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mercredi 20 novembre 2024

Le décès de l'illustratrice Bernadette Després

28 mars 1941 - 19 novembre 2024.

"C'est avec une tristesse immense
que les équipes de Bayard Jeunesse ont appris ce jour le décès de l'illustratrice Bernadette Després, survenu le 19 novembre à l’âge de 83 ans"
, indique le communiqué. A lire les hommages qui pleuvent sur les réseaux sociaux, le mot "tristesse" revient souvent. Il témoigne de la proximité qu'éprouvent pour elle ses lecteurs et les acteurs de la médiation du livre (écoles, bibliothèques, salons). Si Bernadette Després a une solide bibliographie d'albums à son actif, une trentaine, elle est évidemment principalement connue pour sa monumentale série "Tom-Tom et Nana".
 
(c) Bayard Jeunesse.

Si les enfants adorent le duo frère-sœur pour leurs histoires drôles et touchantes, rocambolesques parfois, pleines d'humour et de bêtises, les parents ont parfois dû apprendre à les aimer. Leur créatrice ne déclarait-elle pas en novembre 2019 à Augustin Trapenard (France Inter, "Boomerang"): "Quand je vois des parents trop sévères, je me dis qu'ils devraient lire Tom-Tom et Nana." Lui-même avait avoué: "Je me souviens qu'elle était aussi petite, libre et rigolarde que ses personnages, si bien que j'étais sans cesse sur mes gardes, me demandant quelle bêtise elle allait bien pouvoir faire pendant l’interview! Quand elle était arrivée, je l'avais remerciée de m'avoir appris à lire, et elle m'avait répondu dans un grand éclat de rire que tout le monde lui disait ça... mais qu'il fallait s’adresser à Tom-Tom et Nana. Dès les premières questions, j'avais compris que je devais me laisser porter. Avec sa voix un peu trop aiguë, elle brandissait un dessin qu'elle avait fait pour l'occasion, en déclamait le texte en chanson, puis me demandait d'un air mutin quelle était ma question! Elle avait cette énergie impossible à brider, n'en faisait qu'à sa tête et multipliait les diversions et les digressions, se moquant éperdument du tour que prendrait l'émission. Avec elle, il fallait que ça bouge, que ce soit vivant, qu'on ne se laisse pas mettre dans des cases. Et entre ses anecdotes d'enfance émaillées de petits rires stridents, ses autoportraits en chèvre à guitare, ou son humour vache quand elle parlait de ses petits-enfants, elle laissait passer quelque chose de fascinant: son insoumission d'enfant."
 
La naissance des héros par leur créatrice.

Combien de générations d'enfants Tom-Tom et Nana ont-ils déjà accompagnés? Les héros de papier sont nés en même temps que le magazine "J'aime lire", en janvier 1977. Ils y ont été présents jusqu'en 2009, au départ de Jacqueline Cohen. Plus de trente ans. Il suffit d'essayer de compter. "Ces aventures rocambolesques au sein de la famille Dubouchon, racontées avec une tendresse et un humour inimitables, ont accompagné des millions d'enfants à travers les pages du magazine "J'aime lire" et les albums publiés par la suite. Avec plus de 16 millions d'exemplaires vendus, cette œuvre est devenue une véritable référence dans la bande dessinée jeunesse", complète Bayard.

(c) Bayard Jeunesse.
Tom-Tom, le grand frère de 9 ans, et Nana, sa petite sœur de 6 ans, ont des idées géniales plein la tête et une énergie à tout casser. Ils sèment la pagaille, forcément. Leurs parents s'affolent, leur grande sœur s'énerve, leur tante rouspète, mais à la "Bonne Fourchette" et dans le quartier, on les adore: avec eux, la vie est tellement plus gaie!

Bernadette Després est née le 28 mars 1941 à Paris, cinquième d'une famille de huit enfants, de tradition plutôt bourgeoise et catholique. Après des études artistiques, elle commencera dans le métier d'illustratrice pour les journaux de Bayard Jeunesse. Elle travaillera ensuite pour différents éditeurs, mettant en images toujours avec humour des textes se rapportant à la vie quotidienne des enfants et de la famille. "Les enfants ça court, ça joue: il faut montrer le côté chahuté de l'enfance! Avec Tom-Tom et Nana, j'ai dessiné mon enfance rêvée", disait-elle. Elle-même aura quatre enfants et onze petits-enfants.
 
Quand Bayard lance en 1977 son magazine "J'aime lire", la maison d'édition demande à Bernadette Després et Jacqueline Cohen de créer une bande dessinée mensuelle. Ce sera "À la bonne fourchette", qui deviendra officiellement "Tom-Tom et Nana" en 1990. Le duo sera rejoint en 1986 par Evelyne Reberg, co-scénariste, et Catherine Viansson-Ponté à la couleur. La série deviendra rapidement un succès. Tous les enfants en redemandent. Et Bernadette Després apprécie de rencontrer ses lecteurs. On la voit participer très régulièrement à des animations organisées dans les écoles et les salons du livre autour de ses albums. 
 
 
Nana rejoindra Tom-Tom au deuxième épisode. (c) J. Després.

Spontanée et malicieuse, celle qui fut élevée au grade de chevalier de la Légion d'honneur en 2020, mettait toute son énergie à faire connaître ses personnages, les dessinant dans toutes les postures possibles pendant les innombrables dédicaces qui lui valaient des manifestations d'affection de ses admirateurs et admiratrices, qu'ils aient 6, 26 ou 46 ans!

La discrète mais iconique Bernadette Deprés remportera finalement le Fauve d'honneur du Festival international de la BD d'Angoulême en 2019 pour l'ensemble de son œuvre, et se verra consacrer une grande exposition intitulée "Tom-Tom et Nana présentent: tout Bernadette Després" (lire ici). L'affiche qu'elle avait créée la présentait enfant découvrant les fondements de sa passion pour la bande dessinée.
 
 
 



Tom-Tom et Nana en chiffres
  • Plus de 3.000 planches originales parues sous forme d'épisodes dans le mensuel "J'aime lire" entre 1977 et 2009.
  • 34 volumes publiés, un collector pour les 30 ans de Bayard Jeunesse et 7 compilations thématiques.
  • Plus de 17 millions de livres vendus depuis le lancement de la collection en 1985, environ 250.000 chaque année.

Hommages

Dorothée de Monfreid
"En janvier 2019, j'ai eu le grand plaisir de participer, dans le cadre de l'exposition que le Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême lui avait consacrée, à un hommage à la dessinatrice de Tom-Tom et Nana. J'avais dessiné une histoire en une page où je la mettais en scène dédicaçant au festival d’Angoulême. Nous sommes une foule de dessinateurices à avoir été influencés par son travail, si riche, si marquant, plein de fantaisie. Aujourd’hui, on pense fort à elle. Merci Bernadette Després!"
 
(c) Dorothée de Monfreid.
 
Ivan Jablonka
"Bernadette Després, dessinatrice de Tom-Tom et Nana pour le magazine "J'aime lire", est morte hier, quelques semaines après l'éditrice Mijo Beccaria. Toutes les deux ont révolutionné la littérature jeunesse, la pédagogie et l'éducation des enfants, bien au-delà du groupe de presse Bayard. Leurs histoires mettaient en scène des filles et garçons drôles, inventifs, turbulents, épuisant leurs parents entre trois délires et douze bêtises. Ce faisant, elles indiquaient aux enfants que que nous étions le chemin de la liberté. Tom-Tom et Nana forever."

Jessie Convers
"C'est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Bernadette Després, l'illustratrice légendaire de Tom-Tom et Nana, ces personnages espiègles qui ont marqué plusieurs générations. À travers ses dessins, elle a su capturer l'essence de l’enfance, entre humour débridé et tendresse.
Tom-Tom et Nana, ces enfants turbulents de la famille Dubouchon, ont fait rire des millions de lecteurs, et continuent de divertir aujourd’hui. Leur restaurant "À la Bonne Fourchette" était le théâtre de gags et de situations loufoques qui nous ont fait éclater de rire. Petite, je m'identifiais à Nana, tandis que mon frère plus âgé s'amusait à jouer le rôle de Tom-Tom. Ensemble, nous étions toujours prêts à inventer de nouvelles bêtises, inspirés par leurs aventures. Aujourd'hui, c’est mon fils Charles, 6 ans, qui rit aux éclats en découvrant les mêmes histoires.
Bernadette Després n'était pas seulement une illustratrice, mais une magicienne qui a su rendre chaque scène vivante, chaque rire contagieux. Son humour, simple et intemporel, a traversé les générations. Les gags, les quiproquos familiaux, qui nous faisaient tant rire dans notre jeunesse, continuent d’amuser les enfants d’aujourd’hui.
Au-delà de l’humour, Tom-Tom et Nana nous rappellent l'importance de la famille, de l'amitié et de l'amour partagé. Bernadette Després a laissé une empreinte indélébile dans nos cœurs, et son œuvre continue de résonner avec nous. Tom-Tom et Nana resteront à jamais les petits farceurs qui ont marqué nos vies.
Merci, Bernadette Després, pour ces souvenirs pleins de rires et de chaleur. Tu seras à jamais une figure chérie de notre enfance."

Amandine Schmitt ("Le Nouvel Obs")
"Triste d'apprendre la mort de Bernadette Després, dessinatrice de Tom-Tom et Nana. Ma visite chez elle, en 2019, dans sa maison hommage à ses héros, est un de mes souvenirs de reportage les plus marquants."

Pascal Bresson
"Une bien triste nouvelle: Bernadette Després, dessinatrice de "Tom-Tom et Nana" est partie. J'ai eu l'occasion de dédicacer à plusieurs reprises à ses côtés, elle était magique."

Irène Coran
"Nous venons de relire "Poésimages", un livre de poèmes de Pierre [Coran, ndlr] (Bayard, 2009) et un conte de Pierre "La Reine des Dragons" (Eponymes, 2014). Avec des larmes dans les yeux parce que leur talentueuse illustratrice Bernadette Desprès nous a quittés. Elle était adorable Bernadette et, dans le milieu artistique, lorsqu'on crée une œuvre ensemble, il importe qu'on s'apprécie et parfois des liens d'amitié naissent et se prolongent. Cette semaine, nous avons perdu avec tristesse deux collaborateurs-amis, de notre génération: Charles Dumont il y a quelques jours et Bernadette Després aujourd'hui. "LA LAMPE QUI S’ÉTEINT A LA SATISFACTION D'AVOIR ÉTÉ LUMIÈRE." "


mardi 19 novembre 2024

Des originaux de 43 artistes jeunesse exposés

"Collectionner l'image" aux Brasseurs à Liège.

L'espace est vaste et le lieu joli avec son carrelage en ciment peint au sol et sa galerie aux rambardes de fer forgé en mezzanine. La galerie d'art liégeoise Les Brasseurs était dans le passé, nous dit-on, un magasin de linge de maison. Elle accueille aujourd'hui la très belle et très riche exposition "Collectionner l'image", soit la collection d'illustrations originales d'artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) réalisée par les ATI. Kesako? Ce sont les Ateliers du Texte et de l'Image, nés à Liège à la fin des années 2000 pour pérenniser le Fonds Michel Defourny, critique de littérature jeunesse. L'histoire de leur logotype se trouve ici. Il s'agit d'un des trois centres de littérature de jeunesse de Belgique francophone. Complément d'infos en fin de note.
 
Cadres et dessins sous plexi aux cimaises...




... complétées des albums correspondants aux originaux.

Une scénographie soignée jusque dans le détail du banc.

On sait que depuis 2022, les ATI collectionnent des illustrations originales d'artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Comment les voir? En se rendant actuellement à la galerie Les Brasseurs. L'exposition "Collectionner l'image" présente dans une attirante scénographie 151 œuvres de 43 artistes de chez nous, œuvrant en littérature de jeunesse. Le titre n'est pas usurpé. Il s'agit effectivement de collectionner l'image. Les images. De montrer l'éventail de ces talents variés. Avec des artistes confirmés comme Louis Joos, Kitty Crowther, Benoît Jacques, Bernadette Gervais, Jean-Luc Englebert, Thisou Dartois, José Parrondo et d'autres encore. Avec des pousses plus jeunes aussi. Toutes les images exposées ont en commun d'être des originaux de livres publiés. Pour chacun des artistes sont montrés quelques dessins, parfois assortis de dessins préparatoires, de croquis ou d'un chemin de fer, ainsi que l'album qu'ils ont engendré. A l'intérieur de celui-ci, les indications bibliographiques. Le tout dans un plaisant arrangement.

Quelle joie de pouvoir quasiment poser son nez sur tant d'originaux, d'en découvrir les moindres détails, de se laisser surprendre par une texture ou un format, pas toujours perceptible à la lecture du livre imprimé. Quelle joie de baguenauder dans ce lieu magnifique où les panneaux de bois clair inclinés comme des chevalets rendent hommage au talent des artistes. La plupart des œuvres sont encadrées. Celles qui ne le sont pas figurent sous plexi. Quelques-unes sont simplement fixées par des aimants à l'apparence de punaises. L'album dont elles sont originaires est posé sur des tiges métalliques fixées dans la série de trous qui courent sur toute la largeur de tous les panneaux. Le goût du détail des scénographes va jusqu'à assortir aux cimaises le banc invitant les visiteurs à regarder les vidéos des carnets des artistes annoncés en vitrine. Soit Anne Brouillard, Mélanie Rutten, Valfret, Anne Herbauts, Fanny Dreyer.

Avec 43 artistes, "Collectionner l'image" propose un excellent panorama de la création francophone. On y découvre un rouleau de tissu de Benoît Jacques, brodé à Madagascar par Harizo Rakotomalala, des broderies de Thisou Dartois pour "Le petit Poucet" et d'autres, plus coquines, d'Aurélie William Levaux ("Le verre à moitié vide"). Les autres œuvres présentées sont peintes ou dessinées ou collées. Comme les aquarelles de Louis Joos de son merveilleux "Oregon", les splendides pochoirs de dahlia et de doryphore de Bernadette Gervais d'"ABC de la nature", les dessins à l'encre de Thomas Lavachery de "J'irai voir les Sioux", les pastels très colorés d'Etienne Beck ("Jack et le haricot magique"), les originaux et les croquis d'"Akim court" de Claude K. Dubois, les dessins préparatoires de Valfret pour l'affiche du Picture Festival 2022 (lire ici), sans oublier la réelle découverte que sont les fins collages d'Anne Crahay pour "Le sourire de Suzie". Pour ne citer qu'eux.

Quelques vues de l’exposition
 
"Le sourire de Suzie", Anne Crahay.

Broderie d'Aurélie William Levaux.

"Le voyage d'Oregon", Louis Joos.

"Face the day", Kitty Crowther.

José Parrondo et Noémie Favart.

Geneviève Casterman.

Un rouleau de Benoît Jacques.

Broderies de Thisou Dartois.

Pochoir de dahlia par Bernadette Gervais.

Loïc Gaume.
 
Les artistes exposé.e.s
 
Martina Aranda, Jeanne Ashbé, Étienne Beck, Mathilde Brosset, Anne Brouillard,
Anne Brugni, Geneviève Casterman, Sarah Cheveau, Anne Crahay, Kitty Crowther,
Thisou Dartois, Fanny Dreyer, Claude K. Dubois, Peter Elliott, Jean-Luc Englebert,
Noémie Favart, Loïc Gaume, Bernadette Gervais, Sara Gréselle, Anne Herbauts,
Benoît Jacques, Émile Jadoul, Louis Joos, Valentine Laffitte, Thomas Lavachery,
Pascal Lemaître, Marie Mahler, Vincent Mathy, José Parrondo, Chloé Perarnau,
Catherine Pineur, Rascal, Lisbeth Renardy, Françoise Rogier, Mélanie Rutten,
Elisa Sartori, Marine Schneider, Émilie Seron, Valfret, Michel Van Zeveren,
Giulia Vetri, Aurélie William Levaux, Gaya Wisniewski
 
Pratique
Quoi? Exposition "Collectionner l'image".
Qui? Les Ateliers du Texte et de l'Image (scénographie de Maud Dallemagne et Benjamin Dupuis, avec la participation de DesignWithGenius).
Où? Galerie Les Brasseurs,  Rue du Pont, 26/28, 4000, Liège.
Quand? Du mercredi au samedi, de 11 à 18 heures, jusqu'au 14 décembre
Visites guidées de l'exposition les 21 & 28 novembre, à 9h30 (durée de 2h30, 10 euros par personne, inscription et information: nina.cavillot@ccrliege.be).
Combien? Entrée libre.
 
 
Le catalogue
 
L'exposition se complète d'un remarquable catalogue illustré de bon format, répondant au même titre, "Collectionner l'image", fruit de la collaboration de Ateliers du Texte et de l'Image et de l'Atelier du Livre de Mariemont (160 pages, 20 euros).
 
Derrière la couverture stylisée, on trouve un très beau travail d'information. Chacun des 43 artistes de la collection 2022-2024 des ATI bénéficie d'une ou deux doubles pages illustrées. Chaque fois, côté texte, un portrait bio-bibliographique joliment écrits, une brève déclaration de l'artiste, des mots-repères et une bibliographie sélective. Côté-image, une ou deux de celles qui sont exposées aux Brasseurs. Un répertoire amélioré qui se consulte mais aussi se lit avec intérêt et plaisir.

Les deux doubles pages du catalogue sur Sarah Cheveau.

La double page consacrée à Giulia Vetri.

Si l'ouvrage s'achève sur un utile répertoire d'adresses belges (lieux d'enseignement, de stages, de résidences, d'aides à la création, de recherche en littérature de jeunesse), il s'ouvre sur plusieurs textes de réflexion. Dont un sur l'histoire de la littérature de jeunesse belge. Et c'est là qu'on tique. Car comme les mousquetaires étaient quatre, les "pionnières du livre illustré en Belgique francophone" ne sont pas trois mais quatre. Aux trois citées à raison, Elisabeth Ivanovsky, Albertine Deletaille et Gabrielle Vincent, il manque Marie Wabbes (lire ici). Elle qui a près de 200 albums pour enfants à son actif, a publié en Belgique, en France, à Londres et à New York chez les meilleurs éditeurs. Elle qui a figuré dans le premier catalogue de l'école des loisirs en 1965. Elle qui a reçu en 2006 - lors de l'attribution du premier Grand prix triennal de littérature de jeunesse à Kitty Crowther- et en même temps que Pierre Coran pour le texte, le prix de la Communauté française pour le rayonnement de la littérature jeunesse. Elle qui a été faite Commandeur de l'Ordre de la Couronne cette année (lire ici). Elle qui a souvent eu le tort de traiter de sujets avant qu'ils ne soient "dans le vent": autonomie financière, chasse, écologie, divorce, inceste, migrants...

 
Les conférences (gratuites, sauf mention contraire)
  • 19 novembre à 19 heures: rencontre avec Pascal Lemaître animée par Patrick Corillon (Le Corridor, Rue Vivegnis, 411 – 4000 Liège).
  • 25 novembre à 18 heures: conférence de Loïc Boyer, "Exposer le livre jeunesse" (Le Corridor, Rue Vivegnis, 411 – 4000 Liège).
  • 27 novembre à 14 heures: conférence d'Anne Quévy, "La Belgique: terre d’illustrateurs" (Centre Culturel Les Chiroux, Place des Carmes, 8 – 4000 Liège).
  • 10 décembre à 19 heures: conférence ABCDefourny (Le Corridor, Rue Vivegnis, 411 – 4000 Liège).
  • 11 décembre à 17 heures: rencontre avec Bernadette Gervais et Brigitte Morel (éditions Les Grandes Personnes) animée par Anne Quévy (B3, Place des Arts, 1 – 4020 Liège, sur inscription à info@leb3.be).
 
 
Trois centres plus un = réseau Cailloux
"Y a-t-il un centre de littérature de jeunesse en Belgique?", me demande-t-on parfois à l'étranger. Il y en a trois, étais-je obligée de répondre à la stupéfaction souvent de l'interlocuteur, qui se sont ouverts au milieu des années 2000, à Bruxelles (2005), La Louvière (2005) et Liège (2009), la nouvelle appellation officialisant parfois une initiative déjà existante. Aujourd'hui, je devrais lui dire qu'a été créé le réseau Cailloux, rassemblant les trois centres existants, le Centre de Littérature de Jeunesse à Bruxelles (CLJBxl), le Centre André Canonne à La Louvière, les Ateliers du Texte et de l'Image à Liège (ATI), auxquels il est adjoint Le Wolf - La Maison de la Littérature de Jeunesse de Bruxelles. L'idée, vieille de quatorze ans? Mettre en réseau les centres de littératures jeunesse et graphique. Bonus pour tous.
 
 

lundi 18 novembre 2024

Davantage d'artistes belges sélectionnés au prix Astrid Lindgren 2025



Ils étaient sept candidats belges à être sélectionnés en 2023 pour le prix Astrid Lindgren 2024 (lire ici). Ils sont huit pour le prix qui sera remis le 1er avril 2025. On retrouve les habitués: Anne Brouillard, candidate de la section francophone de l'IBBY Belgique, sélectionnée chaque année depuis 2020, Carll Cneut, Gerda Dendooven et Ingrid Godon du côté néerlandophone. Cette fois reviennent en piste notre illustratrice historique Marie Wabbes et l'auteur Thomas Lavachery côté francophone, l'illustrateur Tom Schamp côté néerlandophone. Un nouveau, l'écrivain et poète Carl Norac.

Candidats pour le prix 2025.

Candidats pour le prix 2024.



 

 

 

 

 
En tout, ce sont 265 candidats de 72 pays et régions qui ont été sélectionnés pour le prix 2025, dont 81 nouveaux. La liste comprend près de 200 auteurs et illustrateurs, ainsi que des conteurs (14) et des promoteurs de la lecture de plus en plus nombreux (62). Rappelons que la Belgique a déjà remporté deux fois la plus importante récompense actuelle en littérature de jeunesse: Kitty Crowther l'a obtenue en 2010 et Bart Moeyart en 2019.

La liste complète des candidats se trouve ici

Beaucoup de nouveaux noms dans ces 265 candidatures, preuve que le temps passe, mais aussi des patronymes qu'il est plaisant de retrouver:
  • le Brésilien Roger Mello,
  • le Camerounais Christian Epanya,
  • les Canadiens Isabelle Arsenault, Stéphane Poulin et Jon Klassen,
  • les Françaises de Côte d'Ivoire Marguerite et Véronique Tadjo,
  • les autres Français (bien moins nombreux que précédemment, que des auteurs sauf un) Flore Vesco, Grégoire Solotareff, Marie Desplechin, Marion Brunet et Timothée de Fombelle,
  • l'Estonienne Piret Raud,
  • les Allemands Jutta Bauer et Nikolaus Heidelbach,
  • les Britanniques Axel Scheffler, David Almond, Emily Gravett, Julia Donaldson, Michael Rosen et Quentin Blake,
  • l'Italienne Beatrice Alemagna et l'organisation Silent books Lampedusa,
  • les Hollandais Catharina Valckx, Thé Tjong-Khing et Marit Törnqvist,
  • les Norvégiens Mari Kanstad Johnsen et Øyvind Torseter,
  • les Polonais Józef Wilkon et Iwona Chmielewska,le Portugais Bernardo P. Carvalho,
  • les Suédois Anna-Clara & Thomas Tidholm, Anna Höglund, Jakob Wegelius, Sara Lundberg et Sven Nordqvist,
  • la Suisse Catherine Louis.
Pour se mettre dans l'ambiance, une vidéo sur le Astrid Lindgren Memorial Award (ici).

En bonus, le dessin que vient de réaliser Gerda Dendooven pour fêter sa sélection.









 

jeudi 14 novembre 2024

Une dernière volée de prix littéraires

(c) Freepik.
 
Où en sommes-nous? Quand il n'y en a plus, il y en a encore. Voici quelques-uns des derniers prix littéraires décernés cet automne.

 
12 novembre

Grand prix de littérature américaine
 
Nathan Hill 
"Bien-être"
traduit de l'anglais par Nathalie Bru
Gallimard
 
Jury: Oriane Jeancourt Galignani (Transfuge), Philippe Chevilley (Les Échos) et Nicolas Carreau (Europe 1), Sylvie Loriquer (L’Attrape-Cœurs), Géraldine Mausservey (Librairie de Paris), Jean-Christophe Millois (École de la Librairie) et Pascal Thuot (Millepages), Caroline Ast (Belfond), Francis Geffard (Albin Michel) et Juliette Ponce (Dalva).


 
Prix Premier roman "roman français"
 
Laure Gauthier
"Melusine reloaded"
José Corti
 
 
 
 
 
 
 
 


Prix Premier roman "roman étranger"
 
 Greta Olivo
"La couleur noire n'existe pas"
traduit de l'italien par Romane Lafore
Phébus
 
Jury: Charles Dantzig (président), Pauline Dreyfus, Jean-Claude Lamy, Gilles Pudlowski, Jean-Pierre Tison, Maud Ventura et Annick Geille (présidente d'honneur).
 
 
 
 
 
Prix 30 Millions d'Amis roman
3.000 euros

Frédéric Joignot
"Zoographie"
Maurice Nadeau, 192 pages

Un roman autobiographique contant des rencontres de toutes sortes avec
quantité d'animaux, poules, coqs, araignées, chiens-loups, chevaux,
brebis, chats, merles, mouettes, agneaux, truites, et même escargots:
une zoographie – du grec " zôion" (animal) et de "graphô" (écrire). Il évoque comment ces animaux, minuscules, magnifiques, amicaux,
effrayants, succulents, nous ont bouleversés, fascinés, séduits,
parasités, terrifiés, rendus malades, nourris, fait philosopher...
 
 
Prix 30 Millions d'Amis "Essai"
1.000 euros 

Françoise Malby-Anthony
"La sagesse des éléphants"
Albin Michel, 336 pages
 
Jury: Teresa Cremisi, Didier Decoin, de l’Académie Goncourt, Irène Frain, Frédéric Lenoir, Didier van Cauwelaert, Frédéric Vitoux de l'Académie française, Joël Dicker, et sa présidente Reha Hutin.




 
 
13 novembre
 
Booker Prize
prix littéraire très apprécie attribué à une œuvre de fiction en anglais
 
Samantha Harvey
"Orbital"
traduit de l'anglais par Claro
Flammarion, 224 pages

Pour lire en ligne le début de "Orbital", c'est ici.







 
Prix Castel
5.000 euros et un ex-libris personnalisé

Grégoire Bouillier
"Le syndrome de l'Orangerie"
Flammarion, 432 pages


Pour lire en ligne le début du "Syndrome de l'Orangerie", c'est ici.
 
Jury: Emma Becker, Claire Berest, Vincent Darré, Étienne Gernelle, Eva Ionesco, Marc Lambron, Justine Lévy, Jean-Noël Pancrazi, Abnousse Shalmani et Gaël Tchakaloff. 
 
 
 
Prix Interallié
 
Thibault de Montaigu
"Cœur"
Albin Michel, 336 pages
 
Jury: Jean-Marie Rouart (président), Stéphane Denis, Gilles Martin-Chauffier, Eric Neuhoff, Christophe Ono-dit-Biot, Jean-Christophe Rufin, Jean-René Van der Plaesten et Florian Zeller.



mercredi 13 novembre 2024

Parité aux prix Rossel 2024


Léonie Bischoff, Romain Renard, Nathalie Skowronek et Velibor Čolić.
(c) Dominique Duchesnes/Le Soir.
 
Selon le journal "LE SOIR" qui l'organise, "C'est "le" moment littéraire belge de l'année: la proclamation des prix Victor Rossel." Elle s'est tenue à la rédaction du Soir, ce mercredi 13 novembre à 13 heures, en présence des lauréats. Voici le palmarès.

Prix Victor Rossel de littérature
Créé en 1938, en souvenir de Victor Rossel, le fils du fondateur du Soir en 1897, Emile Rossel. Le fils aimait la littérature et tenait salon chez lui, rue Gachard à Ixelles, chaque jeudi.

Velibor Čolić

"Guerre et Pluie"
Gallimard, 288 pages

Le dernier volet de la trilogie sur la guerre en Bosnie par le romancier installé à Bruxelles depuis plusieurs années.

Pour lire en ligne le début de "Guerre et pluie", c'est ici.




Prix Victor Rossel des lecteurs et des lectrices
Créé en 2023, à l'occasion de la 80e édition des prix Rossel.
 
Nathalie Skowronek
"La voix des saules"
Grasset, 176 pages

L'expérience de l'autrice qui a animé un atelier d'écriture en milieu psychiatrique.

Pour lire en ligne le début de "Le voix des Saules", c'est ici.




 
Prix Victor Rossel de la bande dessinée
Créé en 2021.

Romain Renard
"Revoir Comanche"
Le Lombard

Roman graphique en hommage à Comanche, série mythique du journal "Tintin" créée dans les années 1970

Pour lire en ligne le début de "Revoir Comanche", c'est ici.




Grand Prix de l'Académie Victor Rossel de bande dessinée
Créé en 2021.

Léonie Bischoff pour l'ensemble de son œuvre.
 
Magnifique pour celle qui vient de recevoir le 6 septembre dernier le Prix Atomium de la Fédération Wallonie-Bruxelles en bande dessinée/Espiègle de la Bande dessinée (lire ici) une nouvelle distinction pour l'ensemble de son œuvre.
 
Une œuvre qui est loin d'être achevée, comme elle le dit elle-même. On y pointera deux albums. "Anaïs Nin, sur la mer des mensonges" (Casterman, 2020), qui l'a révélée au monde et a été primé à Angoulême (lire ici) et, pour la jeunesse, "La longue marche des dindes" (texte de Kathleen Karr, Rue de Sèvres, 2022), également multi-récompensé (lire ici).
 
Voici quelques pages de chacun des deux.
 


"Anaïs Nin, sur la mer des mensonges". (c) Casterman.
 
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"La longue marche des dindes". (c) Rue de Sèvres.