Où sommes-nous? Aux Philippines ou dans le Gard? (c) Plume de carotte. |
Meilleur pour l'empreinte écologique, le tour du monde dans des livres de photos. En voici trois, récents, publiés chez Plume de Carotte.
Le plus déconcertant
Le titre, "Occitanie miroir du monde", ne dit pas grand chose. Si on regarde de loin le beau livre de Jean-Marc Sor (Plume de carotte, 276 pages), on n'y voit rien de spécial pour ce genre d'ouvrage. Des paysages, très beaux, des animaux, souvent en gros plan, quelques fleurs, superbes, et des cartes. Un guide touristique du Sud de la France? Non, pas du tout, mais il faut se plonger dans les doubles pages pour comprendre le propos de l'ouvrage et son titre. Car chacun des 120 lieux repérés en Occitanie (treize départements français) a son double dans une région du monde, souvent lointaine mais parfois proche comme la Belgique, l'Ecosse ou l'Irlande. C'est ahurissant, renversant même. Et donne toute sa valeur à ce travail photographique long de deux ans.
Quelques exemples de ces incroyables ressemblances: le Parc national américain des Smoky Mountains et la Cascade de Muret-le-Château (Aveyron), le Parc national péruvien de Huascaran et l'Etang de Laurenti (Ariège), les Burren irlandais et le Lapiaz de Nébias (Aude), le Jardin japonais de Yuushien et le Vallon du Dragon (Gard), une Forêt moussue des Philippines et la Gourgue d'Asque (Hautes-Pyrénées). Il y en a 114 autres, tout aussi soufflantes, tout aussi troublantes, fascinantes et tellement bien photographiées.
Aude ou Vietnam? (c) Plume de Carotte. |
"Occitanie miroir du monde" a autant une valeur esthétique que documentaire. Comment imaginer que tant de lieux se retrouvent dans une même région de France? Et pourtant, les ressemblances sont frappantes. Le beau livre de Jean-Marc Sor et son équipe, agréablement mis en pages, est déconcertant et nourrissant.
Pour feuilleter le début d'"Occitanie miroir du monde" en ligne, c'est ici.
Le plus apaisant
On voyage en sa compagnie des oasis historiques de l'Egypte à celles, éphémères, de la Namibie et du Brésil. Avec des arrêts par celles, sableuses, de Chine, de Mongolie d'Iran, les palmeraies du Sahara, les étapes caravanières de l'Afrique noire ou du nord et un détour par Oman. On voit du sable, beaucoup de sable, et des palmiers, beaucoup de palmiers, mais surtout on admire combien l'homme a su y créer un milieu et un habitat. Francis Tack lui-même a eu recours à un paramoteur et à un dos de dromadaire pour générer la hauteur nécessaire à ses vues "d'en haut" mais on trouve aussi de nombreux clichés à hauteur d'homme.
On tourne les pages en s'extasiant sur la beauté du monde, de notre monde, sur l'habileté humaine à coloniser ces milieux naturels et à en faire des abris, et on s'effraie des menaces qui planent sur eux. La mondialisation ne peut pas avoir raison des oasis. C'est à nous de les protéger.
Pour feuilleter le début d'"Oasis" en ligne, c'est ici.
Oasis classique, celle à palmiers. (c) Plume de carotte. |
Le plus chatoyant
Ce qui frappe immédiatement, c'est la qualité graphique des tapis présentés. Une sobriété des motifs, losanges, carrés, triangles, colonnes, qui se marie parfaitement avec la richesse des coloris. Une sobriété digne des plus grands designers contemporains, innée et inspirée de la nature locale environnante.
De rencontres en rencontres, les auteurs ont rencontré des responsables de musée et donné lieu à deux expositions. L'une est en cours jusqu'au 8 octobre au Musée Yves-Saint-Laurent de Marrakech, l'autre se tiendra au Musée Bargoin de Clermont-Ferrand du 22 novembre au 5 avril 2020.
"En quittant Merzouga", écrit Arnaud Maurières, "nous traversons une plaine absolument déserte, sans arbre, sans ombre, sans eau. Là, au milieu de nulle part, deux abris de terre crue et une cour ouverte hébergent toute la famille. Neuf personnes partagent l'exiguïté de ces murs nus et bruts sans peinture ni meuble. Le seul mobilier apparent: une pile de tapis et de couvertures. Les tapis sont dépliés et les coussins posés contre les murs pour nous accueillir. Quand ils se révèlent à nos yeux, nous sommes éblouis par les couleurs que nous n'avons jamais vues au Maroc. C'est le début de l’aventure. (...)
De village en village, de famille en famille, nous rencontrons des tisserandes extraordinaires. Très vite, nous percevons l'intérêt de ces tapis contemporains, la chance unique que nous avons de côtoyer ses femmes, de discuter avec elles par l'intermédiaire de Lahcen, notre guide. Grâce à elles, nous avons poursuivi notre voyage, visité de nouveaux villages et rencontré d'autres tisserandes. En quittant les pistes habituelles, nous avons découvert des lieux sans nom, dormi chez les nomades et collecté de nouveaux tapis."L'atout de ce beau livre est qu'il replace son sujet dans son contexte. Si les tapis sont photographiés en totalité et en détails, ils sont aussi accompagnés de données techniques pures ainsi que des explications qui ont conduit à leur fabrication. C'est un monde inconnu qui se révèle à nous, fascinant de beauté, de créativité et d'intelligence pratique.
Pour feuilleter le début de "Désert design" en ligne, c'est ici.
Une découverte en forme de reportage. (c) Plume de carotte. |
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