Nombre total de pages vues

mardi 5 décembre 2023

Etre la fille du milieu

Illustration de Larissa Viaene. (c) L'arbre de Diane.
 
Ecrire. Ecrire de la poésie. A dix-sept ans, brûler tous ses poèmes.
Ecrire autre chose? Sans doute. En silence.
Née en 1965, Catherine Barreau publiera quatre romans, la cinquantaine et la confiance venues."Quatre attentes" en 2015 (Academia), "L'escalier" en 2016, "La Confiture de morts" en 2020 (prix Rossel) et "La grande profondeur" en 2023 (Weyrich tous les trois).
 
En parallèle à cette dernière fiction en date, Catherine Barreau renoue avec la poésie dans "Tes cendres" (L'arbre de Diane, 84 pages), une suite de textes douloureux et déchirants d'une immense beauté, illustrés de quelques dessins de Larissa Viaene et proposés dans une mise en pages très graphique. La Namuroise y dit la mort du père, pendant le confinement. Elle y dit les progrès de sa maladie. Elle le dit lui, incapable de communiquer, incapable de se laisser aimer. Elle se dit elle, l'enfant du milieu, entre une sœur aînée et une sœur cadette. Celle qui ne doit pas se faire remarquer. Sa jeunesse peu radieuse.
 
Les souffrances sourdent du choix de ses mots, de leur agencement. Rapides ici, comme s'ils couraient pour arriver sur le papier, plus descriptifs là. Ils tracent une relation filiale qui s'est avérée impossible du temps du vivant du père, une incapacité à communiquer des sentiments bien présents, une enfance de frustrations et de déceptions. Se bousculent au fil des pages tant d'espoirs que seule la mort a pu transformer. A fleur d'émotion, les poèmes nous touchent profondément. Ils nous permettent de nous reconnaître ici ou là, de nous projeter, de nous consoler. L'auteure explique que l'écriture poétique lui est revenue à la mort de son père. Elle a la force que confère un élan trop longtemps retenu. "Tes cendres" signent une résurrection multiforme.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire