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lundi 28 février 2022

Les sélections des prix Sorcières 2022


L'ABF
(Association des Bibliothécaires de France) et les Librairies Sorcières ont dévoilé les 30 livres jeunesse en lice pour les Prix Sorcières 2022, répartis en six catégories. On y repère trois Belges, Anne Herbauts, Gaya Wisniewski et Thomas Lavachery. Une manière de rendre hommage aux traducteurs?  Dix titres sélectionnés sont des traductions. Un clin d'œil aux petites maisons d'édition?  Deux titres de Maison Georges et un de l'Etagère du bas, contre quatre du Seuil Jeunesse, cinq de l'école des loisirs.

Pour rappel, la catégorie "Carrément Beau" privilégie la qualité graphique, "Carrément Passionnant" le scénario et l'histoire. "Carrément Sorcières" pointe des livres un peu exceptionnels dont des documentaires.

CARRÉMENT BEAU MINI

  • "Capitaine Bébé!", d'Alain Serge Dzotap et Brice Postma Uzel (Sarbacane, 2021)
  • "Comment on fait les bébés ours", d'Anne Herbauts (Esperluète éditions, 2021)
  • "Fin d'été", de Stéphanie Demasse-Pottier et Clarisse Lochmann (L'Étagère du bas, 2021)
  • "La nuit de la fête foraine", de Gideon Sterer et Mariachiara Di Giorgio (Les Fourmis Rouges, 2020)
  • "Nous, les émotions", de Tina Oziewicz et Aleksandra Zając (trad. de Lydia Waleryszak, La Partie, 2021, lire ici)



CARRÉMENT BEAU MAXI

  • "C'est l'histoire…", de Corinne Dreyfuss et Charlotte des Ligneris (Seuil Jeunesse, 2021)
  • "Le petit robot de bois et la princesse bûche", de Tom Gauld (trad. de Rosalind Elland-Goldsmith, l'école des loisirs, 2021)
  • "Le plus bel été du monde", de Delphine Perret (Les Fourmis Rouges, 2021)
  • "Le secret très secret du Maître du Secret", de Vincent Pianina (Thierry Magnier Éditions, 2021)
  • "Ours à New York", de Gaya Wisniewski (MeMo, 2020, lire ici)



CARRÉMENT PASSIONNANT MINI

  • "La fabuleuse histoire de cinq orphelins inadoptables", d'Hana Tooke et Ayesha L. Rubio (trad.  de Catherine Nabokov, Pocket Jeunesse, 2021)
  • "La maison Chapelier", de Tamzin Merchant et Paola Escobar (trad. de Marie Leymarie, Gallimard Jeunesse, 2021)
  • "Lilly sous la mer", de Thomas Lavachery (l'école des loisirs, 2021)
  • "Mari Moto seule contre l’ouragan", de Dorothée de Monfreid (Seuil Jeunesse, 2021)
  • "Mon Cher Ennemi. Correspondance entre un lapin et un renard", de Gilles Baum et Thierry Dedieu (Seuil Jeunesse, 2021)



CARRÉMENT PASSIONNANT MAXI

  • "Annie au milieu", d'Emilie Chazerand (Sarbacane, 2021)
  • "Azul", d'Antonio Da Silva (Rouergue Jeunesse, 2021)
  • "D'or et d'Oreillers", de Flore Vesco et Mayalen Goust (l'école des loisirs, 2021)
  • "La fleur perdue du chaman de K. Un incroyable voyage des Andes jusqu'à l’Amazonie", de Davide Morosinotto (trad. de Marc Lesage, l'école des loisirs, 2021)
  • "La montagne qui m'a sauvée", de Lauren Wolk (trad. d'Anne-Laure de Béru, l'école des loisirs, 2021)



CARRÉMENT SORCIÈRES FICTION

  • "Il était une forme", de Cruschiform et Gazhole (Maison Georges, 2021)
  • "Le Cauchemar du Thylacine", de Davide Cali et Claudia Palmarucci (traduction de Béatrice Didiot, La Partie, 2021, lire ici)
  • "Les désastreuses conséquences de la chute d'une goutte de pluie", d'Adrien Parlange (Albin Michel Jeunesse, 2021)
  • "M comme la mer", de Joanna Concejo (trad. de Margot Carlier-Tomerska, Format, 2021)
  • "Quand tu lèves les yeux", de Guillermo Decurgez, (trad. d'Anne Cohen-Beucher, Seuil Jeunesse, 2021)



CARRÉMENT SORCIÈRES NON FICTION

  • "La lithographe", de Gaby Bazin ( MeMo, 2021)
  • "Le grand atlas géo-graphique", de Regina Giménez (trad. de Laurana Serres-Giardi, Rue du monde, 2021)
  • "Le guide de voyages des civilisations antiques", d'Isabelle Frachet-Bégin et Mikaël Moune (La Martinière Jeunesse, 2021)
  • "Le livre du feu", de Cécile Benoist et Christophe Merlin (Actes Sud junior, 2021)
  • "Yahho Japon!", d'Éva Offredo (Maison Georges, 2021)






vendredi 25 février 2022

"Don't expect sheep's morale from a wolf"

"Don't expect sheep's morale from a wolf", œuvre de l'Ukrainienne Anastasiia Khyzhniak
figurant sur le Mur virtuel de la Foire de Bologne.

Alors que la guerre gronde en Ukraine, quels sont les jeunes artistes de ce pays qui ont été choisis pour figurer sur le Mur virtuel des Illustrateurs de la Foire internationale du livre pour enfants de Bologne qui se tiendra du 21 au 24 mars? Ils sont treize (voir ici), dont Anastasiia Khyzhniak. Son dessin intitulé "Don't expect sheep's morale from a wolf" (Ne vous attendez pas à la morale d'un mouton chez un loup) fait frémir.

Imaginé en 2020 lorsque la Foire ne put se tenir à cause du coronavirus, le Mur virtuel des Illustrateurs en est à sa troisième édition. La formule remporte un vif succès. L'édition 2022 est consultable en ligne jusqu'au 31 août 2022 (ici). Elle présente le travail de 900 illustrateurs, principalement des nouveaux noms, en provenance de 69 pays, et donne une bonne idée des tendances actuelles de l'illustration jeunesse. Pour faciliter la navigation, les illustrations sont divisées en continents et en pays. Les illustrations sont titrées et légendées du nom de l'artiste. En cliquant sur chacune d'elles, on en obtient une vue agrandie et de nombreuses informations sur son auteur (e-mail, site web, profil social...).

Et parce que le peuple russe n'est pas responsable des décisions de son président, ici, la sélection des illustrateurs russes.



mercredi 23 février 2022

Les lauréats des BolognaRagazzi Awards 2022

Une double page de l'album "Des trucs comme ci, des trucs comme ça"
 de la Belge Bernadette Gervais, mention spéciale en catégorie Non-Fiction
(c) Editions des Grandes Personnes

Pluie de récompenses à la Foire internationale du livre pour enfants de Bologne, qui se tiendra en présentiel du 21 au 24 mars prochains. Les BolognaRagazzi Awards 2022 viennent d'être dévoilés. On y retrouve avec grand plaisir toute une série de livres nés en français, l'un dû à la Belge Bernadette Gervais, deux qui avaient déjà été honorés de Pépites au Salon de Montreuil dernier, d'autres encore en BD. On remarque toutefois que l'ensemble des albums de fiction apparaissent dans une seule catégorie alors que la bande dessinée est partagée en trois classes d'âge. Bref, il ne faudra pas pleurer sur l'effacement de l'album au profit des BD.

L'édition 2022 a été rude pour les différents jurys de l'édition 2022 des BolognaRagazzi Awards: 2.215 livres en provenance de 62 pays (20 nations de plus que précédemment) leur ont été soumis, 630 de plus qu'en 2021 et 365 de plus qu'en 2020, années Covid, faut-il le rappeler. Deux années où la Foire elle-même n'a pu se tenir en présentiel.

Les prix se partagent entre Fiction (1.200 livres proposés, quasi la moitié), Non-Fiction, Première Œuvre (150 propositions), BD et Poésie cette année.

Les différents jurys:
  • Fiction, Non-Fiction, Première Œuvre et New Horizons: Olivia Ahmad (éditrice, Grande-Bretagne), Antonio Alessandro Di Cicco (graphiste, Italie), Magalí Homs Ros (designer, Espagne), Yuliia Kozlovets (organisatrice de festival, Ukraine), Alessandra Starace (libraire, Italie).
  • BD: Sonia Déchamps (Festival d'Angoulême, France), Paul Gravett (écrivain et éditeur, Grande-Bretagne), David Schilter (éditeur, Lettonie),  Alberto Sebastiani (chercheur, Italie).
  • Poésie: Chiara Basile (libraire, Italie), Denis Beznosov (poète, Russie), Mateja Bizjak-Petit (poétesse, France), Caterina Ramonda (auteure, Italie), Morag Styles (professeur, Grande-Bretagne).

A noter que cette année, pour la première fois, seront aussi exposés à la Foire une centaine de livres non primés mais presque, en parallèle à la traditionnelle exposition des lauréats et des mentions spéciales.


Palmarès

Catégorie fiction


Prix


À qui appartiennent les nuages?
Mario Brassard
Gérard DuBois
La Pastèque

Des souvenirs d'enfance pour se rappeler d'où on vient et apprendre parfois où aller.






Mentions spéciales


¿Qué tiene un bosque?
Yael Frankel
Claraboya Ediciones










Summer
Suzy Lee
BIR Publishing Co.










Fechamos
Gilles Baum
Régis Lejonc
Les Editions des Éléphants

Le dernier jour du gardien au musée qui ferme ses portes faute de visiteurs, faute d'argent.





Catégorie Non-Fiction


Prix


Monstres Sacrés:
Voyage au cœur des volcans
Julie Roberge
Aless MC
La Pastèque

Entre science, histoire et légendes fantastiques, un voyage à la découverte des plus célèbres volcans.




Mentions spéciales


Para que serve?
José Maria Vieira Mendes
Madalena Matoso
Planeta Tangerina

A quoi ça sert?
José Maria Vieira Mendes
Madalena Matoso
traduit par Anne-Flore Durand
Gallimard Jeunesse

Un livre plein de questions



Des trucs comme ci, des trucs comme ça
Bernadette Gervais
Editions des Grandes Personnes

Un imagier de deux cents images réalisées au pochoir et au pinceau où l'artiste présente, réunis par doubles pages, des objets et des animaux rangés de façon très personnelle. Une façon d'organiser le monde, poétique et humoristique. 



Father's big hands
Choi Deok-Kyu
YUN Edition










Catégorie Première Œuvre 


Prix


Les Reflets d'Hariett
Marion Kadi
L'Agrume

La rencontre entre une petite fille timide et le reflet d'un lion facétieux.







Mentions spéciales


Det var en gång och blir så mycket mer
Johanna Schaible
Piratförlaget

"Il était une fois" revu à la mode philosophique pour construire un meilleur avenir.






Fluidoteca
Berta Páramo
Litera libros

Un inventaire des fluides corporels.








Catégorie Bande dessinée Junior


Prix


Bienvenue à Bibiville
Éponine Cottey
Éditions 2024

Bibiville est le refuge pour tous les bibis abandonnés. 







Mention spéciale


Hvem rumpet brunosten?
Erlend Loe
Kim Hiorthøy
Cappelen Damm









Catégorie Bande dessinée Moyens 


Prix


Teatro di natura
Michelangelo Setola
Canicola Associazione culturale










Mention spéciale


Nowhere girl
Magali Le Huche
Dargaud, Pépite 2021, lire ici










Catégorie Bande dessinée Jeunes Adultes


Prix


Polly
Isabelle Pralong
Fabrice Melquiot
La Joie de lire, Pépite 2021, lire ici








Mention spéciale


Le grand vide
Léa Murawiec
Éditions 2024

Qui est donc cette autre Manel Naher, qui fait la Une des journaux et  fait de l'ombre à Manel Naher, la vraie Manel Naher, l'héroïne de cette histoire? 






Catégorie Poésie


Prix


Immenses sont leurs ailes
Murielle Szac
Nathalie Novi
Éditions Bruno Doucey, lire ici








Mentions spéciales


Corazón de pájaro
Mar Benegas
Rachel Caiano
Livres AKIARA









Sagan um Skarphéðin Dungal sem setti fram nýjar kenningar um eðli alheimsins
Hjörleifur Hjartarson
Rán Flygenring
Angústúra







Vom Flaniern et Weltspaziern
Elisabeth Steinkellner
Michael Roher
Tyrolia-Verlag









Collection "Les Poèmes"
collectif d'auteurs
Le port a jauni










Catégorie Nouveaux Horizons


Laimes bērni
Luize Pastore
Evija Pintane
Liels un mazs














mardi 22 février 2022

Aimons-nous, marions-nous

(c) L'Iconoclaste.

Comment? La Saint-Valentin est passée? On parle quand même d'amour aujourd'hui, avec deux excellents livres parus aux Editions de l'Iconoclaste, un premier roman et un récit littéraire.


A moins de trente ans, Maud Ventura a publié à la rentrée d'août dernier un épatant premier roman au titre étonnant et, on le verra, totalement justifié, "Mon mari" (L'Iconoclaste, 356 pages). Fort drôle avec sa narratrice qui explique comment, après quinze ans de mariage, elle est toujours follement amoureuse de son mari. Ils sont le couple parfait, réussites familiale, professionnelle, sociale. Un roman féroce où perle une tension qui ira croissante au fil de ce face-à-face conjugal. Un roman vertigineux une fois lu l'épilogue. Il a reçu le prix du Premier roman et a figuré dans les sélections du Flore et du Médicis.

"Mon mari" se déploie sur une semaine, du lundi au dimanche, dont les déroulés nous seront contés par le menu. Vraiment par le menu. A la première personne bien entendu. C'est vivant, c'est plaisant, c'est addictif. Car on se demande constamment ce que la narratrice va encore nous raconter. Et on est servi. Elle a du style, Maud Ventura, et sait tenir son lecteur.

Le roman s'ouvre sur une brève intro: "Je suis amoureuse de mon mari. Mais je devrais plutôt dire: je suis toujours amoureuse de mon mari." Les premières phrases sont tout de suite remises en question. "J'envie les amours interdites, les passions transgressives..." Explication: "je vis depuis quinze ans dans le malheur permanent et paradoxal d'être aimée en retour, de connaître une passion sans obstacle apparent." Et la question ultime: comment son mari "pourrait-il remplir ce qui est déjà plein?"

On passe une excellente semaine en compagnie de cette famille. Avec cette épouse qui observe absolument tout ce que dit ou fait son mari. Qui le dissèque. Qui le pèse. Bon? C'est OK. Mauvais? Elle inflige alors des "punitions". Obligée. Laisse traîner négligemment "L'Amant" de Marguerite Duras sur la table du salon par exemple. Mais ce peut être beaucoup plus tordu. Tout est noté, consigné dans un carnet caché. Minutieuse, maniaque, la prof d'anglais, traductrice à ses heures, a une incroyable imagination pour entretenir le lien avec son mari dont elle est follement amoureuse. Follement au sens littéral. La preuve lors de la scène de la clémentine qui va avoir des conséquences inouïes. Aimer ou être aimée, telle est la question en filigrane de cet épatant premier roman qui porte un regard différent sur le couple aujourd'hui.



Dans un extraordinaire texte à la première personne, le récit littéraire "Toucher la terre ferme" (L'Iconoclaste, 128 pages), Julia Kerninon raconte l'immense chamboulement qu'a été pour elle la maternité. Une maternité choisie et heureuse mais qui a complètement modifié ses habitudes de vie. Lire, écrire, lire, écrire, lire, écrire, et tout ce qu'une jeune femme peut faire en vingt-quatre heures sans contrainte par jour. L'excellente romancière qu'elle est, s'intéressant à la complexité du sentiment amoureux (lire ici), applique cette fois l'étude de son sujet de prédilection à elle-même. Et c'est splendide.

Maman à trente ans et heureuse de l'être, enceinte d'un second bébé, la jeune Nantaise - elle est née en janvier 1987 -  se prend une fameuse claque dans la figure. Dépassée, perdant pied, elle se sent épuisée, vidée. Est-ce cela, la maternité tant vantée partout? Elle, femme qui écrit, femme qui a trouvé l'homme de sa vie, que va-t-elle alors devenir?

Julia Kerninon plonge alors dans ses souvenirs, comme pour se raccrocher à une certaine stabilité. Du récit de sa grossesse et de son époustouflante et merveilleuse description de son accouchement, elle glisse dans sa vie d'avant. Quand adolescente et jeune femme, elle était libre. Elle se raconte sans se soucier de personne. Les amours passionnelles, les nuits de liberté, les séparations, les errances et les voyages. L'écriture de ses livres bien entendu. Et puis la rencontre. Elle a alors vingt-cinq ans. "Dans mon égocentrisme, je n'avais jamais envisagé d'être aimée, seulement d'aimer", écrit-elle. Ce Parisien au prénom du saint des choses perdues et des causes perdues est l'homme de sa vie. Il l'apprivoise, la rassure. La vie est différente avec lui. 

De nouvelles tempêtes viendront avec l'arrivée des enfants. Apaisées, elles laisseront place aux bonheurs. Tout prend sa place, l'amour, les enfants, l'écriture. Julia Kerninon dit "avoir touché la terre ferme". Son histoire, émaillée de dix citations, est d'une telle sincérité qu'on ne peut que la remercier de nous partager ces petites parts de son intimité. Une formidable réconciliation avec soi-même et un tremplin pour un avenir heureux.

Le précédent livre de Julia Kerninon, l'excellent roman "Liv Maria" (L'Iconoclaste, lire ici) sortira en poche chez Folio le 3 mars.




lundi 21 février 2022

Du beau monde en finale du prix Andersen

L'IBBY (International Board on Books for Young people) vient de dévoiler ses dernières sélections pour le prix Hans Christian Andersen 2022. On passe de 62 noms (lire ici) originaires de 33 pays à six dans chacune des deux catégories, illustration et fiction. Les prix sont décernés tous les deux ans à un auteur depuis 1956 et à un illustrateur depuis 1966.

Joie de découvrir la sélection de l'excellente Beatrice Alemagna, présentée par l'Italie mais bien connue dans le monde francophone, pour le prix illustration, de l'intéressante Coréenne Suzy Lee mais surprise devant le choix de l'Argenti Gusti. Du côté des auteurs, plaisir de voir encore une fois affiché le nom de la Française Marie-Aude Murail - comme à chaque édition du prix - et celui de l'Australienne Margaret Wild

Les lauréats seront annoncés le lundi 21 mars à 14h30 à la Foire du livre pour enfants de Bologne.

Illustrateurs
  • Beatrice Alemagna (Italie)
  • Ryoji Arai (Japon)
  • Iwona Chmielewska  (Pologne)
  • Gusti (Argentine)
  • Suzy Lee (Corée)
  • Sydney Smith (Canada)
Auteurs
  • Marie-Aude Murail (France)
  • María Cristina Ramos (Argentine)
  • Fatima Sharafeddine (Liban)
  • Peter Svetina (Slovénie)
  • Annika Thor (Suède)
  • Margaret Wild (Australie)

Jury: Junko Yokota (USA, présidente), Antoine Al Chartouni (Liban), Marilar Aleixandre (Espagne), Evelyn Arizpe (Mexique/Royaume-Uni), Mariella Bertelli (Canada), Tina Bilban (Slovénie), Viviane Ezratty (France), Jiwone Lee (Corée du Sud), Robin Morrow (Australie), Jaana Pesonen (Finlande) et Cecilia Repetti (Argentine). Et Liz Page au titre de secrétaire du jury.


Lauréats précédents ici.

Pour ne pas s'emmêler les pinceaux entre les différents prix Andersen, c'est ici.

Le décès de Jan Pieńkowski, roi du pop-up

"La maison hantée" de Jan Pieńkowski. (c) Nathan.


Encore un auteur-illustrateur jeunesse majeur qui disparaît. Cette fois, il s'agit du Britannique Jan Pieńkowski, créateur de plus de cent quarante livres pour enfants, dont le célébrissime "Haunted house", publié en 1979 chez Heinemann, devenu aussitôt "La maison hantée" (Nathan, 1979), le pop-up sans doute le plus célèbre du XXe siècle, réédité en 2013 après avoir été longtemps manquant.

Jan Pieńkowski.
Né à Varsovie le 8 août 1936, Jan Pieńkowski avait trois ans lorsque les nazis ont envahi la Pologne en 1939. Sa famille a déménagé en Bavière, en Autriche et en Italie avant de se fixer finalement en Angleterre en 1946 où il fera ses classes, à Londres et à Cambridge. Atteint de la maladie d'Alzheimer, il est décédé ce 19 février 2022, à l'âge de 85 ans.


Si on connaît bien l'album animé, "La maison hantée", toujours disponible, il n'en est pas de même pour les autres livres de Pieńkowski qui ont été abondamment traduits en français dans les années 80 et 90 (Casterman, Gründ, Flammarion, Nathan, Albin Michel Jeunesse). Ils ont quasi tous disparu.

 A l'exception de quelques titres de sa célèbre série "Meg & Mog", écrite par Helen Nicoll (traduite en français pas Anne Krief, Gallimard Jeunesse), relatant les aventures illustrées d'une malheureuse sorcière et de son chat rayé. Il a déclaré un jour que la série lui avait donné l'opportunité de transformer des monstres de son enfance en jouets inoffensifs.





Le roi du pop-up avait découvert cet art lorsqu'il était enfant en Pologne, réfugié en temps de guerre. C'est dans un abri anti-aérien de Varsovie qu'un soldat l'a distrait en découpant des journaux et en les assemblant en diverses formes pour l'amuser.


Créateur exceptionnellement talentueux, Jan Pieńkowski a imaginé plein de nouvelles manières de raconter des histoires, livres animés et silhouettes découpées, utilisation extraordinaire de la couleur, graphisme expressif et épuré, narration simple, humour omniprésent. Sait-on qu'il fut l'un des premiers à s'intéresser au dessin sur ordinateur? Sait-on qu'au début de sa carrière, il fut employé pour dessiner en direct dans une émission pour enfants de la BBC?

Combien d'enfants n'a-t-il pas époustouflé avec ses créations tellement originales? 
"La maison hantée" qu'on explore pour découvrir grâce à d'astucieux pliages des surprises plus farfelues les unes que les autres: des monstres dans la cuisine, un gorille dans la salle de bain, un chat dans les toilettes, des fantômes dans le lit... En 1992, treize ans après sa publication, on en dénombrait déjà plus d'un million d'exemplaires vendus, en treize langues, dans trente pays.

"La maison hantée". (c) Nathan.



Une anecdote à propos de "ABC dinosaures" (Albin Michel Jeunesse, 1993, épuisé). De passage à Bruxelles, Jan Pieńkowski visite l'exposition de livres pop-up qui s'était tenue à la porte de Hal en 1993. Il prend le livre en mains, l'ouvre et me fait remarquer que dans la version française, l'accouplement des dinosaures est présenté comme dans la version originale alors que pour la version américaine, il a dû modifier ses dispositifs techniques pour que les animaux ne soient que côte à côte, sans plus!.

"ABC dinosaures". (c) Albin Michel Jeunesse.



D'autres livres n'existant plus.

Des livres animés.



Une épatante série de cartonnés pour les tout-petits.








samedi 19 février 2022

Plonger dans le radicalisme avec Kenan Görgün

Kenan Görgün.

Attention, c'est ce lundi 21 février, soit dans deux jours, que l'écrivain belge Kenan Görgün sera l'invité des formidables soirées Portées-Portraits de Geneviève Damas et sa Compagnie Albertine. Des lectures-spectacles, où des comédiens donnent vie à des extraits de livres "coups de cœur", accompagnés par des musiciens.

Kenan Görgün est ce gamin né le 18 avril 1977 à Gand dans une famille d'origine turque, qui se fâche très vite avec l'école qu'il suit en français à Bruxelles et l'envoie dinguer. S'il n'a pas de diplôme d'études secondaires, il affiche crânement un "double doctorat en buissonnariat à Ecole Supérieure de la Rue". Pas mal!

Kenan Görgün est aussi ce jeune adulte qui n'a jamais lu aucun livre mais décide de devenir écrivain. Il y réussit magnifiquement, se faisant tout de suite remarquer par la critique et par le public. Il commence par des nouvelles dont les recueils sont repérés et salués notamment par la très sérieuse Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique (ARLLFB). Son premier recueil "L'Enfer est à nous" (Quadrature, 2005) est lauréat du prix Franz De Wever 2006. Dix ans plus tard, il reçoit la même récompense pour un autre recueil, "Détecteur de mes songes" (Quadrature, 2015, lire ici). Entretemps, il ne chôme pas. Un premier roman, "L'ogre, c'est mon enfant" (Editions Luce Wilquin, 2006), d'autres romans chez des éditeurs belges ou français, du théâtre, de la poésie, des chansons, des scénarios de cinéma. Il est aussi réalisateur de films. Avec toujours cette observation fine et documentée des phénomènes sociaux permettant de mieux comprendre ce qui est souvent caricaturé. Cette aptitude à monter que personne n'est tout blanc ou tout noir. Sans oublier l'originalité de son écriture qui l'identifie et le fait reconnaître.

La soirée de lundi sera consacrée au dernier roman en date de Kenan Görgün, l'explosif et percutant "Le second disciple" (Les Arènes, collection "EquinoX", 2019). L'histoire d'hommes qui en arrivent à vouloir semer la mort. L'action se passe à Bruxelles. Xavier Brulein, belge d'origine, enfance dans un quartier défavorisé, tôt livré à lui-même, est victime de racisme, celui de ses origines sociales et de la pauvreté. Peu après son retour du Moyen-Orient où il s'est engagé dans le conflit irakien, il agresse violemment un homme. Il passera les cinq années suivantes en prison.

Là, il rencontre Brahim Ben Lakdar, responsable d'un attentat sanglant à Bruxelles. A son contact il se convertira à l'Islam et deviendra Abu Kassem, le "second disciple".

L'auteur décrit avec brio, sans manichéisme, dans une écriture magistrale, les différentes étapes qui poussent au changement. Fragilités, doutes, méprise pour en arriver à la haine et à un projet inhumain. Il met également en évidence l'absence de mots, de culture, le manque de discernement comme causes du radicalisme.
"Je me suis évertué à décrire l'état d'esprit de jeunes gens qui vont si loin que le retour en arrière n'est plus possible."
Kenan Görgün.
Kenan Görgün sera présent à la Maison Autrique dès 19 heures pour échanger avec le public. A 20h15 débutera la lecture-spectacle du "Second disciple". Le texte sera lu par Marvin Mariano, accompagné à la basse par Frédéric Dailly, dans une mise en voix de Sandrine Bonjean.
 

Pratique
Où? Maison Autrique, chaussée de Haecht, 266 à 1030 Bruxelles.
Quand? Le lundi 21 février.
A quelle heure? La lecture-spectacle commence à 20h15. Elle est précédée d'une rencontre avec l'auteur à 19 heures.
Durée? 1 heure.
Combien? 8 euros (possibilité de visiter toute la maison)
Renseignements ici,  réservation indispensable. Par mail à reservations.compagniealbertine@gmail.com