Prononcez le mot "bigoudis" et surgit aussitôt dans la tête l'image d'une vieille dame aux cheveux blancs, ou gris, ou mauves, mais toujours permanentés à coup de gros rouleaux.
Elle est de cette famille, la "Bigoudi" qui donne son titre au très bel album de Delphine Perret (textes) et Sébastien Mourrain (illustrations) juste paru (Les fourmis rouges, 40 pages). Joliment écrit au passé simple, le temps de la narration.
La vieille dame aux lunettes de star habite avec Alphonse, son bouledogue français, au 156e étage d'un immeuble d'une ville à l'étonnant urbanisme. Des bâtiments de toutes les époques s'y côtoient allègrement. Les taxis jaunes y fourmillent. Cela ressemble à New York mais la ville n'est pas nommée.
On rencontre le duo à l'aube. On va le suivre dans tous ses petits rituels quotidiens. Le café chez Luigi, la frange et les magazines chez Orlando le coiffeur, l'arrêt chez Georges le boucher, le hot-dog chez Monsieur Yamasaki, le grand magasin, le cours de poterie de Bigoudi, le cours de gym d'Alphonse... Sans oublier le thé-poker chez Beatrix et, en finale, l'arrêt chez l'épicier Louis.
Cette plaisante routine s'arrête avec la mort inattendue d'Alphonse. Les vieux chiens doivent-ils vraiment mourir? Bigoudi se transforme en fontaine de larmes. Elle pleure partout, partout, partout. "Après cela", écrit joliment Delphine Perret, "elle se dit "plus jamais", et décida donc que plus jamais cela ne lui arriverait."
Bigoudi pense à tous ceux qui lui sont chers et dont la disparition lui causerait tant d'autres chagrins. Elle choisit de ne plus les voir et ferme sa porte à double tour. "Qu'elle était plus heureuse comme ça. Oui, vraiment plus heureuse."
Un an se passe sans que la vieille dame ne rencontre personne. "Elle faisait ses courses par correspondance, ne répondait plus au téléphone, regardait des gens tout plats à la télévision." Ce morne train-train sera interrompu par la visite impromptue d'un laveur de vitres. Il apparaît de l'autre côté de la fenêtre et, du haut de sa nacelle, dit à Bigoudi quelque chose que cette dernière ne comprend pas.
La suite est plus rocambolesque mais trouve bien sa place dans cet album plein d'empathie jusqu'au moment où il se mue en tremplin pour aimer à nouveau l'existence. Voilà notre attachante Bigoudi sauvée et repartie dans la vie, la vraie, celle avec Luigi et tous ses autres amis. Rendue à l'amitié et à l'amour.
Le travail graphique de Sébastien Mourrain, tout en douceur et en demi-teintes, correspond très bien au texte de Delphine Perret. Il glisse des détails qui racontent leurs histoires, sans insister mais en nourrissant le thème initial. "Bigoudi" est un très joli album, délicat et drôle à la fois, sur le deuil et le chagrin. Seul mini-bémol: l'impression du texte en gris très très clair rend parfois la lecture un peu difficile, surtout avec une lampe de chevet en guise d'éclairage.
Elle est de cette famille, la "Bigoudi" qui donne son titre au très bel album de Delphine Perret (textes) et Sébastien Mourrain (illustrations) juste paru (Les fourmis rouges, 40 pages). Joliment écrit au passé simple, le temps de la narration.
La vieille dame aux lunettes de star habite avec Alphonse, son bouledogue français, au 156e étage d'un immeuble d'une ville à l'étonnant urbanisme. Des bâtiments de toutes les époques s'y côtoient allègrement. Les taxis jaunes y fourmillent. Cela ressemble à New York mais la ville n'est pas nommée.
On rencontre le duo à l'aube. On va le suivre dans tous ses petits rituels quotidiens. Le café chez Luigi, la frange et les magazines chez Orlando le coiffeur, l'arrêt chez Georges le boucher, le hot-dog chez Monsieur Yamasaki, le grand magasin, le cours de poterie de Bigoudi, le cours de gym d'Alphonse... Sans oublier le thé-poker chez Beatrix et, en finale, l'arrêt chez l'épicier Louis.
Chacune des journées de Bigoudi et Alphonse commence chez Luigi. (c) Les fourmis rouges. |
Cette plaisante routine s'arrête avec la mort inattendue d'Alphonse. Les vieux chiens doivent-ils vraiment mourir? Bigoudi se transforme en fontaine de larmes. Elle pleure partout, partout, partout. "Après cela", écrit joliment Delphine Perret, "elle se dit "plus jamais", et décida donc que plus jamais cela ne lui arriverait."
Bigoudi pense à tous ceux qui lui sont chers et dont la disparition lui causerait tant d'autres chagrins. Elle choisit de ne plus les voir et ferme sa porte à double tour. "Qu'elle était plus heureuse comme ça. Oui, vraiment plus heureuse."
Un an se passe sans que la vieille dame ne rencontre personne. "Elle faisait ses courses par correspondance, ne répondait plus au téléphone, regardait des gens tout plats à la télévision." Ce morne train-train sera interrompu par la visite impromptue d'un laveur de vitres. Il apparaît de l'autre côté de la fenêtre et, du haut de sa nacelle, dit à Bigoudi quelque chose que cette dernière ne comprend pas.
Le laveur de vitres à l’œil perçant va rendre Bigoudi à la vie. (c) Les fourmis rouges. |
La suite est plus rocambolesque mais trouve bien sa place dans cet album plein d'empathie jusqu'au moment où il se mue en tremplin pour aimer à nouveau l'existence. Voilà notre attachante Bigoudi sauvée et repartie dans la vie, la vraie, celle avec Luigi et tous ses autres amis. Rendue à l'amitié et à l'amour.
Le travail graphique de Sébastien Mourrain, tout en douceur et en demi-teintes, correspond très bien au texte de Delphine Perret. Il glisse des détails qui racontent leurs histoires, sans insister mais en nourrissant le thème initial. "Bigoudi" est un très joli album, délicat et drôle à la fois, sur le deuil et le chagrin. Seul mini-bémol: l'impression du texte en gris très très clair rend parfois la lecture un peu difficile, surtout avec une lampe de chevet en guise d'éclairage.
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