Cela lui a permis de trouver facilement des travaux d'illustration mais ce
n'est pas ce qu'il voulait pour lui. Au début des années 60,
Raymond Briggs décide
d'écrire et illustrer lui-même une histoire et de la proposer à un éditeur
pour qu'il l'éclaire de ses conseils. Son livre est édité en 1961,
"The Strange House". Tout de suite après,
il réalise 800 illustrations pour une version des
"Contes de ma mère l'oie". Il publie
d'autres livres jeunesse.
Coup de tonnerre en 1972, alors qu'il vient de perdre ses parents et son épouse Jean, atteinte de schizophrénie et décédée d'une leucémie, avec
"Father Christmas", une bande dessinée
qui imagine le Père Noël sous la forme d'un vieil homme grincheux, grommelant
tout au long de sa journée la plus chargée de l'année: le réveillon de Noël.
"Sacré Père Noël" paraîtra la même année
chez Grasset-Jeunesse, comme la plupart de ses titres (l'éditeur a entrepris
depuis une dizaine d'années la réédition de ses livres, voir
ici). Le héros bougon sera au centre de deux autres albums,
"Les vacances du Sacré Père Noël" et
"Sacré Père Noël prend du bon temps".
Autre révélation, l'album en teintes douces
"The Snowman", qui paraît en 1978,
l'histoire sans paroles d'un garçon dont le bonhomme de neige prend vie. Une
nuit magique pour les deux amis mais ancrée dans le réel: à son réveil le
lendemain matin, le garçon ne trouve que le bonnet et l'écharpe du bonhomme de
neige sur un tas de neige fondante.
"Le bonhomme de neige" a paru chez
Grasset-Jeunesse en 1979 (lire
ici) et a fait l'objet d'une édition spéciale pour ses quarante ans.
Après cela,
Raymond Briggs a
abordé, toujours en albums, d'autres thèmes, la guerre nucléaire ("When the Wind Blows", 1982, "Quand souffle le vent", 1983), l'invasion britannique des Malouines ("The Tin-Pot Foreign General and the Old Iron Woman", 1984)) ainsi que l'extraordinaire récit en bande dessinée du mariage de ses
parents ("Ethel & Ernest", 1998), ce
dernier ayant bien entendu été traduit en français, par Alice Marchand. Il
était néanmoins aussi revenu à des livres plus imaginatifs comme ,
"Ug, le petit génie de l'âge de pierre"
(1991), "L'homme" (1993),
"Lili et l'ours" (1994),
"Monsieur Flaque" (2004).
Deux albums de Raymond Briggs avaient été mis à l'honneur à la Foire de Bologne, recevant une une mention au prix Critique en herbe: "The Snowman" ("Le bonhomme de neige") en 1979 et "Fungus the bogeyman" ("Fungus le Bogey") en 1983.
Pourquoi aimions-nous tant Raymond Briggs et son œuvre? Pour ceci, sans doute, extrait d'un entretien à la BBC en 2018: "Le problème avec beaucoup d'illustrateurs, c'est qu'ils ne dessinent pas de l'intérieur. C'est l'essence même d'une bonne illustration si vous pouvez ressentir ce que la personne ressent et dessiner ce qu'elle ressent."
Hommages
Ses proches (ses beaux-enfants et ses beaux-petits-enfants): "Nous savons que les livres de Raymond ont été aimés et ont touché des
millions de personnes à travers le monde, qui seront tristes d'apprendre
cette nouvelle. Les dessins de fans - en particulier les dessins d'enfants
- inspirés de ses livres ont été chéris par Raymond et épinglés sur le mur
de son studio."
Hilary Delamere, son agente littéraire de Briggs:
"Raymond aimait jouer le grincheux professionnel, mais nous nous
souviendrons de lui pour ses histoires d'amour et de perte. Je sais par
les nombreuses lettres qu'il a reçues à quel point ses livres et ses
animations ont touché le cœur des gens. Il a gardé sa curiosité et son
sens de l'émerveillement jusqu'à la fin."
Francesca Dow, directrice générale des livres pour enfants Penguin
Random House:
"Raymond était unique. Il a inspiré des générations de créateurs de
livres d'images, de romans graphiques et d'animations. Il laisse un
héritage extraordinaire, et un grand trou."
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