Chic! Un nouvel album du duo complice Fred Bernard-François Roca! "Anya et Tigre Blanc" est un beau grand format qui s'inscrit dans la ligne des précédents tout en s'en démarquant légèrement. Comme toujours. Les images bleutées portent le froid de la neige et de l'hiver qui étreint le pays du Grand Blanc. Un royaume dont disparaissent peu à peu les enfants... L'histoire nous est contée par le Temps qui passe lui-même.
Ce nouvel album frappe par son ton, moderne, alors que les images font référence à des temps plus anciens. Il commence ainsi: "Les enfants ne disparaissent pas comme ça. Aucune trace sur la neige. Quelqu'un, ou quelque chose, avait dû les prendre, mais quoi?"
Dans ce pays où il neige aux quatre saisons de l'année, à l'époque de l'histoire, humains et animaux se parlent, se respectent, même si des disputes, résultats d'incompréhensions, éclatent régulièrement. Logiquement, aux premières disparitions d'enfants, hommes et femmes accusent les animaux, qui se renvoient le problème les uns aux autres. Ni les tigres, ni les éléphants, ni les rhinocéros, ni les ours, ni les loups ne seraient donc coupables?
Il faut imaginer la vie dans ce royaume gouverné par un monarque sévère et injuste. La première année, les parents de bébés voient leurs nouveaux-nés disparaître sans laisser de trace. La deuxième année, ce sont les bambins d'un an qui s'évanouissent. La troisième, les enfants de deux ans. Et ainsi de suite chaque année. Les parents ont beau cacher les enfants nés cette maudite année qui leur restent, ils disparaissent eux aussi. La peur et la tristesse font craindre une malédiction.
Le désespoir s'installe d'autant plus que le fils du Roi et de la Reine, né lui aussi cette maudite année, va avoir treize ans. En théorie, car personne ne l'a vu depuis sa présentation au peuple peu après sa naissance.
Un peu plus loin vit Anya, du même âge que l'héritier. Une beauté et une forte tête. Une rebelle et une justicière. Son jumeau ayant disparu bébé, les parents ont adopté un jeune tigre pour la défendre, "Tigre Blanc".
Malgré toutes ces précautions, Anya va connaître le même sort que les autres enfants de sa génération. Mais on va la suivre dans cet enlèvement auquel elle ne se résout pas. Bien au contraire. Sa résistance aura de fameuses conséquences et lui permettra, avec l'aide de son allié animal, de comprendre ce qui se passe dans le château royal. De rencontrer une sorcière. De lutter contre une prémonition. D'inverser les funestes destins.
L'album est bien pensé et remarquablement mené jusqu'à la finale. Destiné aux enfants un peu grands (vers 7-8 ans), il bénéficie de superbes peintures aux teintes de neige et de nuit. Sauf quand revient la vie! Les animaux sont particulièrement réussis et suscitent la rêverie lors de leur contemplation.
Avec son message de résistance et d'espoir en la jeunesse, "Anya et Tigre Blanc" permet de rêver et incite à ne pas se résigner. Son très beau travail d'écriture, dans la veine épique mais avec des ancrages contemporains, fait imaginer un monde plus juste que celui du Roi, et pourquoi pas plus juste que le nôtre parfois.
On ne verra pas d'originaux de "Anya et Tigre Blanc" à l'exposition François Roca "Si la vie m'était contée" qui s'ouvre ce jeudi soir au Rouge-Cloître à Bruxelles. Mais de vingt autres albums, donnant une bonne idée du parcours de l'artiste, actif depuis vingt ans.
De l'album initial "La Reine des fourmis a disparu" (François Roca & Fred Bernard, Albin Michel Jeunesse, 1996) aux récents Contes et légendes, "Les Mille et une nuits" (François Roca & Gudule, Nathan, 2012) et "L'Odyssée" (François Roca & Jean Martin, Nathan, 2013), en passant par les nombreux albums créés avec Fred Bernard, "Le Secret des Nuages" (Albin Michel Jeunesse, 1997), "Le train jaune" (Seuil Jeunesse, 1998), "Le jardin de Max et Gardenia" (Albin Michel Jeunesse, 1998), "Monsieur Cloud nuagiste" (Seuil Jeunesse, 1999), "Jésus Betz" (Seuil Jeunesse, 2001 ), "Jeanne et le Mokélé" (Albin Michel Jeunesse, 2001), "L'Homme-Bonsaï" (Albin Michel Jeunesse, 2003), "L'Indien de la Tour Eiffel" (Albin Michel Jeunesse, 2004), "Cheval Vêtu" (Albin Michel Jeunesse, 2005), "Uma, la petite déesse" (Albin Michel jeunesse, 2006), "Soleil Noir" (Albin Michel Jeunesse, 2008), "Le pompier de Lilliputia" (Albin Michel Jeunesse, 2009), "L'incroyable exploit d'Elinor" (Albin Michel Jeunesse, 2010), "La Fille du Samouraï" (Albin Michel Jeunesse, 2012), "Rose et l'automate de l'opéra" (Albin Michel Jeunesse, 2013, lire ici). Avec un pas de côté en compagnie de Horacio Quiroga pour "Le Dévoreur d'Hommes" (Seuil Métailié, 2003), ou de Marie-Ange Guillaume pour "Suzanne" (Albin Michel Jeunesse, 2004).
Ce qui est formidable avec tous ces albums, c'est qu'il suffit de se remémorer les titres pour voir en ressurgir leurs images. C'est dire s'ils ont impressionné les rétines, par leurs magnifiques images peintes bien sûr, rendant souvent hommage à des peintres d'hier comme N. C. Wyeth, John Waterhouse ou Howard Pyle, mais aussi par leurs histoires, fortes, envoûtantes parfois, qui accompagnent longtemps les lecteurs une fois les livres refermés.
L'exposition François Roca "Si la vie m'était contée..." sera ouverte du 16 octobre au 31 janvier, du mercredi au dimanche de 14 à 17 heures (jusqu'à 22 heures le jeudi 29 octobre mais fermeture le 11 novembre ainsi que durant les vacances de Noël). Entrée: 3 € (tarif réduit à 2 €, gratuit pour les moins de 12 ans).
Enfin, cerise sur le gâteau, le calendrier affiche deux occasions de rencontrer François Roca, et son compère Fred Bernard par la même occasion: pour les professionnels, le vendredi 16 octobre à 10 h (inscription sur www.cljbxl.be ou au 02-428 74 48), rencontre que j'aurai le plaisir d'animer, et pour les enfants et les parents, le samedi 17 octobre à 14h30 (inscription sur www.rouge-cloitre.be ou au 02-660 55 -97), les deux rendez-vous ayant lieu sur le lieu même de l'exposition (Centre d'art du Rouge-Cloître, rue du Rouge-Cloître 4 à 1160 Bruxelles).
Ce nouvel album frappe par son ton, moderne, alors que les images font référence à des temps plus anciens. Il commence ainsi: "Les enfants ne disparaissent pas comme ça. Aucune trace sur la neige. Quelqu'un, ou quelque chose, avait dû les prendre, mais quoi?"
Dans ce pays où il neige aux quatre saisons de l'année, à l'époque de l'histoire, humains et animaux se parlent, se respectent, même si des disputes, résultats d'incompréhensions, éclatent régulièrement. Logiquement, aux premières disparitions d'enfants, hommes et femmes accusent les animaux, qui se renvoient le problème les uns aux autres. Ni les tigres, ni les éléphants, ni les rhinocéros, ni les ours, ni les loups ne seraient donc coupables?
Il faut imaginer la vie dans ce royaume gouverné par un monarque sévère et injuste. La première année, les parents de bébés voient leurs nouveaux-nés disparaître sans laisser de trace. La deuxième année, ce sont les bambins d'un an qui s'évanouissent. La troisième, les enfants de deux ans. Et ainsi de suite chaque année. Les parents ont beau cacher les enfants nés cette maudite année qui leur restent, ils disparaissent eux aussi. La peur et la tristesse font craindre une malédiction.
Le désespoir s'installe d'autant plus que le fils du Roi et de la Reine, né lui aussi cette maudite année, va avoir treize ans. En théorie, car personne ne l'a vu depuis sa présentation au peuple peu après sa naissance.
Un peu plus loin vit Anya, du même âge que l'héritier. Une beauté et une forte tête. Une rebelle et une justicière. Son jumeau ayant disparu bébé, les parents ont adopté un jeune tigre pour la défendre, "Tigre Blanc".
Anya, le jour de ses 13 ans, et Tigre Blanc. (c) Albin Michel J. |
Malgré toutes ces précautions, Anya va connaître le même sort que les autres enfants de sa génération. Mais on va la suivre dans cet enlèvement auquel elle ne se résout pas. Bien au contraire. Sa résistance aura de fameuses conséquences et lui permettra, avec l'aide de son allié animal, de comprendre ce qui se passe dans le château royal. De rencontrer une sorcière. De lutter contre une prémonition. D'inverser les funestes destins.
Un combat pour la liberté. (c) Albin Michel J. |
Avec son message de résistance et d'espoir en la jeunesse, "Anya et Tigre Blanc" permet de rêver et incite à ne pas se résigner. Son très beau travail d'écriture, dans la veine épique mais avec des ancrages contemporains, fait imaginer un monde plus juste que celui du Roi, et pourquoi pas plus juste que le nôtre parfois.
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L'affiche de l'exposition. |
De l'album initial "La Reine des fourmis a disparu" (François Roca & Fred Bernard, Albin Michel Jeunesse, 1996) aux récents Contes et légendes, "Les Mille et une nuits" (François Roca & Gudule, Nathan, 2012) et "L'Odyssée" (François Roca & Jean Martin, Nathan, 2013), en passant par les nombreux albums créés avec Fred Bernard, "Le Secret des Nuages" (Albin Michel Jeunesse, 1997), "Le train jaune" (Seuil Jeunesse, 1998), "Le jardin de Max et Gardenia" (Albin Michel Jeunesse, 1998), "Monsieur Cloud nuagiste" (Seuil Jeunesse, 1999), "Jésus Betz" (Seuil Jeunesse, 2001 ), "Jeanne et le Mokélé" (Albin Michel Jeunesse, 2001), "L'Homme-Bonsaï" (Albin Michel Jeunesse, 2003), "L'Indien de la Tour Eiffel" (Albin Michel Jeunesse, 2004), "Cheval Vêtu" (Albin Michel Jeunesse, 2005), "Uma, la petite déesse" (Albin Michel jeunesse, 2006), "Soleil Noir" (Albin Michel Jeunesse, 2008), "Le pompier de Lilliputia" (Albin Michel Jeunesse, 2009), "L'incroyable exploit d'Elinor" (Albin Michel Jeunesse, 2010), "La Fille du Samouraï" (Albin Michel Jeunesse, 2012), "Rose et l'automate de l'opéra" (Albin Michel Jeunesse, 2013, lire ici). Avec un pas de côté en compagnie de Horacio Quiroga pour "Le Dévoreur d'Hommes" (Seuil Métailié, 2003), ou de Marie-Ange Guillaume pour "Suzanne" (Albin Michel Jeunesse, 2004).
Ce qui est formidable avec tous ces albums, c'est qu'il suffit de se remémorer les titres pour voir en ressurgir leurs images. C'est dire s'ils ont impressionné les rétines, par leurs magnifiques images peintes bien sûr, rendant souvent hommage à des peintres d'hier comme N. C. Wyeth, John Waterhouse ou Howard Pyle, mais aussi par leurs histoires, fortes, envoûtantes parfois, qui accompagnent longtemps les lecteurs une fois les livres refermés.
Les vingt albums dont des originaux seront exposés au Rouge-Cloître. |
L'exposition François Roca "Si la vie m'était contée..." sera ouverte du 16 octobre au 31 janvier, du mercredi au dimanche de 14 à 17 heures (jusqu'à 22 heures le jeudi 29 octobre mais fermeture le 11 novembre ainsi que durant les vacances de Noël). Entrée: 3 € (tarif réduit à 2 €, gratuit pour les moins de 12 ans).
Enfin, cerise sur le gâteau, le calendrier affiche deux occasions de rencontrer François Roca, et son compère Fred Bernard par la même occasion: pour les professionnels, le vendredi 16 octobre à 10 h (inscription sur www.cljbxl.be ou au 02-428 74 48), rencontre que j'aurai le plaisir d'animer, et pour les enfants et les parents, le samedi 17 octobre à 14h30 (inscription sur www.rouge-cloitre.be ou au 02-660 55 -97), les deux rendez-vous ayant lieu sur le lieu même de l'exposition (Centre d'art du Rouge-Cloître, rue du Rouge-Cloître 4 à 1160 Bruxelles).
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