Nina Bawden en 2003. |
Ensuite, et surtout, parce que son chef-d’œuvre, son magnifique roman
"La guerre de Fanny" ("Carrie's war", sorti en 1973, traduit en français par Florence Seyvos, Neuf de l'école des loisirs, 1992), inspiré de sa propre expérience, n'est plus disponible en librairie. Peut-être des bibliothèques l'ont-elles encore?
Comment est-ce possible?
Ce petit bijou, qui a bouleversé tous les teen-agers des années 1990, ne peut PAS être manquant!
Vingt ans après l'avoir lu, nous nous en rappelons toujours avec force.
Fanny n'a que onze ans et demi lorsqu'elle arrive avec son jeune frère Nick dans un petit village du pays de Galles, en pleine Deuxième Guerre mondiale. Raison de leur voyage: les enfants sont évacués de Londres à cause des bombardements allemands. Trente ans plus tard, Fanny retourne dans le même village, accompagnée de ses propres enfants. Avec une émotion intacte, elle retrace pour eux son enfance. La guerre l'a séparée, comme des centaines d'écoliers londoniens, de ses parents et de son univers quotidien. Seuls, les enfants ont attendu que des familles provisoires les choisissent. Fanny et Nick ont été accueillis par Samuel Evans, un commerçant veuf, terrifiant. Cet homme dur, froid, autoritaire, qui se sert de Dieu pour tyranniser son entourage, vit avec sa sœur Lou, une vieille fille timide et craintive.
Fanny est tiraillée entre sa rébellion spontanée contre le despote domestique qui l'a recueillie et son désir de prouver aux autres que M. Evans n'est pas entièrement mauvais. À côté d'elle, son frère déjoue d'instinct les sales coups du logeur. D'autres enfants ont eu plus de chance dans la loterie des familles d'accueil. Albert Sandwich, par exemple, un adolescent amoureux des livres, habite au fond des bois chez Hepzibah Green. Attirés par cette femme mystérieuse et chaleureuse, Fanny et Nick lui rendent souvent visite. Sa maison est celle de la sœur aînée de M. Evans, une originale qui a vécu en marge de sa famille. Lorsqu'elle meurt, le testament qui permettait à Hepzibah de continuer à occuper les lieux disparaît. Tout semble accuser M. Evans. Révoltée, Fanny, petite fille impressionnable qui croit au surnaturel, va commettre l'acte le plus terrible de sa vie.
Nina Bawden a signé là un superbe roman. Elle aborde en parallèle plusieurs mondes: la guerre et le calme d'un village, le jeu des apparences et de la sincérité, la vie des adultes et celle des enfants. Fanny surtout, est dépeinte en petites touches justes. Se révèlent progressivement sa volonté de comprendre le monde qui l'entoure, ses hésitations, ses plaisirs aussi car le récit n'est pas triste. À travers la petite fille, c'est l'imaginaire enfantin tout entier qui apparaît sous la plume de l'auteur. Le lecteur découvrira dans ce récit à l'aventure omniprésente le témoignage vibrant d'enfants déracinés, obligés de trouver en eux-mêmes les réponses aux questions qu'ils se posent. Les personnages de Nina Bawden ont une richesse et une profondeur telles qu'on ne sort pas de cette lecture comme on y est entré. Tant d'émotions ont été partagées! Un livre remarquable, à l'intrigue subtilement construite et aux personnages solides sur le plan psychologique.
Même sort funeste pour deux autres romans de Nina Bawden, "Un petit cochon de poche" et "Il faut garder Henry!".
Ne demeurent d'elle en librairie que "Les bonbons magiques" et "Mary et le clandestin".
Vite, une réimpression de "La guerre de Fanny"!
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