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jeudi 31 octobre 2024

Dans le vrai faux appartement de Jeanne Dielman

LU & approuvé

Clarisse Michaux.
 
C'est un mince petit format broché. Son jaune tendre est barré d'un titre énorme, énigmatique. "La gaieté me sidère" (Editions Hourra, 72 pages, diffusion-distribution Serendip & Paon).
Son auteure, Clarisse Michaux, nous en dit un peu plus dès la couverture tournée: "Poèmes en dialogue avec le film/  Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles/  de Chantal Akerman/ 1975".
 
OK. On s'y lance et on se retrouve pris dans ces mots de prose poétique écrits d'un seul jet - comme le film avait été tourné. Dans un texte occupant peu ou beaucoup le blanc de la page, celle qui est née à Bruxelles vingt ans après le tournage du film nous propose un dialogue entre l'aujourd'hui de sa visite sur place au Quai du Commerce et l'hier de l'héroïne, interprétée par Delphine Seyrig. On visite l'appartement, le "vrai faux appartement" puisqu'il s'agit d'un tournage. On approche du personnage. On suit Jeanne Dielman, veuve,  et son fils adolescent. En cercles concentriques, la doctorante en philosophie attrape son sujet, lève son filet. Elle réjouit le lecteur de sa prose blanche et inventive, l'immerge dans la vie de cette anonyme partagée entre la cuisson des patates et le sexe tarifé jusqu'à une scène définitive. Et dans une finale magistrale, Clarisse Michaux explique son lien personnel avec le film de Chantal Akerman (1950-2015). Poésie, récit, philosophie, analyse, certes un Objet Littéraire Non Identifié que ce "La gaieté me sidère" mais assurément une réussite littéraire valent clairement le détour.

Remarque: pas besoin d'avoir vu le film "Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles" pour apprécier "La gaieté me sidère". A noter que Clarisse Michaux avait déjà oublié la nouvelle "Bleu parking" dans la collection "Opuscule" des éditions Lamiroy en 2020.

Présenté à Cannes en 1975, le long-métrage de Chantal Akerman "Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles" est longtemps resté confidentiel. Il fallait être cinéphile pour admirer ce récit féministe de plus de trois heures, relatant le quotidien répétitif d'une femme au foyer, qui se prostitue en fin de journée. Revanche: le film a été consacré en 2022 par des critiques du monde entier "plus grand film de l'histoire", dans un classement établi par la revue anglaise Sight and Sound.

 

 

 Pour lire en ligne un extrait de "La gaieté me sidère", c'est ici.

 

Le prix Décembre décerné à Abdellah Taïa

Abdallah Taïa (c) Joël Saget/AFP.

Ce mercredi 30 octobre,  Abdellah Taïa a reçu à la Fondation Yves Saint-Laurent le prix Décembre (15 000 euros) qui lui avait été attribué la veille pour "Le bastion des larmes" (Julliard), son quatorzième livre. Le premier titre de l'écrivain né à Rabat (Maroc) en 1973 chez cet éditeur, après huit romans au Seuil. Coquinerie éditoriale, les deux autres titres en finale sont publiés au Seuil.Sourire devant ce choix car c'était mon pronostic (lire ici).
 
Installé à Paris depuis 1999,  le lauréat est l'un des premiers écrivains marocains et arabes à affirmer publiquement, dans ses livres comme dans les médias, son homosexualité.

Présentation de l'éditeur:  À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses sœurs, pour liquider l'héritage familial. En lui, c'est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement souffrances et bonheur de vivre.
À travers lui, les voix du passé résonnent et l'interpellent, dont celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique, happé par le trafic de drogue et la corruption d'un colonel de l'armée du roi Hassan II. À mesure que Youssef s'enfonce dans les ruelles de la ville actuelle, un monde perdu reprend forme, guetté par la misère et la violence, où la différence, sexuelle, sociale, se paie au prix fort. Frontière ultime de ce roman splendide, le Bastion des Larmes, nom donné aux remparts de la vieille ville, à l'ombre desquels Youssef a jadis fait une promesse à Najib. "Notre passé… notre grande fiction", médite Youssef, tandis qu'il s'apprête à entrer pleinement dans son héritage, celui d'une enfance terrible, d'un amour absolu, aussi, pour ses sœurs magnifiques et sa mère disparue.

Le jury était composé de Laure Adler, Claude Arnaud, Maxime Catroux, Charles Dantzig, Chloé Delaume, Christophe Honoré, Oriane Jeancourt-Galignani, Patricia Martin, Amélie Nothomb et Arnaud Viviant.

Le 8 novembre prochain, Abdellah Taïa recevra à l'ouverture de la 42e foire du livre de Brive le Prix de la langue française pour l'ensemble de son œuvre.




mardi 29 octobre 2024

Joepie! Le retour de Flirt Flamand

Joepie! Youpie!  Passa Porta annonce une nouvelle édition du "Flirt Flamand", cette opération lançant des ponts entre littératures belges en français et en flamand. Ce sera bref, cinq rendez-vous dans cinq  librairies phares de Bruxelles le temps d'un week-end, celui du 22 au 24 novembre. Ce sera bref mais ce sera en français, et gratuit (places limitées, réservation obligatoire ici). La nouveauté de l'année est que les dialogues entre auteur.e.s auront lieu dans une librairie. L'occasion de découvrir cinq auteur.e.s flamands récemment traduits en français. Et on nous dit que des exemplaires de livres seront offerts au public.
 
Programme

Flirt numéro 1: Eva Kamanda et Anna Safiatou Touré

 

Eva Kamanda et Anna Safiatou Touré.


L'actrice et autrice flamande Eva Kamanda ("Une vie sous silence", traduit du néerlandais par Marie Hooghe, Racine) s'entretient avec l'artiste franco-malienne installée à Bruxelles Anna Safiatou Touré ("Herbier du département congolais des Serres royales de Laeken", CFC éditions) pour explorer les conséquences du passé colonial belgo-congolais.

Librairie CFC, Pl. des Martyrs 14, 1000 Bruxelles
Vendredi 22 novembre à 18 heures
 
 

Flirt numéro 2: Angelo Tijssens et Lara Gasparotto


Angelo Tijssens et Lara Gasparotto.

Le dramaturge et scénariste flamand Angelo Tijssens (les films "Girl" et "Close" de Lukas Dhont) échange avec la photographe belge Lara Gasparotto autour de son premier roman beau et cru traduit en français, "Au bord" (traduit du néerlandais par Guillaume Deneufbourg, Julliard).
 
Les Yeux Gourmands, Av. Jean Volders 64, 1060 Saint-Gilles
Vendredi 22 novembre à 19h30


Flirt numéro 3: Mieke Versyp et Dominique Goblet

 

Mieke Versyp et Dominique Goblet.

La scénariste et autrice flamande Mieke Versyp vient parler de "Peau", son premier roman graphique (illustré par Sabien Clement, traduit du néerlandais par Françoise Antoine, Editions çà et là) en échange avec l'artiste Dominique Goblet ("Le Jardin des candidats", avec Kai Pfeiffer, FRMK) de ce que veut dire écrire sur les corps des femmes, leurs vieillissements et leurs désirs.

Brin d'acier, Rue Josaphat 269, 1030 Schaerbeek
Samedi 23 novembre à 19 heure
 

Flirt numéro 4: Miriam Van hee et Philippe Noble

 

Miriam Van hee et Philippe Noble.
 
La poétesse flamande Miriam Van hee (Gand) s'entretient avec son traducteur Philippe Noble, directeur de la collection "Lettres néerlandaises" aux éditions Actes Sud, à propos de la traduction française de son recueil "Entre bord et quai" (Cheyne).

Tropismes, 11 Galerie des Princes, 1000 Bruxelles
Dimanche 24 novembre à 11 heures




Flirt numéro 5: Rachida Lamrabet et Veronika Mabardi

 
Rachida Lamrabet et Veronika Mabardi.

L'autrice flamande Rachida Lamrabet vient présenter sa première traduction vers le français, "Raconte-le à quelqu'un" (nom du traducteur inconnu, La croisée des chemins). Elle échangera avec la dramaturge et autrice bilingue Veronika Mabardi, Grand prix du Roman de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique 2022 pour le bouleversant "Sauvage est celui qui se sauve" (Esperluète, lire ici).

TULITU, Rue de Flandre 55 à 1000 Bruxelles
Dimanche 24 novembre à 12h30

jeudi 24 octobre 2024

Le Grand prix du roman de l'Académie française décerné à Miguel Bonnefoy

"L'Académie française, dans sa séance du jeudi 24 octobre 2024, a décerné son Grand Prix du roman, d'un montant de 10.000 euros, à M. Miguel Bonnefoy pour son roman "Le Rêve du jaguar" (Rivages)", informe la vénérable institution. Joie et amusement car c'était mon pronostic (lire ici).

C'est au troisième tour de scrutin que le lauréat est apparu, obtenant huit voix contre sept à Grégory Cingal ("Les Derniers sur la liste", Grasset) et sept à Abel Quentin ("Cabane", L'Observatoire). Ce qui nous fait 22 votes sur une assemblée qui affiche actuellement 37 membres sur 40.
 
A près de 38 ans, il les aura le 22 décembre, l'auteur remporte son premier grand prix littéraire, après divers autres lauriers estimables.
 
"Le Rêve du jaguar" est le dixième ouvrage de l'écrivain qui est passé par la nouvelle et le récit avant de parvenir au roman. Un volume plus épais que précédemment mais sans doute fallait-il 300 pages pour brosser une saga familiale sur trois générations. La destinée d'Antonio, de son épouse et de leurs descendants nous régale d'autant plus que l'auteur y cultive son style toujours aussi flamboyant. 
 
 
 
 
 
 Bien sûr, Miguel Bonnefoy s'est inspiré de ses ancêtres pour donner vie à un récit vibrant aux personnages inoubliables dont la destinée s'entrelace à celle du Venezuela. Né en France d'une mère diplomate vénézuélienne qui a été l'attachée culturelle de l'ambassade du Venezuela à Paris et d'un père romancier chilien naturalisé français, le lauréat a grandi au Venezuela et au Portugal. Il y a suivi sa scolarité dans des lycées français.
 
L'histoire commence quand une mendiante muette de Maracaibo, au Venezuela, recueille un nouveau-né sur les marches d'une église. Orphelin élevé dans la misère, Antonio sera tour à tour vendeur de cigarettes, porteur sur les quais, domestique dans une maison close avant de devenir, grâce à son énergie bouillonnante, un des plus illustres chirurgiens de son pays. Une compagne d'exception l'inspirera. Ana Maria se distinguera comme la première femme médecin de la région. Ils donneront naissance le 23 janvier 1958, jour de la chute du dictateur Marcos Pérez Jiménez, à une fille qu'ils baptiseront du nom de leur propre nation: Venezuela. Liée par son prénom autant que par ses origines à l'Amérique du Sud, elle n'a d'yeux que pour Paris. Mais on ne quitte jamais vraiment les siens. C'est dans le carnet de Cristobal, né, lui, à Paris, dernier maillon de la descendance, que les mille histoires de cette étonnante lignée pourront, enfin, s'ancrer.
 

Bibliographie de Miguel Bonnefoy
  • "Quand on enferma le labyrinthe dans le Minotaure" (en italien, Edizione del Giano, 2009, 35 p.)
  • "Naufrages" (Quespire, 2012, 76 p.; Rivages, 100 p., 2020)
  • "Icare et autres nouvelles" (Buchet/Chastel, 2013, 352 p.)
  • "Traversée" (Paulsen, 2013)
  • "Le Voyage d'Octavio" (Rivages, 2015, 123 p.; Rivages Poche Petite Bibliothèque, 2016, 144 p.)
  • "Jungle" (Paulsen, 2016, 122 p.; Rivages Poche, 2017, 150 p.)
  • "Sucre noir" (Rivages, 2017, 209 p.; Rivages Poche, 2019, 192 p.)
  • "Héritage" (Rivages, 2020, 206 p.; Rivages Poche, 2022, 224 p.)
  • "L'inventeur" (Rivages, 2022, 208 p.)
  • "Le rêve du jaguar" (Rivages, 2024, 304 p.)

 

 





mardi 22 octobre 2024

Dernier galop pour les grands prix d'automne

(c) Image de Freepik.

 
EDIT 07/11: la troisième et dernière sélection du prix Interallié (voir plus bas).
 
EDIT 24/10: la troisième et dernière sélection du prix Renaudot (voir plus bas).

EDIT 23/10: le prix Rossel a publié ses finalistes.
 
  • "Mythologie du.12", de Célestin de Meeûs (Éditions du Sous-sol)
  • "Guerre et pluie", de Velibor Colic (Gallimard)
  • "Eureka dans la nuit", d'Anne-Sophie Kalbfleisch (Rouergue)
  • "Pipeline", de Rachel M. Cholz (Seuil)
  • "La voix des saules", de Nathalie Skowronek (Grasset)
 
Où en sommes-nous dans les grands prix littéraires de l'automne 2024? Dans la dernière ligne droite, l'Académie française ouvrant le bal ce jeudi 24 octobre avec son Grand Prix du roman. Les autres jurys ne se feront guère attendre, dégainant chacun à leur tour dans la semaine du 4 novembre, précédés de peu par le prix Décembre.
 
Où en sommes-nous?
Voici, par date d'apparition, les sélections finales ainsi que les sélections intermédiaires des prix les plus importants.

jeudi 24 octobre
Grand prix du Roman de l'Académie française
(finalistes)
  • "Le Rêve du jaguar", de Miguel Bonnefoy (Rivages)
  • "Les Derniers sur la liste", de Grégory Cingal (Grasset)
  • "Cabane", d'Abel Quentin (L'Observatoire)

mardi 29 octobre
Prix Décembre
(finalistes)
  • "Les derniers jours du parti socialiste", d'Aurélien Bellanger (Seuil)
  • "Ann d'Angleterre", de Julia Deck (Seuil)
  • "Le bastion des larmes", d'Abdellah Taïa (Julliard)

lundi 4 novembre
Prix Goncourt (finalistes)
  • "Madelaine avant l'aube", de Sandrine Collette (JC Lattès)
  • "Houris", de Kamel Daoud (Gallimard)
  • "Jacaranda", de Gaël Faye (Grasset)
  • "Archipels", d'Hélène Gaudy (L'Olivier)

lundi 4 novembre
Prix Renaudot (finalistes)
  • "Les sœurs et autres espèces du vivant", d'Elisabeth Barillé  (Arléa)
  • "La barque de Masao", d'Antoine Choplin (Buchet Chastel)
  • "Houris", de Kamel Daoud (Gallimard)
  • "Jacaranda", de Gaël Faye (Grasset)
  • "Les guerriers de l'hiver", d'Olivier Norek (Michel Lafon)
 
mardi 5 novembre
Prix Femina (finalistes)
  • "Hôtel Roma", de Pierre Adrian (Gallimard)
  • "Le mal joli", d'Emma Becker (Albin Michel)
  • "Un autre m'attend ailleurs", de Christophe Bigot (La Martinière)
  • "Le rêve du jaguar", de Miguel Bonnefoy (Rivages)
  • "La Barque de Masao", d'Antoine Choplin (Buchet Chastel)
  • "Berlin pour elles", de Benjamin de Laforcade (Gallimard)

Prix Femina étranger (finalistes)
  • "Question 7", de Richard Flanagan (Actes Sud, trad. Serge Chauvin)
  • "Maniac," de Benjamín Labatut (Grasset, trad. David Fauquemberg)
  • "Si peu", de Marco Lodoli (P.O.L, trad. Louise Boudonnat)
  • "Sur l'île", d'Elizabeth O'connor (JC Lattès, trad. Claire Desserrey)
  • "Long Island", de Colm Tóibín (Grasset, trad. Anna Gibson)
  • "Propre", d'Alia Trabucco Zerán (Robert Laffont, trad. Anne Plantagenet)
  • "Étreintes", d’Anne Michaels (Sous-Sol, trad. Dominique Fortier)

mercredi 6 novembre
Prix Médicis des romans francophones
(2e sélection)
  • "Le Rêve du jaguar", de Miguel Bonnefoy (Rivages)
  • "Paris, musée du XXIe siècle", de Thomas Clerc (Minuit)
  • "Ann d'Angleterre", de Julia Deck (Seuil)
  • "Aimez Gil", de Shane Haddad (P.O.L.)
  • "Aucun respect", d'Emmanuelle Lambert (Stock)
  • "Le bastion des larmes", d'Abdellah Taïa (Julliard)
  • "La fille verticale", de Félicia Viti (Gallimard)
  • "Plein ciel", de Cécile Wajsbrot (Le Bruit du temps)
  • "Ilaria", de Gabriella Zalapi (Zoé)

Prix Médicis des romans étrangers (2e sélection)
  • "Théodoros", de Mircea Cărtărescu (traduit du roumain par Laure Hinkel, Editions Noir sur blanc)
  • "Le désastre de la maison des notables", d'Amira Ghenim (traduit de l'arabe (Tunisie) par Souad Labbize, Philippe Rey)
  • "Tarentule", d'Eduardo Halfon (traduit de l'espagnol (Guatemala) par David Fauquemberg, Quai Voltaire)
  • "Maniac", de Benjamin Labatut (traduit de l'anglais (Chili) par David Fauquemberg, Grasset)
  • "Si peu", de Marco Lodoli (traduit de l'italien par Louise Boudonnat, P.O.L.)
  • "Propre", d'Alia Trabucco Zerán (traduit de l'espagnol (Chili) par Anne Plantagenet, Robert Laffont)
  • "La bibliothèque du beau et du mal", d'Undinė Radzevičiūtė (traduit du lituanien par Margarita Barakauskaité-Le Borgne,Viviane Hamy)
  • "Histoire d'une domestication", de Camila Sosa Villada (traduit de l'espagnol (Argentine) par Laura Alcoba, Métailié)
  • "Le champ", de Josef Winkler (traduit de l'allemand (Autriche) par Bernard Banoun, Verdier)

jeudi 7 novembre
Prix de Flore
(finalistes)
  • "Nuits", de Pierre Deram (Grasset)
  • "Jessica seule dans une chambre", de Joy Majdalani (Grasset)
  • "Marc", de Benjamin Stock (Rue Fromentin)
  • "Le retour de Saturne", de Daphné Tamage (Stock)
  • "Une trajectoire exemplaire", de Nagui Zinet (Joëlle Losfeld)

lundi 11 novembre
Prix Wepler

  • "Roman de Ronce et d’Épine", de Lucie Baratte (Éditions du Typhon)
  • "Constellucination", de Louise Bentkowski (Verdier)
  • "Pour Britney", de Louise Chennevière (P.O.L.)
  • "Paris musée du XXIe siècle. Le dix-huitième arrondissement", de Thomas Clerc (Éditions de Minuit)
  • "Ann d'Angleterre", de Julia Deck (Seuil)
  • "Amiante", de Sébastien Dulude (La Peuplade)
  • "Mélusine reloaded", de Laure Gauthier (Corti)
  • "Mémoires sauvées de l'eau", de Nina Leger (Gallimard)
  • "Mythologie du .12", de Célestin de Meeûs (Éditions du Sous-sol)
  • "Palais de verre", de Mariette Navarro (Quidam)
  • "La Petite Bonne", de Bérénice Pichat (Les Avrils)
  • "Après ça", de Eliot Ruffel (Éditions de l'Olivier)

mardi 12 novembre
Grand prix de littérature américaine
(finalistes)
  • "Martyr!", de Kaveh Akbar (traduit par Stéphane Roques, Scribes-Gallimard)
  • "Le paradis des fous", de Richard Ford (traduit par Josée Kamoun, L’Olivier)
  • "Bien-être", de Nathan Hill (traduit par Nathalie Bru, Gallimard)
  • "Absolution", d'Alice McDermott (traduit par Cécile Arnaud, La Table Ronde)

mercredi 13 novembre
Prix Interallié
(finalistes)
  • "Badjens", de Delphine Minoui (Seuil)
  • "Cœur", de Thibault de Montaigu (Albin Michel)
  • "Les Guerriers de l'Hiver", d'Olivier Norek (Michel Lafon)
  • "Cabane", d'Abel Quentin (L'Observatoire)
 
mercredi 13 novembre
Prix Rossel
(Belgique)
  • "Mythologie du.12", de Célestin de Meeûs (Éditions du Sous-sol)
  • "Guerre et pluie", de Velibor Colic (Gallimard)
  • "Eureka dans la nuit", d'Anne-Sophie Kalbfleisch (Rouergue)
  • "Pipeline", de Rachel M. Cholz (Seuil)
  • "La voix des saules", de Nathalie Skowronek (Grasset)

jeudi 14 novembre
Prix Jean Giono
(2e sélection)
  • "Le Rêve du jaguar", de Miguel Bonnefoy (Rivages)
  • "Dors ton sommeil de brute", de Carole Martinez (Gallimard)
  • "Cœur", de Thibault de Montaigu (Albin Michel)
  • "Les Guerriers de l'Hiver", d'Olivier Norek (Michel Lafon)
  • "La reine du labyrinthe", de Camille Pascal (Robert Laffont)
  • "La Méduse noire", de Yann Queffélec (Calmann-Lévy)
  • "Cabane", d'Abel Quentin (L'Observatoire)
  • "Ceux du lac", de Corinne Royer (Seuil)
troisième sélection le 7 novembre
 
 
 
 
Et, pour rigoler, mes pronostics basés sur les dernières listes de finalistes. Ou mes envies.
  • Grand prix du Roman de l'Académie française: "Le Rêve du jaguar", de Miguel Bonnefoy (Rivages) gagné 😀
  • Prix Décembre: "Le bastion des larmes", d'Abdellah Taïa (Julliard) gagné 😀
  • Prix Goncourt: "Madelaine avant l'aube", de Sandrine Collette (JC Lattès) raté
  • Prix Renaudot: "Houris", de Kamel Daoud (Gallimard) mauvais aiguillage 😀
  • Prix Femina: "Le mal joli", d'Emma Becker (Albin Michel) raté de peu
  • Prix Médicis: "Ann d'Angleterre", de Julia Deck (Seuil) gagné 😀
  • Prix de Flore: "Jessica seule dans une chambre", de Joy Majdalani (Grasset) 
  • Prix Rossel: "Mythologie du.12", de Célestin de Meeûs (Éditions du Sous-sol)

N'hésitez pas à me faire part des vôtres.
 
 
 
 
 






jeudi 10 octobre 2024

Les 20 titres en lice pour les Pépites 2024



 
L'affiche 2024, signée Anne Laval.
Pour sa quarantième édition, le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis a choisi le joli thème de "Rêve général!".
Du mercredi 27 novembre au lundi 2 décembre, il proposera d'éprouver les pouvoirs conjugués du rêve et de la littérature. Le rêve qui stimule, met en scène les émotions, dessine l'inédit, exprime l'indicible. Le rêve qui, avec la littérature, devient espace de créativité, de projections, de liberté. L'imagination au pouvoir, un slogan ancien qui n'a rien perdu de sa nécessité et de son actualité. Infos et programme complet ici.
 
Que voit-on dans le rétroviseur des 40 ans? 
  • Des chiffres qui donnent le vertige. Selon le Syndicat National de l'Édition (FR), en 1984, 4.875 titres ont été publiés (1.959 nouveautés et 2.916 réimpressions). L'édition jeunesse, avec un chiffre d’affaires de 9,4 %, représentait le cinquième secteur éditorial. En 2023, 18.535 titres ont été publiés! Près de quatre fois plus. L'édition jeunesse, avec un chiffre d'affaires de 13,7 % (19,4 % en nombre d'exemplaires), représente le troisième secteur éditorial.

Que voit-on dans le projecteur des 40 ans?
  • L'opération 40×40 du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis. 40 créateur·rice·s, sélectionné·e·s après un appel à candidatures, ont été invité·e·s à créer une illustration autour des imaginaires de la lecture. Ces 40 œuvres seront révélées le 20 novembre, "Journée internationale des droits de l'enfant", et investiront, en grand format, des lieux emblématiques de l'enfance dans 40 villes du département. L'exposition 40×40 sera également érigée en haie d'honneur pour accueillir les visiteurs du Salon.
  • L'exposition "Atout sens!" proposera des approches et expérimentations sensorielles (toucher, écouter, respirer pour voir) d'une sélection d'ouvrages primés au Salon ces 40 dernières années.
  • Le focus Lituanie avec le lancement de l'ouvrage "Nos légendes, gestes croisés", qui met sur le devant de la scène 6 artistes lituanien·ne·s accompagné·e·s, dans leurs créations, par 3 auteur·rice·s de bandes dessinées français·e·s. 
  • "40 ans d'histoires en partage": chaque maison d'édition présente au Salon est invitée à choisir LE livre, le bijou, qui incarne l'histoire croisée de la littérature jeunesse et du Salon.

Que se passera-t-il le 7 novembre?
  • La Grande Ourse 2024 sera révélée. Bien plus qu'un prix littéraire, il s'agit d'une distinction décernée par les équipes du Salon pour mettre à l'honneur l'œuvre d'un·e artiste dont la créativité, d'une ampleur et d'une audace particulières, laisse une empreinte ou vient illuminer, de manière durable, le paysage de la littérature jeunesse.
  • Qui succèdera à Beatrice Alemagna, Grande Ourse 2023, Marc Boutavant (2022), Lucie Félix (2021), Marie Desplechin (2020) et Gilles Bachelet (2019)?
En avant-programme, les 20 titres sélectionnés pour les Pépites 2024 dans les quatre catégories habituelles: "Livre illustré", "Fiction juniors", "Bande dessinée" et "Fiction ados". On continue à regretter que l'ensemble de la production d'albums ne soit présente que dans une catégorie alors que les tranches d'âges des lectorats permettent tant de merveilles.

Le 27 novembre, jour d'ouverture du Salon, seront révélés les quatre lauréats des Pépites, désignés par les 36 jeunes jurés, âgés de 8 à 18 ans, sélectionnés suite à un appel à candidatures en France métropolitaine et dans les territoires ultra-marins. Sera aussi proclamée la Pépite d'Or, choisie parmi les mêmes vingt titres par un jury composé de professionnels ou de critiques littéraires: Émile Bravo, auteur-dessinateur, Président du CPLJ-93, Alexis Demeyer (France Inter), Laurence Houot-Rémy (Francetvinfo.fr), Fabienne Jacob ("Livres Hebdo"), Sandrine Mariette, ("Elle"), Marine Landrot ("Télérama"), Juliette Marchand (Place des libraires, librairie La Friche), Laurent Marsick (RTL), Cécile Ribault Caillol (France Info), Frédérique Roussel ("Libération") et Sylvie Vassallo, Directrice du CPLJ-93.

Plaisir cocorico de découvrir dans cette liste un titre à quatre mains belges publié par la maison belge CotCotCot éditions, une bande dessinée bicéphalo-belge (Gallimard) ainsi qu'un roman signé d'un Bruxellois notoire (Little Urban).


Les vingt livres sélectionnés pour les Pépites 2024


Sélection Livre illustré
 
 

  • "Un brouillamini", Karen Hottois et Vincent Pianina (Albin Michel Jeunesse)
  • "Cinéma Paradis", Julien Magnani (Magnani Éditions)
  • "JeanJambe et le Mystère des profondeurs", Matthias Picard (2024 Éditions)
  • "Peurs du soir", Laurie Agusti (La Partie)
  • "Des siècles et des siècles", Christophe Honoré et Gwen Le Gac (Thierry Magnier Éditions)

Sélection fiction juniors
 
 
  • "Alexandre sur les flots", Vincent Cuvellier, illus. Guillaume Bianco (Little Urban)
  • "Le Défi de Yaran", Estelle Faye (Rageot)
  • "Les hamsters n'existent pas", Antonio Carmona (Éditions Théâtrales Jeune)
  • "Mori", Marie Colot et Noémie Marsily (CotCotCot Éditions)
  • "Noûr et Balthazar", Frédéric Sounac (La Joie de lire)
 
Sélection bande dessinée
 

  • "Bianca et la Forêt des parents égarés", Marie Boisson (Misma)
  • " Hey Djo !", Marzena Sowa et Geoffrey Delinte (Gallimard Bande Dessinée)
  • "Les Royaumes de Tiketone, tome 1: Les Reliques des morts vivants", Mélissa Morin (Casterman)
  • "La Trahison d'Olympe livre 1/2", Jean Dalin (Sarbacane)
  • "Les Vacances de Nana et Nini", Margot Farnoux (Biscoto)
 
Sélection fiction ados
 
 
  • "Celle qui reste", Rachel Corenblit, illus. Régis Lejonc (Nathan)
  • "La Danse sauvage d'Harmonie Stark", Sigrid Baffert et Jean-Michel Payet (l'école des loisirs)
  • "Dans le collimateur", Sébastien Gendron (Pocket Jeunesse)
  • "La terre rouge a bu le sang", Jean-François Chabas (Courtes Et Longues Éditions)
  • "Rien à faire, on s'embourbe", Édith Azam et Pauline Barzilaï (Le port a jauni)






Le Nobel de littérature 2024 à Han Kang

Han Kang. Ill. Niklas Elmehed. (c) Nobel Prize Outreach.

 
Serait-ce un galop de rattrapage? Depuis une vingtaine d'années, le prix Nobel de littérature est attribué une fois sur deux ou sur trois à une femme. C'est encore le cas en ce 10 octobre 2024 puisque, deux ans après Annie Ernaux (lire ici), le jury de l'Académie suédoise a sacré l'autrice sud-coréenne Han Kang, 53 ans, romancière, nouvelliste et poète, pour l'ensemble de son œuvre, écrite en coréen: "pour sa prose poétique intense qui confronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine." Elle est la dix-huitième femme à recevoir la récompense littéraire suprême. Sur 117 éditions. Joyce Carol Oates dans deux ans? 
 

 Han Kang. (c) Roberto Ricciuti/Getty Images/ Nobel Prize.

Han Kang, nous dit l'académie suédoise, est née en 1970 dans la ville sud-coréenne de Gwangju avant, à l'âge de neuf ans, de déménager avec sa famille à Séoul. Elle vient d'un milieu littéraire, son père étant un romancier réputé. En plus de son écriture, elle s'est également consacrée à l'art et à la musique, ce qui se reflète tout au long de sa production littéraire.

Elle a commencé sa carrière en 1993 avec la publication de poèmes dans un magazine. Ses débuts en prose, nouvelles et romans, datent de 1995. La grande percée internationale de Han Kang est venue avec son roman "La Végétarienne" publié en Corée en 2007 et à l'international en 2015. Écrit en trois parties, le livre dépeint les conséquences violentes qui en découlent lorsque son protagoniste Yeong-hye refuse de se soumettre aux normes de la consommation alimentaire. 
 
Le travail de Han Kang est caractérisé par une double exposition de douleur, une correspondance entre tourments mentaux et physiques avec des liens étroits avec la pensée orientale. Dans son œuvre, Han Kang fait face à des traumatismes historiques et à des ensembles invisibles de règles et, dans chacune de ses œuvres, expose la fragilité de la vie humaine. Elle a une conscience unique des liens entre corps et âme, vivants et morts, et dans son style poétique et expérimental est devenue une innovatrice en prose contemporaine.
 
Voilà donc une nouvelle et une sacrée récompense pour Han Kang qui en a déjà obtenu beaucoup dans son pays ainsi qu'à l'international: Man-Booker Prize 2016  pour "La Végétarienne" (traduit par Jeong Eun-Jin, Jacques Batilliot, Le Serpent à Plumes 2015), le livre qui la fait connaître au monde, prix Émile-Guimet 2024 de littérature asiatique pour "Impossibles adieux" (traduit du coréen par Pierre Bisiou et Kyungran Choi, Grasset, 2023), qui avait été récompensé par le prix Médicis étranger 2023. Elle y évoque les souvenirs laissés par le soulèvement de Jeju de 1948.

Pour lire en ligne un extrait de "Impossibles adieux", c'est ici.
 
La lauréate a été traduite en français de 2015 à 2019 au Serpent à plumes, soit jusqu'à la cessation d'activités de la maison d'édition. Ce qui explique que plusieurs de ses romans ne sont plus disponibles. On en trouve toutefois certains en format de poche ou en format numérique. L'an dernier, c'est Grasset qui publiait la traduction de son nouveau titre. Le prix Nobel de littérature verra sans doute arriver quelques réédition. Pour savoir quels sont ses livres qui ont été traduits en français et en autres langues, on se référera à son site (ici), fort bien fait.
 
Bibliographie en français
  • "Les Chiens au soleil couchant", traduit par Jean-Noël Juttet, Mikyung Choi, Zulma, 2013, épuisé.
  • "La Végétarienne", traduit par Jeong Eun-Jin, Jacques Batilliot, Le Serpent à Plumes, 2015, Le livre de poche, 2016.
  • "Pars, le vent se lève", traduit par Lee Tae-yeon et Geneviève Roux-Faucard, Decrescenzo, 2014, épuisé.
  • "Leçons de grec", traduit par Jeong Eun-Jin, Jacques Batilliot, Le Serpent à Plumes, 2017, Points, 2019, épuisé.
  • "Celui qui revient, traduit par Jeong Eun-Jin, Jacques Batilliot, Le Serpent à Plumes (2016), Points, 2017.
  • " Les Chiens au soleil couchant", nouvelle publiée dans "Cocktail Sugar et autres nouvelles de Corée", éd. Zulma, traduction sous la direction de Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet (2011)
  • "Blanc", traduit par Jeong Eun-Jin, Jacques Batilliot, Le Serpent à plumes, 2019, épuisé.
  • "Impossibles adieux" (traduit du coréen par Pierre Bisiou et Kyungran Choi, Grasset, 2023
 


Les femmes ayant reçu le Nobel de littérature

  1. Selma Lagerlöf (1909)
  2. Grazia Deledda (1926)
  3. Sigrid Undset (1928)
  4. Pearl Buck (1938)
  5. Gabriela Mistral (1945)
  6. Nelly Sachs (1966)
  7. Nadine Gordimer (1991)
  8. Toni Morrison (1993)
  9. Wisława Szymborska (1996)
  10. Elfriede Jelinek (2004)
  11. Doris Lessing (2007)
  12. Herta Müller (2009)
  13. Alice Munro (2013)
  14. Svetlana Alexievitch (2015)
  15. Olga Tokarczuk (2018)
  16. Louise Glück (2020)
  17. Annie Ernaux (2022)
  18. Han Kang (2024) 

Le palmarès complet du Nobel de littérature se trouve ici.

 

 

 


mardi 8 octobre 2024

Le décès de Claude Lapointe

Claude Lapointe. (c) D.R.

Les réseaux sociaux m'apprennent le décès à l'âge de 86 ans de Claude Lapointe, artiste, illustrateur, éditeur et enseignant. Encore une de ces immenses figures de la littérature de jeunesse qui nous accompagnaient depuis tellement longtemps qu'on les pensait immortelles. 
 
"La guerre des boutons". (c) Gallimard Jeunesse.
 
Né le 3 décembre 1938, Claude Lapointe restera le fondateur de l'Atelier d'illustration des Arts décoratifs de Strasbourg en 1972, en pleine effervescence post 68. Ce qui ne signifie pas qu'il eut la tâche facile, il faut se rappeler le peu de considération qu'était portée alors à la littérature de jeunesse à l'époque. Il enseignera dans cette école de 1969 à 2005. Il attirera dans son atelier tant d'auteurs-illustrateurs d'albums pour enfants qui sont devenus des "noms" du genre et pleurent aujourd'hui la disparition de "Clap". Eve Tharlet, Serge Bloch, John Howe, Blutch, Marjane Satrapi, Thomas Baas, Catel, Benjamin Chaud, Mathieu Sapin, Lisa Mandel, Delphine Durand, Lucie Durbiano, Anouk Ricard, Bruno Salamone, Camille Jourdy et tant d'autres... Nombreux sont ceux qui se rappellent sa bienveillance, son empathie, que ce soit à l'école ou dans des jurys. Lapointe voyait souvent mieux que la personne en face de lui là où elle serait la meilleure. De génération en génération, il a aidé ses étudiants à se trouver, à devenir des "raconteurs d'histoires en images". Lui qui a toujours défendu l'idée de l'"image narrative" plutôt que celle d'"illustration" et qui a considéré le "rapport texte-images" comme essentiel dans un album pour enfants (lire en détail ci-dessous). L'école de Strasbourg, tout le monde en connaissait le nom et en savait la qualité. Décédé ce 6 octobre dans son sommeil, Claude Lapointe a eu la joie de fêter en juin 2024 les 50 ans des premiers diplômés de son atelier.


On a sans doute un peu oublié aujourd'hui que Claude Lapointe fut aussi un illustrateur prolifique au siècle dernier. Illustrateur d'auteurs classiques comme Jack London ("L'appel de la forêt"), Louis Pergaud ("La guerre des boutons"), Mark Twain ("Tom Sawyer") chez Gallimard ou moins classiques comme Pierre Gripari dont il illustra tous les contes ("Le marchand de fessées", "Les contes de la rue de Broca", "Les contes de la Folie Méricourt") chez Grasset, il posa aussi ses compositions sur de nombreuses couvertures de livres des deux mêmes maisons. Il publiera plus tard également chez Actes Sud Junior.




Un des derniers dessins de Claude Lapointe.




 
Hommages

Seule consolation: on va dessiner au paradis. Comme l'écrit Jean Claverie: "Claude Lapointe a fait son baluchon pour rejoindre Etienne Delessert au paradis des croquetons. Les rangs se clairsèment…
Claude avait toutes les qualités: merveilleux illustrateur, pédagogue plein d'humour, fidèle en amitié et solide dans ses convictions."

Paul Fournel
: "L'ami Claude Lapointe vient de mourir. J'ai eu l'immense bonheur de travailler avec lui et c'est lui qui a donné un visage, une allure et les gestes à mon petit personnage Timothée le rêveur. C'était un plaisir!"

Pierre Cornuel
: " Claude Lapointe est parti à son tour. Bien triste. Une belle rencontre avec ce duo et Pierre Gripari qui m'a bien stimulé à me lancer dans l'édition jeunesse alors. "Le marchand de fessées" petit album hilarant,  toujours un de mes préférés." 
 
 
 
 
 


Susie Morgenstern: "Je commence cette journée en pleurant. Sa grandeur est prouvée par la magnifique ribambelle du travail de ses élèves et comment il savait cultiver leurs différences. Il me faisait venir à Strasbourg pour animer des ateliers d’écriture pour “décoincer” ses illustrateurs afin qu'ils écrivent leurs propres textes. C'était la fête."
 
 
Hommage de Mathias Gally.

 
Hommage de Dominique Meyer.

 
 
 
Le texte que Claude Lapointe a écrit sur l'Atelier d'Illustration des Arts Décoratifs de Strasbourg de 1970 à 2005.
 
(c) Claude Lapointe.

 

"Ces derniers temps, on semble découvrir la force narrative de l'illustration et de la bande dessinée. Sur tous les supports de communication, presse, radio, télé, on parle d'image narrative, on invite des illustrateurs, des dessinateurs, auteurs de BD. Du coup, on évoque à quelques endroits, l'atelier d'illustration de l'école des arts décoratifs de Strasbourg, qui a joué un rôle important dans ce nouveau regard sur l'art narratif. Je vais m'efforcer de préciser ses débuts, de vous dire comment les choses ont évolué, dans les décennies qui ont suivi sa création. Vous donner surtout ma version, très raccourcie. Il y a donc quelques mois, j'ai rassemblé des informations que j'avais enfouies. Je l'ai fait avec un certain plaisir, avec étonnement souvent sur des moments que j'avais oubliés. Ce texte demande des précisions, des compléments. Je le ferai dès que je les aurai.
 
Strasbourg. Naissance de l'atelier d'illustration à l'école des arts décoratifs. Juste après 68, quand il est "interdit d'interdire", dans cette période exceptionnelle, je propose, en complicité avec Pierre Kuentz, illustrateur médical formé aux Etats Unis, à François Cacheux, directeur de l'EAD, l'ouverture de deux options liées au dessin: l'image-qui-raconte et l'image-qui-explique, autrement dit l'illustration et l'illustration médicale. L'atelier d'illustration médicale est inscrit le premier sur les tablettes de l'école, dès 1970. À "illustration", je préfère "image narrative", plus ouvert, incluant bande dessinée, illustration d'album, dessin de presse et toutes les formes narratives. Mais le terme plus courant d'illustration a prévalu. Il ne s'agit pas à l'époque, de véritables ateliers, mais d'options, inscrites dans le département des arts graphiques.
 
A cette époque, 67/68, l'année où je suis nommé professeur du dessin de la lettre pour remplacer l'excellent Aloïse Freyburger, il n'y a pas d’atelier d'illustration. Cette branche des arts graphiques n'est mentionnée nulle part. Pas plus en 1962 quand j'étais étudiant aux arts déco. François Cacheux n'en fait pas mention quand nous lui présentons notre projet. Connaissait-il l'existence d'un tel atelier sous l'époque allemande? Je n'en sais rien. Et Dieu merci, personne n'est venu me dire comment cela se passait dans cette époque. Formation que je devine un peu, un enseignement d'artisanat d’art à côté de beaucoup d'autres comme par exemple la bijouterie, la ferronnerie, la broderie... François Cacheux accepte, conscient de répondre à une demande bien dans l'esprit de l'après 68. Aussi d'apporter une coloration spécifique et originale à l'école, bien que l'illustration soit assez peu appréciée dans le milieu de l'art.

Elle y est considérée comme un sous-produit de la peinture, de la gravure, des arts graphiques, en plus, elle est liée aux albums pour enfants. Donc ne peut être de l'Art.... Quand elle est abordée, en France, c'est sous la forme d'exercices, dans les cours de peinture et d'arts graphiques par des enseignants non spécialisés, la plupart du temps peintres. Pour donner aux futurs artistes quelques moyens de gagner un peu d’argent! (dixit plusieurs enseignants). Dans quelques d'écoles européennes, un professeur étant lui même illustrateur reconnu, crée un atelier de maître, comme Rudiger Stoye à Hambourg, Quentin Blake en Angleterre, Wolf Erlbruch à Dusseldorff, aussi aux Etats-Unis, David Macaulay, Ivan Chermayeff.

Tous ces personnages, je les ai rencontrés, je me suis enrichi des différentes approches de l'image qu’ils proposent. Je me sens encouragé, sur le bon chemin. Une anecdote: A Bratislava, Lisbeth Zwerger, la grande illustratrice autrichienne dit à Henriette Zouguebi du Salon de Montreuil, qu'il lui semble que deux écoles d'illustration se détachent en Europe, Hambourg et Strasbourg. L'année suivante Henriette Zouguebi invite à Montreuil les étudiants de Hambourg et ceux de Strasbourg, ainsi que leurs professeurs, Rudiger Stoye et moi. Rencontre sympathique. Des échanges d'étudiants. Une soirée organisée par le Salon. Je peux échanger sur l'enseignement avec Rudiger. Je suis surpris quand deux gâteaux piquetés de bougies nous sont apportés, au son de "bon anniversaire". J'apprends que c'est le jour anniversaire de Rudiger .... le 3 décembre 1938, c'est exactement le mien!

La fenêtre qu’il ne faut pas manquer

En France, dans la sensibilité d'après mai 68, le Ministère de la Culture, installe un grand mouvement vers l'art contemporain, et décide, dans cette optique, de reconsidérer, voire de supprimer les ateliers des écoles d'art, jugés artisanaux, trop fermés, trop liés à la technique, transmettant une culture de la copie, un esprit insuffisamment novateur et contemporain. Ce n'est pas complètement faux, dans certains cas, mais il y a autre chose à faire, je pense, que de les supprimer. Les actualiser. Avec le recul, je peux affirmer maintenant que la création de l'atelier d’illustration n'a pu se faire que dans une fenêtre étroite, entre mai 68 et le début des années 70. Avant 68, l'illustration, comme je le dit, n'étant pas considérée comme un art sérieux, il est impossible d'imaginer l'ouverture d'un tel atelier avec la nomination d'un enseignant à temps plein, spécialisé! Après 72, la position du Ministère contre les ateliers étant de plus en plus marquée, une ouverture d'atelier, l'euphorie libertaire étant passée, n'est plus envisageable. Sans mai 68, il n'y aurait jamais eu d'atelier d’illustration.

1972, le pari est lancé. Un embryon d'option illustration naît. Quasiment dans l'indifférence du petit monde de l'école. Il se propose de répondre à un besoin de dessiner, de raconter chez les premiers étudiants qui s'inscrivent. L'option illustration commence dans une salle grise, vétuste, mal équipée de l'annexe que l'Ecole des Art Déco vient juste de récupérer. Les débuts de l'atelier sont très discrets, très hésitants. Pardon aux premiers étudiants pour la pauvreté de l'environnement, pour la pédagogie balbutiante. Il est vrai que je suis un double novice: débutant en illustration (premier livre illustré en 1971) et débutant comme enseignant, sans aucune formation pédagogique (1968). Quoique ce manque là, dans une école d'art, n'est pas une réelle lacune.

Il devient cependant pour moi urgent de construire une formation à l'image narrative. La structure langagière. Prendre du recul sur la création. Le Ministère de la Culture a la riche idée de demander à l'Institut de l'Environnement à Paris, dans le souffle de mai 68, de proposer des rencontres permettant d'envisager des approches, des pédagogies repensées, de faire des essais. Passionnant. Pour moi et pour l'atelier. J'ai besoin de structures. Une conférence de Vilèm Flusser, philosophe, est un déclic. A partir de là mes sources vont vers les approches des langages, leur périphérie et leurs contextes. Je me concentre sur ceux qui me retiennent essentiellement: le langage de l'image et le langage mixte texte-image. Dans la revue Communication et Langages, ma bibliothèque de base, dont j'explore les publications, je me nourri des approches, des recherches, très variées que j'y trouve. Mais elles ne visent essentiellement que le texte. Cela me permet une gymnastique stimulante, excitante: transposer, appliquer ces recherches sur le texte à l'image dessinée narrative.

Je me fais une culture mosaïque, ponctionnée dans les approches des chercheurs, dans l'étude des signes, des langages. Cela me permet de jouer avec les angles de prise de vue des éléments des langages qui vont me servir pour installer une pédagogie adaptée aux aspirations des jeunes illustrateurs. J'ai la chance de lire et de rencontrer Michel Tardy, psychopédagogue, de l'université Louis Pasteur, de Strasbourg, auteur du livre "Le professeur et les images" (PUF,1966, 1973), dont l'analyse d'un dessin de presse m'ouvre les yeux sur le regard à porter sur l'image. Le souci ne n'oublier aucune des entrées dans l'image observée. Attitude que j'ai essayé - à ma petite mesure - de reprendre en analysant, en décortiquant les images narratives. 

"Education et Sémiotique. Hommage a à Michel Tardy" (Presses Universitaires de Strasbourg, 2000). Dans ce recueil, dont j’ai fait le portrait de Michel Tardy en couverture, est publiée une de mes approches de l'image: "Texte et image, deux langages pour une seule lecture". Le dessin, l’image. En osmose avec cette recherche plutôt cérébrale, j'insère la matière vivante, chaude, passionnée qui est le dessin personnel des étudiants. Chacun amène sa vérité, sa force, sa faiblesse. Chaque point fort tire l'ensemble, chaque faiblesse est génératrice de solutions... Enseigner l'illustration, ou la BD, est gérer ces forces dans une structure langagière texte-image.

Sur le dessin lui-même, sur l'image narrative, je ne trouve pas d'études ni d'analyses qui me soient utiles. C'est souvent trop lyrique, trop ésotérique, pas assez global ou essentiellement en référence à l'histoire de l’art, aux arts plastiques. Très peu de choses intéressantes sur la pratique et la réalisation de l'image narrative. Ce manque ne me gène pas beaucoup. Cette image dessinée qui raconte, je la connais bien à travers mes nombreuses réalisations. J'ai abordé le dessin de la lettre, en faisant partie de l’ATYPI. J'ai pratiqué le graphisme publicitaire, en agence, l'illustration pour la jeunesse, pour adultes, le dessin de presse pour "Le Monde", la caricature, le portrait, la bande dessinée, essentiellement des sketches, la bande dessinée documentaire pour la presse jeune, le dessin animé, la gravure, la lithographie la peinture ...) Et puis je décortique les images des illustrateurs que j'aime bien: Nicole Claveloux, Etienne Delessert, Patrick Couratin, Philippe Corentin, Guillermo Mordillo, Alan E Cobert, Victoria Chess, Guy Billout, Jean-Jacques Loup, Kelek, Giraud, Cabu, Milton Glaser et le Pushpin Studio, Sempé, Ungerer et tant d'autres. C'est l'époque où l'éditeur Harlin Quist explose le monde de l'album de jeunesse et dans l'écurie duquel j'ai la chance de me retrouver! Bien que ne résidant pas à Paris, j'ai tout de même pu participer à quelques soirées créatives et déjantées avec les auteurs et les illustrateurs de cet éditeur un peu fou...

J'apprends que pour que l'atelier continue à exister, il faut se battre. Seul au début, puis épaulé il est vrai par une remarquable équipe, de plus en plus étoffée (la liste des enseignants et intervenants sera faite dans un deuxième temps) et par les étudiants, dont la diversité devient une force (liste à suivre également). Je constate pourtant à quel point l'atelier est fragile. Il faut le défendre malgré sa notoriété grandissante qui fait de Strasbourg un pôle d'excellence. Les jeunes illustrateurs continuent à venir en nombre s'inscrire alors que l'école n’a jamais fait la moindre promotion de cet atelier.

Les combats pour la survie

Le Ministère de la Culture ne voit pas cet atelier d'un bon œil. L'idéologie de l'époque est de supprimer tous les ateliers dont la pratique est une finalité. Éventuellement de garder leur savoir-faire pour servir les projets des étudiants du département d'art contemporain qui devient le cœur de la formation. L'idée en soi est intéressante, évidente, riche. Malheureusement, les ateliers dits de métiers d'art n'y trouvent plus l'intérêt qu'ils ont lorsque l'essentiel de la formation tourne autour de leur motivation première. A force de vouloir trop ouvrir, on dilue les énergies qui visaient en finale les plus hautes spécificités, on perd de son identité. Et la collaboration avec d'autres filières quand il y a projet touchant plusieurs domaines, s'en trouve moins riche.

Quand le ministère envoie ses inspecteurs à Strasbourg, souffle un vent de panique dans les nombreux ateliers de l'école, dont certains d'un très haut niveau et bien sûr dans le tout jeune et fragile atelier d'illustration. On se demande combien de temps on va exister encore. Nous sommes soutenus par François Cacheux. L'illustration est finalement acceptée comme une spécificité de Strasbourg. Une reconnaissance qui nous stabilise. Et je siège même pendant quelques années à la Commission d'Équivalence au Ministère de la Culture, qui me demande aussi d'ouvrir un atelier d'illustration à l'école des Beaux Arts de Nancy en attendant de trouver l'enseignant qui corresponde au profil recherché. En plus de Strasbourg, je me rends à Nancy, toutes les semaines pendant trois années.

Le syndicat des peintres-illustrateurs

Étrangement, le syndicat des peintres-illustrateurs de l'époque condamne avec une violence inouïe l'atelier d'illustration et me vise particulièrement pour dénoncer le fait que des étudiants font concurrence au monde professionnel en acceptant des travaux rémunérés trop bas. Je n'en ai jamais trouvé la preuve. J'ai appris par la suite les raisons de ce courroux: des travaux de publicité avaient été réalisés ainsi, des années en arrière, bien avant que l'atelier d’illustration ne naisse.

L'atelier d'illustration ne fonctionne pas comme cela. S'il est important d'avoir des contacts avec le monde professionnel, les travaux extérieurs à l'école ont un but pédagogique. Ils se font avec des bibliothèques, des médiathèques, des centres culturels, quelquefois des éditeurs. Par exemple, ce petit livre construit à partir d'un conte réécrit par les étudiants qui jouent tous les métiers de la naissance à la distribution du livre. Son titre "Il était trois fois". Cette création est à l'initiative de la Bibliothèque Départementale du Lot-et-Garonne et donne lieu à une très intéressante exposition itinérante montrant toutes les phases de la création d'un livre. Et quand l'occasion se présente, à condition que l'aspect pédagogique soit présent, les illustrateurs de l'atelier rencontrent les éditeurs Gallimard, Actes Sud, Almqvist & Wiksell (Stockholm) la presse, Le Monde... Ce qui se dit aussi: l'école de Strasbourg lance sur le marché beaucoup trop de professionnels. A vrai dire, je ne vois pas comment réagir à ces reproches.

Nouvelle direction à l’école

L'arrivée de Jean Pierre Greff à la tête de l'École de Arts Décoratifs en 1993 est pour moi la douche froide, devant la conviction de cet homme, reprenant en gros les options du Ministère (c'est un raccourci). Les ateliers de l'école et particulièrement le département Communication ont de quoi trembler. S'engage un bras de fer avec le nouveau directeur. Mais Jean-Pierre Greff en quelques mois a bien compris tous les enjeux de l'école. Il sait évaluer, jauger tous les acteurs. Il propose des solutions novatrices et intéressantes. Le département Communication n'est pas remis en cause. L'atelier d'illustration continue sa vie. Et puis il faut le dire, l'atelier agace certaines autres filières de l'école. Je le comprends très bien quand, chaque année, la majorité des étudiants qui se présentent à l'école visent l'illustration. Cependant le rapport que j'ai avec la grande majorité des enseignants est très amical et positif. L’atelier d’Illustration finalement résiste à toutes les tentatives de suppression, de réduction. Boosté par ces événements, l'atelier se renforce, prend ses marques.

L'année faste

L'atelier grandit par étapes, dans ses structures, dans sa pédagogie, par le nombre d'étudiants et d'enseignants, par son implication dans le monde professionnel. L'atelier est très présent dans les hauts lieux de l'illustration: Barcelone, Bratislava, Bologne, puis plus tard, Montreuil. Une date marquante: 1986. La Mostra degli Illustratori de la Fiera del libro per ragazzi, haut lieu de l'illustration européen consacre l'atelier en nommant 16 étudiants de Strasbourg sur 100 sélectionnés parmi 650 illustrateurs professionnels issus de 23 pays. C'est inouï! L'atelier devient alors une référence dans l'édition, la presse et auprès des étudiants.

Pour en arriver là, avec les conseils avisés de mes deux amis et collègues Camille Claus et Pierre Kuentz, je pense avoir posé quelques bases, qui se sont révélées solides et fructueuses. Les fondamentaux, comme socles de l'illustration : situer l'illustration - approche de l'étudiant - le système graphique de représentation, le style - l'image dans le langage mixte texte+image - la prise en compte du lecteur, de la lecture - la création d'auteur.

Pour situer l'illustration, j'écris dès 1988 le manifeste "L'illustration, un art à part entière" publié dans le Guide des illustrateurs du livre de jeunesse français qui montre toutes les plages communes avec l'illustration et les arts environnants: la littérature et la poésie (le dessin libre, l'expression graphique ...), l'information (dessin de presse, image informative, didactique...), la communication publicitaire (illustration, affiches, dessins sur tous supports publicitaires), le cinéma (la bande dessinée, le dessin animé), le théâtre, le mime (les décors, les marionnettes, le kamishibaï...), l'architecture (création en 2D et 3D, de volumes, d'espaces...), le design (création d'accessoires...), la déco (effets, ambiances colorées...), la peinture, la gravure, les arts plastiques (recherche de formes, de styles...) pour les plus connus.

Cette richesse d'horizons stimulante pose l'illustration comme l'un rouage important voire indispensable de la communication humaine. Ce schéma est toujours présent à mon esprit. C'est le territoire de l'illustration. Il permet de voir tous les domaines encore à explorer pour un enseignement de l'image narrative plus complet encore, plus fourni. J'ai eu le plaisir de le découvrir traduit dans un magazine chinois de Taiwan, Chine nationaliste, par Su-Hsia. Je vous le livre, sans être certain qu’il soit dans le bon sens.

Aussi la pédagogie tourne délibérément autour de ces approches, en posant d'autre part l'illustration comme un art au même titre que le cinéma, le théâtre, associant eux aussi, parfaitement textes et images. Si une extension de l'atelier est possible, c'est vers ces arts là que j'irais.
 
L'approche de l'étudiant

Les profils. Les vecteurs et leurs curseurs. L'école doit apporter une réponse concrète aux lacunes récurrentes décelées dans la grandes majorité des dossiers d'étudiants arrivants: les lacunes en narration dans l'image, dans le langage texte-image. La place de l'illustrateur dans le monde de l'art, dans une école d'art n'est pas simple. L'illustrateur n'pas un peintre, n'est pas un plasticien même s'il utilise les mêmes outils, même si des galeries détournent l'illustration ou la bande dessinée. Une case de BD agrandie exposée en galerie n'est pas pour autant de la BD. D'autant plus que la galerie va plus s'intéresser à l'innovation dans la forme que de se préoccuper de l'essentiel : sa qualité narrative. La confusion peut générer une situation ambiguë. Dans la critique, les jurys et commissions par exemple.

J'ai fait partie de nombreux jurys d'illustration. A l'étranger, je ne pouvais juger que l'image puisque les textes accompagnant ces dernières m'étaient étrangers. Un peu comme si, dans un festival de cinéma on ne regardait que l'image, en oubliant le son. Avec Pierre Kuentz, nous avons la conviction que l'école doit apporter ce qu'on n’aurait pas le recul, les moyens de faire seul chez soi, ce qui est le plus ardu et difficile à pratiquer: la grammaire, la syntaxe, la rhétorique de l'image, une bonne maîtrise des techniques narratives, dans leur complexité, leur variété, leur évolution, ainsi que la maîtrise des personnages, des systèmes de représentation. Ces connaissances pour donner une grande liberté de choix à chacun pour son aventure personnelle. Pour que les étudiants sachent se déterminer.

Pour ceux qui s'intéressent aux arts voisin, leur démarche sera d'autant plus intéressante qu'ils apporteront un savoir complémentaire. Daniel Jeanneteau, metteur en scène de théâtre contemporain reconnu, directeur du théâtre de Gennevilliers par exemple, apporte au théâtre sa culture de l'image narrative et séquentielle, en partie acquise à l'atelier. Camille Jourdy voit son roman graphique Rosalie Blum porté au cinéma, en respect total avec sa "mise en scène". Mathieu Sapin fait le saut, en réalisant le film "Le Poulain", après son remarquable roman graphique "Gérard". On n'oublie pas John Howe, le Maître du Trait, habité par le monde médiéval. Proche aussi tous ceux qui œuvrent dans le dessin animé. Difficile de ne pas mentionner Marjane Satrapi et sa création "Persépolis". Marjane n'est pas inscrite dans l'atelier, mais assiste régulièrement aux séances de présentation de projets des étudiants de l'atelier. Elle joue le rôle de critique et je reste admiratif devant sa connaissance de l'art de la communication.

Et puis beaucoup d'autres! Je me préoccupe de les mentionner sur un document à venir. Ces réussites me confirment dans l'idée de la grande proximité entre les arts narratifs. Les moteurs sont les mêmes. Je me rends compte assez rapidement que les milieux professionnels de l'illustration, de la presse, du dessin animé et celui de la BD sont plutôt étanches. Un éditeur de BD n’a rien à voir avec un éditeur d'album pour la jeunesse. Je n'ai pas envie que les étudiants se situent trop vite par rapport à ces milieux depuis longtemps bien définis. Je choisis plutôt d'orienter l'enseignement depuis deux terrains essentiels en amont du monde professionnel: le savoir raconter par l'image et le savoir raconter dans le langage mixte texte-image, avec leur vocabulaire, leur grammaire, leur syntaxe indépendamment des produits du marché. Ainsi bande dessinée, illustration, dessin de presse, sketches, le storyboard, ou toute autre création texte-images sont ouvertes et possibles pour n'importe quel message. Le dessinateur, l’illustrateur étant, c'est ma conviction depuis longtemps, un metteur en scène. Qui devient, de plus en plus fréquemment auteur. Il remplit presque tous les métiers qu'on voit défiler au générique des films: création du décor, des costumes, des personnages (casting), la décorations des lieux, le design des objets, l'architecture etc.

L'atelier de Strasbourg se fait connaître et reconnaître en répondant à ceux dont l'intention principale est de raconter. J'insiste. Cette approche est d'une complexité, d'une subtilité, d'une difficulté immenses. Les jeunes étudiants-illustrateurs, au début, ne s'en rendent pas compte, convaincus souvent que leur beau dessin graphique, plastique, original, sophistiqué, est suffisant. C'est souvent une erreur masquée par la qualité du dessin. Le langage texte-image est long et difficile, complexe à maîtriser. Il demande de l'humilité par rapport à l'outil. Et de l'ambition quant au sujet.

L'atelier d'illustration de Strasbourg parvient en partie à tenir ces deux objectifs. A partir de 1985, je demande aux étudiants de réfléchir à un support pour adultes, dans le langage texte-image, entre l'album et la bande dessinée. Quelque projets de diplôme se lancent dans cette voie, très intéressante. Ce sont les débuts du roman graphique. Pour animer la formation, je lorgne sur le fonctionnement des ateliers d'écriture, qui se multiplient, sur l'Oulipo et ses contraintes qui mènent à la créativité, sur les méthodes du CLE (enseignement du français aux étrangers) de Besançon, avec lequel, je collabore.

Je me construis une approche particulière de l'étudiant, pour clarifier ses moments de doutes, de recherche. Qui convient à ma manière de comprendre la pratique de chacun. Je n'oublie pas que le temps passé en atelier est en fait très court pour qu'il y ait un véritable enrichissement, une confiance en soi. J'imagine l'étudiant comme un noyau actif traversé de vecteurs sur les quels il se situe. Chacun de ces vecteurs et ses deux pôles correspond à une des composantes de la création, en voici quelques-uns: le vecteur graphie va du pôle techniques anciennes à celui de techniques récentes, le vecteur dessin va du pôle dessin-écriture au pôle dessin très soigné, le vecteur représentation va du figuratif à l'abstraction, le seuil de lisibilité va de la lecture évidente à la difficulté de lecture, le vecteur temps d'exécution va de gestuelle rapide à construction longue, le vecteur création va de l'interprète à l'auteur, le vecteur rapport texte-image va de texte sans image à image sans texte, etc.

L'illustrateur se situe entre les deux pôles d'un vecteur, avec une attirance vers l'un, une envie de s'éloigner de l'autre. Lorsque l'étudiant est en difficulté, la recherche de la place où se situe l'illustrateur entre deux pôles est un travail d'introspection intéressant. Il est d'une évidente utilité de savoir ce qu'il faut travailler en priorité, pour envisager le terrain sur lequel il est important de réfléchir, de corriger, d'avancer... Prenons un exemple: le vecteur lectorat qui va du pôle "grand public" au pôle "lecteur cultivé, esthète". Il est intéressant alors que l'étudiant cherche en premier où il est situé et deuxièmement vers quel lectorat, vers quel pôle il désire aller. La réflexion sur ces positions amène l'étudiant à mieux se connaître, à accepter où il est, à se situer et à agir. Surtout quand se superposent les autres vecteurs tout aussi importants. Bien évidemment, je garde pour moi ces approches difficilement exprimables et quantifiables (heureusement). Elles me servent à organiser, à définir des perspectives. Je ne les ai jamais mises en pratique ni systématiquement, ni rigoureusement. En toute décontraction. Selon l’urgence, pour dénouer les situations difficiles.

Le système graphique de représentation, le style

Chaque jeune illustrateur arrive dans l'atelier avec son style graphique en bannière. Avant de parler de style, je pose en premier, son dessin comme un système graphique de représentation, le sgdr. Cela permet de désincarner le dessin pour pouvoir l'améliorer avant qu'il ne soit intouchable parce que devenu intimement personnel. Le travail d'atelier est de rendre le sgdr lisible et cohérent. Je me souviens d’un étudiant qui dessinait les mains à un très bon niveau. Comme il était difficile de mettre le corps entier au même niveau que les mains, il a été plus pertinent de "descendre" le niveau de dessin des mains pour avoir au final, une représentation cohérente d'ensemble.

Quelques étudiants ont su changer leur sgdr pour l'adapter au propos et au support. D'un beau dessin bien léché, ils sont passés, par exemple, à un dessin-écriture rapide et vivant plus adapté à ce qu'ils voulaient dire. Faire le tour des approches et des travaux d'étudiants, compte tenu du niveau de ces jeunes illustrateurs, c'est explorer la planète de l'image dessinée. Quelle chance d'y être enseignant.

Une remarque sur le style

Le style d'un illustrateur, au-delà de sa fonction narrative, a deux rôles non négligeables: il représente pour commencer son auteur. Il est son ambassadeur. C'est à double tranchant et on n'y échappe pas. Il vous classe immédiatement dans une échelle propre à chaque lecteur. Vous êtes in, out, vintage, séduisant, âpre! Le deuxième rôle est de représenter indirectement la maison d'édition, qui sera repérée, cataloguée à travers les styles de ses différents illustrateurs. Les directeurs artistiques consultant des dossiers même inconsciemment, en tiennent compte.

Je milite toujours pour la reconnaissance d'un langage unique, mixte, non reconnu, constitué de deux langages eux, bien connus: le texte et l’image. Il existe pourtant bel et bien. La BD, le cinéma la publicité, la signalisation, les modes d'emploi et toutes les associations texte-image, une fois arrêtées, bloquées ensemble, proposent bien une seule lecture. Je n'oublie pas, dans l'enseignement de l'illustration, le problème de sa dénomination. Le terme illustration très généralement, ne renvoie qu'à l'image. C'est à dire ne renvoie qu'à la moitié de ce qu'est une création illustrée, un album. L'illustration fait pourtant partie d'une entité dont le texte est partie prenante. Un album dont le texte est dans une langue qui vous est inconnue ne pourra pas jouer son rôle. A part apprécier le style graphique isolément, vous ne pouvez pas lire sérieusement les images, ni apprécier le récit. Quand on voit des expositions d'illustrations, on n'y juge, on n'y apprécie que le langage graphique. La globalité, on l'oublie! C'est comme si on jugeait un film uniquement sur les images, sans entendre ni les dialogues, ni la musique.

Nous n'avons malheureusement pas de terme pour exprimer ce langage mixte. Il n'y a pas l'équivalent des termes bande dessinée, cinéma, qui englobent eux, texte et images. Je pense que très indirectement cette absence de dénomination ou plutôt de sa dénomination incomplète n'a pas aidé l'illustration à se poser comme un art de communication. Puisqu'on est à Strasbourg, je mentionnerai Tomi Ungerer comme l'un des maître du langage mixte. Dans ce sens, c'est avant tout un auteur, combinant à un niveau très élevé le texte et l'image. Sempé est lui aussi remarquable dans cette pratique.

La prise en compte du lecteur, de la lecture

Un autre fondement est de donner sa vraie place à un oublié, surtout en école d'art: celui de l'autre bout de la chaîne, le lecteur et sa lecture. Une approche sensible à 'autre, une once de sémiologie, de sociologie, de psychologie, de jeu, se met en place, avec les moyens du bord, pour que l'étudiant puisse apprécier l'ensemble des composantes du domaine qu'il a choisi. Entre autres, ce fameux lecteur, la lecture plus généralement.

Dès les débuts de l'atelier, je suis convaincu que l'école se doit d'apporter ce qui est le plus ardu et difficile à pratiquer: pour une bonne lecture, la grammaire, la syntaxe, la rhétorique de l'image, une bonne maîtrise des techniques narratives, dans leur complexité, leur variété, leur évolution, aussi la maîtrise des personnages, des systèmes de représentation. Ces connaissances pour donner une grande liberté de choix, une assurance à chacun pour son aventure personnelle.

En ce qui concerne les albums de jeunesse, j'ai été rassuré de découvrir récemment l'importance de la narration dans la formation des enfants, dans la structuration de l'individu, dans les travaux de Marco Dallari, socio-psychologue italien "le paradigme narratif".

Un peu avant les années 2000, un angle nouveau s'impose. Le niveau graphique des étudiants s'élève et l'illustrateur est plus qu'un dessinateur, il est aussi un auteur, un scénariste en puissance. La formation s'attelle donc à accompagner, à révéler ces auteurs en devenir, sans bien sûr oublier l'approche classique de l'illustration. Le public alors privilégié est l'adulte. En réalité, il a l'âge de l'auteur dont les sentiments, les émotions sont alors partagés.

Pour rechercher un rôle plus à leur mesure, je demande aux étudiant de se projeter, d'imaginer une production pour adultes. De rechercher des sujets, des supports pour les adultes amoureux des dessins, des récits. Le roman graphique correspond bien aujourd'hui à cette demande faite dans les années 90. L'atelier est largement reconnu, même au delà des frontières. Sans que je fasse la moindre promotion, l'atelier est bien perçu à l'extérieur de l'école, suscite la curiosité et l'intérêt. Cela me vaut un très grand nombre d'invitations pour présenter cet atelier strasbourgeois. Évidemment, beaucoup de conférences et d'interventions en France, essentiellement dans le milieu éditorial, littéraire, bibliothécaire. Je fais partie de jurys, de commissions, au Ministère de la Culture, à la Fondation de France, jury Unicef à New York. Aussi, et à mon grand étonnement, en Belgique, en Suisse, à la Réunion, en Martinique, à Barcelone, Bratislava, Bologne, Moscou, à Baton Rouge en Louisiane, à New York, à Taipei (Taïwan).

Beaucoup de rencontres aussi dans les commissions, dans les manifestations autour de l'image, Françoise Dolto, Yvan Levaï, Philippe Tesson, Vaklav Havel, à qui je suis présenté comme membre du jury international du Salon de Bratislava, beaucoup d'illustrateurs, d'auteurs, d'éditeurs, de responsables de salons. De nombreuses invitations à la radio et à la télévision, deux émissions animées par Michèle Reiser, réalisatrice de télévision, et pour moi, la plus gratifiante: invité avec Michel Tournier au "Cercle de Minuit" par Michel Field qui mentionne l'atelier d'illustration. Et puis dans "Le Monde" un article signé Nicole Zand "La suprématie de Strasbourg", et je ne sais pas pourquoi, des articles dans "Marie Claire" (1981), dans "Gault et Millau" (1987) dans "le Nouvel Obs" (1999), dans "Elle" (1979, 1986, 1988, 1989).

Ce n'est plus le fait du hasard! Dans les années 80, l'atelier de Strasbourg a la cote! Une anecdote. J'ai failli m'installer au Moyen Orient! En 1975, je siège à Paris dans une commission nationale au Ministère de la Culture. Je sors de l'hôtel. Le téléphone sonne au moment où je traverse le hall d'entrée. Le réceptionniste me tend le combiné. "C'est pour vous.". Surpris, je le suis doublement quand la personne au bout du fil m'annonce "Ici le Ministère des Affaires Étrangères." Je prends rendez-vous pour une discussion plus approfondie. Le Ministère des Affaires Étrangères me propose tout simplement de créer un atelier de dessins de presse à Beyrouth. Avec beaucoup de liberté d'action, m'annonce-t-on. Je suis très emballé par la proposition. Je cogite déjà une approche du dessin de presse. Les billets d'avion pour Beyrouth sont pris. Coup de fil quelques jours avant le départ prévu: "Stop", on retarde le voyage. Puis on l'annule: la guerre du Liban vient de se déclarer! Guerre terrible qui annule le projet. J'aurais bien aimé pousser cette expérience. Je me rends compte seulement maintenant de l'importance qu'a prise l'atelier pour qu'on me fasse une telle proposition.
 
Je ne suis plus seul. Une équipe d'enseignants se construit. Ces fondamentaux se densifient grâce à un groupe d'enseignants très qualifiés qui vient me rejoindre et qui étoffe l’enseignement. Michel Tarride, Joseph Griesmar (dit Béhé), Christian Heinrich, Finzo, piliers de l'atelier. Sans oublier Pierre Kuentz pour les débuts de l'atelier. Sans oublier ceux qui sont venus apporter par la suite leurs riches et précieuses connaissances. Je ferai la liste de tous les intervenants quand j'aurai recueilli suffisamment de données. Je dois ici remercier la Ville d'avoir suffisamment cru en l'atelier pour accepter les demandes d'enseignants spécialisés que je fais. Peu de villes, peu d'écoles d'art auraient fait ces choix.

Profil des étudiants

Les tout premiers étudiants s'inscrivant ont une bonne formation basique d'art, aimant plus particulièrement l'image dessinée. Ils prennent le risque de s'inscrire dans cet embryon d'atelier mal défini, mal équipé. Des cobayes, des inconscients ou des pionniers suivant le cas. Ils sont plus polyvalents en création que ceux qui vont s'inscrire par la suite. Puis le bouche à oreille fait arriver à Strasbourg un nombre de plus en plus grand de jeunes illustrateurs. Ils trouvent intéressant qu'une école d'art assume une formation pour ce métier qui devient aujourd'hui, incontournable. Enfin, l'image narrative trouve sa place, donne une sorte de légitimité au dessin. L'atelier traditionnel est remplacé par des approches très spécifiques, par des cours magistraux, même ouverts pour certains à des étudiants de l'extérieur (Fac d'Arts Plastiques). Peuvent y être abordés, le jeu, le dessin de presse, le sketch, le story-board, les marionnettes, le scénario, la couleur dans l'image, l'image didactique, selon les intervenants...

Un effet bénéfique de l'atelier, pour un temps donné, est qu'il réunit des futurs créateurs, auteurs, dessinateurs, de partager avec eux les préoccupations, les recherches, les soucis, les réussites. Beaucoup d'entre eux, après leurs études, s'installent ensemble pour partager un même atelier, réduire leurs frais et pour continuer à échanger encouragements, critiques et aides.

Je quitte l'atelier en 2005. Avec la frustration de n'avoir pas eu le temps de faire une approche du théâtre, une du cinéma. Et deux domaines que j'aurais aimé approfondir et qui méritent d'être pris en compte: l'universalité de l'image (même si elle est relative) et l'étude de la création des dessins préhistoriques. Je suis certain qu'on se penchera un jour sur ces domaines, si ce n'est déjà fait.

Pour que ce retour en arrière soit utile, il me faut encore dresser la liste de tous les étudiants jusqu'en 2005 et le liste et des enseignants et des intervenants. Les étudiants m'ont énormément donné. J'ai eu cette place privilégiée pour les accompagner, les encourager, quelquefois même les aider. J'ai beaucoup appris sur la création d'image, sur l'énorme et formidable travail d'accouchement de projets. Ces moments sacrés de la création, partagés à des centaines de fois. Merci à vous, merci à eux. À partir de 2005 une autre équipe pédagogique s'est mise en place. Avec Finzo, Guillaume Dégé et d'autres sans doute. Je souhaite une longue vie à l'Atelier à travers elle."