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Rébecca Dautremer. |
L'excellent album de
Rébecca Dautremer,
"Les riches heures de Jacominus Gainsborough" (Sarbacane, octobre 2018), son dernier en date avant un nouveau à paraître en octobre, vaut à l'auteure-illustratrice française de recevoir le douzième
Grand prix de l'illustration de Moulins. Décerné par le Musée de l'Illustration de Moulins (MIJ) et doté de 3.000 euros, il lui sera remis le 26 septembre, à l'ouverture de la 5e Biennale des illustrateurs, organisée par les Malcoiffés (jusqu'au 6 octobre, journées professionnelles les 27 et 28 septembre).
Avec son grand format presque carré (29 x 33 cm), cet album très british s'adresse au public des enfants à partir de 5 ans et aussi à celui des adultes, comme l'indique l'auteure-illustratrice en avant-propos.
Rébecca Dautremer y explique aussi son propos et le choix de son titre, les
"riches heures" étant, écrit-elle,
"une façon poétique et raffinée de parler de la vie de quelqu'un", le terme "raffiné", précise-t-elle, étant d'employer
"des mots compliqués pour dire quelque chose de simple, comme la vie."
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Jacominus enfant. (c) Sarbacane. |
En route donc pour suivre la vie Jacominus Gainsborough, un petit lapin à courtes oreilles et patte un peu folle suite à un accident d'enfance, chéri de sa grand-mère Beatrix, une vieille dame aussi bavarde que lui est taiseux, philosophe quand lui se révèle rêveur, bilingue quand lui peine sur les leçons d'anglais. On le découvre tout petit-petit et on l'accompagnera jusqu'à son dernier sommeil dans une suite de paires de doubles pages, un très large tableau étant suivi de pêle-mêle d'images ou de récits biographiques délicieusement racontés et illustrés d'un portrait de Jacominus à l'âge raconté.
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Naissance. (c) Sarbacane. |
Inspirées de tableaux célèbres, douze larges scènes nous font avancer dans le temps, au fil des saisons, et à travers l'existence du petit lapin, de sa famille et de ses proches. Une existence composée de petits riens, de joies, de peines, de doutes, d'épreuves et de grands moments en compagnie de ses fidèles amis Policarpe, César, Agathon, Byron et de sa compagne Douce, rencontrée dès l'enfance. Une existence faite de questions qui tendent sans rien en dire vers la philosophie. Une vie qui valait rudement la peine d'être vécue, selon la conclusion de Jacominus. Pas de tristesse en finale mais le décompte joyeux de tout ce qui a composé et pimenté ses riches heures.
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L'école. (c) Sarbacane. |
Les tableaux en largeur sont somptueux par leur conception, leurs gammes chromatiques et la variété de la trentaine de personnages (les esquisses de deux d'entre eux les présentent en pages de garde). On apprécie aussi la richesse des détails de ces illustrations aux animaux anthropomorphisés, rendant ici hommage à des lapins célèbres, ceux de Beatrix Potter ou de Benjamin Rabier, conjurant le Black Night (le Chevalier noir), clignant de l’œil à des peintres célèbres. Un souci infini du détail et un art de la composition qui enchantent le regard et titillent l'imagination. Ce travail de toute beauté est entrecoupé de trois pêle-mêle thématiques et d'une dizaine de portraits du héros à différents âges.
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Polyglotte voyageur. (c) Sarbacane. |
On suit avec beaucoup de plaisir les
"Riches heures de Jacominus Gainsborough", itinéraire de vie dans le respect des différences de chacun dont les épisodes s'enfilent comme autant de perles à un collier.
Enfin, la galerie Robillard annonce avec fierté, et elle a raison, que les illustrations originales du dernier album de Rébecca Dautremer, "Les riches heures de Jacominus Gainsborough" (Sarbacane), sont enfin disponibles à la location.
L'exposition regroupe les gouaches grand format de huit des scènes principales ("L'école", "Le bateau", "Le rêve"...), ainsi que des crayonnés et des esquisses qui retracent les prémices du projet. Des objets scénographiques conçus par l'artiste elle-même complètent le tout.
Infos supplémentaires ici.
Les lauréats précédents du Grand prix
- 2018 Pauline Kalioujny pour "Promenons-nous dans les bois" (lire ici)
- 2017 Beatrice Alemagna pour "Un grand jour de rien" (lire ici)
- 2016 Emmanuelle Houdart pour "Ma mère" (lire ici)
- 2015 Michel Galvin (lire ici)
- 2014 Delphine Jacquot (lire ici)
- 2013 May Angeli (lire ici)
- 2012 Jean-François Martin
- 2011 Zaü
- 2010 Régis Lejonc
- 2009 Anne Herbauts
- 2008 Juliette Binet
Les riches heures de Rébecca Dautremer
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Rébecca Dautremer. |
Née à Gap le 20 août 1971 et diplômée des Arts déco de Paris,
Rébecca Dautremer débute en jeunesse en 1995 en illustrant pour les Deux coqs d'or
"L'enfant espion" d'Alphonse Daudet. L'année suivante, elle passe avec
"La Chèvre aux loups" de Maurice Genevoix chez Gautier-Languereau qui deviendra son éditeur principal. Son goût pour la photographie lui inspire le cadrage, la composition, les couleurs et la lumière de ses illustrations. Les albums se succèdent à bon rythme chez différents éditeurs, contes ou histoires de vie. L'artiste affine son style qui devient vite caractéristique, ample, coloré, hyperréaliste, d'une grande douceur tout en étant extrêmement détaillé. Sa bibliographie comporte aujourd'hui une quarantaine de titres dont certains ont été très remarqués.
"Le Géant aux oiseaux" (Ghislaine Biondi, Gautier-Languereau, 2001).
"L'amoureux" (Gautier-Languereau, 2003), prix Sorcières "Album".
"Le loup de la 135e" (texte de Rébecca Dautremer, illustrations d'Arthur Lebœuf (Seuil Jeunesse, 2008), une variation sur le thème du petit chaperon rouge déplacée dans le New York des années 50.
"Princesses oubliées ou inconnues" (texte de Philippe Lechermeier, Gautier-Languereau, 2009), immense succès à déclinaisons multiples.
"Kerity, La maison des contes" (Flammarion, 2009) qui deviendra aussi un film.
"Alice au pays des merveilles" (Lewis Carroll, texte adapté par Sophie Koechlin, Gautier-Languereau, 2010).
Le petit théâtre de Rébecca" (Gautier-Languereau, 208 pages, 2012), épais album au spectaculaire jeu de découpes! Chaque page présente un personnage qui surgit du papier et se pose sur un décor que composent les pages suivantes, savamment découpées. Un petit théâtre qui invite près de cent personnages venus des précédents albums.
"Le Bois dormait" (Sarbacane, 2016), aussi inspiré par un conte chez un nouvel éditeur où paraîtra deux ans plus tard
"Les riches heures de Jacominus Gainsborough".