La
San Jordi, du nom du saint patron des libraires en Catalogne, se fête le 23 avril selon le calendrier. Aujourd'hui. Elle est l'occasion de rappeler l'importance de toutes les mailles de la chaîne du livre, auteurs, éditeurs, libraires, lecteurs. L'évènement est même devenu, sous l'égide de l'Unesco, la "Journée mondiale du livre et du droit d'auteur".
En
Belgique, comme en France d'ailleurs, la librairie indépendante sera également à la fête pour cette bonne cause et pour la seizième fois, avec le joli slogan "Un livre, une rose". Ce sera le
samedi 26 avril.
Ce jour-là, trente
libraires belges indépendants remettront
gratuitement aux amateurs et acheteurs de littérature une rose et... un livre illustré édité spécialement pour l'occasion.
"Un livre peut en cacher un autre" est un abécédaire collectif, illustré par 26 lettrines originales de Christian Lacroix, à l'initiative de l'asbl Verbes.
Particularité de cet élégant ouvrage:
vingt-trois auteurs contemporains y
écrivent sur vingt-six auteurs issus du fonds. Cela donne des
associations intéressantes, comme le Dr Louis-Ferdinand Destouches, dit
"Céline", par Patrick Declerck, Jack Kerouac par Maylis de Kerangal,
Yoko Ogawa par Véronique Ovaldé ou Stefan Zweig par Valérie Zenatti.
Mais Victor Hugo se suffit à lui-même
... Chaque fois,
Christian
Lacroix apporte son sens du dessin et du trait à ces lettres qui
réunissent des paires d'auteurs selon l'initiale de leurs noms de
famille. Un livre peut donc bien en cacher un autre, ou un auteur en
cacher un autre.
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La lettrine de Christian Lacroix pour le W réunissant Virginia Woolf et Cécile Wasjbrot. |
"Par ce geste [de fête]", signale une libraire,
"nous affirmons aussi notre envie furieuse de rester là, dans nos librairies, auprès de nos lecteurs, à continuer ce que nous faisons le mieux: les aider à trouver l’ouvrage qui leur convient."
Si "
Fête de la Librairie par les libraires indépendants" il y a cette année - et heureusement -, la rose porte cependant des
épines.
"Pour nous libraires", poursuit notre interlocutrice,
"chaque jour
qui passe dans la place est un véritable miracle. Comme tous les autres petits
commerçants, nous devons lutter contre l’adversité économique. À cela s’ajoute
la concurrence effrénée des sites en ligne et de la tabelle (majoration des
prix par certains diffuseurs en Belgique). Et pourtant, sans librairies
indépendantes pour les défendre, ce sont certains éditeurs et des auteurs moins
en vue qui sont aussi directement menacés de disparition. Eh oui, cela fait
partie de notre nature de vous dégoter des pépites dans l’abondante production
littéraire."
Quel est l'état des
librairies indépendantes dans notre joli royaume? A Bruxelles,
Libris Louise a fermé ses portes pour les rouvrir actuellement.
La Licorne se défend comme une diablesse pour ne pas couler. Elle n'est pas la seule. Sur le site du
Syndicat des libraires francophones de Belgique, deux enseignes notoires sont signalées "A REMETTRE".
On sait
ce qui fait du mal aux librairies indépendantes. La
tabelle en premier lieu, problème non réglé depuis le passage du franc belge à l'euro. Oui, le 1
er janvier 2002. Soit il y a plus de douze ans. C'est d'autant plus important que 70 % des livres achetés en Belgique proviennent de France.
Pire que le mythe de Sisyphe, cette fameuse tabelle qui ne connaît pas l’euro franco-belge. Elle paraît impossible à liquider malgré l’apparente facilité de l’opération.
La tabelle est un héritage des anciens taux de change appliqués dans la distribution des livres. Avant l’euro. A l’époque, on comptait 6,8 francs belges pour un franc français. Cette équivalence incluait les taux de change et les frais de transport – même si la Belgique a toujours été plus proche de Paris que certains coins du sud de l’Hexagone. Mais bon.
A l’arrivée de l’euro, on a cru que les livres français seraient vendus partout au prix indiqué en quatrième de couverture. C’était oublier, en Belgique, les distributeurs qui se situent dans la chaîne du livre entre l’éditeur et le libraire. Quoi? Délaisser cette aubaine? Il n’en était pas question. Et ceci explique la présence sur certains ouvrages d’étiquettes mentionnant un prix en euros belges plus important que l’original en euros français. Entre 10 et 30 % d’augmentation selon les maisons d’édition. Ce qui est lourd pour le portefeuille du candidat acheteur. Certains préfèrent filer de l’autre côté de la frontière acheter leurs livres, là où existe, depuis plus de trente ans, la loi sur le prix unique du livre. D'autres n'hésitent pas à s'approvisionner chez Amazon. De plus en plus souvent même, après être venus se renseigner dans une vraie librairie.
Il y a eu bien eu une tentative de contourner cette manœuvre: en permettant aux libraires belges de s’approvisionner directement chez les éditeurs français. Dans ce cas, le prix imprimé est celui qui est pratiqué en librairie. Mais cela ne concerne pas toutes les publications, certaines maisons françaises imposant de passer par leur distributeur belge, celui qui facture la tabelle. C’est le cas pour Hachette et ses filiales, Grasset, Fayard, etc., via Dilibel. C’est le cas de Robert Laffont et les siennes, via Interforum. Là, c’est cher mais c’est simple.
Où les choses se compliquent encore, c’est quand un libraire de petite taille ne veut pas commander en France alors que l’éditeur le lui permet. Il s’adresse alors à un distributeur belge et vendra le livre plus cher que certains de ses collègues. Exemple : Actes Sud permet la vente directe depuis la France mais est aussi distribué par la Caravelle qui facture les livres plus cher.
Et comme rien n’est simple dans notre pays, à cause notamment d’absence de loi sur le prix unique du livre, on peut aussi vendre de nouveaux livres à prix très diminués. Ce que font chaînes de librairie ou grandes surfaces, qu’elles soient culturelles ou pas, lors de l’apparition sur le marché de best-sellers.
Les diverses petites tentatives de légiférer chez nous n’ont jamais abouti. Les grands perdants de l’affaire sont les lecteurs et les libraires indépendants. Plus loin, les auteurs et les petits éditeurs.
Deuxième épine: le label de
"libraire de qualité". Oui. Car celui qui est actif aujourd'hui n'est plus tout à fait celui qui a été mis en place en octobre 2007 en Belgique (avant que la France n'embraie avec ses labels LiR). La ministre de la Culture Fadila Laanan en était tellement fière. A juste titre. Enfin, un réseau de libraires professionnels était reconnu, soutenu, honoré. Et derrière lui, le livre de qualité célébré.
Douze critères étaient alors établis. C'est un peu fastidieux à lire mais il faut le faire pour comprendre ce qui existe aujourd'hui.
Critères opérationnels en 2007 de prise en considération des libraires de qualité
1. Critère du début d'activité
Les librairies candidates au label de qualité doivent être en activité depuis au moins un exercice comptable accompli.
2. Critère de l'accessibilité
Les librairies doivent se situer dans un local aisément accessible au grand public et doivent être ouvertes au moins cinq jours sur sept à raison de minimum 35 heures par semaine.
3. Critère de la primauté de l'activité livre
Le chiffre d'affaires net livre de l'exercice comptable de l'exploitation précédant le moment de la demande d'admission doit représenter au moins 60% du chiffre total net du point de vente.
4. Critère de la quantité minimale de livres en magasin
Les librairies doivent disposer en magasin (exposés ou en stock) d'au moins 5.000 titres en langue française ou de 1.500 titres s'il s'agit d'une librairie spécialisée.
5. Critère de l'assortiment multiéditorial et non captif
Les librairies générales doivent se fournir, sur le marché francophone, auprès de distributeurs et d'éditeurs diversifiés. Dans tous les cas, les librairies doivent avoir l'autonomie du choix de leur approvisionnement. Celui-ci ne peut être captif, c'est-à-dire déterminé par un distributeur, un grossiste, une centrale d'achat ou toute entité autre que le libraire lui-même
6. Critère du ratio fonds/nouveauté
Au moins 25% des titres en magasin, hors collections de réédition au format de poche, doivent être des ouvrages de fonds, c'est-à-dire parus chez l'éditeur depuis un an et plus.
7. Critère éthique
La librairie ne peut proposer en rayons des livres qui ne respectent pas les principes de la démocratie tels qu'énoncés par la Convention européenne de la sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, par la Constitution, par la loi du 30 juillet 1981 tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme et la xénophobie ou par la loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation, la minimisation, la justification ou l'approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la seconde guerre mondiale.
8. Critère du quota d'auteurs belges
Au moins 200 titres d'auteurs et/ou d'illustrateurs de nationalité belge ou résidant en Belgique doivent être présents en magasin, toutes catégories de livres et toutes collections confondues.
9. Critère de la réponse à la commande à l'unité
Les librairies doivent accepter la commande à l'unité pour tout livre en langue française correspondant à leur type de magasin (librairie générale ou spécialisée) et en assurer le suivi dans le meilleur délai.
10. Critère des outils de recherche bibliographique
Les librairies doivent posséder et utiliser des outils de recherche bibliographique pour les ouvrages en langue française tels que revues professionnelles, banques de données Electre et Banque du livre.
11. Critère de la formation continuée
Les libraires doivent manifester leur intérêt pour la formation continuée de leurs dirigeants et de leur personnel, dans les domaines de la commercialisation, de la communication et de la gestion.
12. Critère de convergence
Certaines librairies établies dans de petites villes ou localités où elles constituent le seul point de vente de livres pourront être admises au label des librairies de qualité, même si elles ne satisfont pas à certains des critères énoncés, pour autant qu'elles s'engagent à se rapprocher de ceux-ci, selon des modalités à fixer au cas par cas.
L'idée fut alors jugée excellente et les
librairies labellisées se sont multipliées après 2007. A toutefois suivi en juillet 2013 la mise en application du décret du 30 avril 2009, qui en fixe les modalités.
Critères 2013 pour obtenir et conserver la reconnaissance autorisant l’utilisation du label de qualité "le libraire"
1. Critère du début d’activité
Les librairies candidates au label de qualité doivent être en activité depuis au moins deux exercices comptables accomplis.
2. Critère de l’accessibilité
Les librairies doivent se situer dans un local aisément accessible au grand public et doivent être ouvertes au moins cinq jours sur sept à raison de minimum 35 heures par semaine.
3. Critère de la primauté de l’activité liée au livre
Le chiffre d’affaires net réalisé avec la vente de livres neufs au détail doit représenter au moins 60% du chiffre total net du point de vente. Les chiffres des deux exercices comptables de l’exploitation précédant le moment de la demande d’attribution du label sont pris en compte.
4. Critère de l’offre minimale en magasin
Les librairies doivent disposer en magasin et proposer à la vente une offre diversifiées de titres (exposés ou en stock):
a) au moins 3.000 titres pour les librairies d'assortiment spécialisé, sauf dans les domaines éditoriaux "jeunesse" et "bande dessinée";
b) au moins 6.000 titres pour les librairies d'assortiment général ou pour les librairies d'assortiment spécialisé dans les domaines éditoriaux "jeunesse" et "bande dessinée" réalisant 600.000 € ou moins de chiffre d'affaires annuel hors taxe en vente de livres au détail ;
c) au moins 10.000 titres pour les librairies d'assortiment général ou pour les librairies d'assortiment spécialisé dans les domaines éditoriaux "jeunesse" et "bande dessinée" réalisant plus de 600.000 € de chiffre d'affaires annuel hors taxe en vente livres au détail.
5. Critère de l’assortiment multiéditorial et non captif
Les librairies doivent se fournir, sur le marché francophone, auprès de distributeurs et d’éditeurs diversifiés et dans tous les cas, avoir l’autonomie du choix de son approvisionnement. Celui-ci ne peut être captif, c’est-à-dire déterminé par un distributeur, un grossiste, une centrale d’achat ou toute entité autre que la librairie elle-même.
6. Critère du ratio fonds/nouveauté
Au moins 40% des titres en magasin doivent être des ouvrages de fonds, c’est-à-dire parus chez l’éditeur depuis un an et plus.
7. Critère du pourcentage du chiffre d’affaires dédié à la rétribution du personnel affecté à l’activité de librairie
Les librairies doivent affecter aux frais du personnel dédié à l’activité de vente de livres :
a) au moins 10% du chiffre d'affaires annuel réalisé avec la vente de livres si celui-ci est inferieur à 600 000 € ;
b) au moins 12,5% de leur chiffre d'affaires réalisé avec la vente de livres si celui-ci est supérieur 600 000 € ;
Ces frais comprennent les salaires et les charges sociales afférentes, ainsi que, le cas échéant, les autres éléments de rémunération du personnel.
8. Critère du quota d’auteurs belges
Au moins 200 titres (toutes catégories de livres et toutes collections confondues) d’auteurs et/ou d’illustrateurs de nationalité belge ou résidant en Belgique doivent être présents en magasin.
9. Critère de la réponse à la commande à l’unité
Les librairies doivent accepter la commande à l’unité pour tout livre en langue française correspondant à leur type de magasin (librairie générale ou spécialisée) et en assurer le suivi dans le meilleur délai.
10. Critère des outils de recherche bibliographique
Les librairies doivent posséder et utiliser des outils de recherche bibliographique pour les ouvrages en langue française tels que revues professionnelles, banques de données commerciales bibliographiques permettant les commandes.
11. Critère de la formation continuée du personnel de librairie
Les librairies doivent établir et mettre en place un programme de formation destiné à son personnel. Ce programme, au minimum annuel, prévoit des objectifs et un calendrier de réalisation. Une participation minimale de deux demi-journées par an est obligatoire.
Ces formations peuvent, entre autres, être suivies auprès de la Communauté française, du Syndicat des Libraires Francophones de Belgique (SLFB), du Partenariat interprofessionnel du Livre et de l’Edition numérique (PILEn), de l’Institut de Formation en Alternance des Petites et Moyennes Entreprises (IFAPME).
Exception de convergence
Les librairies établies dans des communes de moins de 20.000 habitants, où elles constituent le seul point de vente de livres, peuvent obtenir le label de librairie de qualité, même si elles ne peuvent satisfaire à maximum deux des critères énoncés ci-dessus et ce pour autant qu'elles s'engagent à respecter ceux-ci dans un délai raisonnable, selon un plan déposé au moment de la demande d'octroi du label.
Que
remarque-t-on?
Qu'il faut maintenant exister depuis
deux ans pour pouvoir demander le label.
Que le nombre de
titres minimum en langue française disponibles en magasin a tout simplement
doublé: 10.000 pour les librairies généralistes, 3.000 pour les librairies spécialisées. Bonjour les stocks et leurs loyers.
Qu'en ce qui concerne les
librairies jeunesse ou BD, le nombre de titres imposés en magasin ou en stock varie maintenant entre un minimum de 6.000 ou de 10.000 titres selon le chiffre d'affaires. Bingo!
Que le
ratio fonds/nouveautés a changé: il est passé de 25 à 40 %. Pour des titres parus donc depuis un an et plus.
Que l'obligation d'avoir en stock au minimum 200 titres
d’auteurs et/ou d’illustrateurs de
nationalité belge ou résidant en Belgique demeure.
Tout cela à un moment où personne n'ignore les difficultés des libraires.
Faut-il "délabelliser" ceux qui vendent désormais de la papeterie ou des jouets pour tenter de tenir le coup financièrement et, surtout, pour continuer à proposer des livres de qualité, à conseiller, démarches dans la ligne du label?
Fait-il imposer aujourd'hui de telles obligations?
Une librairie jeunesse comme Am Stram Gram, 35 ans d'âge et du meilleur cru, ne mériterait dès lors plus le label de "libraire de qualité"! "Comment est-ce possible?", vont s'écrier tous ceux qui achètent crûment leurs livres en ligne. Mais un stock pareil, autant de titres belges, quand on refuse de proposer les "Martine" autrement que sur commande, ce n'est tout simplement pas possible. Et donc non labellisable désormais. On croit rêver? Pas du tout, c'est la réalité.
Il faut aussi entendre le cri d'alarme de Deborah Damblon, de la librairie
La Licorne, à Uccle.
"Chers amis,
Vous connaissez les licornes, ce sont des animaux fantastiques, beaux, fiers et résistants. Devant l'adversité, elles se battent et tentent de ne pas courber la tête.
Hélas, parfois, les difficultés sont telles qu'elles ont besoin d'aide pour rester debout.
La situation économique générale, la crise du livre et le poids de nos frais fixes nous mettent vraiment en danger.
Comme nous disons en Belgique, l'union fait la force. Peut-être connaissez vous quelqu'un qui souhaite sous-louer une partie du magasin pour y installer un salon de thé, un espace de loisirs créatifs ou n'importe quel joli projet en accord avec la philosophie chaleureuse et familiale de notre librairie...
Quoi qu'il en soit, notre survie passe par chacun des livres que nous vendons, n'hésitez pas à encourager vos proches à le faire.
Acheter un livre dans une librairie indépendante est un choix de consommateur et un acte citoyen.
Merci de tout faire avec nous pour que la Licorne reste là.
Bien à vous.
Deborah"
Sa lettre n'est pas passée inaperçue et a obtenu de nombreux soutiens sur la toile. Il suffit d'aller visiter sa
page Facebook.
Dont ce cri du cœur de
Daniel Prinet, qui a travaillé chez Gallimard.
"Il ne faut pas que les Libraires indépendants disparaissent vous ne pourriez plus connaître ce plaisir d'aller flâner souvent et longtemps, entre les rayonnages et les tables des librairies, poser la main, humer tel ou tel livre, en faire courir les pages, imaginer l’intrigue, les protagonistes, parfois l’héroïne, avec qui, vous pourriez passer des heures sans vous lasser.
Venir dans une librairie n’est pas seulement pour cet échange de propos qui souvent se tisse avec le libraire, mais pour cet entretien muet que l’on a avec les livres. Le conciliabule invisible entre soi et tous les personnages que recèlent les histoires et qui continue bien au-delà du temps passé dans la librairie, en silence…"
La question de la survie de la librairie indépendante se pose avec d'autant plus d'acuité que débute aujourd'hui l'opération
"Je lis dans ma commune".
La treizième édition se déroule du 23 avril au 4 mai et a pour thème "Lectures en mouvement". Le vaste programme en Belgique francophone est détaillé province par province
ici.
Nouveauté 2014, ce n'est plus la firme Sodexo qui imprime les célèbres
chèques-livres associés à l'opération mais la SPRL La Librairie du Web.
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(c) Nicolas Simon. |
Il s'agit du confortable chiffre de
8.500 chèques de dix euros chacun qui ont été remis, lors d'une cérémonie à Bruxelles et d'une autre en Wallonie, aux promoteurs des projets sélectionnés par un jury indépendant au cours des précédentes semaines. A charge pour les récipiendaires de les redistribuer autour d'eux.
Mais où les
échanger? C'est là que le cœur du Syndicat des libraires francophones de Belgique a failli s'arrêter de battre. Car dans un premier temps, il n'était possible d'échanger lesdits chèques qu'auprès de l'organisme émetteur, La Librairie du Web!
Heureusement, quelques réunions plus tard, la raison semble être revenue. Il sera donc bien possible d'échanger les chèques-livres 2014 de "Je lis dans ma commune" auprès de l'ensemble des
librairies labellisées par la Fédération Wallonie Bruxelles ainsi qu'à la
Librairie du Web dont le site s'ouvre ce 23 avril.
Dernière minute du mercredi 23 avril!
Les librairies labellisées refusent de participer à "Je lis dans ma commune" 2014.
Voici le communiqué du Syndicat des Libraires francophones de Belgique.
"Le conseil d’administration du SLFB s’est réuni ce 22 avril 2014 à 19h30.
Il a décidé de rejeter la note de pré-accord proposé par l’asbl Texto et de ne pas s’engager dans un accord-cadre avec celle-ci. En conséquence, il ne proposera pas aux librairies labellisées d’accepter les chèques-livres émis par la SPRL "La librairie du web".
Ce rejet est dû au manque de confiance entre les parties.
Le fait que les chèques aient été émis par une SPRL ne garantit en rien leur remboursement aux libraires. Nous n’avons aucune garantie sur la fiabilité des chèques ni d’ailleurs sur leur nombre exact. Le système de remboursement proposé par Texto est compliqué et incertain. Les délais de remboursement sont trop longs et celui-ci est conditionné par l’obtention de subsides dont le SLFB ignore les conditions d’octroi.
Le SLFB déplore la mauvaise organisation de l’asbl Texto quant à la distribution des chèques-livres. Une société émettrice tierce et non liée commercialement aurait dû être choisie.
La seule solution acceptable pour le SLFB serait le retrait des chèques émis par La librairie du web et le remplacement de ceux-ci par des chèques émis par Sodexo ou à une société offrant le même type de service.
Le SLFB regrette cet état de fait pour les participants à "Je lis dans ma commune 2014" et est prêt à rechercher une solution pour l’opération 2015 qui aura été convenue à priori dans l’intérêt des lecteurs et la nécessaire sécurité des libraires.
Le SLFB remercie le cabinet de la Ministre Laanan pour son engagement dans la recherche d’une solution."
Coquetterie
amusante, La Librairie du Web ne répond évidemment pas aux critères du label de "libraire de qualité". Elle est née, nous y dit-on, quelques heures avant l'ouverture officielle,
"parce que le monde évolue et que le marché évolue aussi. Que les libraires ne couvrent pas l'ensemble du territoire. Que tout le monde ne va pas chez les libraires. Pour faire concurrence à Amazon. Pour privilégier les auteurs et les éditeurs belges francophones. Parce que cette librairie veut se faire une place sur la Toile".
Ah bon? Mais comment expliquer alors qu'on ne peut choisir les livres que dans le
catalogue restreint mis en ligne? Des romans, des essais, des livres pratiques ou de développement personnel, des BD et de la jeunesse, mais provenant seulement du distributeur Interforum!
Quant aux prix,
"ils sont ceux du marché", nous assure-t-on. Pratiquant donc la tabelle? Mais durant l'opération "Je lis dans ma commune", les frais de port sont offerts lors des achats à effectuer en ligne. Oui, sauf que sur la page d'ouverture de ladite Librairie du Web, différents titres sont annoncés en promotion avec 5% de ristourne sur le prix de base... français.
Une
étrange façon de soutenir la librairie belge indépendante...
Dernière minute du jeudi 24 avril!
Interforum suspend ses livraisons à la Librairie du Web.
Le distributeur vient d'envoyer le communiqué ci-après à l’Agence Belga.
"Désireuse de ne pas porter préjudice à la librairie indépendante, Interforum a décidé de suspendre les livraisons à la Librairie du web, jusqu’au moment où un accord aura été trouvé avec les libraires indépendants dans le cadre de l’opération "Je lis dans ma commune".
Interforum tient à rappeler qu’elle ne se prévaut d’aucune exclusivité dans cette opération.
La Librairie du web étant un client, Interforum agit uniquement en tant que fournisseur et logisticien."