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mercredi 31 octobre 2018

Nés avec un smartphone au creux de la main



D'eux, on ne voit plus le regard, leur tête étant en général baissée, mais les doigts, leurs dix doigts, rapides, agiles, qui pianotent sur un smartphone. Eux, c'est la génération Internet, aussi dite génération iGen. Ces jeunes qui sont nés à partir de 1995 et qui ont grandi avec un téléphone portable au creux de la main. Qui n'imaginent même pas qu'on ait pu vivre sans internet. Les aînés d'entre eux sont aujourd'hui de jeunes adultes, du moins en âge, car ils présentent encore souvent un comportement d'ados.

Jean M. Twenge. (c) Pam Davis.
Ces ados d'aujourd'hui sont-ils immatures et déprimés à cause des écrans, comme l'affirme crânement le bandeau qui barre la couverture de la traduction en français de l'essai de la chercheuse américaine en psychologie Jean M. Twenge, "Génération Internet" (traduit de l'américain par Elisabeth Mol, Mardaga, 464 pages)? Un sujet à débat qui est préfacé par Vincent de Coorebyter, professeur à l'ULB (chaire de philosophie sociale) et président du Centre de recherche et d'information socio-politiques (Crisp), et postfacé par le psychiatre français Serge Tisseron, l'inventeur de la formule "3-6-9-12" relative à l'âge des enfants par rapport aux écrans.

Vincent de Coorebyter.
Immatures, déprimés à cause des écrans, les ados? Vincent de Coorebyter qui a lu l'ouvrage de Jean M. Twenge pour en rédiger la préface n'est pas aussi catégorique. Pour lui, le bandeau du livre, "Comment les écrans rendent nos ados immatures et déprimés", ne concerne que les chapitres 1, 2, 3 et 4 et pas les autres. "On peut discuter de la causalité de l'effet smartphones sur les ados", réagit-il, "mais le livre n'est vraiment pas que ça". Le début d'une conversation longue et passionnante, riche, posant autant les bases d'une réflexion que les perspectives d'avenir.

Vincent de Coorebyter a raison et le sommaire en ouverture de l'ouvrage le montre bien. Passée l'introduction qui définit la génération iGen, le chapitre 1 porte sur l'immaturité des ados, le 2 sur leur hyperconnexion, le 3 sur leur présence virtuelle, le 4 sur leur instabilité. Ensuite, la chercheuse aborde les thèmes de la spiritualité en déclin (5), de l'individualisme en hausse (6), de la vision du travail (7), du nouveau rapport au sexe, au mariage et à la famille (8), de la plus grande ouverture d'esprit (9) et de l'indépendance à la politique (10) avant de conclure pour "comprendre - et sauver - la génération iGen".

L'ère numérique engendre anxiété, dépression et solitude  chez les enfants, affirme Jean M. Twenge. Comment faire? Comment réagir? Comment considérer ces nouveaux jeunes, tellement différents des générations précédentes?

L'ouvrage est épais, complexe mais se lit aisément. On n'est pas obligé non plus de prendre connaissance de toutes les courbes de chiffres. Par contre, les nombreux témoignages sont de véritables incitants à poursuivre la lecture. Car après tout, il s'agit de nos ados. Les iGens présentent des taux de stress, d'anxiété et de dépression importants. Ce sont eux qui deviendront des adultes et qui devraient poursuivre la marche du monde. Comment? Là est la question fondamentale que soulève Jean M. Twenge. Et s'ils devenaient tellement égoïstes qu'ils ne se reproduisaient plus? La thèse paraît effrayante, excessive, mais elle s'écrit en filigrane des recherches de l'Américaine. Autant de raisons de ne pas tourner le dos aux problèmes que constitue l'omnipotence des smartphones dans les comportements des jeunes d'aujourd'hui. De les analyser, de les comprendre, et peut-être de les inviter à modifier leurs manières d'être, d'avoir et de penser. Le sujet est porteur de débat. Débattons donc plutôt que de se voiler la face et attendre. Même si on peut aussi envisager que la génération à venir aura un sursaut salvateur par rapport à l'hyperconnectivité et aux smartphones.


Huit questions à Vincent de Coorebyter

Vous écrivez une préface à un essai venu des Etats-Unis, le Français Serge Tisseron une postface. Est-il habituel qu'un texte soit ainsi pris en sandwich?
Non, c'est une idée de l'éditeur, une initiative rare et courageuse de sa part. Je fais une sorte d'invitation à la lecture, donc une préface, et Serge Tisseron vient à la fin vu le contenu de son texte, impliquant qu'on ait lu le livre. 

Qui est l'auteure, que l'on découvre chez nous, précédée par les débats suscités par la sortie de son livre l'an dernier aux Etats-Unis?
Jean M. Twenge est très connue aux Etats-Unis. Son texte est proposé au public francophone car il n'a pas d'équivalent ici. Sa démarche est basée sur des statistiques très complètes, concernant tous les Etats-Unis, tous les niveaux sociaux, toutes les origines ethniques, et sur des enquêtes longitudinales où on compare les réponses des jeunes d'aujourd'hui aux réponses des jeunes de la génération juste précédente. Les courbes sont sans discussion. Son appareil statistique est solide. Elle le complète d'interviews. Elle organise un va-et-vient entre interviews et statistiques, dans un livre méthodologiquement très original et ambitieux. Il s'agit d'un travail universitaire à l'américaine, composé de chiffres et de témoignages. Ensuite, elle suggère des explications. C'est un livre pleinement scientifique et pleinement compréhensible.

Comment voyez-vous sa démarche?
Sur le fond, j'y vois deux gros problèmes
1. le livre n'est-il pas trop américain?
2. la thèse apparaît dès le départ
Mais je pense que si l'ouvrage a un caractère américain, il nous concerne aussi en Belgique et en Europe. Le propos nous parle, on le voit bien dans notre entourage. Il y a une série de chapitres clairement identifiables comme américains (le 7 sur le travail et le 9 sur la fermeture des idées)  mais toute une série d'autres ne le sont pas du tout. Ils parlent d'autres phénomènes fondamentaux dont les conditions existent en Europe aussi. La différence est peut-être que nous ne sommes qu'au début du chemin. Il suffit de voir ce qui se passe en matière de surprotection, de sécurité physique, de prise de risque... 

Cette présence des smartphones est-elle aussi continuelle que dit dans le livre?
La génération Internet, ce sont les jeunes nés après 1995. Les courbes de connexion se sont modifiées en 2011-2012. Aujourd'hui, il n'y a pas d'enfant sans smartphone en fin de sixième primaire! L'autre question étant qui les achète? Réponse: les parents, les enfants ou alors ce sont des "occasions"...
La surprésence est continuelle. On dénombre plus de 200 consultations du smartphone pour un ado par jour! 

Jean M. Twenge tire la sonnette d'alarme.
Le livre prend une photo sur le vif de la génération sous l'emprise du smartphone. Qu'en sera-t-il de la suivante? Le jeu reste ouvert. Mais il n'y a pas de miracle. Quand on passe autant de temps sur un écran, le temps pour lire, jouer, s'informer, diminue. D'où aussi les difficultés actuelles que ressentent les étudiants devant un manuel.
Elle montre aussi que l'individu est aujourd'hui fondé sur la bienveillance, l'amour d'enfants choisis, éduqués dans un bain d'amour, où les contraintes traditionnelles sont allégées. Elle pointe un retard de croissance à tous points de vues, l'argent de poche vient plus tard, tout comme l'alcool, la drogue, le sexe, le couple. C'est lié à une évolution interne. Cette génération a un rapport au temps très particulier. Mais le théoricien Paul Yonnet (NDLR sociologue français) l'écrivait déjà en 2006 dans "Le recul de la mort" (Gallimard), "Les enfants indépendants très tôt font des adolescents et des adultes dépendants plus tard"

La notion de famille a donc changé.
L'impact des écrans correspond à une nouvelle donne individualiste et à l'éloignement des anciens. Les conséquences sont le repli sur la famille nucléaire et le fait que les enfants sont choisis et voulus.
On enregistre une diminution du nombre d'enfants, le recul de l'âge du mariage, l'augmentation de l'âge à la naissance du premier enfant, le recul de la mort. La famille est davantage autocentrée. Les rapports intergénérationnels sont fondés sur l'amour. Il y a de nouveaux modèles éducatifs. On est dans la négociation permanente. J'ai d'ailleurs oublié dans ma préface la question "comment devenir meilleur négociateur que vos enfants?"
En conséquence, les enfants sont plus épanouis et autonomes mais ils ne sont pas indépendants au sens fort. La question de faire des enfants (pp. 292-293) interpelle. Va-t-on vers une société de célibataires? Allons-nous vers un monde sans enfants? C'est la logique anthropologique. Si on est l'objet de l'attention, de notre propre attention, si l'autre reste trop lourd, on devient égocentré et on va vers un monde où il n'y a plus de reproduction. Qui s'arrête. 

Tout cela à cause d'internet?
L'impact d'internet est qu'il retarde et triangule le rapport à la réalité. Internet met à l'abri du contact direct. On aborde les autres par le biais de l'écran. Pour les plus fragiles, les plus timides, les plus hésitants, la médiation de l'écran est massive. Cela retarde le rapport au réel. On ne sort pas de chez soi mais on passe la soirée sur un écran. On ne couche pas mais on envoie des messages érotiques quand ce n'est pas de la pornographie.
Mais cela se paie cher. Si on ne reçoit pas de like ou d’émoticônes positifs, on est fissuré, détruit, cela génère angoisse et mal-être. Surtout qu'on a bénéficié avant d'un amour inconditionnel des parents. Si les satisfactions sont médiocres, cela entraîne une déstabilisation, et même le désapprentissage de la socialisation. 

Quelques conseils en guise de conclusion?
Qu'il y ait une prise de conscience des parents, de la gestion du temps, des contenus des réseaux sociaux, qu'il y ait une pédagogie de l'internet, un contrôle.
Et aussi retisser les liens, les rapports intrafamiliaux, court-circuiter les réseaux sociaux.
En bref, revenir à un peu de bon sens. Les ados ont besoin de leurs parents plus qu'on ne le croit. Revenir à des pratiques élémentaires de bon sens. Qu'il y ait un équilibre entre l'éducation d'avant la Deuxième Guerre mondiale et celle d'aujourd'hui.
Le livre de Jean M. Twenge prend au sérieux des indices déjà connus comme le mal-être. Il avance des éléments neufs comme le retard de maturation, quantitativement pas important, mais qui s'il y a perte de capacité, provoque une chute des moyens d’indépendance et la peur. C'est inquiétant et l'auteur s'interroge.



mardi 30 octobre 2018

"Flirt Flamand" à la Foire du livre de Bruxelles



On le savait, mais c'est désormais officiellement lancé. La littérature flamande sera le pays invité, l'hôte d'honneur, à la prochaine Foire du livre de Bruxelles, qui se tiendra du 14 au 17 février 2019, sur le site de Tour & Taxis. Alda Greoli, Ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a officiellement proposé le 28 octobre, lors de l'ouverture du Salon du livre d'Anvers (Boekenbeurs),  à son homologue flamand Sven Gatz de faire de la Flandre l'invitée d'honneur de la Foire du Livre de Bruxelles 2019. Elle l'a fait sous la forme d'un bouquet, symbole de la campagne "Flirt Flamand".


On se rappellera que le thème de la littérature flamande a déjà été à l'honneur du Salon du livre de Paris en 2003 et au Salon du livre de jeunesse de Namur en 2006. On se rappellera aussi que "C'est le bouquet!" est le titre d'un merveilleux album pour enfants de Claude Roy, illustré par Alain Le Foll (Gallimard, 1964)

Il s'agit maintenant pour Sven Gatz de transmettre à un auteur d'expression française le bouquet, un origami composé de pages de traductions françaises d'œuvres flamandes. Le but est de faire voyager les fleurs à travers la Belgique jusqu'à leur arrivée le jeudi 14 février 2019, jour de la Saint-Valentin,  à la Foire du Livre de Bruxelles.
"La littérature flamande n'a jamais été aussi séduisante", peut-on lire sur la page Facebook de la campagne.""Flirt flamand" entend jeter une passerelle entre Belges néerlandophones et Belges francophones qui aiment les livres. Rendez-vous à la Foire du Livre de Bruxelles lors de la prochaine Saint-Valentin."
En ce moment à la Boekenbeurs (jusqu'au 11 novembre sauf les 5, 6 et 7), la Foire du Livre présente un stand de livres en français en vue de promouvoir les auteurs belges francophones mais aussi d'inviter les visiteurs à se rendre, à la mi-février, à Bruxelles. A la FLB, Boek.be disposera d'un stand proposant des ouvrages en néerlandais et des traductions françaises récentes d'œuvres flamandes.

C'est le dynamique organisme Flanders Literature qui a été chargé de mener à bien le projet "La Flandre, invitée d'honneur de la Foire du Livre". L'occasion de collaborer avec, entre autres, Iedereen Leest, deAuteurs et Septentrion ainsi qu'avec de nombreuses organisations littéraires et culturelles bruxelloises, par exemple Passa Porta, Muntpunt, Bozar, Art Basics for Children, le Kaaitheater, le Théâtre Royal Flamand (KVS), les Midis de la Poésie, le Musée de la BD et le Pianofabriek.

"Flirt Flamand" souhaite aussi rapprocher les professionnels du livre des deux parties du pays. En organisant notamment le vendredi 15 février 2019, un après-midi entre professionnels sous l’intitulé B♥B dans le bâtiment Herman Teirlinck du gouvernement flamand (Tour & Taxis).


samedi 27 octobre 2018

Pieter, Maeke, Hendrika et Jean-Yves

"Les chasseurs dans la neige".

Qui était en réalité le peintre Pieter Bruegel dit Bruegel l'Ancien dont une gigantesque rétrospective présente, 450 ans après sa mort,  nonante œuvres (trente tableaux sur les quarante ou quarante-cinq qui existent de par le monde ainsi que soixante dessins et gravures) en ce moment au Kunsthistorisches Museum (Musée des Beaux-Arts) de Vienne jusqu'au 19 janvier 2019 (plus d'infos ici)?
En réalité, on sait peu de choses de lui. Il est né vers 1525 près de Breda, aux Pays-Bas. En 1551, il est reçu comme maître à la Guilde de Saint-Luc, à Anvers, après s'être formé auprès du peintre Pieter Coecke Van Aelst dont il épousera la fille, Mayeken, en 1563, à Bruxelles.  En 1552-1553, il fait son voyage en Italie en compagnie du peintre Marteen de Vos. De 1555 à 1563, il travaille à Anvers pour l'éditeur Jérôme Cock, réalisant des dessins et des gravures. Il se consacre ensuite à la peinture. Son épouse lui donne deux fils, Pieter Bruegel le Jeune en 1564, Jan Bruegel en 1568. Il meurt à Bruxelles le 5 septembre 1569.

Pour le reste, c'est le blanc. Comme les neiges que Pieter Bruegel a si bien représentées. Le visage du peintre? Son mode de vie? Ses goûts? Sa technique? On n'en sait rien, ce qui permet de tout imaginer, mais pas n'importe comment. En étudiant son œuvre, en se basant sur elle. Ce que fait fort joliment Jean-Yves Laurichesse qui s'est glissé dans un des tableaux les plus célèbres de Bruegel l'Ancien, daté de 1565, "Les chasseurs dans la neige", dont il fait le titre de son nouveau roman (Ateliers Henry Dougier, 92 pages). Une plongée énergisante dans l'art, le processus créatif et le mode de vie de la Flandre du XVIe siècle.

Avec brio, l'écrivain français installé à Toulouse nous fait entrer dans un village de Flandres en 1565, sous l'emprise de l'hiver. Une jeune fille, Maeke, brode près de la fenêtre. Elle repense à cet homme, un bourgeois venu de Brussel comme on dit alors, qui avait participé à la fête du village quelques semaines auparavant. Il avait arrêté de dessiner pour l'inviter à danser. Il lui avait dit qu'il était peintre. Rien de louche mais une étincelle jaillit alors entre eux. Maeke brode à côté de sa mère... Dehors, des chasseurs rentrent chez eux avec leurs chiens. Ils sont tous fatigués, fourbus même.

Jean-Yves Laurichesse nous conte d'une belle plume, simple et attentive, imaginative mais dans la vraisemblance, ce qui se passe dans ce village de Flandre où le peintre fait étape, le temps de prendre des croquis des scènes d'hiver qui se proposent à lui. Il dessine, parle avec l'un et avec l'autre, tente de comprendre ces vies qui ne sont pas les siennes mais qu'il a envie de reproduire avec honnêteté. En face de lui, les villageois et les villageoises sont ce qu'ils sont. Accueillants mais pas trop, méfiants devant ce bourgeois de quarante ans. Que veut-il, cet artiste? Que cherche-t-il?

Lui nous est présenté en contre-point, peintre sensible, avide de montrer le vrai dans ses tableaux, de peindre ces paysans de village, leurs drames comme l'incendie qui ravage une ferme, leurs joies comme la séance de patinage sur glace. Il s'est passé quelque chose entre lui et la jeune Maeke, quelque chose de beau, d'ordre artistique. Ne lui demande-t-elle pas de pouvoir voir le tableau qu'il réalisera après son séjour? Il est aussi sur la même longueur d'ondes que Hendrika, la mère, brodeuse elle aussi. Une veuve qui est prête à laisser partir sa fille unique à la ville de Brussel parce qu'elle a confiance en lui. Il partage avec cette femme fière et courageuse l'idée qu'"ils font un peu le même métier d'embellir le monde avec des moyens matériels".

"Les chasseurs dans la neige" nous fait vivre la création du tableau de l'intérieur, chacune de ses scènes peintes intervenant dans le schéma romanesque du livre. Avec la liberté que permet l'imagination, avec la science que donne le savoir. En parallèle, on suit le parcours de Pieter Bruegel jusqu'à sa mort, de Maeke qui renoncera finalement à la ville pour retrouver son village, forte de nouvelles connaissances, de Hendrika et sa confiance en ceux qui en sont dignes, de ce village qui prend consistance sous nos yeux, tout comme la rue Haute de Brussel où vivait le peintre ainsi que son épouse, la délicieuse Mayeken, pure et généreuse.

Vraiment, c'est un beau roman, imaginatif et documentaire, sur la vie au XVIe siècle et l'acte de créer. Une démarche originale qui vaut le détour.


"Les chasseurs dans la neige" d'après Bruegel l'Ancien. (c) Percival Barrier.


Hasard de la grande toile, j'ai croisé hier la version des "Chasseurs dans la neige" pixellisée par l'illustrateur Perceval Barrier! Elle fait partie d'une série de tableaux célèbres que l'artiste lyonnais a reproduits en pixels sur son site en 2011 et 2012 (ici).

Pour le plaisir, en voici deux autres.

"Le Printemps" d'après Botticelli. (c) Perceval Barrier.

"Les époux Arnolfini" d'après Jan Van Eyck. (c) Perceval Barrier.









jeudi 25 octobre 2018

Camille Pascal, Grand prix du roman de l'Académie française 2018



Le Grand Prix du Roman de l'Académie française (10.000 euros) a été décerné ce jeudi 25 octobre à Camille Pascal, 52 ans, pour son premier roman, "L'été des quatre rois" (Plon-Perrin, 672 pages). Il s'agit du premier roman de l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy, par ailleurs conseiller d’Etat, historien, et auteur de plusieurs essais dont "Scènes de la vie quotidienne à l’Elysée" (Plon, 2012, Points, 2013). Un très gros roman très historique donc. Camille Pascal l'a emporté au troisième tour de scrutin, par treize voix contre sept à Alain Mabanckou et deux à Thomas B. Reverdy. L'Académie française compte actuellement trente-six membres sur quarante quand elle est au complet.

"L'Eté des quatre rois" se veut le roman vrai de la révolution de 1830 en France, des "Trois Glorieuses" à l'avènement de la monarchie de Juillet. En effet, en juillet-août 1830, la France connaîtra deux mois uniques dans son histoire avec la succession sur le trône de Charles X, Louis XIX, Henri V et Louis-Philippe, et cela, tandis que le peuple de Paris s'enflamme. Hugo, Stendhal, Dumas, Lafayette, Thiers, Chateaubriand, la duchesse de Berry, Madame Royale assistent à l'effondrement d'un monde.

Pour en lire le début en ligne, c'est ici.


Les trois autres écrivains en lice pour le prix étaient Alain Mabanckou pour "Les cigognes sont immortelles" (Seuil), Gilles Martin-Chauffier pour "L'Ère des suspects" (Grasset) et et Thomas B. Reverdy pour "L'Hiver du mécontentement" (Flammarion).

mercredi 24 octobre 2018

Un site personnel en images et en musique


Des sites d'auteur ou d'illustrateur ou des deux ou d'auteure ou d'illustratrice ou des deux, il y en a plein. Et, pour peu qu'ils soient régulièrement actualisés, c'est une mine d'informations à propos des nouveautés comme des titres plus anciens. On y trouve parfois des suppléments, essais, projets, etc.

Ce qui est bien au site de l'auteur-illustrateur belge Peter Elliott, qui vient d'être renouvelé, c'est qu'il offre images ET musique. Les couvertures de ses albums jeunesse, des dessins pour la presse jeunesse, des cartoons, des affiches. Les musiques de l'album "Farwest", illustré par Kitty Crowther (Pastel, lire ici) mais pas que. A découvrir ici.

D'autres sites

En vrac

  • Mario Ramos ici
  • Natali Fortier ici
  • François Place ici
  • Sara ici
  • Henri Galeron ici
  • Emmanuelle Houdart ici
  • Olivier Douzou ici
  • Junko Nakamura ici
  • Christian Voltz ici
  • Christine Roussey ici 
  • Thierry Dedieu ici
  • Marion Fayolle ici
  • Jochen Gerner ici
  • Martine Perrin ici
  • Renaud Perrin ici
  • Anouk Ricard ici
  • Charles Dutertre ici
  • Beatrice Alemagna ici
  • Gaétan Dorémus ici
  • Delphine Durand ici
  • Benoît Jacques ici
  • Piret Raud ici 
  • Adrien Albert ici
  • Emmanuelle Zicot ici
  • Adrien Parlange ici
  • Ingrid Godon ici
  • Matthieu Maudet ici
  • Marie Wabbes ici
  • Stéphane Nicolet ici
  • Mélanie Rutten ici
  • Etienne Delessert ici
  • Elise Gravel ici
  • Louis Pergaud ici
  • Albertine ici
  • Axel Scheffler ici
  • Andrée Prigent ici
  • Roxane Lumeret ici
  • Sébastien Mourrain ici
  • Jeanne Macaigne ici
  • Serge Bloch ici
  • Anne-Margot Ramstein ici
  • Perceval Barrier ici
  • Quentin Blake ici


  • A compléter...


lundi 22 octobre 2018

Le secret des pirates de "La Croix du Sud"

Feu-Follet, le narrateur créé par Llanos Campos.
(c) l'école des loisirs.

Quelle histoire raconter aux enfants pour leur donner le goût de lire? Une histoire de pirates bien entendu. Mais pas n'importe laquelle.
Une histoire de pirates qui apprennent à lire en secret!

Présenté ainsi, le concept peut paraître rébarbatif, ou même contre-productif. Sauf si on a lu le roman, pour neuf ans et plus, impeccable, rebondissant,  attachant, complètement original et facile à lire, "Le trésor de Barracuda", écrit par l'Espagnole actrice de théâtre Llanos Campos (Martinez), traduit de l'espagnol (castillan) avec allégresse par Anne Cohen Beucher et illustré avec flamme, en rouge, noir et blanc, par Nicolas Pitz (l'école des loisirs, Neuf, 175 pages).

"El tesoro de Barracuda" est le premier roman jeunesse de Llanos Campos qui est née à Albacete en 1963 et qui avait jusqu'à présent écrit pour le théâtre et pour le théâtre jeunesse, en plus d'y avoir joué. Un premier roman jeunesse donc, qui a immédiatement récompensé par le notable prix El Barco de Vapor 2014.
Un premier roman jeunesse qui a paru initialement en Espagne en 2014 dans une version également illustrée, logiquement, par une artiste espagnole, Julia Sarda, aussi présente dans la traduction anglaise, "The treasure of Barracuda", mais pas dans la version française confiée à une Française habitant à Bruxelles pour la traduction et à un Belge pour l'illustration.


"Le trésor de Barracuda" met donc logiquement en scène des pirates, avec des  jambes de bois et des crochets de fer en guise de main, des bateaux à voiles, des voyages épiques, des nuits blanches, des bagarres, des jurons sur tous les tons, des ports plus ou moins fréquentables, des îles plus ou moins localisées et, évidemment, un trésor considéré comme perdu à rechercher, dont la quête paraît chimérique si pas impossible. Leurs aventures nous parviennent par la voix observatrice de Feu-Follet, mousse de onze ans ainsi surnommé à cause de la couleur de ses cheveux et embarqué avec l'équipage de "La Croix du Sud" depuis trois ans.
Jamais en retard d'un avis ou d'une confidence au lecteur, le gamin lui glisse dès l'entame du livre: "Jamais il n'y eut de capitaine comme Barracuda, ni d'aventure comme la nôtre, et personne ne pourrait vous la raconter mieux que moi, qui me trouvais là depuis le début."
Feu-Follet nous fait participer à l'aventure comme si on y était, nous raconte savoureusement Barracuda, "le pirate que craignent les pirates eux-mêmes", les différents membres d'équipage, Nuño, Deux-Dents, dit le Corse, le Borgne, John la Baleine, Boasnovas, Erik le Belge, Malik, Jack le Boiteux,  etc., leurs aventures au quotidien dont bien sûr la découverte du trésor qu'avait caché Phineas Krane, "le plus ancien pirate des mers du Sud", des années plus tôt, un "énorme coffre noir".

Dans le coffre attend quelque chose qui rend les cinquante-trois membres d'équipage complètement dingues! Un livre, "Ma vie de pirate", par Phineas Johnson Krane! Et c'est tout. Quelle déconvenue après autant d'années. Quelle colère chez le capitaine. Quel silence chez l'équipage.

Et c'est là que le roman prend sa tournure unique. Car un des pirates, Deux-Dents qui lit un peu, va déchiffrer le fameux livre, et ce qu'il en raconte va piquer la curiosité des autres pirates. Comment savoir si le Corse lit vrai si ce n'est en apprenant aussi les lettres? Les uns après les autres vont se laisser tenter, découvrir le bonheur et le privilège qu'offre la lecture, raison pour laquelle ils décident d'en faire un secret. Llanos Campos réussit le tour de force de faire l'éloge de l'acte de lire sans jamais ni évangéliser, ni lasser. Au contraire, cet apprentissage intervient dans l'avancée des aventures qui restent avant tout celles de pirates, avides de découvrir des trésors. Et peut-être que le livre de Phineas Krane leur en donnera l'occasion. Une seule condition: cacher leur nouvelle science aux autres pirates croisés aux escales, ce qui donne lieu à des scènes fort cocasses.

Feu-Follet continue à rapporter leurs aventures, drôlement pimentées et leurs considérations sur la lecture, et on s'amuse follement avec ce "Trésor de Barracuda" qui respectera en finale les codes du roman de pirates avec trésor sonnant et trébuchant à partager. On aura passé un excellent moment avec ce roman d'approche facile, passionnant de bout en bout, extrêmement drôle, fort bien traduit et dont les quelques images, pleines pages ou vignettes, permettent d'en ancrer quelques étapes. A partir de neuf ans.

La couverture complète. (c) l'école des loisirs.



A noter qu'Anne Cohen Beucher est également la traductrice du roman "Un son a disparu" de l'Espagnol Rodrigo Muñoz Avia (Alice Jeunesse, Deuzio, 166 pages, 2017), fan de Georges Perec et qui a voulu rendre hommage à sa "Disparition". Un roman sous forme de thriller où disparaissent un son et une jeune fille, prénommée Eléonore, qui mêle humour et jeux de langue dans la plus grande veine oulipienne. Car Jorge, le  meilleur d'Eléonore, trouve seul contre tous cette disparition suspecte. Il décide du coup de ne plus prononcer la lettre "e", la première du prénom de son amie,  jusqu'à ce qu'elle revienne ou qu'il la retrouve.

Un casse-tête pour une traductrice littéraire que de faire passer de l'espagnol au français les lipogrammes, monovocalismes, palindromes, mots ne comportant pas une lettre de l'alphabet, ou seulement certaines, ou à lire dans les deux sens! Mais un défi remporté brillamment et intelligemment quand par exemple Anne Cohen Beucher choisit de faire disparaître la lettre "e" de la version française (comme Perec l'avait fait dans "La disparition") alors que c'est le "a" qui disparaît dans le texte espagnol original (comme dans la traduction espagnole de "La disparition"). A partir de onze ans.

Pour feuilleter "Un son a disparu" en ligne, c'est ici.



vendredi 19 octobre 2018

Toi aussi, élis tes six chansons belges préférées



En janvier 2015, trois Danois et un Italien, Jeppe Marsling, Jon Egeris Karstoft et Francesco Cali, ont eu l'idée de lancer "The EU Songbook", le premier recueil européen de chansons. Pays par pays, les citoyens européens sont invités à voter pour leurs chansons nationales préférées. Dix-sept élections, totalisant 29.000 personnes, ont déjà eu lieu ou sont encore en cours, au Danemark, en Autriche, en Suède, en Lettonie, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Lituanie, en Finlande, en Estonie, en Irlande, aux Pays-Bas, en République tchèque, en Hongrie, en Bulgarie, en Grèce, à Chypre et au Portugal.

Dès aujourd'hui, 19 octobre, et jusqu'au 18 novembre, c'est au tour des Belges de voter pour les six chansons qui les représenteront. Sur les 800 chansons belges initialement nominées en six catégories, à la fois par des choristes et des étudiants en musicologie, cinquante-quatre demeurent en lice, dont cinq dues à Jacques Brel!

Le vote concernant les chansons belges se tient en français et en néerlandais sur la page d’accueil du site www.eu-songbook.org. Soit trois catégories de chansons dans une langue et trois dans l'autre, reflet de la spécificité belge.

Voici les chansons sélectionnées pour le vote des Belges.

Amour
  • Quand on n'a que l'amour – (Jacques Brel)
  • Ne me quitte pas – (Jacques Brel / G. Jouannest)
  • La chanson des vieux amants – (Paroles: Jacques Brel / Musique: J. Brel / G. Jouannest)
  • Jardin secret – (Pierre Rapsat)
  • Alexis m’attend – (Philippe Lafontaine)
  • Cœur de loup – (Philippe Lafontaine)
  • L'amour, ça fait chanter la vie – (Jean Vallée)
  • Tu es mon autre – (texte: Lara Fabian / Compositeur: E. Vleminck)

Nature & Saisons

  • Mijn vlakke land – (Muziek: Jacques Brel / Tekst: Ernst Van Altena (vert. Jacques Brel)
  • De eerste sneeuw – (Muziek: Lieven Tavernier / Tekst: Lieven Tavernier)
  • Vlaanderen m’n land – (Muziek: Jean Kluger / Tekst: Mark Swido)
  • Nachtegaaltje – (Muziek: Lode Dieltiens / Tekst: Dries D’Dollander)
  • Daar zat een sneeuwwit vogeltje – (Muziek: volkslied/ Tekst: volkslied)
  • Op enen boom een koekoek – (Muziek: volkslied / Tekst: volkslied)
  • Een vrolijk lentelied – (Muziek: Jan De Wilde / Tekst: Jan De Wilde)
  • Madammen met een bontjas – (Muziek: Urbanus /Tekst: Urbanus)

Liberté & Paix

  • Gebed voor het vaderland – (Muziek: Gaston Feremans / Tekst: Remi Piryns)
  • De hemel – (Muziek: Bart Peeters / Tekst: Bart Peeters)
  • Lied van mijn land – (Muziek: Ignace de Sutter / Tekst: Anton Van Wilderode)
  • Fanfare voor honger en dorst – (Muziek: Lieven Tavernier / Tekst: Lieven Tavernier)
  • Ik ben van nergens en overal – (Muziek: Vic Nees / Tekst: Filip van de Wouwer
  • Ik wil deze nacht in de straten verdwalen – (Muziek: Walter Heynen / Tekst: Wannes Van de Velde)
  • Gelukkig zijn (Muziek: Raymond Van het Groenewoud / Tekst: Raymond Van het Groenewoud)
  • Ik hou van u (Tekst & Muziek: Lars Van Bambost, Wim De Wilde, Stijn Meuris)
  • Jefke (Tekst & Muziek: Ivo De Wijs, Peter Nieuwint)
  • Brood voor morgenvroeg (Muziek: Bart Peeters, Tekst: Bart Peeters)

Chansons populaires

  • La petite Gayolle –  (Julos Beaucarne / Oscar Sabeau)
  • Li bia bouquet – (Nicolas Bosret)
  • Lolotte – (Jacques Bertrand)
  • Pays de Charleroi – (Jacques Bertrand / Musique: Louis Canivez)
  • Valeureux Liégeois – (Abbé Ramoux)
  • La Belle Gigue – (André Bialek)
  • Li p'tit banc – (P. Van Damme / E. Wiket)
  • C’est l' doudou  – (chanson montoise)
  • Bruxelles – (Jacques Brel)

Chansons traitant des croyances

  • Les anges dans nos campagnes / "Le message des anges" – (François-Auguste Gevaert)
  • Dominique – (Sœur Sourire)
  • Oser la vie – (Théo Mertens)
  • Panis Angelicus – (César Franck / en latin)
  • Entre le bœuf et l’âne gris / "Le sommeil de l’enfant" – (François-Auguste Gevaert)
  • Le Petit Jésus – (Julos Beaucarne)
  • Le bel ange du ciel  – (François-Auguste Gevaert)
  • Bondjou, wésène – (Pierre Froidebise)
  • Vousse Vini Cuzène Mareye (Noël wallon)
  • Un Triste Cœur – (Roland de Lassus)

Chansons pour enfants

  • Vrolijke vrienden – (Muziek: Bob Davidse / Tekst: Bob Davidse)
  • Klein, klein kleutertje – (Muziek: volkslied / Tekst: volkslied)
  • In een klein stationnetje – Muziek: volkslied / Tekst: volkslied)
  • De poppenstoet – (Muziek: Armand Preud’homme / Tekst: Eugène De Ridder)
  • Al die willen te kap’ren varen – (Muziek: volkslied / Tekst: volkslied)
  • Kniktieklaas – (Muziek: Bart Peeters / Tekst: Bart Peeters)
  • Alle kleuren – (Muziek & Tekst: Peter Gillis, Miguel Wiels, Alain Vande Putte)
  • ‘k Zag twee beren – (Muziek: volkslied / Tekst: volkslied)
  • Door de kamer vloog een vlieg – (Muziek: volkslied / Tekst: volkslied)


Une fois les six chansons choisies, elles rejoindront celles des pays ayant déjà voté. A terme, 162 chansons seront identifiées. Elle seront regroupées, en version originale et en anglais, dans un recueil dont la première édition est prévue en décembre 2019. Les bénéfices éventuels seront réservés à la publication d'une deuxième édition du recueil, cette fois-ci dans les 24 langues de l'Union.

Ce projet de recueil de chansons de l'UE a été initié par une ONG danoise dépourvue de liens économiques ou financiers avec Bruxelles. Son fondateur, Jeppe Marsling (né en 1974) explique son idée: "Nous, les 28 populations de l'UE, ne connaissons que bien peu de choses à propos des uns et des autres! Partager des chansons nationales appréciées semble être une manière efficace d'apprendre à mieux se connaître."

Plus d'informations sur cette initiative culturelle et politique ici.

Pour voter, ce que plus de 1.200 personnes ont déjà fait, c'est ici.



jeudi 18 octobre 2018

Pierre Guyotat, lauréat du Prix de la langue française 2018

Pierre Guyotat. (c) J.-F. Paga.

S'il y a bien un prix qui a toujours résonné agréablement à mes oreilles, c'est celui de la langue française. Autant pour son intitulé cher à mon cœur que pour ses lauréats, choisis pour être une "personnalité du monde littéraire, artistique ou scientifique dont l'œuvre contribue de façon importante à illustrer la qualité et la beauté de la langue française". La distinction, dotée de 10.000 euros, a été créée en 1986 par la ville de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) et y est officiellement remise durant la Foire du livre de novembre.

Ce mercredi 17 octobre, le jury du prix, composé d'académiciens français, d'académiciens Goncourt, de journalistes et d'écrivains (Tahar Ben Jelloun, Dominique Bona, Hélène Carrère d'Encausse, Paule Constant, Franz-Olivier Giesbert, Paula Jacques, Dany Laferrière, Alain Mabanckou, Jean-Noël Pancrazi, Bernard Pivot, Patrick Rambaud, Jean-Christophe Rufin et Danièle Sallenave), a désigné Pierre Guyotat comme lauréat du Prix de la langue française 2018. L'écrivain recevra son prix à Brive le vendredi 9 novembre à 18 heures.

Né en 1940 à Bourg-Argental (Loire), Pierre Guyotat construit depuis "Tombeau pour cinq cent mille soldats" (Gallimard, 1967) une des œuvres majeures de la littérature française. Auteur de récits, d'essais, de poésie, de livres politiques très marqués par la guerre d'Algérie, Pierre Guyotat est un écrivain qui poursuit inlassablement sa recherche sur la puissance des mots et la langue. Il est aussi l'auteur de dessins qui sont régulièrement exposés.

Publié habituellement chez Gallimard, parfois au Mercure de France, au Seuil, chez Léo Scheer, Pierre Guyotat vient de faire paraître chez Grasset un roman autobiographique, "Idiotie", où il revient sur ses années 1958 à 1962. Quand il a eu dix-huit ans, est entré dans l'âge adulte, s'est intéressé au corps féminin, est arrivé à Paris, venant de Lyon, un an après le décès de sa mère, d'origine polonaise. Tout était déjà là, l'écriture, la peinture, sa famille dévastée par la guerre, l'Algérie où il est appelé en 1960, arrêté et transféré dans un centre disciplinaire deux ans plus tard avant de revenir à Paris, ses rebellions et ses amitiés. Et la langue qu'il utilise évidemment magnifique.

Pour feuilleter en ligne le début d'"Idiotie", c'est ici.


Les lauréats précédents

2017 Jean-Luc Coatalem
2016 Philippe Forest
2015 Mona Ozouf
2014 Hélène Cixous
2013 Jean Rolin
2012 Vassilis Alexakis
2011 Emmanuel Carrère
2010 Alain Veinstein
2009 Jean-Paul Kauffmann
2008 Annie Ernaux
2007 Pierre Assouline
2006 Christiane Singer
2005 Jean-Pierre de Beaumarchais
2004 Gilles Lapouge
2003 Dominique de Villepin
2002 Michel Chaillou
2001 Philippe Beaussant
2000 Bernard Pivot
1999 Jacques Chessex
1998 Marcel Schneider
1997 Francois Weyergans
1996 René de Obaldia
1995 non remis
1994 Hector Bianciotti
1993 Alain Rey
1992 Alain Bosquet
1991 Pascal Quignard
1990 Yves Berger
1989 Michel Jobert
1988 André Lichnerowicz
1987 Jacqueline de Romilly
1986 Jean Tardieu


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À quelques jours de la proclamation des grands Prix d’automne, la Foire du livre de Brive – organisée par la Ville de Brive avec le
soutien du Centre national du Livre (Ministère de la Culture), de la région Nouvelle-Aquitaine et du Département de la Corrèze – est
le rendez-vous incontournable de la rentrée littéraire tant pour le public que pour les éditeurs et les auteurs. Depuis 1981, tous les
ans, plus de 300 écrivains y sont accueillis pour présenter leurs derniers ouvrages. En complément des nombreuses séances de
dédicaces, un programme dense de rencontres littéraires, forums et lectures est proposé aux visiteurs de la manifestation.

mardi 16 octobre 2018

Le prix Vendredi découpé en trois

Nicolas de Crécy.



Pour sa deuxième édition aussi, le prix Vendredi a décidé de récompenser trois des dix romans qu'il avait retenus en sélection (lire ici).

Nicolas de Crécy remporte le Prix Vendredi 2018 avec "Les amours d'un fantôme en temps de guerre" (Albin Michel).

Nastasia Rugani.
Vincent Mondiot.















Des mentions spéciales sont décernées à "Milly Vodović" de Nastasia Rugani (MeMo) et "Nightwork" de Vincent Mondiot (Actes Sud Junior).




lundi 15 octobre 2018

Bernadette Gervais en visite chez le Père Castor

Bernadette Gervais.


Le fonds des historiques Editions du Père Castor, fondées en 1931 par Paul Faucher (1898-1967), a été inscrit au registre Mémoire du Monde de l'Unesco en 2017. Ce qui a permis entre autres à la médiathèque intercommunale de Meuzac, qui conserve les archives du Père Castor, et à l'Ecole nationale supérieure d'art de Limoges d'organiser une résidence d'auteur/illustrateur de jeunesse longue de douze semaines. Un séjour qui permettra à des artistes, auteurs et illustrateurs contemporains, de découvrir ce fonds incomparable et de mettre en place un travail artistique en lien avec des enfants et des étudiants, dans la tradition des albums du Père Castor, illustratifs d'un bel équilibre entre art, littérature et pédagogie.



























C'est notre Bernadette Gervais nationale qui a été choisie parmi les candidats à cette première édition de la résidence. Émilie-Anne Dufour, directrice de la médiathèque intercommunale du Père Castor explique: "L'étude des dossiers de candidature a été pour nous l'occasion de constater à quel point étaient forts l'attachement et la sensibilité des illustrateurs contemporains au Père Castor, et combien le travail de Paul Faucher, fondateur de cette maison d'édition, avait nourri leur imaginaire d'enfant puis d'artiste avec des livres tels que ceux de Nathalie Parain, Rojankovski ou Hélène Guertik.

Parmi les illustrateurs qui ont répondu à notre appel, Bernadette Gervais, dont les livres figurent sur les rayonnages de la médiathèque depuis de nombreuses années, faisait particulièrement écho à l'émotion qui nous saisit aujourd'hui encore lorsque nous travaillons sur les archives du Père Castor. Ses dessins venant en appui au livre, elle sait par ailleurs donner à chaque ouvrage la technique et la forme qui lui conviendront le mieux. Aussi à l'aise dans le réalisme et le sens du détail que dans l'abécédaire ou le livre-objet, elle nous semblait pouvoir jouer sur toutes les facettes de la collection du Père Castor."

Quand on connaît l'intérêt de l'intéressée pour le patrimoine de la littérature de jeunesse, et ses connaissances dans ce domaine, que ce soit les livres du Père Castor ou ceux d'André Hellé, pour ne citer que ceux-là, on imagine sa joie de pouvoir aller farfouiller dans de telles archives. Laissez Bernadette Gervais sur une brocante ou un vide-grenier, elle vous déniche des trésors de livres devant lesquels vous seriez passés sans vous en soucier.

"Je suis plutôt reconnue comme une "faiseuse de livres, et c'est plus fondamentalement ce que je suis", dit celle dont la bibliographie s'enorgueillit de plus de cent titres, en duo avec Francesco Pittau et en solo depuis quelques années. "Je ne cherche pas à faire des dessins qui existent pour eux-mêmes, mes illustrations sont faites pour prendre place dans des livres."

Bernadette Gervais résidera en Haute Vienne dès demain jusqu'en mars 2019, à raison d'une quinzaine de jours par mois. A charge pour elle de créer un livre pour enfants en relation avec les archives du Père Castor, de faire découvrir aux élèves du coin les différentes étapes de la création d'un livre et d'expérimenter avec eux les techniques du pochoir, "sa" technique favorite. Une résidence à suivre.









vendredi 12 octobre 2018

Le Nobel de littérature alternatif à Maryse Condé

Maryse Condé.

C'est donc la romancière guadeloupéenne Maryse Condé (née le 11 février 1937 à Pointe-à-Pitre) qui remporte le New Academy Prize in Literature, Nobel alternatif créé pour pallier l'absence de prix Nobel de littérature cette année (lire ici). Il y restait trois candidats, après le retrait de Haruki Murakami (lire ici): elle, publiée chez JC Lattès au Mercure de France et chez Robert Laffont, Neil Gaiman et Kim Thúy (lire ici). Enchantée je suis car c'était aussi mon choix 😊

Le prix a été créé par la journaliste suédoise Alexandra Pascalidou dans le but de décerner un prix international de littérature puisque le prix Nobel de littérature 2018 ne sera pas décerné (lire ici). La Nouvelle Académie prévoit de se dissoudre en décembre 2018.

Il est doté d'un million de couronnes suédoises (quasiment 100.000 euros). La lauréate sera présenté) lors d'un événement officiel le 9 décembre 2018.