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| Emmanuel Carrère. (c) Hélène Bamberger/P.O.L. |
On pouvait s'en douter après son échec au prix Goncourt hier (lire ici). Emmanuel Carrère a reçu ce mercredi 5 novembre le prix Médicis pour "Kolkhoze" (P.O.L., 560 pages, 538 grammes), l'autre poids lourd de la rentrée littéraire. Un prix de consolation? Il été choisi au premier tour de scrutin, par cinq voix contre deux à Laura Vazquez ("Les Forces", éditions du Sous-Sol), déjà lauréate du prix Décembre (lire ici) et une pour Kevin Orr ("Laure", Seuil). Les autres finalistes étaient Laurent Mauvignier ("La Maison vide", Minuit), Goncourt 2025 (lire ici), Marie Richeux ("Officier radio", Sabine Wespieser), Anne Serre ("Vertu et Rosalinde", Mercure de France) et Julia Sintzen ("Sporen" Corti).
Avec "Kolkhoze", Emmanuel Carrère signe un livre hommage à sa mère Hélène Carrère d'Encausse, décédée le 5 août 2023 et brasse l'Histoire sur quatre générations.
Présentation de l'éditeur: "Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, un jeune bourgeois bordelais rencontre une jeune fille pauvre, apatride, fille d'une aristocrate germano-russe ruinée et d'un Géorgien bipolaire, disparu et certainement fusillé à la Libération. Il devine, en l'épousant, qu'il s'engage dans tout autre chose que l'union paisible avec la jeune bourgeoise bordelaise à laquelle il était promis. Mais il n'imagine pas à quel point, ni quel destin romanesque et quelle somme d'épreuves l'attendent au cours des soixante-et-onze ans de son mariage avec Hélène Zourabichvili, qui deviendra sous son nom à lui, Carrère d'Encausse, spécialiste internationalement reconnue de la Russie (mais aussi de l'épizootie du mouton en Ouzbékistan), familière du Kremlin et de ses maîtres successifs, secrétaire perpétuelle de l'Académie française, ni qu'avant de mourir lui-même - "147 jours après elle et, à mon avis, de chagrin", écrit Emmanuel Carrère - il assistera, dans la cour des Invalides, à ses funérailles nationales.
"Kolkhoze" est le roman vrai d'une famille sur quatre générations, qui couvre plus d'un siècle d'histoire, russe et française, jusqu'à la guerre en Ukraine. Emmanuel Carrère s'en empare personnellement, avec un art consommé de la narration qui parvient à faire de leur histoire notre histoire. Tout en plongeant dans les archives de son père, passionné par la généalogie familiale. On traverse la révolution bolchévique, l'exil en Europe des Russes blancs, deux guerres mondiales, l'effondrement du bloc soviétique, la Russie impériale de Poutine et ses guerres, tout en pénétrant dans une saga familiale à la fois follement romanesque, tragique, aux destins prestigieux ou plus modestes, parfois sombres et tourmentés. Ce grand récit familial et historique, qui mêle souvenirs poignants, rebondissements, secrets de famille, anecdotes inattendues et géopolitique, est aussi un texte intime sur la vie et la mort des siens, et sur l'amour filial. Jusqu'à cet aveu: "Vient un moment, toujours, où on ne sait plus qui on a devant soi – et je ne le sais pas moi-même. Ou plutôt si, je le sais, je le sais très bien: je suis le visage de ma mère qui se détourne sans appel, je suis la détresse sans fond de mon père.""
"Kolkhoze" est le roman vrai d'une famille sur quatre générations, qui couvre plus d'un siècle d'histoire, russe et française, jusqu'à la guerre en Ukraine. Emmanuel Carrère s'en empare personnellement, avec un art consommé de la narration qui parvient à faire de leur histoire notre histoire. Tout en plongeant dans les archives de son père, passionné par la généalogie familiale. On traverse la révolution bolchévique, l'exil en Europe des Russes blancs, deux guerres mondiales, l'effondrement du bloc soviétique, la Russie impériale de Poutine et ses guerres, tout en pénétrant dans une saga familiale à la fois follement romanesque, tragique, aux destins prestigieux ou plus modestes, parfois sombres et tourmentés. Ce grand récit familial et historique, qui mêle souvenirs poignants, rebondissements, secrets de famille, anecdotes inattendues et géopolitique, est aussi un texte intime sur la vie et la mort des siens, et sur l'amour filial. Jusqu'à cet aveu: "Vient un moment, toujours, où on ne sait plus qui on a devant soi – et je ne le sais pas moi-même. Ou plutôt si, je le sais, je le sais très bien: je suis le visage de ma mère qui se détourne sans appel, je suis la détresse sans fond de mon père.""
C'est la Britannique Nina Allan qui reçoit le prix Médicis étranger pour "Les Bons Voisins" (traduit de l'anglais (UK) par Bernard Sigaud, Tristram). Un roman noir d'investigation où l'on suit l'enquête menée par Shirley pour éclairer, dans l'île de Bute, l'assassinat, vingt ans auparavant de son amie Susan Craigie et de sa famille.
Un prix spécial du jury a été attribué au Hongrois Péter Nádas pour "Ce qui luit dans les ténèbres, Souvenirs de la vie d’un narrateur" (traduit du hongrois par Sophie Aude, Noir sur Blanc, 1178 pages, 1.245 grammes). Un livre autobiographique.
Quant au prix Médicis essai, il va à Fabrice Gabriel pour "Au cinéma Central" (Mercure de France, 160 pages).
Présentation par l'auteur: "Le centre du monde s'appelle le Central: c'est à cette place que je m'installe, une place en corbeille, au deuxième rang derrière la petite rambarde de fer forgé marquant la frontière avec le parquet, dans cette salle aujourd'hui disparue. J'y ai vécu, et continue peut-être d'y vivre, l'imagination n'en étant pas morte, les moments les plus heureux de mon enfance, de mon adolescence aussi."
Jury: Marianne Alphant, Michel Braudeau, Marie Darrieusecq, Dominique Fernandez, Anne Garreta, Patrick Grainville, Andreï Makine, Pascale Roze et Alain Veinstein.




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