A côté de la maison, un figuier. |
Chèche, bâton en bois d'olivier, agaves, maison blanche, Abdelkader Djemaï nous plonge dès les première lignes dans cet environnement particulier de l'Afrique du nord. Pour peu qu'on y soit déjà allé, on s'y reconnaît. Le puits, le poulailler, le four en boue séchée... Et surtout le figuier, presque un membre de la famille. Il la nourrit, lui donne de l'ombre, l'abrite, la réunit, participe à tous les événements importants. Il est l'aimant qui, lors de leur retour, rappelle ceux qui sont partis en promenade ou en ville. Il est tremplin et racines.
Durant vingt-et-un courts chapitres, l'écrivain fait entendre la voix du jeune Mokhtar dans une écriture élégante et mélodieuse, ponctuée de mots arabes (*). Le gamin raconte d'abord la vie à la campagne, la famille et son histoire, ses traditions, les mariages et des décès. Il dit aussi le manque de travail pour les adultes, le départ vers la ville, un nouvel univers à apprivoiser, les voisins et le cinéma. Il parle de l'école, où le petit garçon de six ans va apprendre à lire et à écrire, poussé dans le dos par une maman illettrée lors d'une scène magnifique. En filigrane de ce récit d'enfance, se lit l'évolution politique du pays, les oppositions entre "Européens" et natifs, la guerre et sa fin, l'indépendance. Mais "Mokhtar et le figuier" est surtout le chemin d'un gamin qui, dès l'adolescence, savait qu'il écrirait les siens pour répondre à une promesse faite enfant. Abdelkader Djemaï déroule ce chemin initial avec une grâce infinie. Un engagement tenu: né en 1948, il est l'auteur de plus de vingt romans et de nombreuses autres contributions écrites.
(*) Dommage que les mots arabes ne soient pas traduits en français car tous ne se comprennent pas par le contexte.
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