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lundi 30 novembre 2020

Un homme et une femme



On le sait depuis ce lundi 30 novembre à la mi-journée, le prix Goncourt 2020 a été attribué, en visioconférence, à Hervé Le Tellier, pour son huitième roman "L'anomalie" (Gallimard, 336 pages). Conformément aux vœux des jurés, les librairies de France avaient bien rouvert. Et conformément aux pronostics, c'est l'écrivain oulipien qui l'a emporté. Haut la main même, par huit voix sur dix; deux votes sont allés à Maël Renouard ("L'historiographe du royaume", Grasset), aucune à Djaïli Amadou Amal ("Les impatientes", Emmanuelle Collas, lire ici) et Camille de Toledo ("Thésée, sa vie nouvelle", Verdier). 

Ni agitation ni foule au restaurant Drouant, comme de coutume depuis un siècle mais une séance de proclamation sur zoom. Après avoir annoncé le nom du lauréat, Didier Decoin, président de l'Académie Goncourt, a salué un ouvrage "à l'écriture recherchée, transparente et structurée [...] un livre qui rend heureux, un véritable plaisir de lecture". Hervé Le Tellier est alors apparu sur l'écran, accompagné de son éditeur Antoine Gallimard, et a répondu aux questions des différents jurés, tous derrière la caméra de leur écran. L'occasion de découvrir quelques intérieurs.

L'écrivain lauréat s'est dit "surpris de recevoir ce prix symbolique. On ne s'attend jamais à un prix comme le Goncourt. D'abord on n'écrit pas pour l'avoir, et puis on ne peut pas s'imaginer l'avoir. Ce n'était pas du tout dans mes projets".

Oulipien un jour, Oulipien toujours: "J'ai voulu confronter l'idée de la duplication et de la confrontation à soi. J'ai travaillé sur les personnages et les genres en associant un style à chaque personnalité, en ce sens c'est un travail oulipien, un travail de genre."

Roman virtuose où la logique rencontre le magique, "L'anomalie" raconte les suites d'un événement étrange, à savoir qu'un vol Paris-New York se reproduit deux fois, avec les mêmes passagers, à quelques mois d'intervalle, en mars 2021 et en juin 2021. Le récit, haletant, convoque tous les genres littéraires, roman noir, récit littéraire classique, procès-verbaux d'interrogatoire, en une ronde tourbillonnante qui enchante.




https://www.youtube.com/watch?v=2781hqlstgo

Pour lire en ligne le début de "L'anomalie", c'est ici.



Rappelons que l'académie Goncourt, présidée par Didier Decoin, se compose d'Eric-Emmanuel Schmitt, Pascal Bruckner, Paule Constant, Patrick Rambaud, Tahar Ben Jelloun, Camille Laurens, Françoise Chandernagor, Philippe Claudel et Pierre Assouline.





Quelques minutes plus tard, c'était au tour du prix Renaudot de révéler son palmarès 2020, sur les comptes Facebook et Instagram de "Livres Hebdo". Le jury a récompensé, pour sa part, au premier tour à la majorité absolue, Marie-Hélène Lafon pour son roman "Histoire du fils" (Buchet-Chastel, 171 pages, lire ici). "C'est le choix d'une grande écrivaine contemporaine française. Une voix forte, une voix enracinée dans les territoires, une voix fidèle à son univers, aux siens. Avec un travail sur les mots exceptionnels. Avec Marie-Hélène Lafon, on écoute une belle histoire, avec des mots qui semblent gagner sur le silence", a déclaré le jury du Renaudot. 

"C'est une histoire de fidélité avec mon éditrice, avec mon éditeur et les libraires. Et la fidélité ça n'a pas de prix. C'est une joie à partager", a déclaré la lauréate qui a jouté: "C'est une question de nécessité et de désir qui préside dans le travail d'écriture que je conduis où il est question d'histoires infimes."




La réaction de sa maison d'édition
"Quelle joie! Quelle fierté! Marie-Hélène Lafon reçoit le Prix Renaudot 2020 pour son roman "Histoire du fils". Quelle histoire!
Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, "Histoire du fils" sonde le cœur d’une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent des galeries dans les vies, sous les silences.
Avec ce nouveau roman, Marie-Hélène Lafon confirme la place si particulière qu'elle occupe aujourd'hui dans le paysage littéraire français."
Dominique Fortier a reçu le Renaudot essai pour "Les villes de papier, Une vie d'Emily Dickinson" (Grasset) et Eric Roussel le Renaudot poche pour "Charles de Gaulle" (Perrin, collection "Tempus").


Le jury du prix Renaudot, présidé cette année par Georges-Olivier Châteaureynaud, se compose de Frédéric Beigbeder, Dominique Bona, Patrick Besson, Christian Giudicelli, Franz-Olivier Giesbert, Louis Gardel, J.M.G. Le Clézio et Jean-Noël Pancrazi.

Impossible de ne pas signaler deux enquêtes sur ce jury dont un membre, proche de Gabriel Matzneff fait tache, parues hier dans "Le Monde" (ici) et avant-hier dans le "New York Times" (ici).




vendredi 27 novembre 2020

Ce cher Colum McCann, un lauréat heureux

Colum McCann. (c) Patrice Normand/Opale/Leemage/Belfond.

Dans la riche rentrée littéraire qui nous a été proposée en cette fin d'été, il y a un roman qui s'est distingué entre tous les autres. Il s'agit de "Apeirogon", le nouveau roman de l'Irlandais installé à New York Colum McCann (traduit de l'anglais (Irlande) par Clément Baude, Belfond, 512 pages). Son titre est le nom d'une figure géométrique au nombre infini de côtés. Un bouquin extraordinaire qui mérite amplement le Prix du meilleur livre étranger qu'il a reçu hier en France. Sur la vidéo ci-dessous, l'auteur remercie le jury et ses lecteurs francophones. Un éclair de lumière dans un quotidien que les actualités successives assombrissent terriblement.

 



"Apeirogon" plonge dans le conflit israélo-palestinien, en s'attachant à deux pères de famille réels, Rami Elhanan, l'Israélien, fils d'un rescapé de la Shoah, ancien soldat de la guerre du Kippour, et Bassam Aramin, le Palestinien qui n'a connu que la dépossession, la prison, les humiliations. Ennemis selon la politique, ils ont en commun d'avoir chacun perdu une fille dans le conflit. Smadar Elhanan avait treize ans, Abir Aramin en avait dix. Colum McCann les a longuement rencontrés. Son roman raconte comment après le choc, la douleur, les souvenirs, le deuil, ces deux pères ont eu envie de sauver des vies. Ils ont rejoint le Cercle des Parents, association qui réunit des parents endeuillés, Juifs et Arabes de Cisjordanie.

Ce roman extraordinaire n'est toutefois pas un roman de plus sur le conflit israélo-palestinien. C'est un texte à la forme complètement inédite, deux séries de 500 textes de longueur très variables, numérotés de 1 à 500 et de 500 à 1, qui aboutissent à la notice 1001, centrale. 1001 chapitres comme les 1001 facettes de cet inextricable conflit. 1001 chapitres comme les 1001 nuits de Shéhérazade. Irlandais, le romancier sait ce que sont les conflits fratricides. Il nous fait percevoir le drame de ces deux pères désenfantés d'une façon tellement particulière que l'on en est ébloui et terriblement reconnaissant. Ses fragments sont à la fois personnels, historiques, politiques, philosophiques, religieux, poétiques, cinématographiques. Une liberté d'écrire et de raconter qui restitue de façon stupéfiante cette tragédie qui endeuille le Moyen-Orient et célèbre cette amitié née de deuils. Un livre musical qui interroge la justice et donne malgré tout espoir.

"Apeirogon" est un chef d'œuvre autant sur le fond que sur le forme. Eblouissant, ce livre de mémoire nous permet de rêver à la paix dans cette partie du monde. L'émotion selon Colum McCann est celle qui ne se dit pas mais se perçoit entre les lignes. Son écriture une exigence qui nous porte.


Pour lire en ligne un extrait de "Apeirogon", c'est ici.




Dixième vente aux enchères du Muz

EDIT 07-12-20
Message du Muz: "Hop! C'est fini! La vente aux enchères 2020 est terminée! Grâce à vous, enchérisseurs et artistes, le Muz réalise cette année sa plus belle vente aux enchères! Grâce à vous toutes et tous nous avons réunis 26. 370 euros pour continuer notre action. Alors un énorme merci!"
Doublé de tête: 1.440 euros pour l'"Hommage à Ponti" de Tardi, 1.300 euros pour "Dodo" de Dorothée de Monfreid.
Autres enchères notables:  810 euros pour les poussins pontiens d'"Envol en transformanciel" et "Cerclitude", 760 pour ceux de la "Danse d'ouazos", 700 euros pour ceux de la "Rencontre littéraire".

"Blaise, roi du monde", Claude Ponti.

Confinement et autres impératifs sanitaires obligent, le Muz, le Musée des œuvres des enfants créé par Claude Ponti il y a onze ans, organise sa dixième vente aux enchères, mais uniquement sur internet cette fois (pas d'expo en galerie). Un peu plus tard dans le calendrier que les années précédentes (lire ici). Les œuvres sont visibles sur le site du Muz et les enchères se clôtureront le dimanche 6 décembre à 20 heures.

Le Muz (ici) est ce projet un peu fou né il y a onze ans dans une voiture quelque part entre Namur et Bruxelles afin de donner une pérennité aux œuvres des enfants par la magie du virtuel. Photographiées, scannées, les œuvres des enfants rejoignent les salles du musée qui leur est consacré. Et elles viennent du monde entier. Pour assurer ce travail, il faut de l'argent. Pour avoir de l'argent, il faut des subsides. Quand il faut se débrouiller seul, une vente aux enchères est indiquée. Celle-ci, la dixième depuis 2009 (lire ici), n'est pas sans atouts.

Elle est permise par la générosité des artistes donateurs, les habitués et des nouveaux. Emmenés par la locomotive Claude Ponti, bien entendu.
J'ai nommé, pour cette année,
Adrien Albert, May Angeli, Baxter, Armelle Benoit, Anne Brouillard,
Janik Coat, Charlotte Gastaut, Bruno Heitz, Anne Herbauts, Pénélope Jossen,
Thomas Lavachery, Louis Matray, Alan Mets, Dorothée de Monfreid, Elsa Oriol,
Pancho, Mathieu Pauget, Yvan Pommaux, Audrey Poussier, Lucas Ribeyron,
Sara, Maud Sene, Frédéric Stehr, Olivier Tallec, Tardi.

En pratique
La vente aux enchères est ouverte depuis le 23 novembre et s'achèvera le 6 décembre à 20 heures uniquement sur Internet.

En détail
Pour voir le catalogue des 98 œuvres mises aux enchères, c'est ici.
Chaque œuvre est photographiée et assortie de ses informations techniques, auteur, titre, lieu d'origine, date, taille, technique et mise à prix. Une visite virtuelle à ne pas manquer.

Pour enchérir
  • Indiquez nom, prénom, adresse postale, numéro et titre de l'œuvre pour laquelle vous enchérissez, ainsi que le montant de votre enchère (les enchères se font de 10 euros en 10 euros minimum).
  • Vous pouvez aussi indiquer une enchère maximum et l'équipe du Muz fera monter votre enchère de 10 euros en 10 euros jusqu'au maximum indiqué.
  • Suivez l'évolution de vos enchères sur le tableau.

En guise de mise en bouche
Quelques-unes des 98 œuvres offertes au Muz pour sa dixième vente aux enchères.

"Hommage à Ponti", Tardi.


"Train et forêt", Anne Brouillard.

"Charlemagne", Bruno Heitz.


"Dodo", Dorothée de Monfreid.


"La funambule", Elsa Oriol.


"Calinours", Frédéric Stehr.


"Chat pot", Anne Herbauts.


"Couple", Janik Coat.


"Chat masqué", Thomas Lavachery.


"Le problème", May Angeli.


"La balade du lièvre", Olivier Tallec.


"Le feu", Pénélope Jossen.



"Coucher de soleil", Sara.


Et bien sûr, toute une série d'œuvres de Claude Ponti (24 en tout)! 



"Danse d'ouazos".

"Sport divers obstacle semi-consentant".

"Tas de sieste".


"Rencontre littéraire".


"Sieste et songes".






jeudi 26 novembre 2020

Le rêve de paradis de Lila


Il y a quelques semaines, je relayais le deuxième concours d'écriture à l'attention des 15-20 ans de l'asbl Albertine qui avait pour thème "Partager l'avenir" (lire ici; depuis, j'ai appris que Jean-Marie Gustave Le Clézio écrivait aussi tous ses textes à la main). Si le concours a eu moins de participants que l'an dernier, normal vu la situation actuelle qui chamboule pas mal les écoles en général et les projets personnels en particulier, le jury (Alain Berenboom, Mélisande Fauvet, Geneviève Damas, Sandrine Bonjean), se réjouit de la qualité des textes qui lui sont parvenus, "d'une grande qualité, riches en maturité et émotions". Tous écrits par des élèves de quatrième secondaire.

Le prix du jury a été attribué à la nouvelle de Lila Jeanjot de l'école Singelijn, "Somnium caelium" (lire ci-dessous). A noter qu'elle avait déjà participé au concours l'an dernier. Esma Sen, de l'Athénée Fernand Blum-Roodebeek, a reçu, elle, le prix coup de cœur du président du jury, Alain Berenboom, pour sa nouvelle "Le monde d'aujourd'hui, d'hier et de demain". 

Quel plaisir de découvrir cette belle plume!

"Somnium caelium"

Ostende le 22 mai 2021
La mer s'agite, les vagues sont de plus en plus fortes. Le vent souffle dans mes cheveux et emporte avec lui des grains de sable. Le ciel commence tout doucement à s'assombrir. Je crois qu'une tempête se prépare. 
Je ne devrais pas être là, mais tant pis, qu'est-ce que je risque? J'ai déjà tout perdu. Même ma vie ne m'appartient plus. Au-dessus de ma tête, un compte à rebours s'est enclenché. Quoique je fasse je mourrai à la fin du décompte. Moi qui avais une panoplie de rêves à réaliser, je me rends compte qu'au final je ne pourrai rien accomplir. Ah… rien que d'y penser j'ai envie de pleurer.
Il se met à pleuvoir, le temps est en adéquation avec mon humeur.  
Je sens mon téléphone vibrer. Plusieurs appels manqués et une série de message de mon médecin m'ordonnant de rentrer. 
Ai-je envie d'y retourner? Non, certainement pas! 
Je n'ai déjà plus beaucoup de temps, je ne vais pas le gaspiller entre ces quatre murs. Là, j'ai juste envie de balancer mon téléphone dans l'eau et de tout quitter.  Et si je le faisais? La tentation est trop forte. Je ne peux y résister. 
Je me mets à marcher jusqu'à la lisière du sable et de l'eau. J'hésite quelques secondes avant de rentrer petit à petit dans la mer. Le liquide froid m'enveloppe et me recouvre totalement. Pour la première fois de ma vie j'ai un sentiment de liberté…
Est-ce vraiment de la liberté? Un doute m'envahit, mon esprit se trouble, je n'arrive plus à réfléchir… 
Un instant de lucidité me revient. Mais que fais-je? Je suis en train de tout gâcher! En ce moment je suis vivant, c'est le principal. Ce n'est pas parce que je suis malade que je dois me croire mort avant l'heure. Sur ces pensées, je reprends des forces et affronte la tempête pour remonter à la surface. C'est dur, les vagues me secouent dans tous les sens. Je manque de me faire emporter plusieurs fois par le courant mais je résiste tant bien que mal. Il le faut!  
Allez, encore un peu de courage. J'y suis bientôt.  Je sors ma tête de l'eau. Je reprends une bouffée d'oxygène et ouvre mes yeux. Ils me piquent, mes poumons me brûlent et je me mets à tousser mais malgré tout ça je suis heureux car cela prouve que j'appartiens encore à ce monde.
Grâce à cette expérience, j'ai réalisé que j'avais encore une chose à accomplir avant de décéder. Une vie sans regret c'est ça que je veux.  

Hôpital le 23 mai 2021
Mes jambes avancent toutes seules. Ce trajet, je pourrais le parcourir les yeux fermés. Peu importe le nombre de temps à passer ici, je ne peux m'y habituer. Ces couloirs blancs m'oppressent. L'odeur si particulière de ce lieu me monte au nez et me donne la nausée. Non, décidemment je n'aime pas cet endroit. Mais je dois passer par là pour le rejoindre.
Je trouve enfin le bon couloir et marche jusqu'à cette porte. Il me suffit d'un pas pour la franchir mais je n'y arrive pas. Mon corps commence à trembler, je ne peux m'arrêter. Je m'accroupis devant la porte et essaye de reprendre mes esprits. Après cinq minutes j'arrive enfin à retrouver le contrôle de mes émotions. J'exhale un bon coup et rentre dans la pièce. 
Rien n'a changé, toujours ces murs blancs, ces deux lits au centre séparés seulement par un rideau et cette unique fenêtre servant à de longues heures de contemplation où l'on s'imagine être partout sauf ici. 
Je me dirige directement vers le deuxième lit, j'ouvre le rideau. Mon regard se pose sur le petit garçon qui me fait face. 
Il me regarde d'un air perplexe jusqu'au moment où il semble me reconnaitre. 
- Tu es revenu! s'exclame-t-il.
- Oui, désolé du retard. Je me suis perdu mais ne t'inquiète pas, maintenant je suis là, dis-je d'un ton chaleureux. 
- Alors, qu'a dit le médecin? Vas-tu rester? s'interroge-t-il.  
- Et bien comment dire… Je suis arrivé au même stade que toi et non, je ne pense pas rester ici.
- Mais tu avais promis de rester avec moi, se plaint-il les yeux plein de larmes.
- Ecoute Aris, je n'ai pas de rêve à accomplir avant de mourir mais toi tu en as un. Alors j'ai décidé que mon rêve serait de t'aider à réaliser le tien. 
Ses yeux se posent sur moi, se mettent à briller mais d'un coup je m'aperçois que leur lueur s'estompe pour laisser place à de la tristesse. 
- Pourquoi es-tu si triste?
Il secoue la tête. 
- Non, je veux partir avec toi. Mais comment vais-je faire pour transporter les machines, dit-il d'un air abattu. 
- Oh Aris, ne t'inquiète pas pour ça. 
- Mon médecin m'a dit que 'en avais besoin, gémit-il. 
Je m'accroupis devant lui et passe mes mains dans ses belles boucles blondes et le regarde dans ses yeux bleu azur. 
- Je ne te l'ai pas dit plus tôt mais aujourd'hui est un jour spécial. Tu peux quitter ces machines et cette pièce et partir loin d'ici avec moi. Le médecin m'en a donné l'autorisation. 
Il me saute dans les bras et me fait un câlin. 
- Merci, merci, chuchote-t-il, sa tête enfuie dans mon cou. 
Je lui tends ma main. 
- Lève-toi maintenant. On va préparer tes affaires. 

28 mai 2021 Sud de la France, Provence : 
Les rayons du soleil s'infiltrent à travers mes rideaux et se posent sur mon visage. Je me réveille en douceur. Mes pas me mènent vers le miroir accroché à une des poutres de cette vieille bâtisse. J'ai l'impression que mon reflet est une toute autre personne. Un léger teint halé, les yeux reposés, tout mon visage s'est décrispé. Heureusement je ne ressemble plus à un cadavre ambulant. Ça me fait du bien au moral. Je ressens les bienfaits de cette semaine passée aux côtés d'Aris. Tous les deux nous avons exploité à fond ces derniers jours pour pouvoir réaliser toutes les activités que le petit monstre voulait accomplir. 
En parlant de lui cela m'étonne qu'il ne soit pas encore venu me rejoindre. D'habitude il profite de mon sommeil pour se jeter sur mon estomac et par la même occasion me réveiller. Rien que d'y penser j'en ai encore des crampes. Mais bon comment lui en vouloir? Il est si mignon.
Je me mets à le chercher dans la maison. Ne le trouvant pas, je commence à m'inquiéter.
- Aris où es-tu? 
Pas de réponse! Je panique vraiment. Jusqu'au moment où j'entends des rires venant de l'extérieur. Je me précipite à travers les dédales de couloirs et ouvre la porte menant au jardin. Stupeur! Devant mes yeux se déroule une scène surréaliste. 
L'enfant est en train de courir sur la pelouse tout en se faisant courser par une poule. A l'instant où j'allais intervenir pour arrêter l'animal, le gamin tombe et la poule vient lui picorer la main comme si elle voulait le rassurer. Il se met à rigoler puis me voit et me sourit. 
- Simon, tu as vu? La poule et moi faisions un touche-touche, dit-il en se relevant. 
- Oui j'ai vu. Allez, viens te préparer, aujourd'hui c'est le grand jour. 
Après quelques minutes d'attente nous sommes enfin prêts. J'ouvre la grande porte en bois et nous sortons de la demeure. 
- Allons-y à pied ce n'est pas très loin, dis-je en prenant la main d'Aris. 
- Oui, j'ai hâte, s'exclame-t-il. 
Nous continuons notre chemin. Sur la route, Aris aperçoit un lézard. Comme à son habitude il lâche ma main et décide de le courser. En le regardant si joyeux, j'ai un léger pincement au cœur. Honnêtement, si quelqu'un passait par là, il ne croirait jamais que ce gamin qui joue dans les hautes herbes soit malade. Mais bon, je sais que bien souvent les apparences sont trompeuses. Allons, n'ayons pas de pensée pessimiste, aujourd'hui est un grand jour pour Aris. Il ne faut pas que je le gâche. 
- Continuons notre chemin sinon nous serons en retard, dis-je avec entrain. 
Il retourne à côté de moi et nous poursuivons notre balade. 
- Simon, je n'aime plus le bruit qu'on entend tout le temps à la maison, me chuchote-t-il comme pour me faire une confidence.
- Le bruit? Ah tu veux dire le chant des grillons?
- Oui et bien ton chant, il m'a réveillé trop tôt ce matin, se plaint-il d'une moue boudeuse. 
- Ne t'inquiète pas, tu t'y habitueras, dis-je en rigolant. 
Il ne m'écoute déjà plus, trop absorbé par le lézard qui nous suivait toujours. 
Nous marchons pendant plusieurs minutes jusqu'à notre destination. 
Quand nous sommes arrivés, tout était prêt. Nous embarquons dans la nacelle. Tous les deux nous regardons avec admiration le lancement de flammes. L'énorme ballon se gonfle doucement au-dessus de nos têtes et s'élance dans les airs. Plus nous gagnons en altitude plus nous nous habituons aux crépitements des flammes. Arrivé à une certaine hauteur, Aris s'agrippe au rebord du panier. 
- Fais attention, tu risques de tomber, dis-je d'un ton malicieux. 
- Même pas vrai, dit-il en tirant la langue. 
D'un coup, le vent se lève et la montgolfière s'accélère. Ça n'a pas du tout l'air de l'inquiéter. Le petit bonhomme repart de plus belle dans un fou rire. Nous divaguons encore quelques instants tout en contemplant le paysage. Soudain, le môme se mit à pleurer. Je reste ébranlé ne sachant pas d'où vient cette tristesse. 
- Pourquoi pleures-tu? 
- Parce-que c'est beau…
Un long silence s'ensuit jusqu'au moment où il trouve le courage de terminer sa phrase. 
- Je ne pensais jamais pouvoir ressentir cette sensation un jour. Tels les oiseaux que j'observais à travers la fenêtre de l'hôpital, je vole et contemple la Terre. 
A ces mots je le prends dans mes bras et nous continuons à regarder ce paysage si cher aux yeux d'Aris. 
Je n'en reviens pas, il y a une semaine, je voulais en finir avec ma vie, la trouvant triste à souhait. Maintenant, même si je sais que celle-ci va bientôt prendre fin, je ne suis plus attristé. Au contraire, je suis heureux d'être là, dans le ciel, aux côtés de la personne que je considère comme mon frère. Nous profitons du moment, sans penser au lendemain. Pour une fois, nous, les enfants sans avenir, sommes plus éblouissants que le soleil.


Le Grand Prix du roman de l'Académie française va à Etienne de Montety



Le jeudi 29 octobre, l'Académie française décidait de reporter la proclamation du Grand Prix du roman, prévue à cette date, au jour où les librairies seraient autorisées à reprendre leurs activités.

Le 16 novembre, l'Académie française annonçait qu'elle diffuserait "par voie de presse l'annonce de l'attribution de son Grand Prix du roman le jeudi 26 novembre 2020, en espérant précéder de peu la date de réouverture des librairies."


Bien vu, l'Académie française! Les librairies rouvrent le samedi 28 en France. Et le Grand Prix du roman de l'Académie française (10.000 euros) vient d'être divulgué. Il est attribué à Etienne de Montety pour "La grande épreuve" (Stock, 306 pages). Le lauréat l'a emporté haut la main sur les deux autres finalistes, par treize voix contre deux à Miguel Bonnefoy ("Héritage" chez Rivages) et deux à Maël Renouard ("L'Historiographe du royaume" chez Grasset). Ce qui ne fait jamais que dix-sept votes alors que l'Académie compte aujourd'hui trente-quatre membres actifs (sur quarante), soit la moitié des suffrages possibles. 

"La grande épreuve" est un roman foisonnant, librement inspiré de l'assassinat du père Hamel, le 26 juillet 2016, dans son église de Saint-Etienne du Rouvray. Il retrace cinq itinéraires principaux, quatre hommes et une femme, qui se rejoindront dans une mer de sang, le sang versé lorsque la religion devient folle, lorsque ses adeptes sont devenus intégristes. Un roman qui ne juge pas, qui ne condamne pas mais cherche à comprendre. Né en 1965, Etienne de Montety dirige depuis 2006 "Le Figaro littéraire", entre autres occupations. 

Pour visionner la cérémonie, c'est ici.

Pour lire en ligne le début de "La grande épreuve", c'est ici.


mercredi 25 novembre 2020

A lire, le "spécial jeunesse" de l'hebdo "Le 1"

Pliez, dépliez, repliez, c'est emballé. Et je suis emballée. Pour la première fois de son histoire - il fut lancé en avril 2014, l'hebdomadaire français "Le 1" consacre un numéro à la littérature de jeunesse, concocté dans sa première partie par Sophie Van Der Linden et Raphaële Botte, spécialistes du genre. "Le 1 des libraires", paraissant en double du "1" habituel, le n° 384, est en effet "spécial jeunesse". Il est composé de deux feuilles, la première, généraliste, illustrée par Joëlle Jolivet mais il faut un peu chercher son nom, la seconde, illustrée en une et en poster par Cyril Pedrosa, dédiée à "Alice au Pays des merveilles" de Lewis Carroll.


Fameux défi que de faire quelque chose d'intéressant sur aussi peu d'espace. Un défi relevé haut la main. On trouve entre les plis de la première feuille
  • une enquête intéressante sur le match romans ados-séries
  • un passionnant entretien avec Grégoire Solotareff sur l'album pour enfants aujourd'hui, "une mayonnaise qui prend, ou pas" selon lui qui évoque aussi bien les créateurs que leur public, les éditeurs que les parents
  • les 13 personnages qui sont les repères en littérature de jeunesse pour Simon Bailly
  • une visite à l'atelier de Gérard Lo Monaco, graphiste passionné par les livres animés
  • une nouvelle inédite de la Belge Christelle Dabos, apparue en littérature de jeunesse parce qu'elle avait gagné le concours d'écriture Gallimard en 2013
  • un choix de 4 albums et de 4 romans ados.





La seconde feuille est emmenée par Lola Lafon, qui partage un souvenir d'enfance à propos de son livre-disque "Alice au Pays des merveilles", Julien Bisson raconte l'histoire de ce grand livre qui sera aussi analysé par Laurent Bury tandis qu'un extrait-clé en est présenté, Jochen Gerner consacre ses repères à Charles Lutwidge Dodgson, dit Lewis Carroll, ce feu d'artifice se concluant avec le poster de Cyril Pedrosa.

Un repère de Jochen Gerner.


Bref, lecture faite, ce numéro du "1" est la preuve qu'on peut faire des choses intelligentes sur le marronnier habituel à l'approche du Salon de Montreuil qu'est la littérature de jeunesse. Le sommaire ne présente que du beau monde et les deux feuilles réunissent un maximum d'infos passionnantes habilement composées. Expérience à recommencer bien entendu!.





lundi 23 novembre 2020

La réconfortante "Forêt" de Thomas Ott

EDIT 25-11-2020 "Livres-Hebdo": Le Trophée de l’édition 2020 dans la catégorie "Fabrication du livre" est décerné au récit de Thomas Ott, "La Forêt" paru aux Éditions Martin de Halleux en novembre 2020.

 
"La forêt" de Thomas Ott. (c) Ed. Martin de Halleux.

Virtuoses de l'édition images de toute grande qualité, mise en page et impression soignées, papier à grain, encrage dense,  les Editions Martin de Halleux entament une nouvelle collection dédiée à des récits en images sans paroles appelée "25 images".  A ses auteurs de remplir le contrat établi par le graveur belge Frans Masereel (1889-1972) dans son livre "25 images de la passion d'un homme" (1918), le premier roman graphique muet moderne. C'est-à-dire créer un format court en 25 images, une par page, en noir et blanc, sans texte.

 
C'est Thomas Ott, le maître suisse de la carte à gratter, qui inaugure cette nouvelle collection en moyen format avec un album saisissant et de toute beauté. "La forêt" (Editions Martin de Halleux, 32 pages) s'ouvre sur une dédicace, "A mes amours". Il met en scène le cheminement d'un petit garçon confronté à un deuil familial. Le jeune héros glissera du malaise de la tristesse à un apaisement réel grâce aux épreuves initiatiques qu'il va passer lors d'une balade en forêt qui se mue en expédition. D'une incroyable beauté plastique et d'une extrême expressivité, les images nous donnent à voir l'itinéraire de ce personnage attachant.

La fuite vers la forêt. (c) Ed. Martin de Halleux.
Comme le petit garçon paraît seul entre les adultes dans cette maison endeuillée lorsqu'on ouvre l'album! Quand il sort marcher dans la forêt toute proche, c'est comme s'il s'échappait. Sa promenade dans ce lieu symbolisant la femme et son mystère ou la mère primitive va vite prendre la forme d'une quête initiatique. Représentés avec beaucoup de réalisme, les arbres ressemblent à une grotte sombre dans laquelle il se glisse. Il paraît inquiet, scrutant les alentours. Voit-il les animaux dont les yeux brillent qui le regardent? Peut-être pas tant il est attentif à avancer dans ces entrelacs de racines qui serpentent à ses pieds. Au fur et à mesure de sa progression, il fait d'effrayantes rencontres, animales ou humaines, vivantes ou mortes, ayant chaque fois le visage caché. Mais il poursuit crânement son chemin, grimpant, escaladant, avançant, se glissant dans une faille très étroite entre des végétaux enchevêtrés jusqu'à parvenir à une clairière où l'attend un vieil homme souriant. Une rencontre qui le réjouit, une conversation qui l'apaise, un adieu qui lui permet de rentrer serein chez lui.

La progression. (c) Ed. Martin de Halleux.
Avec ses scènes mettant superbement en scène d'innombrables arbres, patiemment représentés un à un, autant que le gamin en bermuda et chemisette qui chemine vivement entre eux, "La forêt" est un très bel album sur le thème du deuil, abordé de façon originale tant dans le scénario oscillant entre rêve et réalité que dans les somptueuses images. L'artiste joue habilement avec le sens de lecture, la lumière, l'équilibre entre le blanc et le noir, les angles de vue et les perspectives pour nous inviter dans cette histoire pleine d'émotions. Peurs profondes, angoisses intimes et contes classiques se dessinent en filigrane de cet album qui célèbre magnifiquement les ténèbres, physiques ou psychiques, au terme desquels la vie et la mort ne s'opposent plus.

Thomas Ott est un maître de l'image, du noir et de la carte à gratter. En 25 images, il campe cette forêt inquiétante qui deviendra refuge et lieu de réconciliation avec la vie. Chacun interprétera "La forêt" selon sa sensibilité avec ses références personnelles. C'est en tout cas un album magnifique et envoûtant. Une bande dessinée pour les adultes mais également pour les enfants.

Le principe de la carte à gratter est le suivant, nous informe l'éditeur: "Avec un cutter japonais des lignes sont grattées dans la couche noire qui recouvre un carton blanc. L'artiste crée donc son dessin en "dessinant" en blanc sur un fond noir, avec des petites touches de grattage successives. Un travail extrêmement minutieux pour lequel l'artiste n'a pratiquement pas droit à l'erreur." Pour le dire autrement, si on se trompe, il est très difficile de corriger car cela se voit et donc, tout est à recommencer.

La carte à gratter est aussi utilisée en littérature de jeunesse. Hans Binder, Barbara Cooney et Katrin Stanglen par exemple en sont spécialistes.


jeudi 19 novembre 2020

Le prix Vendredi sera décerné le 1er décembre


A l'instar de nombreux prix littéraires, en soutien aux librairies, les jurés du prix Vendredi (littérature ado) avaient décidé de ne pas reporter la remise de leur prix (lire ici). La date de proclamation est maintenant connue, ce sera le mardi 1er décembre, la veille de l'ouverture du Salon de Montreuil.

Rappelons que c'est le 2 décembre que seront décernées les Pépites du Salon de Montreuil (lire ici).


Prix Vendredi

  • "Âge Tendre", de Clémentine Beauvais (Sarbacane)
  • "Alma, le vent se lève", de Timothée de Fombelle (Gallimard Jeunesse)
  • "Et le désert disparaîtra", de Marie Pavlenko (Flammarion)
  • "L'Attrape-Malheur - Entre la meule et les couteaux", de Fabrice Hadjadj (La Joie de lire)
  • "L'âge des possibles", de Marie Chartres (l'école des loisirs)
  • "Les derniers des branleurs", de Vincent Mondiot (Actes Sud Junior)
  • "Sans armure", de Cathy Ytak (Talents Hauts)
  • "Soleil glacé", de Séverine Vidal (Robert Laffont)
  • "Tenir debout dans la nuit", d'Eric Pessan (l'école des loisirs)
  • "Touche-moi", de Susie Morgenstern (Thierry Magnier)
Jury
Michel Abescat, Raphaële Botte, Philippe-Jean Catinchi, Françoise Dargent, Marie Desplechin , Sophie Van der Linden, Nathalie Riché.

Rappelons que le Prix Vendredi se présente comme le premier prix national de littérature adolescente français créé en 2016 pour valoriser le dynamisme et la qualité de création de la littérature jeunesse contemporaine. Il récompense chaque année un ouvrage francophone, destiné aux plus de 13 ans. Il est doté d’un montant de 2.000 euros grâce au soutien de la Fondation d’Entreprise La Poste. Pour cette édition, 38 maisons d’édition avaient proposé un titre de leur choix à son jury.

lundi 16 novembre 2020

Ne pas confondre le prix Astrid Lindgren avec le prix Astrid Lindgren

Jakob Wegelius. (c) Lena Sjöberg.


Les Editions Thierry Magnier se réjouissent sur les réseaux sociaux de l'attribution du Prix Astrid Lindgren 2020 à Jakob Wegelius pour "La rose du Hudson Queen", le deuxième tome de sa série romanesque "Sally Jones" (traduits du suédois par Agneta Ségol et Marianne Ségol-Samoy), les palpitantes aventures d'une gorille mécanicienne au grand cœur.

A noter que le premier tome et l'album (le préquel des aventures) sont disponibles aux Editions Thierry Magnier et que le premier tome vient de sortir en poche en Folio Junior (Gallimard Jeunesse).









Attention, il s'agit ici du prix Astrid Lindgren (50.000 couronnes suédoises jusqu'en 2016, 100.000 depuis) créé par la maison d'édition suédoise Rabén & Sjögren en 1967 pour fêter les 60 ans de l'écrivaine, et destiné à un auteur suédois pour enfants ou adolescents. Il est décerné chaque année le 14 novembre qui est le jour de l'anniversaire d'Astrid Lindgren (elle était née en 1907).

A ne pas confondre avec le Astrid Lindgren Memorial Award, ALMA (5.000.000 couronnes suédoises), cinquante fois mieux doté, décerné chaque année en avril depuis 2003, un an après le décès de la romancière suédoise, également présenté comme le prix Astrid Lindgren et actuellement la plus grande récompense au monde en littérature de jeunesse (lire ici).


Une confusion du même genre existe à propos des trois prix dénommés Andersen (lire ici).



jeudi 12 novembre 2020

Marie Desplechin, Grande Ourse du Salon de Montreuil qui dévoile son programme


Ouiiiiii, je sais, on ne dit pas Salon de Montreuil mais Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis, mais bon tout le monde sait de quoi on parle.
On savait déjà que l'édition 2020, la 36e, se tiendrait mais sans les stands d'éditeurs (lire ici), on sait aujourd'hui mieux comment se déroulera du 2 au 7 décembre, dates d'origine, cette édition "très spéciale et originale en raison de la crise sanitaire" selon les mots de sa directrice. Sylvie Vassallo a en effet présenté les grands axes de ce salon sans public mais pas sans auteurs ni sans livres, ni sans animations. Une édition spéciale qui a reçu le nom d'"Inséparaaaaaaables!!!"


Avant cela, Sylvie Vassallo a dévoilé le nom de la titulaire de la Grande Ourse 2020, distinction lancée l'an dernier. Il s'agit de l'écrivaine Marie Desplechin, qui succède à Gilles Bachelet (lire ici). Un choix de l'équipe du Salon, menée par Ramona Badescu pour cette aventure, que la directrice commente: "Il s'agit d'un choix éclairé, heureux, étincelant même en cette année si sombre. Nous avons voulu mettre en lumière les personnages tendres et humains de Marie Desplechin, son écriture claire et forte, le fait qu'elle est une autrice engagée sans relâche et qu'elle fait confiance aux enfants. Elle est une vraie Grande Ourse".

Marie Desplechin. (c) Thierry Dupièreux.

Marie Desplechin, ce sont des dizaines de romans pour toutes les tranches d'âge d'enfants, publiés principalement à l'école des loisirs. Quelques titres en vrac, qui suscitent immédiatement de bons souvenirs, que ce soient les plus récents, "Mauve", "Pome", "Verte" ou d'autres plus anciens, devenus des classiques: "Le journal d'Aurore" en trois tomes, "Une vague d'amour sur un lac d'amitié", "Le coup du kiwi", "Le monde de Joseph", "Séraphine"... Enchantée, la lauréate s'est immédiatement engagée à "essayer d'amener les gens à la lecture. Amener des gens au livre légitime une existence. J'ai une chance incroyable d'être à cette place."

Et le Salon?

Comme dit Sylvie Vassallo, "le fait qu'il se tienne est un événement" alors que tant d'autres manifestations littéraires sont annulées.

  1. Une chaîne TV maison sera créée, centrée sur la littérature de jeunesse (interviews d'auteurs, discussions, dessins, critiques, lectures...); diffusion en direct de 9 heures à 21 heures, en replay de 21 heures à 9 heures, podcasts une fois le salon terminé (programme ici).
  2. Invitation a été faite à la chaîne du livre d'adopter le salon: 500 partenaires ont été trouvés dans la France entière. Le Salon sera dans les vitrines des libraires et des bibliothèques, les enseignants auront l'exposition, des affiches, des visioconférences en classe.
  3. Les journées professionnelles se dérouleront le vendredi et le lundi, soit 70 conférences sur plateforme numérique.
  4. Un achat de 25.000 livres dans des librairies indépendantes permettra au Salon d'organiser l'opération "Une histoire pour toi" en Seine-Saint-Denis, soit le cadeau d'un livre à chaque enfant de sixième, agrémenté d'un marque-page réalisé par l'auteur (20.000 écoliers ainsi que les enfants placés par l'aide à l'enfance, les mineurs isolés, les enfants du personnel soignant).
  5. Une exposition "La tête dans les images", en vrai sur la place Aimé Césaire, lieu de naissance historique du Salon, en face de la mairie (sauf nouvelles mesures) et chez les partenaires.
  6. Deux cents auteurs ont répondu présent et interviendront, ou sont intervenus, d'une manière ou d'une autre. Gilles ABIER, Zeina ABIRACHED, Marguerite ABOUET, Marion ACHARD, Beatrice ALEMAGNA (affiche), Sylvie ALLOUCHE, Katerina APOSTOLOPOULOU, Magali ATTIOGBÉ, Gaël AYMON, Gilles BACHELET, Ramona BADESCU, Sigrid BAFFERT, Lisa BALAVOINE, Anne-Gaëlle BALPE, Patrick BARD, Élodie BARTHELEMY, Sandrine BEAU, Cécile BECQ, Fred BERNARD, Nathalie BERNARD, Julien BILLAUDEAU, Jean-Michel BILLIOUD, Muriel BLOCH, Caroline BOIDÉ, Sandrine BONINI, Marion BONNEAU, Pierre BORDAGE, Marc BOUTAVANT, Soledad BRAVI, Camille BRISSOT, Camille BRUNEL, Marion BRUNET, Michel BUSSI, Annabelle BUXTON, Sandrine CAILLIS, Antonio CARMONA, Geneviève CASTERMAN, Carole CHAIX, Benjamin CHAUD, Julia CHAUSSON, Delphine CHEDRU, Nathalie CHOUX, Fabrice COLIN, Marion COLLÉ, Charline COLLETTE, Marie COLOT, Rémi COURGEON, Alex COUSSEAU, Catherine CUENCA, Ronald CURCHOD, Vincent CUVELLIER, Marc DANIAU, Fleur DAUGEY, Rebecca DAUTREMER, Gwénaël DAVID, Nicolas DE CRECY, Timothée DE FOMBELLE, Léa DECAN, Pauline DELABROYALLARD, Gerda DENDOOVEN, Xavier DENEUX, Marie DESPLECHIN, Jean-Christophe DEVENEY, Éléonore DEVILLEPOIX, Antoine DOLE / Mr TAN, Marie DORLÉANS, Bruno DOUCEY, Olivier DOUZOU, Anne-Hélène DUBRAY, Yomgui DUMONT, Joëlle ECORMIER, Silène EDGAR, Thierry ELIEZ, Michaël ESCOFFIER, Pascale ESTELLON, Manon FARGETTON, Rémi FARNOS, Estelle FAYE, Gaël FAYE, Christine FÉRET-FLEURY, Madeleine FÉRET-FLEURY, Bertrand FICHOU, Manuele FIOR, Odile FIX, Natali FORTIER, Catherine FRADIER, Claudine GALEA, Praline GAY-PARA, Eve GENTILHOMME, Bernadette GERVAIS, Emma GIULIANI, Emilie GLEASON, Valentine GOBY, Thomas GOSSELIN, Ilya GREEN, Yves GREVET, Théo GROSJEAN, Guillaume GUERAUD, Judith GUEYFIER, Emmanuel GUIBERT, Benoît GUILLAUME, Antoine GUILLOPPÉ, Lancelot HAMELIN, Natacha HENRY, Gregoire HERVIER, Florence HINCKEL, HIPPOLYTE, Paula JACQUES, Joëlle JOLIVET, Camille JOURDY, Pauline KALIOUJNY, Olivier KA, Pierre-François KETTLER, Stéphane KIEHL, Maxe L’HERMENIER, Jean-Baptiste LABRUNE, Benjamin LACOMBE, Blandine LE CALLET, Diane LE FEYER, Gwen LE GAC (affiche), Magali LE HUCHE, Joséphine LEBARD, Philippe LECHERMEIER, Régis LEJONC, Marjolaine LERAY, Benjamin LESAGE, Sylvain LEVEY, LIBON, Gérard LO MONACO, Roxane LUMERET, Souleymane M’BODJ, Jeanne MACAIGNE, Jessie MAGANA, Aylin MANÇO, Ménéas MARPHIL, Julien MARTINIÈRE, Jean-Marc MATHIS (affiche), Claire MAZARD, Léa MAZÉ, Louise MEY, Stéphane MICHAKA, Nicolas MICHEL, Marion MONTAIGNE, Jérémie MOREAU, Rémi MOREL, Susie MORGENSTERN, Bérénice MOTAIS DE NARBONNE, Guillaume NAIL, Nadia NAKHLÉ, Aurélie NEYRET, Carl NORAC, Nathalie NOVI, Laura NSAFOU, Cassandra O’DONNELL, Dominique PAQUET, Olivia PAROLDI, Tatiana PATCHAMA, Jean-Michel PAYET, Nancy PENA, Delphine PESSIN, Xavier-Laurent PETIT, Florence PINAUD, François PLACE, Ceilin POGGI, Victor POUCHET, Bertrand PUARD, Lauranne QUENTRIC, Hélène RAJCAK, Marine RIVOAL, François ROCA, Agnès ROSENSTIEHL, Cécile ROUMIGUIERE, Clément ROUSSIER, Florie SAINT-VAL, Bertrand SANTINI, Mathieu SAPIN, Amélie SARN, Riad SATTOUF (affiche), Marine SCHNEIDER, Thomas SCOTTO, Lolita SÉCHAN, Éric SENABRE, Caroline SOLÉ, Nathalie SOUSSANA, STEDHO, Caroline STELLA, Emma STRACK, Erwann SURCOUF, Murielle SZAC, Nuria TAMARIT, Britta TECKENTRUP, Julia THÉVENOT, Jean-Christophe TIXIER, Carole TREBOR, Page TSOU, Hervé TULLET, Philippe UG, Anaïs VACHEZ, Elsa VALENTIN, Delphine VALLETTE, Thibault VERMOT /Benoît MALEWICZ, Séverine VIDAL, Vincent VILLEMINOT, Tillie WALDEN, Chloé WARY, Jo WITEK, Cathy YTAK.

Avant de mettre le cap sur l'édition 2020, un petit jeu. En effet, l'affiche du Salon est déclinée en dix versions où des yeux de personnage de papier se posent sur ceux de la jeune mannequin. Qui sont ces personnages et quels sont leurs auteurs? Quelques indices dans la liste ci-dessus.


Crédits.
Belleville 2020 © Christophe Urbain © C’est quoi un enfant ? Beatrice Alemagna, Casterman, 2017
Belleville 2020 © Christophe Urbain © Akissi, dessin de Mathieu Sapin, scénario Marguerite Abouet, Gallimard Jeunesse, 2015
Belleville 2020 © Christophe Urbain © Mortelle Adèle est un univers créé par Mr Tan et illustré par Diane Le Feyer, d’après les illustrations et l’univers graphique original de Miss Prickly – Bayard Éditions
Belleville 2020 © Christophe Urbain © Quand mon chat était petit, Gilles Bachelet, Seuil jeunesse, 2004
Belleville 2020 © Christophe Urbain © Vues d’ici, illustrations Joëlle Jolivet, texte Fani Marceau, hélium, 2005
Belleville 2020 © Christophe Urbain © Le Terrible six heures du soir, illustrations Gwen Le Gac, texte Christophe Honoré, Actes Sud Junior, 2008
Belleville 2020 © Christophe Urbain © Pomelo est amoureux, illustrations Benjamin Chaud, texte Ramona Bãdescu, Albin Michel Jeunesse, 2003
Belleville 2020 © Christophe Urbain © Boris, qu’est ce que tu fais ? Mathis, éditions Thierry Magnier, 2011
Belleville 2020 © Christophe Urbain © Les Carnets de Cerise, volume 5, illustrations Aurélie Neyret, texte Joris Chamlain, Collection Métamorphose, dirigée par Barbara Canepa et Clotilde Vu, Éditions Soleil, 2017
Belleville 2020 © Christophe Urbain © Les Cahiers d’Esther, Histoires de mes 10 ans, Riad Sattouf, Allary Éditions, 2016