Merveille de la rentrée de janvier 2013, "Une fille, qui danse" de Julian Barnes (traduit de l'anglais par Jean-Pierre Aoustin, Mercure de France, 193 pages) vient de sortir en poche chez Folio. Voilà bien un des romans qu'il faut absolument lire dans sa vie. Peu importe quand.
Justement, l'écrivain britannique scrute le temps subjectif dans ce texte fabuleux, originalement titré "The sense of an ending", lauréat du Man Booker Prize 2011.
Julian Barnes commence "Une fille, qui danse" par la formule "Je me souviens". Mais c’est au terme de ce roman dense qu’on réalise le vertige causé par les souvenirs, où rivalisent mémoire et réalité, objectivité et subjectivité.
Le temps est au cœur du livre. Tony, la soixantaine, désormais retraité, se rappelle ses années de lycée à Londres. Colin, Alex et lui formaient un trio auquel se joignit le surdoué Adrian, celui qui ose répondre avec aplomb au prof d’histoire. Le calendrier indique les années 60, mais les grands adolescents vivent à la décennie précédente, obsédés par les filles, surtout celles qu’ils n’ont pas. L'époque était ainsi.
L’université, ou la vie, leur ouvre le chemin du sexe et les entend se promettre de rester toujours amis. Le narrateur rencontre alors Veronica, jeune femme assez bizarre, surtout lors du week-end qu’il passe dans la famille de cette dernière. Après leur séparation, Tony reçoit une lettre: Adrian l’informe du fait qu’il sort avec Veronica. Le diplômé en histoire voyage alors six mois aux Etats-Unis. A son retour, il apprend le suicide d’Adrian. Pourquoi?
Quarante ans plus tard, Tony est forcé d'y repenser vraiment, quand il reçoit un courrier d’avocat à propos de la succession de Mrs Sarah Ford, la mère de Veronica. Entre-temps, il a épousé Margaret, ils ont eu une fille, ont divorcé sereinement. Tony épie toujours les effets du temps: "L’histoire qui se déroule sous notre nez devrait être la plus nette, et pourtant c’est la plus trouble."
Dans la seconde moitié du roman, effrénée, Julian Barnes exploite ce qu’il a semé. La lettre de l'avocat incite Tony à retrouver Veronica, à reprendre contact avec ce passé où Adrian était présent, à le confronter avec ce qu’il a vécu. Que veulent les souvenirs?
Tout cela est d’une finesse remarquable et formidablement mené. Le lecteur est suspendu à l’écriture magnifique du Britannique, fort bien traduite, comme à l'habitude, par Jean-Pierre Aoustin. Il navigue entre les personnages, piloté par un narrateur accroché à ses certitudes comme un noyé à son radeau jusqu’à ce qu’elles lui explosent au visage.
Superbe roman, bouleversant au sens premier du terme, "Une fille, qui danse" crée un choc de lecture et résonne longtemps à l'esprit.
Justement, l'écrivain britannique scrute le temps subjectif dans ce texte fabuleux, originalement titré "The sense of an ending", lauréat du Man Booker Prize 2011.
Julian Barnes commence "Une fille, qui danse" par la formule "Je me souviens". Mais c’est au terme de ce roman dense qu’on réalise le vertige causé par les souvenirs, où rivalisent mémoire et réalité, objectivité et subjectivité.
Le temps est au cœur du livre. Tony, la soixantaine, désormais retraité, se rappelle ses années de lycée à Londres. Colin, Alex et lui formaient un trio auquel se joignit le surdoué Adrian, celui qui ose répondre avec aplomb au prof d’histoire. Le calendrier indique les années 60, mais les grands adolescents vivent à la décennie précédente, obsédés par les filles, surtout celles qu’ils n’ont pas. L'époque était ainsi.
L’université, ou la vie, leur ouvre le chemin du sexe et les entend se promettre de rester toujours amis. Le narrateur rencontre alors Veronica, jeune femme assez bizarre, surtout lors du week-end qu’il passe dans la famille de cette dernière. Après leur séparation, Tony reçoit une lettre: Adrian l’informe du fait qu’il sort avec Veronica. Le diplômé en histoire voyage alors six mois aux Etats-Unis. A son retour, il apprend le suicide d’Adrian. Pourquoi?
Quarante ans plus tard, Tony est forcé d'y repenser vraiment, quand il reçoit un courrier d’avocat à propos de la succession de Mrs Sarah Ford, la mère de Veronica. Entre-temps, il a épousé Margaret, ils ont eu une fille, ont divorcé sereinement. Tony épie toujours les effets du temps: "L’histoire qui se déroule sous notre nez devrait être la plus nette, et pourtant c’est la plus trouble."
Julian Barnes. (c) Richard Saker Rex Features. |
Tout cela est d’une finesse remarquable et formidablement mené. Le lecteur est suspendu à l’écriture magnifique du Britannique, fort bien traduite, comme à l'habitude, par Jean-Pierre Aoustin. Il navigue entre les personnages, piloté par un narrateur accroché à ses certitudes comme un noyé à son radeau jusqu’à ce qu’elles lui explosent au visage.
Superbe roman, bouleversant au sens premier du terme, "Une fille, qui danse" crée un choc de lecture et résonne longtemps à l'esprit.
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