beaucoup de lecteurs qui avaient vécu la même situation à des degrés divers. On en sortait fracassé. "Retour à Killybegs" fracasse tout autant si pas plus. En même temps, il ouvre des portes qui étaient fermées.
Je permets à mon traître de répondre à des interrogations mais c'est moi qui pose les bases des réponses.
Ce livre était-il là depuis le précédent ? On a l'impression qu'il flottait déjà dans l'univers des histoires.
Pas du tout. Quand j’ai écrit "Mon traître", j’ai écrit "Mon traître". A la fin, il me manquait deux choses: pourquoi il avait trahi et qui l'avait assassiné. Ces deux choses restaient dans les interrogations parce que, dans la vraie vie, c'étaient des interrogations. Ensuite, j'ai écrit "La légende de nos pères", une autre recherche de vérité et de mensonge, de nos parts d'ombre... A Pâques il y a trois ans, un groupe qui s'appelle l'IRA véritable - des dissidents républicains opposés au processus de paix qui pensent que l'IRA a eu tort de déposer les armes - a revendiqué le meurtre de Denis comme leur première opération militaire depuis la fin du cessez-le-feu.
"Mon traître" m'a permis de partager cette stupéfaction avec tout le monde. En même temps, je lui trouvais un petit côté obscène. Un homme trahit son pays, son combat, sa famille, et un petit Français dit "Ah j'ai été trahi aussi"»... Travailler sur mon désarroi m'a semblé utile mais pas suffisant. Je pensais que je pourrais faire le deuil. Ce que je voulais faire, c'était le deuil, non pas de mon traître, non pas de Denis, mais celui de la rancœur que je lui portais. Mais le deuil de la rancœur, il n'était pas fini. Quand j'ai terminé "Mon traître", je savais qu'il me manquait quelque chose mais qu'on en resterait là. Et puis, apprenant qui l'avait tué, je me suis dit qu'un truc me manquait. C'était lui, mon ami, le traître. Et ce petit Français, j'avais envie de régler mes comptes avec lui, pas méchamment, mais je voulais opposer une stupéfaction à l'autre.
C'est ainsi qu'a germé ce nouveau projet?
Je ne pouvais pas faire une suite, un "Mon traître 2", ou "Le retour". Je me suis dit que j'allais faire un écho à "Mon traître", le faire parler. Qu'il nous raconte.
Cela a-t-il été difficile à mettre en place?
Assez. Je voulais que les deux livres soient indépendants. Je ne voulais pas que ceux qui n'ont pas lu "Mon traître" ne comprennent pas ce qui se passe dans "Retour à Killybegs". Une nuit, je me suis dit, il faut que ce soit non pas Denis, mais Tyrone qui parle. Denis ne pourra pas parler, Denis est mort. Denis, je j'ai vieilli dans le roman, il n'avait pas 81 ans quand il est mort mais 55. J'avais créé un traître de papier que l'on frôlait dans "Mon traître". C'était à lui de parler maintenant. Et qu'en plus, il nous dise que tout ce qui avait été écrit avant n'était pas vrai, était un mensonge, était faux. J'avais besoin que quelqu'un me remette à ma place de petit Français, de simple passant dans cette histoire-là.
Vous avez alors commencé à écrire "Retour à Killybegs".
La première chose qui m'est venue à l'esprit, c'est que dans "Mon traître", Tyrone Meehan est interrogé par l'IRA et donne des dates et des faits : né en 1925 à Killybegs, arrêté en 1947, en 1950 etc. Brusquement, je me rends compte que ce canevas impératif que je ne soupçonnais pas, je l’avais mis en place dans "Mon traître". Je me retrouvais obligé à faire naître cette personne en 1925, à Killybegs alors que mon ami était né en 50 à Belfast.
Je me suis rendu compte que, sans être une suite de "Mon traître", il y avait des impératifs dans ce nouveau roman, les arrestations, la naissance, les combats et la mort. Par exemple, dans "Mon traître", j'ai écrit: je me suis engagé à l'IRA vers seize ans. C'était juste une conversation face à une caméra de l'IRA. Je ne soupçonnais pas qu'il fallait que tout cela prenne corps. Et donc s'est ouvert un chantier incroyable. Je devais donner vie à ce personnage, vu par le petit Français qui n'était qu'une ombre. Le petit Français tournait autour des choses. Il tournait autour des pubs même s'il pensait y être admis. Il tournait autour de la lutte même s'il pensait y être favorable. Il tournait autour de tous ces gens et je me suis dit, là on va aller à l'intérieur. Le petit Français allait visiter les gens autour de la prison, alors on va être dans la prison.
Cela a dû être un travail énorme?
J'ai d'abord fait un travail tout bête d'histoire. Il a fallu que je retravaille sur les années 20, sur les années 30, sur les années 40. Tout ce que notre héros, Tyrone Meehan, fréquente, tout ce qu'il voit, tout ce à quoi il assiste, est réel. Quand, à Killybegs, le petit enfant voit arriver un bateau anglais qui a une avarie et que les policiers d'Irlande montent pour mettre le drapeau. Ce bateau est arrivé, il y a son numéro. Je voulais qui si un historien s'amuse avec ce livre, tout soit exact. Les bombardements de Belfast sont absolument exacts. J'ai toutes les photos. Tous les décors, tous les gens que Tyrone croise, ont des noms gravés dans la pierre, dans le marbre.
Pour moi, c'était impératif que Tyrone Meehan traverse la vraie Irlande, pas une Irlande sublimée, pas une Irlande inventée. Les prisons, les grèves de la faim, les grèves de l'hygiène, ce sont mes amis. Ceux qui ont été nus sous des couvertures, dans leurs excréments, pendant quatre ans, j'ai parlé avec eux, je les ai vus vivre après, manger, tournés contre le mur parce qu'ils trouvaient que le cul comme la bouche c'était obscène. Ils n'imaginaient pas manger en public. Ils trouvaient cela sale, après dix-sept ou dix-huit ou dix-neuf ans d'isolement absolu. Le journaliste que j'étais avait la matière, non pas pour faire du journalisme, mais pour emmener la personne dans la prison. Tout ce que je décris, les humiliations, les cris, etc., ce sont des choses que mes amis ont vécues. Tyrone Meehan est une construction de beaucoup de gens, de beaucoup de douleur, de beaucoup de combats. Tout est absolument exact mais je ne pensais pas l'écrire. Je me suis mis à l'écrire parce qu'il me manquait. J'en étais resté au trahi et à son désarroi et moi, ce que je voulais, après avoir parlé avec ces gens, beaucoup de gens qui me disaient "Mais il vous aimait, c'était un copain, mais quand même il vous aimait" et d'autres qui le jugeaient, j'ai eu envie après avoir dit aux lecteurs  j'aimerais que vous partagiez mon désarroi, j'ai eu envie de leur dire, maintenant, je voudrais que vous trahissiez avec moi.
Et vous nous emmenez trahir.
Pour moi, ce qui était important, c'était de montrer comment on peut devenir un traître. On ne naît pas traître, on ne naît pas héros, on ne naît pas lâche et Tyrone Meehan. D'autres de mes amis ont, eux, avoué tout de suite qu'ils avaient été approchés par les Britanniques. Le piège mis en place est un piège que les Britanniques ont fait. Je voulais en finir avec les questions "Mais pourquoi il a fait ça ?", "Tu crois que ?" Je me suis dit: chut, on va le laisser parler. Je lui prête ma voix, je lui prête mon traître.
Je ne sais pas comment Denis était dans les pubs, avec les gens qui l'applaudissaient "Hi Denis, Hello Denis", qui l'embrassaient. Lui, dans quel état de solitude il était! Tous ces gens qu'il aime, il les trahit à chaque seconde, à chaque minute. Il est l'ennemi. Quand tout le monde se lève pour chanter l'hymne national irlandais et que des vieux se penchent vers lui, se tournent vers lui dans la salle en faisant bravo, l'homme qu'ils saluent est l'ennemi. C'est monstrueux. Denis ne m'a pas dit ce qu'il ressentait, il est mort avant. En tout cas, moi, mon traître à moi, dans mon ventre à moi, je l'ai mis dans ces situations-là. Je l'ai mis dans ce pub. Je l'ai mis avec ces gens-là. Je l'ai mis marcher dans les rues. Je l'ai mis dans la solitude. Je l'ai mis dans les silences. Je l'ai mis dans les mensonges. Pour parler de mon traître, j'ai écouté le mien et c'est cela qui a été le plus difficile. J'avais écrit "Mon traître" pour qu'il devienne le tombeau de ma rancœur et, en fait, "Retour à Killybegs" est le tombeau de mon ami.


"Mon traître" ou le vertige infini dû à une trahison


Un homme blessé se raconte dans "Mon traître", le troisième roman, irlandais, de Sorj Chalandon, tout simplement bouleversant (texte écrit en 2008).

"J'avais toujours dit que je n'écrirais jamais de livre sur l'Irlande", raconte, Claddagh ring (la bague nationale) dorée au doigt, Sorj Chalandon, auteur de "Mon traître"… qui s'y déroule. Un roman vertigineux sur la trahison, d'une beauté et d'une force qui touchent le cœur et l'âme. Un roman qui appartient à ce que la littérature fait de mieux: une histoire et une écriture pour la raconter.

L'ancien journaliste de "Libération" – il a quitté le journal il y a un an, en même temps que Serge July – connaît bien l'Irlande: depuis les années 70, il a couvert le conflit pour son journal, y séjournant plusieurs mois par an. Depuis, il aime ce pays autant que la France. "Je trouve horrible, obscène, que des journalistes fictionnalisent un fait d"actualité", poursuit-il. "Pour moi, le journalisme, ce sont les faits, l'actualité. Ils méritent mieux qu'un roman: la rigueur, la lumière crue de la vérité."

Cela, c'était avant que la vie ne lui joue un sale tour."Je ne savais pas alors", continue-t-il, "qu'autour de moi, il y avait quelqu'un qui m'obligerait à écrire ce livre." A le lire, on devine que "Mon traître" est autobiographique, que l'Antoine du roman doit être un double littéraire de l'auteur. Pour peu qu'on ne soit pas spécialiste de l'histoire irlandaise, on va être surpris. Et fort. "Cette personne s'appelait Denis Donaldson – c'’est le Tyrone Meehan du livre", reprend Sorj Chalandon. "Cela faisait vingt-cinq ans qu'on était copains, puis très proches, puis amis. Denis était un soldat de l'IRA. Il avait fait de la prison avec Bobby Sands, le gréviste de la faim. Il était un de mes contacts à Belfast dans le camp républicain. C'est lui qui m'a expliqué comment fonctionne l'Irlande, les partis, l'engagement, le mot d'ordre “le fusil dans une main, le bulletin de vote dans l'autre”. C'est l'homme qui m'a toujours remis dans le droit chemin de “pourquoi on fait cela”, pourquoi cette guerre est juste."

Un long préambule avant le coup d’assommoir: "Le 3 décembre 2005, je vois pour la dernière fois Denis Donaldson à Belfast. Il était plus tendu que d'habitude. Il paraissait triste. Au départ, il me prend par les épaules et me dit: “I love you, Sorj.” Je lui réponds: “Mais, moi aussi, je t'aime, allez, arrête.” Il me redit: “No, really, I love you” et il s'en va". Treize jours plus tard, Sorj Chalandon est dans un aéroport parisien, prêt à partir en vacances au Sénégal. Son portable sonne. C'est la correspondante de "Libération" à Londres: "Sorj, juste un mot: Denis Donaldson, c'est ton copain?" Il se dit : "Ils l'ont tué." Elle reprend: "Non Sorj, ils ne l'ont pas tué, c'était un traître, il vient de l'avouer."

On imagine le séisme qui secoue l'homme, le vertige qui l'envahit. "Je suis parti. J'ai loué une chambre d'hôtel dont je ne suis pas sorti. Je n'ai pas vu le jour. Et j'ai revisité vingt-cinq ans d'amitié, de serments, de confidences, de fraternité sans faille, de peurs communes, de douleurs communes, d'espoirs communs, de rires, de formidable humour, de vie." Seule issue à ce tournis, à cette douleur, à cette tache, à ce poison: écrire, sortir cela de lui. Soit en journaliste, par une enquête. Mais ce n'est pas le journaliste qui a été trahi, "le journaliste a eu ce qu'il voulait, Denis été un formidable informateur", c'est l'homme. Reste l'autre voie, celle de la fiction. "Je voulais faire ce roman pour m'éloigner de Denis, pour m'éloigner de moi, et pour regarder bouger ces deux personnages: comment ils entrent en amitié, en respect."

Chalandon le reconnaît, l'écriture du roman a été hésitante jusqu'à la mort de Denis Donaldson, le 4 février 2006, de deux décharges de chevrotine. "Du jour où il est mort, j'ai repris l'écriture", explique l’auteur, "en sachant que je ne pourrais plus jamais le voir." Mais dans le livre, il envoie son Antoine rencontrer Tyrone Meehan. En fait le porte-parole de ses propres questions. Lui fait dire: "Et alors? Pas la guerre, pas l'Irlande, mais nous deux? C'était quoi nous deux?" Un cri, une plainte restés sans réponse dans la réalité comme dans le roman.

Emotionnellement chargé mais d'une lecture aisée, "Mon traître" est de la race des romans qui font avancer. Antoine, le luthier parisien découvre l'Irlande et ses conflits de l'intérieur. Comme l'auteur l'a fait. Il tombe en amour avec ce pays, avec ses habitants, aspirant à la paix mais vivant en guerre, ses modes de vie. Il nous entraîne à sa suite dans cette quête vertigineuse d'une vérité introuvable. Chalandon a une écriture déliée qui révèle, au plus profond, les âmes, blanches ou noires.




jeudi 27 octobre 2011

LC xclame "Bravo Sorj Chalandon"

Ce jeudi 27 octobre marque l'ouverture de la saison des prix littéraires, après certes quelques galops d'échauffement.
C'est l'Académie française qui a ouvert le bal, comme souvent, avec le Grand Prix du roman.
Elle vient de le décerner à Sorj Chalandon pour "Retour à Killybegs", le cinquième et très beau roman de l'ancien journaliste de "Libération", aujourd'hui au "Canard enchaîné", un livre paru comme tous les précedents chez Grasset.

Bon, tous les académiciens n'étaient pas présents sous la Coupole en ce jeudi ensoleillé, loin de là. On se rappellera que quatre des quarante fauteuils ont perdu récemment leurs occupants.
Mais le vote des présents a été sans ambiguïté.
Sorj Chalandon est passé haut la main au premier tour, par  treize voix, contre quatre  à Laurence Cossé, auteur du roman "Les amandes amères" (Gallimard),  et deux à Jean Rolin qui a écrit "Le ravissement de Britney Spears" (P.O.L.). Un vote blanc a également été comptabilisé.

Demain, ici même, un entretien avec le lauréat.




lundi 24 octobre 2011

LD couvre le pyjamarama pour de vrai

Le voilà enfin en librairie, le "New York en pyjamarama" de Michaël Leblond et Frédérique Bertrand, premier titre à paraître au Rouergue Jeunesse, nouvelle formule. L'album a recours à la technique ancienne d'animation dite de l'ombro-cinéma, c'est-à-dire qu'une grille transparente lignée passée sur les images leur donne vie et mouvement.

Merveille de la 2D!


Et l'album répond largement aux attentes, sur le fond comme sur la forme.
On y visite New York bien entendu, en pyjama c'est évident.

Le petit héros en costume de nuit rayé s'apprête à dormir.


Un thème cher à l'illustratrice:
Frédérique Bertrand
a publié "Ding dang dong!"
chez MeMo fin 2009.







 
Il s'endort et il rêve.


Et c'est là que la magie de la technique se déploie: en déplaçant une grille de rhodoïd (plastique transparent) rayé sur les images, ces dernières s’animent.
Les voitures filent sur les autoroutes.
Les piétons arpentent les rues.
Les roues des autos tournent à toute vitesse.











Dans les magasins, le shopping bat son plein.
Devant la salle de spectacle, la file des spectateurs serpente allégrement.
Et les lumières de la grande ville américaine éclatent de tous les côtés.

Plein d'autres images font briller les yeux et font naître des étoiles dans la tête.





C'est un petit peu compliqué à expliquer mais Youtube nous vient en aide:
http://www.youtube.com/watch?v=5SWVRBFQ3RM



 
Cette visite de New York la nuit rappelle bien évidemment celle de Little Nemo, de Winsor MacCay, qui y rêvait déjà en 1911, et qui, soit dit en passant, a inspiré différents artistes, de Maurice Sendak ("Cuisine de nuit") à Yvan Pommaux.("Tout est calme!"), en passant par Henri Galeron ("Moka, Mollie, Max et moi ").







 

vendredi 21 octobre 2011

LM prendre le thé à l'hôtel Adlon de Berlin

en compagnie de
Douglas Kennedy.



Et qu'il lui explique comment et pourquoi
il a écrit "Cet instant-là",
son dixième roman
qui se déroule à Berlin
et dont la traduction française vient de paraître chez Belfond.





"Cet instant-là", c'est un beau grand roman d'amour tragique, entre manipulations et trahisons, une splendide reconstitution historique de l'époque de la Guerre froide, révolue depuis moins de 25 ans, et un suspense plein de rebondissements remarquablement orchestré. C'est évidemment une réflexion sur la recherche du bonheur et une interrogation sur ce qui motive des choix intimes impliquant des conséquences sur toute une vie. C'est surtout un livre passionnant, digne du qualificatif de "page turner" dans ce qu'il a de meilleur.

Tout commence quand Thomas Nesbitt, écrivain, reçoit chez lui, dans le Maine, deux lettres.
La première est une demande en divorce.
La seconde est un colis venant d'Allemagne, composé de cahiers et de lettres, adressé à lui via sa maison d'édition américaine, par un certain Johannes Dussman.
Voilà le personnage principal obligé de plonger dans son passé et de régler ses comptes.
Car il est allé à Berlin en 1984, quand, jeune écrivain se destinant aux récits de voyages, après un premier livre sur l'Egypte, il envisageait d'écrire sur la ville coupée par le Mur.
Il avait fait plein de rencontres. Celle de Petra Dussmann, une traductrice que l'Allemagne de l'Est a expulsée à l'Ouest, qui deviendra son grand amour dès l'instant où il la voit. Celle d'Alistair Fitzsimmons-Ross, un peintre homosexuel à qui il louera une chambre. Celle du personnel de Radio Liberty, qui diffuse la bonne parole américaine. Celle de différents membres de services secrets...

A cette époque, Berlin est coupée en deux. L'écrivain de 25 ans le fait très bien percevoir quand il raconte ses excursions à l'Est grâce à son "visa de Cendrillon": libre circulation durant une journée mais retour obligatoire avant minuit.

C'est un Berlin presque oublié qui jaillit  des pages de Douglas Kennedy, d'autant plus crédible que l'écrivain américain s'y est établi un nouveau pied-à-terre il y a déjà trois ans. Il habite dans le quartier de Mitte, dans l'ancien Berlin-Est, magnifiquement restauré aujourd'hui, là où tous les nouveaux arrivants s'installent.
Pour peu qu'on connaisse la ville, on circule dans Berlin pour de vrai en lisant "Cet instant-là".

Pour évoquer ce couple pris dans la tourmente de l'Histoire, nous avons pris le thé avec Douglas Kennedy, dans le très sélect Hôtel Adlon.
 
Qu’est-ce qui est romancé et qu’est-ce qui est autobiographique peut-être dans ce nouveau livre ?
Il n’y a pas de Petra dans ma vie, il n’y a pas d’Alistair. En même temps, c’est un livre très personnel.
 Mais il y a un Thomas Nesbitt ?
Ce n’est pas directement autobiographique sauf la scène du début, dans l'appartement, avec les parents. Quand enfant, il fuit et goûte la liberté pour la première fois. Il se réfugie dans la pharmacie avec son livre et son coca. Et puis il revient. Sa mère a commencé à écrire un livre dont il lit une page et elle le frappe. Cela vient de ma vie. En même temps, j’ai changé des choses. J’avais deux frères cadets. Nous étions tous ensemble dans le même appart à Manhattan. On n’avait pas beaucoup d’argent. C’était la classe moyenne.
Mais il y a des ressemblances entre vous et Thomas?
Je vis dans le Maine comme Thomas. Je suis divorcé comme Thomas. J’ai la cinquantaine comme Thomas. Mais j’ai deux enfants. En dehors de cela, j’ai utilisé le fait que Thomas est passionné de récits de voyage et que le premier sujet qu’il a traité est l’Egypte, comme moi ! En dehors de cela, j’ai tout inventé. Je déteste l’autofiction parce qu’il n’y a pas de distance. Mais j’ai décidé d’utiliser certains aspects personnels dans ce livre.
La fin est bouleversante.
Il y a une question primordiale dans ce livre : si on regarde sa vie intime, que voit-on ? Beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses faibles, tristes, mais on voit une réflexion de sa propre vie. J’ai commencé à réfléchir à cela lors de mon divorce. J’ai commencé à écrire ce roman après trois-quatre mois de lutte avec mon ex-femme qui avait entamé le processus. A un moment, j’ai décidé: ok, c’est cuit. Tu veux un divorce ? Tu auras un divorce. C’est foutu. Le lendemain - j’étais à Montréal, j’ai passé une nuit blanche et j’ai commencé à écrire le livre. Le divorce a encore duré huit mois. L’écriture a duré deux ans.
Ce roman a-t-il été écrit comme à votre habitude ? Vingt pages par jour et les coupes ensuite ?
Ça dépend. Avec "Quitter le monde", c’était deux ans. Avec "La poursuite", c’était dix-huit mois. "La femme du Ve", c’était cinq mois mais c’était cauchemardesque.
Le roman est devenu mon équilibre, mon refuge, et aussi une discipline primordiale. Parce que c’est impossible de contrôler des événements en dehors de la vie, en dehors de moi. Mais on peut contrôler la fiction. Dans ce livre, il y a des thèmes omniprésents : comment et pourquoi on tombe amoureux, comment et pourquoi on évite le bonheur.
 Et aussi qui est-on sous l’apparence qu’on donne ?
Oui mais c’est un thème omniprésent dans tous mes livres.
 Et aussi pourquoi on trahit ? La trahison n’est pas toujours aussi simple qu’elle en a l’air. Il peut y avoir des choses en-dessous.
La plus grande trahison, c’est contre soi-même. C’est la tragédie centrale de ce livre. Et peut-être le fait qu’à cause de ses ombres, de sa société et d'un système paranoïaque, Petra est complètement amoureuse de Thomas. Mais elle n’a pas confiance en lui, et ça, c’est la tragédie. Pour Thomas, c’est à cause de son enfance et de beaucoup de choses. Le fait qu’il lutte avec lui-même tout le temps, le fait qu’il a découvert qu’elle l’a trompé. Mais il n’a pas posé la question : pourquoi ? explique-moi!
Chacun est le résultat de son éducation aussi, non ?
Tout à fait. On répète les faiblesses et les blessures de l’enfance pendant toute sa vie.
Comment est né le personnage de Petra ? Avec ses couches multiples ? Quand on la rencontre dans le roman, on ne se doute pas de ce qui va arriver.
Il y a des surprises énormes dans le roman. On n’a aucune idée des vérités que le mec de la CIA va révéler mais en même temps, on comprend qu'il y a une histoire derrière l’histoire.Pour Thomas, quand il lit le journal intime de Petra, c’est horrible. A la fin aussi, il y a plusieurs révélations aussi Quand j’ai commencé à construire le personnage de Petra, j’ai toujours eu l’idée de quelqu’un qui a un secret, ou qu’elle est gênée de montrer certaines choses à Thomas. Et puis on va découvrir ce qu'elle cache. Je suis très fier ce roman qui est comme des poupées russes. On en ouvre une, on en trouve une autre.Mais j’adore Petra. On a beaucoup d’empathie pour elle. En même temps, elle n’a pas confiance.
Ce qui est aussi glaçant dans votre roman, c’est la force des services secrets. 
J’ai écrit un roman historique avec un couple au milieu des forces historiques. Comme Primo Levi l’a dit, on ne peut pas comprendre la mort de huit millions de Juifs, mais on peut comprendre Anne Frank
C’est pour cela que le livre se passe à Berlin ?
Oui. Quand j’ai vécu en Allemagne et que j’ai visité Berlin en 1983, pendant la Guerre froide, c’était passionnant parce que c’était une ville divisée. J’ai commencé par réfléchir à cette histoire, j’ai pensé aussi au fait que dans le récit, tout le monde est divisé.
Le choix de Berlin divisée est-il en rapport avec votre divorce ?
Tout à fait. Je pense que psychologiquement le roman est très complexe. On se dit: OK voici le trajet. Et puis non. On pense d’abord comme Thomas: "Oh mon Dieu, cet agent de la Stasi, quelle horreur!". Et puis on trouve une histoire en parallèle. Quand j'écris un roman, je pense tout le temps aux motivations psychologiques. Et aussi au fait que, derrière toutes les grandes décisions humaines, il y a cinq choses, dont trois sont subconscientes. On prend des décisions immenses dans la vie sans réflexion. J’ai fait ça. J’y ai réfléchi après mon divorce. Pourquoi avais-je choisi cette femme ? Pourquoi elle m’avait choisi ? On a su dès le début qu’il y avait des choses très problématiques. Mais c’est humain. La  plupart des vies sont comme ça. C’est comme Kierkegaard a dit : "Il faut vivre au présent, il faut comprendre le passé".
 Où étiez-vous en novembre 1989 quand le Mur est tombé ?
J’étais chez moi, à Londres. C’était trois ans avant la naissance de mon fils. Il est né en 1992 et j’ai vécu dans un très petit appart. On a déménagé de Dublin en 1988, on n’avait pas d’argent, j’avais terminé « Au pays de Dieu ». Je suis revenu à Berlin six mois après la chute du Mur. Mais je me souviens très bien du mois de novembre. J’ai vu des reportages à la télé et j’ai commencé à pleurer. J’étais bouleversé! C’était extraordinaire. Je me souviens que six mois avant, lors d’un dîner à Londres, l’idée d’une Allemagne unifiée paraissait impossible. J’avais tort.
Ce livre s’est-il construit comme les autres, à l’écriture ?
Je commence toujours avec le premier mot et je termine avec le dernier. Je n’écris pas de sections. Cela me serait impossible. Je découvre au fur et à mesure. J’ai le début, j’ai le problème central quand je commence un roman et j’ai deux-trois idées de fin. J’ai une scène en tête au début du roman. C'était celle où Thomas est à Berlin avec Johannes. Il voit le bureau de Petra. Il y voit tous ses livres, traduits, et il pleure. J’avais cette idée au début du roman. Mais le reste, je l’ai inventé pendant l’écriture. C’est ma méthode.
Est-ce que comme il est écrit dans le livre, la malédiction de l’écrivain est d’être seul ?
C’est toujours la vérité et en même temps c’est l’inverse. C’est la malédiction et aussi le plaisir. J’ai fait une conférence il y a deux ans à l’université d’Avignon. Quelqu’un m’a demandé : "comment devenir Douglas Kennedy ?" J’ai ri et j’ai répondu :  aimez-vous la solitude parce que la solitude est mon voisin ? voulez-vous lutter avec beaucoup de déceptions ? et avez-vous vingt ans ? Parce que, honnêtement, l’écriture est un art et un métier. Il faut écrire, tout simplement,, et  continuer à s'améliorer. J’espère que si on regarde maintenant mon travail, treize livres, ce n'est pas le même roman tout le temps. Il y a des thèmes semblables. C’est normal. Mais j’ai changé de style à chaque roman.J’ai beaucoup changé dans ma vie. Du moins, je l’espère. Sinon on a une vie statique. Sinon, on n’apprend rien. La fin du livre est triste, assez mélancolique. Mais elle a aussi un aspect dynamique. Comme si je disais: il faut continuer. A la fin, la fille de Thomas Nesbitt reproduit les mêmes erreurs qu’il a faites.Mais on ne peut pas vivre à la place de ses enfants. Maintenant il sait que c’est ça la vie et la condition humaine. Je répète souvent qu'il faut vivre avec des espérances. Autrement quel est le but ?
 Comment vous viennent les noms des personnages ?
Quand j’ai étudié à l’université de Dublin, il y avait beaucoup d’aristos comme Alistair.Comme je veux  écrire contre les clichés, j'ai fait d'Alistair un accro à l’héroïne et un homosexuel. Il est un peu louche et en même temps, il est très discipliné, très talentueux. J’adore Alistair. Tout le monde l'adore. Aussi parce qu'il comprend ce qui se passe, il voit la vérité de la situation. Il a dit à Thomas: "tu as gâché sa vie, tu as ruiné sa vie". C'est la vérité.
Et Thomas Nesbitt, cela sonne bien.
Mon père s’appelle Thomas.
Où est le bonheur?
Une des choses les plus importantes de ce roman, c’est l’idée que la vie intime est une grande réflexion de tout chez soi. Si on cherche tout le temps le bonheur, on cherche tout le temps l’idée qu’il y a quelqu’un désigné pour vous. La vérité c’est à 99% du temps autre chose. Mais on lutte tout le temps avec cela. C’est le rêve humain.J’ai commencé à réfléchir à beaucoup de choses pendant et après mon divorce, à propos de ce mariage, des enfants.  Je n’ai pas fait face à des choses évidentes au début. Et voilà.Parce qu’on ne nous apprend pas à dire non. Et aussi parce que c’est rare un mariage de trente ou quarante ans. Mais je suis sûr que sous le vernis, il y a beaucoup de luttes, beaucoup de problèmes.C’est la condition humaine. C’est le rêve impossible.Peut-être parce qu’on veut avoir beaucoup ou tout.En même temps, il faut continuer à rêver. Et ça, c’est la chose la plus importante.










jeudi 20 octobre 2011

LA aussi un Dahlia en rayon

C'est celui de Barbara McClintock, paru chez Circonflexe en 2003.

"Dahlia",  est un album un peu désuet avec ses illustrations imitant la gravure, sur le thème du jeu. Charlotte reçoit en cadeau une poupée, habillée de dentelle et de soie.














Elle laissera au bébé Sarkozy le temps de grandir avant de passer
au "Dahlia" de Hitonari Tsuji (Seuil),
au "Dahlia noir" de James Ellroy (Rivages),
au "Dahlia rouge" de Lynda La Plante (Masque)
ou encore au "Dahlia bleu" de Nora Roberts (J'ai lu).






LM pas trop Dahlia comme prénom

Elle lui préfère celui de "Chrysanthème" qui donne son titre à un très bel album de l’Américain  Kevin Henkes, traduit en français chez Kaléidoscope en 1992, repris ensuite en Folio junior,  et sans doute à ce jour hélas épuisé.

C'est d'autant plus dommage que Henkes a un talent fou pour s'emparer des soucis de l'enfance (un nouveau bébé, l'entrée à l'école, etc) et en faire des albums pleins d'humour et de tendresse.



"Chrysanthème", c'est l'histoire d'un bébé parfait, à qui ses parents souris ont donné un prénom parfait, celui de Chrysanthème.

Tout va pour le mieux dans le joli monde des souris, jusqu'au jour où la petite entre à l'école.

Là, c'est le désastre. A l'appel, tous les élèves se moquent du prénom de notre héroïne: il est tellement long, c'est un nom de fleur, il tient à peine sur un badge, etc.
Chrysanthème se laisse toutefois consoler par ses parents le premier soir et puis elle s'écroule devant de nouvelles moqueries. Elle se fane.

Les encouragements de ses parents n'y font plus rien. Le salut de Chrysanthème viendra de sa professeur de musique, Madame Scintillante, fascinante, attentive et sensible.

 
L'air de rien, elle amène les enfants à s'interroger sur leurs préjugés. Et bien enceinte comme elle est, Delphinium Scintillante confie à la petite assemblée que si son bébé est une fille, elle pense l'appeler Chrysanthème.
Une histoire fine, tendre et drôle et un excellent rapport texte-images.

lundi 17 octobre 2011

LA dore Gaston Lagaffe

De tout temps.
A croire qu'elle est née ainsi.
Petite, elle hantait les couloirs de la Foire du livre de Bruxelles, la FLB, alors installée à la Tour Rogier.
Et elle en a ramené deux dédicaces de Franquin.
En voici une





Et pour ceux que ça intéresse, sans vouloir faire de publicité,
le très bel ensemble d'albums que le journal "Le Soir" publie en ce moment
(diffusion en kiosque ou à l'accueil, 100 rue Royale).

dimanche 16 octobre 2011

LM trop le monstre du nouveau Ponti

Il ne faut plus attendre qu'une quinzaine de jours pour que le nouvel album de Claude Ponti soit en librairie, le 27 octobre exactement.




"Mô-Namour" (L'école des loisirs) revient à une forme d'album plus classique après les explorations de la famille que sont les précédents
"Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer"
et "Sœurs et frères" (même éditeur).

 











Dans "Mô-Namour", Claude Ponti  parle d'amour bien entendu, mais aussi de la charge que ce qui est appelé amour peut représenter.

Mais chut, on n'en dira pas plus avant que l'album soit disponible.

Pour patienter, un petit cadeau!
Une image du monstre qui apparaît dans "Mô-Namour".
Fameux le monstre!
Plein de têtes, de dents, d'yeux, de pattes.
A la hauteur de ce qu'il représente.


samedi 15 octobre 2011

LM la bibliothèque idéale de Mazarine Pingeot


Mazarine Pingeot était de passage à Bruxelles, pour présenter son nouveau roman, "Pour mémoire" (Julliard). 
 

 Un livre dense où un petit garçon de 7 ans se charge de tous les malheurs de la Shoah. Comment vivre quand l'homme est capable de telles atrocités. Le petit se punit, se prive, veut éprouver la faim. Il grandit, de plus en plus intransigeant avec lui-même. C'est un beau roman sur la transmission de la mémoire et sur la manière de transmettre cette mémoire.







Le personnage principal a "La Nausée" comme livre de chevet.
Et Mazarine Pingeot, a-t-elle un livre de chevet?
Je n’ai pas vraiment de livre de chevet parce que j’ai du mal à relire tellement il y a des livres que je n’ai pas lus. J’ai toujours quelque chose de nouveau à lire. Je n’ai pas vraiment de livre de chevet sur lequel je reviens sans cesse mais j’ai une bibliothèque idéale. Des livres qui, pour moi, sont fondateurs. Les grands livres de l’adolescence, Dostoïevski, Stendhal... Aujourd’hui, dans les auteurs contemporains, il y a par exemple Aaron Appelfeld, sublime, que j’adore. Il y a un livre de Christa Wolf, que j’aime énormément, "Trame d’enfance". Il y  a "Le temps où nous chantions" de Richard Powers, un de mes plus grands livres des dix dernières années, qui est formidable. J’ai une bibliothèque idéale mais j’aime bien voir des classiques que je n’ai pas lus.






mercredi 5 octobre 2011

LC où on voit le maçon

Au pied du mur bien sûr!

Et donc, Olivier Douzou qui a repris la fonction de directeur artistique et éditeur jeunesse au Rouergue le 1er janvier de cette année voit ses premiers ouvrages arriver prochainement en librairie.

Il a aussi un nouveau logo pour la maison d'édition.
Avec les deux "R" de Rouergue qui roulent.











Les premiers titres qu'il édite sont annoncés en librairie le 2 novembre, pile le jour où sont décernés les prix Goncourt et Renaudot. Si c'est pas chic!


Ce sont les albums "Boucle d'or et les trois ours" par lui-même, un conte pour apprendre à compter









et "Le petit bonhomme pané" par lui et Frédérique Bertrand, où un petit bonhomme sans âge rêve d'anniversaire.










Trois romans pour ados complèteront la première livraison.





Par la suite, on retrouvera les auteurs et les illustrateurs chers à Douzou, à savoir Christian Voltz, Frédérique Bertrand, José Parrondo, Anouk Ricard, Natali Fortier, Gaëtan Dorémus, Michel Galvin, Bruno Heitz, Juliette Binet et bien d'autres encore.
La Douzou dream team est de retour! Qu'on se le dise.
Dix ans qu'on l'attendait.