Dieu que les roses sont belles en ce moment dans les jardins.
L'occasion de lire ou de relire l'excellent roman d'Audur Ava Ólafsdóttir, "Rosa candida" (traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson, Zulma, 334 pages), de retrouver sa merveilleuse roseraie. Une de ces pépites littéraires qu'on a un tel enchantement à découvrir qu'on voudrait presque effacer une partie de son cerveau pour avoir le plaisir de la découvrir une seconde fois.
2015
2010
Le livre qui avait enchanté la rentrée littéraire étrangère de l'automne 2010 a depuis rencontré 300.000 lecteurs dans sa version française. Il parut ensuite en poche chez Points en 2012. Et le voilà qui rentre à la maison en quelque sorte puisqu'il reparaît ce mois-ci en collection Z/a, les poches de Zulma (264 pages).
Particularité de ce passage en poche, David Pearson, le graphiste de la maison d'édition parisienne, a imaginé quatre variations colorées de la couverture grand format. A chacun de choisir celle qu'il préfère.
"Rosa candida" est un bonheur de lecture absolu, plein de charme et de surprises. Imaginez un paysage de lave et de lichens et une serre à rosiers. L'Islande qu'Arnljótur, 22 ans, s'apprête à quitter. Il laisse là son père de 77 ans, son jumeau autiste, et son bébé, Flóra Sól. Dans ses valises, trois boutures de Rosa candida, variété à huit pétales acclimatée par sa mère, avant sa mort dans un accident de voiture. Arnljótur s'en va. Il veut retrouver le monastère connu depuis le Moyen Age pour sa roseraie, à l'abandon, dont sa mère lui a souvent parlé.
Avec ces matériaux insolites, l'Islandaise Audur Ava Ólafsdóttir compose un épatant roman, le premier des siens à être traduit en français, dont le charme fonctionne de la première à la dernière ligne. On y mange, on y boit, on y vit. Durant 77 chapitres numérotés en guise de titre, la romancière nous présente son gentil personnage et ses questions. On découvre sa vie en Islande, sa complicité avec sa mère, les circonstances de sa paternité. On chemine vers le monastère du continent et on s'installe avec lui au village. Avec lui encore, on restaure la roseraie, on l'écoute questionner frère Thomas, cinéphile et linguiste. On le suit dans son premier appartement: Anna lui a demandé de s'occuper de leur fille durant un mois avant de décider de rester avec eux. Tout est surprenant, léger, coloré et réussi dans ce superbe roman initiatique.
Et comme un bonheur peut être accompagné, ici la lecture du premier chapitre de "Rosa candida" par Guillaume Ravoire.
C'était la foule des grands jours aujourd'hui, à l'Académie française. Dany Laferrière était officiellement reçu, ce jeudi 28 mai, au fauteuil numéro 2, précédemment occupé par Hector Bianciotti (1930-2012).
Il prononce l'éloge d'Hector Bianciotti. (c) AFP.
L'écrivain d'origine haïtienne avait donc le devoir de prononcer l'éloge de son prédécesseur.
Ce discours, il a tremblé en le composant. Des heures de suée, chaude, froide, d'écriture, d'angoisses.
Mais quel texte magistral.
Il est à lire ici, et il ne faut pas hésiter à le lire de bout en bout. C'est magnifique et passionnant.
Lui-même a été reçu par Amin Maalouf (fauteuil 29). Ce n'est pas qu'entre écrivains Grasset, on s'entende mieux, mais c'est tout comme.
C'est à lire ici, et jusqu'au bout également.
Dany Laferrière a reçu son épée la veille des mains de Jean d'Ormesson. (c) AFP.
Comme quoi, l'Académie française a encore de beaux jours devant elle. Surtout que les Immortels sont aujourd'hui 39, le fauteuil vacant étant celui d'Assia Djebar, le 5, dont la vacance n'a pas encore été déclarée.
Quelques jours de soleil et tout est redevenu vert au jardin.
Juste au moment où sort la traduction française de "Der Garten", superbe album d'Atak dont plusieurs planches étaient exposées l'an dernier à Anvers (lire ici). Grand format cartonné bien épais, "Dans un jardin" d'Atak (traduit de l'allemand par Isabelle Enderlein, Editions Thierry Magnier, 36 pages à volets) est une réjouissante escapade dans un jardin luxuriant, débordant de plantes, de fleurs, de fruits. De personnages, humains et animaux, aussi.
"Dans le silence, le jardin s'éveille", commence l'album que l'auteur-illustrateur allemand dédie à ses parents. Devant nos yeux éblouis, un paysage tout en vert, arbres, arbustes, herbes, prairies... Y tranchent le bleu d'un héron et d'une pièce d'eau, le rouge et le rose de quelques fleurs, le brun d'un kiosque à musique. Les rabats laissent apparaître un chat gros d'un côté, des oiseaux multicolores de l'autre.
"La paix revient dans le ciel et le calme dans les taillis. (c) Ed. Th. Magnier.
La promenade dans les pages peut commencer. Les guides sont multiples: ici un garçon perché dans un arbre, là un oiseau jaune, ici un couple lisant "Tintin", là Tintin et Milou eux-mêmes, plus loin les pique-niqueurs d'un tableau célèbre ou encore Mickey... Personnages réels et imaginaires célèbrent la même nature où sont mis en valeur fleurs et oiseaux, quand ce ne sont pas des papillons. Tous jouent avec le même non-sense, emportant le promeneur haut dans son imagination. Les peintures d'Atak sont somptueuses mais jamais gratuites. Elles racontent le jardin du matin au soir, d'une saison à l'autre aussi. Elles font des clins d'yeux au lecteur et sont en harmonie avec le texte dont la douceur et les explications se réveillent avec les surprises apparaissant sous les volets de papier.
"Le jardin, havre de paix et d'harmonie, est un univers où tout vit". (c) ETM.
Pastèque à surprise. (c) ETM
Caresser les fleurs des yeux.
"Dans un jardin" est une superbe promenade à la rencontre de la nature et de soi-même. On y va selon l'inspiration comme si on était dans un vrai jardin et on en revient les yeux emplis de belles choses, l'esprit titillé par l'humour d'Atak.
:-)
Voilà pour la locomotive verte. Passons aux wagons: fictions, documentaires, livres d'activités.
Nathalie Lété "Promenade de la petite fille"
Mécanismes de Marion Bataille
Les fourmis rouges
16 pages animées
octobre 2014
Un pic vert, un lapin blanc, un faon, quelques champignons assortis à la maison au milieu des arbres. Le décor est planté, sous les vigoureux traits de pinceau de Nathalie Lété. "Qui habite cette jolie maison?" demande le texte. Réponse dans ces pages colorées, animées de mille surprises: rabats à déplier, tirettes et autres merveilles d'animations papier créées par cette experte en pop-up qu'est Marion Bataille.
D'image en image, on découvre avec bonheur la "petite fille qui n'a peur de rien".
Une toute petite fille en réalité qu'on débusque dans un détail des images. Elle s'amuse avec les animaux, parmi les champignons, grimpe dans les feuillages pour partager les fruits des oiseaux, se rend aussi au potager où l'attend son ami le lapin blanc, joue dans le champ et finit par s'endormir dans la protection des ailes du cygne. Partout autour d'elle, la nature suit son cours et nous invite à l'admirer.
Trois temps de la promenade. (c) Les fourmis rouges.
C'est tout simple mais terriblement touchant. Joies à portée de main et poésie du moment sont célébrées par cette petite fille attentive aux plantes et aux animaux qui l'entourent. "Promenade de la petite fille" est un album de toute beauté où s'épanouissent les illustrations vibrantes de Nathalie Lété, superbement mises en relief dans le cas de cet album.
Ici, une vidéo où l'auteure-illustratrice explique son travail.
:-)
Philippe Ug "Le jardin des papillons"
Les Grandes Personnes
18 pages animées
septembre 2014
Procession de chenilles. (c) Les Grandes Personnes.
La naissance du papillon. (c) Les Grandes Personnes.
Les papillons de nuit. (c) Les Grandes Personnes.
Un texte minimal qui ondule sous les dessins mais des images maximales qui se déploient de façon grandiose quand on tourne les pages. Ces magnifiques sculptures de papier mat, en aplats de toutes les couleurs, proches de la dentelle, racontent tout simplement la métamorphose d’une petite chenille en un magnifique papillon.
"Le jour vient de se lever sur le jardin des papillons. Toutes les petites bêtes s'éveillent", lit-on en début de texte. Coccinelles et autres insectes apparaissent sur les végétaux, ainsi qu'une chenille orangée. On la voit cheminer avec ses alter ego en une première procession, devenir chrysalide et puis papillon. En marge des ravissantes constructions de papier, bien adaptées à chaque étape du processus, on voit évoluer les autres hôtes de ce jardin enchanté, fourmis, escargot mais aussi mante religieuse...
Mais la journée avance et les couleurs des pages s'éteignent pour faire place aux papillons de nuit. Quel bel album que ce délicat et réjouissant "Jardin des papillons"!
:-)
Julia Woignier "La forêt invisible"
MeMo, 48 pages
Voilà un premier album en solo agréablement original. En effet, la forêt où il se déroule n'est pas verte et sombre comme à l'accoutumée, mais transparente et donc invisible...
La forêt, de plus en plus invisible. (c) MeMo.
Ce qui n'empêche pas un bataillon de chasseurs de s'aventurer dans cette étrange forêt.
Imaginez: des arbres invisibles, des buissons invisibles... Les hommes eux-mêmes disparaissent des images. Ne demeurent que leurs armes, des lances sur piques.
Des bruits bizarres se font entendre, que la jeune auteure-illustratrice - elle est née en 1986 - s'amuse à retranscrire, montrant aussi leurs effets sur ses personnages partiellement apparents: le blanc du papier a une grande fonction dans les pages.
Mais des monstres se montrent et la bataille fait rage: "coups de lances!", "coups de griffes!", "coups de queues!", "assauts groupés!" Le résultat ne se fait pas attendre: "ping!", "clang!", "crac!", "et vlan!" Ensuite? Ensuite, rien. Des blessés mais une belle prise, et de taille. Reste à s'en occuper, au risque de nouvelles surprises. Une histoire qui sort du commun, portée par des sons et des images surprenantes.
:-)
Alex Cousseau et Charles Dutertre "Louison Mignon cherche son chiot"
Rouergue, 32 pages
Un film de Cédric Klapisch sorti en 1996 annonçait en titre: "Chacun cherche son chat". Mais dans le nouvel album d'Alex Cousseau et Charles Dutertre, c'est Louison Mignon qui cherche son chiot.
Normal, elle est en vacances à la campagne chez ses grands-parents, et du haut de ses six ans et demi, âge qu'elle nous rappellera plusieurs fois, elle sait ce qu'elle veut: un petit de la chienne de son papé qui s'apprête à mettre bas. Comme chaque fois, elle a disparu et reviendra de cet endroit secret avec ses petits.
Mais cela, Louison Mignon ne l'accepte pas vraiment. Elle veut voir tout de suite son petit Banjo ou sa petite Aubergine. Elle va donc explorer la maison, le jardin et les environs et nous en faire un compte-rendu des plus joyeux. Du papé qui parle à ses légumes, "Souvent les tomates rougissent en écoutant mon papé. Les cornichons, non", à sa conclusion, "Les cornichons n'ont pas peur des gros mots, tu peux leur dire des mots de travers, ils ne rougissent jamais." Louison Mignon n'a toutefois pas d'expérience aussi concluante que son papé avec les légumes.
Louison Mignon est tenace dans sa recherche. (c) Rouergue.
En réalité, si elle parle beaucoup et tout le temps, c'est parce qu'elle parle à son chiot dont elle attend la naissance. "Tu dors là où il fait encore nuit. Tu dors avant la vie", lui dit-elle avant de philosopher sur ce nouveau sujet.
Dans la forêt de Charles Dutertre. (c) Rouergue.
La voilà partie dans la forêt que Charles Dutertre représente en noir et blanc, comme l'ensemble de l'album à l'exception de quelques touches de rouge pour les cheveux de Louison Mignon, les moustaches du papé, et bien entendu les tomates. On la suit dans ses explorations véritables et dans celles qu'elle rêve au sommet des arbres. Le texte d'Alex Cousseau est à la fois joyeux et doux, poétique par moments, philosophique à d'autres. Surtout, complice des images élégantes et efficaces de Charles Dutertre et des lecteurs qui en savent bien davantage sur le chiot nouveau-né que Louison Mignon. Trop réussi cet album qui joue aussi avec les codes de la forêt.
:-)
Gabriele Rabagliati Susumu Fujimoto "Le panier à pique-nique"
adaptation française de Christian Demilly
Grasset-Jeunesse, 40 pages
Voilà une pépite en grand format qui nous vient du Japon mais en italien! Gabriele Rebagliati enseigne en effet cette langue à l'Institut culturel de Tokyo quand il ne traduit pas des livres du japonais à l'italien. Quant à Susumo Fujimoto, il s'agit d'un vrai illustrateur japonais dont on a pu voir le travail à l'Exposition des illustrateurs de Bologne en 2011.
La promeneuse. (c) Grasset-Jeunesse.
Grand format, l'album raconte à la première personne la découverte extraordinaire d'une petite fille lors d'une promenade: "un pré comme un autre, plutôt banal, un peu à l'abandon". Le carré d'herbes folles l'attire. Elle y retourne tous les jours et en observe les changements. Plein de fleurs y apparaissent. Serait-ce à cause d'elle?
C'est en goûtant les tomates de ce merveilleux jardin que la narratrice réalise que quelqu'un s'occupe du pré. Forcément. Sa curiosité et son attente sont récompensées. Un homme apparaît, un panier de pique-nique accroché à sa fourche. Il travaille dur la terre puis s'assied et mange. Tout est tellement paisible dans les images et dans le texte. Tout sonne juste.
Miam, le pique-nique de l'homme du pré. (c) Grasset-Jeunesse.
La petite curieuse va faire une autre découverte en lui chipant son panier à pique-nique! Quelqu'un aime cet homme, pour lui préparer de tels repas. Lui ne se fâche pas devant la disparition de son casse-croûte. Il déguste une carotte fraîchement déterrée.
La petite fille à la robe jaune a toutefois mauvaise conscience. Elle décide de préparer un repas pour le travailleur et d'échanger leurs deux paniers. Tandis que le petit jeu se répète chaque jour, une maison surgit du pré. Ce n'est pas pour lui seul que l'homme la construit. Une femme apparaît, lui apportant le panier qu'il n'avait pu échanger ce jour avec la demoiselle. Une nouvelle rencontre, d'autres liens, l'éclosion de différents amours, la naissance d'une famille, le tout dans le respect de la terre.
Va-t-il aimer ce qu'elle lui a préparé avec ses amis animaux? (c) Grasset-Jeun.
Voilà un album de toute beauté qui célèbre la vie et l'amour d'une manière aussi douce qu'originale. Avec ses aimables animaux de la forêt, il nous emporte à la rencontre de ses personnages humains, justes et généreux, dans une nature nourricière.
:-)
Françoise "C'est le printemps Jeanne-Marie"
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Olga Kent
MeMo, 36 pages
Voilà un vrai album vintage, il a été publié pour la première fois à New York en 1955. Aux Etats-Unis, parce que son auteure, Françoise Seignobosc (Lodève, 1896, Paris, 1961), dite Françoise, se partageait entre Paris et New York. Et c'est à l'Université du Minnesota que sont conservés ses archives et les originaux de ses dessins.
Françoise a le sens de la narration et du cadrage. (c) MeMo.
L'héroïne incarne le souvenir heureux que l'auteure a de son enfance dans un petit village du sud de la France. Elle a certes une vision naïve du monde, mais tellement souriante! On suit Jeanne-Marie, Patapon le mouton et Madelon la cane qui vont cueillir des fleurs. Mais l'aventure est au tournant. Quand Madelon qui a été conduite à sa baignade quotidienne disparaît sur la rivière.
Le facteur, les enfants de l'école, le pêcheur sont interrogés. Ont-ils vu une petite cane blanche appelée Madelon? Aucun d'eux. Jeanne-Marie et Patapon sont terriblement tristes. Ils reprennent leurs recherches avec Jean-Pierre qui a un bateau pour descendre la rivière. Mais personne n'a vu Madelon et Jeanne-Marie se met à pleurer.
La finale est une agréable surprise pour la petite fille et le mouton. Et peut-être même pour le jeune Jean-Pierre... Tout cela est daté et même désuet mais a un charme fou. Les images en deux ou plusieurs couleurs témoignent d'un vrai sens de la narration et du cadrage.
:-)
François Delebecque "Fruits, fleurs, légumes et petites bêtes"
Les Grandes Personnes
18 pages avec volets
septembre 2014
Les silhouettes sur les rabats...
L'arrosoir en silhouette noire en couverture donne un avant-goût de ce qui attend le lecteur en pages intérieures: apprécier la photo en couleurs en soulevant le rabat de ce qui est annoncé en formule simplifiée et en noir seulement.
... cachent les photos. (c) Les Grandes Personnes.
Soit des suites de fruits, cerises, raison, pêche, kiwis, pommes, poire, figue, fraises; de légumes, d'insectes, de fleurs, d'outils... jusqu'à la dernière page où le lecteur est invité à reconnaître lui-même ce que l'auteur lui propose en un mélange de tous les genres précédents.
Après cet exercice visuel, peu de secrets du jardin lui resteront inconnus.
La dernière page. (c) Les Grandes Personnes.
:-)
Marc Pouyet "Artistes de nature" Pratiquer le land art au fil des saisons
Plume de carotte, 176 pages
Réédition
Le land art est un mouvement artistique né dans les années 1960 chez les Anglo-Saxons. Les artistes qui le pratiquent sortent de leurs ateliers et des galeries et vont créer en plein air. Ils travaillent au cœur de la nature, essentiellement avec des éléments naturels et acceptent que leurs œuvres disparaissent avec le temps. Mais une photographie des réalisations, partie intégrante de la création, est prise et permet d'en garder une trace dans le temps.
Ce sont ces principes qu'applique Marc Pouyet dans tous ses livres tout en invitant les lecteurs à rencontrer la nature et à créer avec elle. Photographe, il publie des ouvrages splendides dont les photos sont autant de petites merveilles. Il invite aussi ses jeunes lecteurs à créer eux-mêmes: chacune de ses photos est légendée et donne des explications sur sa conception.
"Artistes de nature" est partagé en quatre saisons dont on savoure les gammes chromatiques et se termine par une belle série de conseils et astuces. A regarder les pages de près, on se dit que le land art est à portée de main pour peu qu'on s'y intéresse et qu'on s'applique. Que de merveilles avec de simples boules de neige, des assemblages de feuilles, des superpositions de pierres, des dessins dans le sable, des compositions de fleurs, de fruits, de plumes ou de coquillages... Pas que ce soit simple. Il faut beaucoup travailler pour arriver à cette évidente sobriété. Mais l'auteur donne des idées, à pratiquer partout, forêt, plage, champ, étang, chemin, mur ou même en suspension.
Marc Pouyet invite à créer avec la nature. (c) Plume de carotte.
Quelle merveilleuse manière de s'ouvrir le regard et de plonger les yeux dans la nature à nos pieds.
Ici, un formidable diaporama extrait du livre "Artistes de nature".
:-)
Virginie Aladjidi Emmanuelle Tchoukriel "Inventaire illustré des oiseaux"
Albin Michel Jeunesse, 80 pages
Voilà le dixième imagier illustré que conçoivent ensemble Virginie Aladjidi et Emmanuelle Tchoukriel. Dix? Oui, et il vient bien à son heure car que fait-on dans un jardin? On lève le nez au ciel ou on tente de distinguer la créature ailée que se glisse à toute allure dans son nid... On ne peut qu'appuyer Paul Ardenne, historien de l'art et écrivain qui dit: "Expliquer mon amour des oiseaux. On m'a demandé si souvent de le justifier, cet amour. Que dire? J'aime, c'est tout."
Qui sont tous ces oiseaux qui nous enchantent dès le matin tôt? Près de quatre-vingts spécimens sont présentés ici, classés selon leur ordre scientifique. Il y a les passereaux (60 % des oiseaux du monde) et les non-passereaux.
Parmi les premiers, les mésanges, les moineaux, les rossignols, les pies, les pinsons, les roitelets, les hirondelles... en gros, les oiseaux qu'on voit tous les jours dans les jardins et dans les parcs.
Et les autres? On les connaît tout aussi bien souvent, même si on ignore leur nom de famille officiel. Exemples: les coucous, les pics, les chouettes, les martinets, les faisans, les perruches, les hérons, les canards, les oies, les cigognes, les manchots... Les auteurs nous renseignent chaque fois aimablement à leur sujet: noms officiels, taille, description, anecdote et type de chant et une représentation du sujet au sol ou en vol, dans son nid ou sur une branche.
Les oiseaux, tellement bien présentés. (c) Albin Michel J.
C'est une fois de plus magnifique et donne envie de mieux connaître ce genre animal tout en nous régalant de ses images.
:-)
Laurent Simon "Découvre et colorie les jardins du monde"
Casterman, 56 pages
Jardin japonais/ (c) Casterman.
Voilà un livre de coloriage certes, mais surtout de découverte de douze jardins dont neuf inspirés de jardins célèbres dans le monde, chacun ayant un style particulier: persan, islamique, à l'italienne, à la française, à l'anglaise, à la chinoise, japonais, zen, tropical, d'hiver, botanique et archéologique.
Jardin d'hiver. (c) Casterman.
Chaque fois, une première double page présente le jardin dans sa totalité avec ses principales caractéristiques et une seconde en approfondit un détail tout en invitant le lecteur à colorier la page.
Les illustrations sont simples mais lumineuses. Une devinette sert de fil rouge et une dernière page identifie et localise les jardins célèbres.
:-)
Astrid de l'Aulnoit "Pourquoi l'artichaut a-t-il les cheveux violets?"
A pas de loups, 32 pages
Harty avant...
... Harty après. (c) A pas de loups.
Un
tout petit format en vert fluo et violet bien entendu pour faire
connaissance avec Harty, un artichaut de Bretagne.
Un album entre la
fiction et le documentaire pour découvrir que le roi du potager breton a
aussi une cousine italienne et des origines africaines.
De
superbes illustrations en aplats, proches de la gravure qui disent aussi
bien les paysages que les scènes vécues et les gros plans jardiniers.
:-)
Et parce qu'il en faut treize pour une vraie douzaine, mais dispensable, "Le grand livre du jardinage des enfants", de Caroline Pellissier, Virginie Aladjidi et Elisa Géhin (Editions Thierry Magnier, 96 pages). Un grand format dans la ligne graphique du "Grand livre de cuisine des enfants" (même illustratrice, même éditeur), paru à l'automne 2013, qui "rendait hommage" aux livres de cuisine pour enfants de Michel Oliver pour ne pas dire qu'il s'en inspirait abondamment.
Le principe est le même, appliqué aux quatre saisons: un texte de conseils clairs, tapé à la machine et éclairci de passages manuscrits, des illustrations enfantines expliquant les différentes étapes des propositions. Jardinage principalement, mais aussi cuisine et activités en rapport avec les fleurs.
La présentation des outils. (c) Ed. Th. Magnier.
Un air de déjà vu ou un hommage. (c) Ed. Thierry Magnier.
Mais bon, soyons sérieux. Si semer avec succès des radis ou des herbes aromatiques est envisageable, les poireaux et les choux de Bruxelles demandent davantage d'attention. Ne parlons pas des carottes qui exigent un sol extrêmement meuble, ce qui n'est pas précisé, sous peine de pousser avec des formes bizarres. Ou des fraisiers où une page conseille de couper les stolons, celle en face recommandant d'en garder. Quant au bouturage, on sera avisé de remplacer le charbon conseillé par un morceau de charbon... de bois. Et si l'ouvrage conseille d'organiser un "lâcher de coccinelles" contre les pucerons, il ne fournit aucune explication sur la manière de se procurer les dites coccinelles.
Bref, si tout n'est pas à revoir, il y a même de très bonnes idées, il vaut mieux ne pas suivre tous les conseils au pied de la lettre.
"Le livre de jardinage de tous les enfants, des villes ou des champs", annonce la quatrième de couverture. Oui surtout quand "penser son jardin" recommande de partager la parcelle en quatre zones. C'est déjà foutu pour les enfants des villes, et pour ceux des champs, il y a gros à parier qu'ils n'ont pas besoin de cet ouvrage pour passer à l'action.
:-)
J'offre donc un treizième de remplacement, dont le titre convient à cette ode au vert, "Papillons et Mamillons", de François David et Henri Galeron (superbe mise en couleurs par Annie Galeron, Motus, 80 pages).
Ici, l'objet du jardinage est tout simplement les mots avec lesquels jongle François David tout en s'offusquant pour rire de leurs significations. Il revisite un tas de mots courants, invitant Henri Galeron à les représenter tels qu'on les connaît dans une première double page, et dans leur transformation ludique dans une seconde double page.
Hirondelle et Hirondil. (c) Motus.
Exemples. Le "biberon" qui, tout long, devrait être un "bibelon". L'"hirondelle" qui devrait être accompagnée d'un "hirondil" puisque les oiseaux ont le cœur fidèle. Les "lunettes" qui, non nettoyées, sont des "lufloues". Le "dauphin" vorace devrait être un "dodu". Le "muguet" qui se fane en "mutriste". Et ainsi de suite, les mots sont croqués, malaxés et réécrits jusqu'à la finale toute en tendresse avec les "papillons" et les "mamillons" annoncés en titre.
Papillons et Mamillons. (c) Motus.
:-)
Et en super bonus, pour ceux qui sont parvenus au bout de cette note, les "Boîtes d'autocollants Mes premières découvertes" de Gallimard Jeunesse. "Animaux de la ferme" et "Petites bêtes" s'inscrivent dans le thème du jour.
Chaque fois, cent autocollants dans une boîte tiroir, dessinés par les meilleurs illustrateurs de la maison d'édition: Ute Fuhr et Raoul Sautai, Henri Galeron, Donald Grant, Pierre du Hugo, René Mettler, Sylvaine Peyrols pour les animaux de la ferme, Laura Bour, Christian Broutin, Pierre de Hugo, René Mettler, Daniel Moignot, Sylvaine Peyrols pour les petites bêtes.