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lundi 30 novembre 2020

Un homme et une femme



On le sait depuis ce lundi 30 novembre à la mi-journée, le prix Goncourt 2020 a été attribué, en visioconférence, à Hervé Le Tellier, pour son huitième roman "L'anomalie" (Gallimard, 336 pages). Conformément aux vœux des jurés, les librairies de France avaient bien rouvert. Et conformément aux pronostics, c'est l'écrivain oulipien qui l'a emporté. Haut la main même, par huit voix sur dix; deux votes sont allés à Maël Renouard ("L'historiographe du royaume", Grasset), aucune à Djaïli Amadou Amal ("Les impatientes", Emmanuelle Collas, lire ici) et Camille de Toledo ("Thésée, sa vie nouvelle", Verdier). 

Ni agitation ni foule au restaurant Drouant, comme de coutume depuis un siècle mais une séance de proclamation sur zoom. Après avoir annoncé le nom du lauréat, Didier Decoin, président de l'Académie Goncourt, a salué un ouvrage "à l'écriture recherchée, transparente et structurée [...] un livre qui rend heureux, un véritable plaisir de lecture". Hervé Le Tellier est alors apparu sur l'écran, accompagné de son éditeur Antoine Gallimard, et a répondu aux questions des différents jurés, tous derrière la caméra de leur écran. L'occasion de découvrir quelques intérieurs.

L'écrivain lauréat s'est dit "surpris de recevoir ce prix symbolique. On ne s'attend jamais à un prix comme le Goncourt. D'abord on n'écrit pas pour l'avoir, et puis on ne peut pas s'imaginer l'avoir. Ce n'était pas du tout dans mes projets".

Oulipien un jour, Oulipien toujours: "J'ai voulu confronter l'idée de la duplication et de la confrontation à soi. J'ai travaillé sur les personnages et les genres en associant un style à chaque personnalité, en ce sens c'est un travail oulipien, un travail de genre."

Roman virtuose où la logique rencontre le magique, "L'anomalie" raconte les suites d'un événement étrange, à savoir qu'un vol Paris-New York se reproduit deux fois, avec les mêmes passagers, à quelques mois d'intervalle, en mars 2021 et en juin 2021. Le récit, haletant, convoque tous les genres littéraires, roman noir, récit littéraire classique, procès-verbaux d'interrogatoire, en une ronde tourbillonnante qui enchante.




https://www.youtube.com/watch?v=2781hqlstgo

Pour lire en ligne le début de "L'anomalie", c'est ici.



Rappelons que l'académie Goncourt, présidée par Didier Decoin, se compose d'Eric-Emmanuel Schmitt, Pascal Bruckner, Paule Constant, Patrick Rambaud, Tahar Ben Jelloun, Camille Laurens, Françoise Chandernagor, Philippe Claudel et Pierre Assouline.





Quelques minutes plus tard, c'était au tour du prix Renaudot de révéler son palmarès 2020, sur les comptes Facebook et Instagram de "Livres Hebdo". Le jury a récompensé, pour sa part, au premier tour à la majorité absolue, Marie-Hélène Lafon pour son roman "Histoire du fils" (Buchet-Chastel, 171 pages, lire ici). "C'est le choix d'une grande écrivaine contemporaine française. Une voix forte, une voix enracinée dans les territoires, une voix fidèle à son univers, aux siens. Avec un travail sur les mots exceptionnels. Avec Marie-Hélène Lafon, on écoute une belle histoire, avec des mots qui semblent gagner sur le silence", a déclaré le jury du Renaudot. 

"C'est une histoire de fidélité avec mon éditrice, avec mon éditeur et les libraires. Et la fidélité ça n'a pas de prix. C'est une joie à partager", a déclaré la lauréate qui a jouté: "C'est une question de nécessité et de désir qui préside dans le travail d'écriture que je conduis où il est question d'histoires infimes."




La réaction de sa maison d'édition
"Quelle joie! Quelle fierté! Marie-Hélène Lafon reçoit le Prix Renaudot 2020 pour son roman "Histoire du fils". Quelle histoire!
Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, "Histoire du fils" sonde le cœur d’une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent des galeries dans les vies, sous les silences.
Avec ce nouveau roman, Marie-Hélène Lafon confirme la place si particulière qu'elle occupe aujourd'hui dans le paysage littéraire français."
Dominique Fortier a reçu le Renaudot essai pour "Les villes de papier, Une vie d'Emily Dickinson" (Grasset) et Eric Roussel le Renaudot poche pour "Charles de Gaulle" (Perrin, collection "Tempus").


Le jury du prix Renaudot, présidé cette année par Georges-Olivier Châteaureynaud, se compose de Frédéric Beigbeder, Dominique Bona, Patrick Besson, Christian Giudicelli, Franz-Olivier Giesbert, Louis Gardel, J.M.G. Le Clézio et Jean-Noël Pancrazi.

Impossible de ne pas signaler deux enquêtes sur ce jury dont un membre, proche de Gabriel Matzneff fait tache, parues hier dans "Le Monde" (ici) et avant-hier dans le "New York Times" (ici).




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