LU & approuvé
L'attachement mélancolique à l'enfance de Frédéric Pajak. (c) Noir sur Blanc. |
Comment présenter Frédéric Pajak? Voyageur, écrivain, dessinateur, éditeur, commissaire d'exposition, réalisateur? Insuffisant. Frédéric Pajak est ce gars dont la culture, historique, littéraire, philosophique, est aussi immense que son incroyable don pour la partager sans compter. Et sans nous assommer. Il a le talent fou d'emporter ses lecteurs à sa suite, croisant les disciplines où il excelle, à l'occasion d'épais récits écrits et dessinés.
L'auteur du "Manifeste incertain" (lire ici) nous entraîne cette fois avec l'épais volume illustré titré selon Rimbaud "J'irai sur les sentiers" (Noir sur Blanc, 296 pages) à la rencontre de trois poètes, Isidore Ducasse, mieux connu sous le nom de comte de Lautréamont, Arthur Rimbaud et Germain Nouveau. Trois figures du genre poétique qui vécurent à Paris à la fin du XIXe siècle. Trois poètes précoces qui furent à leur meilleur à leurs dix-sept ans. Dix-sept ans, c'est également l'âge qu'avait Frédéric Pajak quand il découvrit la poésie et en fut renversé. Envoûté à vie.
L'auteur a eu l'excellente idée pour ce nouveau livre, conçu comme ses précédents en textes et en dessins jouant tellement bien sur le noir, de se pencher sur cette partie de sa vie, quasiment cinquante ans après, et de placer ses souvenirs personnels en ouverture et en fermeture de ce carnet magnifique relatant évidemment principalement les destins des trois jeunes poètes. Une merveille que ces biographies documentées et virevoltantes, riches de mille faits, illuminées de réflexions et de croisements judicieux, abondamment illustrées. Le noir et le format unique créent un épatant tempo. La patte Pajak.
Fin connaisseur de ses sujets, il est aussi un conteur chevronné qui sait tenir ses lecteurs en haleine, les combler de son savoir et à qui il dépose son vivifiant rapport texte-images. Qui imaginerait trouver tout un bestiaire, pélicans, rhinocéros, renard, etc., dans un traité de poésie? Des animaux qui ont autant leur place que les portraits des trois poètes et de leurs familles ou les lieux où ils ont vécu/sont passés ou les scènes croquées sur l'instant. Sans oublier les dessins liés aux dix-sept ans de l'auteur.
Parfois nostalgique, "J'irai sur les sentiers" est un livre qui nous entraîne surtout dans le formidable appétit de vivre, même à la folie, de ses protagonistes, donnés ici dans toute leur vérité et qui ont fait écho chez Frédéric Pajak grand ado.
Une belle diversité de dessins magnifiques. (c) Noir sur Blanc. |
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