Nombre total de pages vues

mardi 31 août 2021

Un million de mots assemblés en "Opuscules"

Isabelle Bary.

Le 13 août 2021, un vendredi comme il se doit, la collection "Opuscules" des Editions Lamiroy voyait paraître son 200e volume, "Tout ça pour ça" d'Isabelle Bary. Une nouvelle de cinq mille mots, préfacée pour l'occasion par le chroniqueur Michel Dufranne, toujours dans ce séduisant petit format 10 x 14 cm qui se glisse facilement en poche, le temps d'un trajet en tram ou en bus. Deux cents "Opuscules" en moins de quatre ans, un fameux défi que cette idée de nouvelle hebdomadaire lancée le 1er septembre 2017. Un défi relevé haut la main qui donne l'occasion de lire des auteurs confirmés et des débutant prometteurs. Une collection qui remporte un tel succès que l'éditeur avertit que désormais "un auteur déjà publié dans cette collection ne sera plus publié à l'avenir pour donner la chance au plus grand nombre".


"Tout ça pour ça" est une nouvelle réjouissante, qui bouscule joyeusement le petit monde du livre et de l'édition. Isabelle Bary n'a pas peur de se moquer de ses travers et d'en faire le moteur de cette histoire dont le fil rouge est un chauffeur de taxi marocain, Ahmed. On y est surpris quand un mal mystérieux frappe le monde des lettres qui se retrouve dans le même hôpital avec de curieux symptômes. On s'y amuse beaucoup devant cette liberté de ton et on se rappelle du titre de ce film déjà ancien, "Et la tendresse, bordel?"


D'autres "Opuscules" ici.
Info et renseignements sur la collection ici.

vendredi 27 août 2021

Le décès du poète Alain Boudet

Alain Boudet.

François David des éditions Motus nous informe du décès du professeur de lettres et poète Alain Boudet (une trentaine de recueils destinés aux adultes ou aux enfants). Né le 1er août 1950 au Mans, il avait 71 ans: "Je viens d'apprendre la mort d'Alain Boudet. Il était non seulement bon poète (et Motus avait été heureux de publier son très beau texte "Le rire des cascades"), mais un homme de grande qualité, vraiment. Disponible, tendrement souriant, généreux et d’une modestie qui n’était pas feinte. Sur son site, La toile de l'un, il avait mis en lumière et fait découvrir tant de textes, tant de poètes.
On peut y lire, encore, les deux derniers poèmes qu'il y a placés."

L'amitié qui se lit
de la main à l'épaule
ressemble aux mots qui n'ont pas d’âge
La lumière est sans faille
Le temps qui passe
reste sans prise
Rien ne s'efface
rien ne se brise
chaque visage est un sourire
Alain Boudet
(Au coeur le poème
La vague à l'âme)



D'un jour à l'autre
je ricoche ma vie
vers des ondes affaiblies
Viendra une heure
inattendue bien que certaine
où le rebond sera absent
L'heure où s'effaceront nos mots
Où commencera le silence.
Alain Boudet
Ici là, sur le rivage
(Les Éditions de la Renarde Rouge, 2010)


Un autre poème sur le site accompagne l'annonce du décès d'Alain Boudet.

Rien n'est à nous
Ni le vent
ni la mer
ni l'écume
Ni les odeurs
ni l'ombre qui nous accompagne
Notre envie de marcher
justifie le chemin
Notre envie et rien d'autre
Et quand nous avançons
à chaque mouvement du corps
nous réinventons la lumière.
Alain BOUDET
Sur le rivage, Écho Optique


Alain Boudet
, je l'avais découvert en 2001, à la sortie du recueil "Le rire des cascades", librement illustré par Michelle Daufresne (Editions Motus). Des poèmes courts, très courts, souvent drôles. Aussi denses que brefs. Telle est l'œuvre d'Alain Boudet, découverte sur l'internet par l'éditeur François David. Délicat recueil que "Le rire des cascades". Un souffle de fraîcheur et d'imagination, ancré dans le quotidien. Les textes s'égrènent sur trois ou quatre lignes. "Dans le lait d'un nuage/la paille traînante d'un avion/ Ravitaillement en vol" ou "Perdu au coeur du pré/le brin d'herbe/croit peut-être/qu'il est seul". Ce petit format a permis un retour aux sources à la maison Motus: elle débuta en 1988 par de la poésie brève. "Souvent les poèmes très brefs offrent paradoxalement beaucoup à la pensée et à l'imaginaire", explique François David. Les textes de Boudet parlent de nature, d'oiseaux, d'arbres, de lumière, de liberté... 


Alain Boudet a publié dans plusieurs maisons d'édition  jeunesse, chez Didier Jeunesse, chez Rue du Monde, aux Carnets du Dessert de lune (lire ici) et dans de toutes petites maisons.







vendredi 6 août 2021

Le décès de l’écrivain Lorris Murail



Lorris Murail.
En hommage à Lorris Murail, atteint de la maladie de Charcot depuis deux ans et demi et décédé chez lui mardi soir 3 août, je redonne le lien vers la note que j'avais écrite l’an dernier à la sortie de "Angie", le formidable roman qu'il avait écrit à quatre mains, ou plutôt à deux voix, avec sa sœur Marie-Aude Murail (ici). Elle lui aura permis d'être écrivain jusqu'au bout. Le deuxième tome, « Souviens-toi de septembre » (l’école des loisirs), écrit l'an dernier, paraîtra le 22 septembre. On espère que Marie-Aude aura la force de terminer seule le troisième volume qui a très bien avancé grâce à leur travail commun.
 
Le message publié par Marie-Aude Murail lors du décès de son frère Lorris le 6 août dernier.
Je viens de perdre mon frère Lorris après deux années d'écriture commune et de lutte contre la maladie de Charcot. Voici le dernier mail que je lui ai écrit trois heures avant sa mort, ce mardi 3 août:
"Mon frère chéri, mon compagnon d'enfance et d'écriture, si j'écris encore aujourd'hui, ce n'est ni pour toi ni pour moi, c’est pour nous, que nous pensions être ces cœurs qui aiment et ne peuvent donc mourir, comme le disait Francoise Dolto aux enfants, ou que nous croyions être ces éléments immortels d'un même Tout, comme le dirait notre bouddhique amie Alexandra David-Neel. Ce nous est ce qui reste et restera de toi et de moi. Embrassons-nous."