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jeudi 27 octobre 2022

Le prix Décembre 2022 à Lola Lafon

Lola Lafon. (c) Jean-Luc Bertini - Pasco.

Superbe choix que celui du jury du prix Décembre (15.000 euros) ce 26 octobre que de récompenser Lola Lafon pour son récit "Quand tu écouteras cette chanson" (Stock, 180 pages). Le prix lui est allé au deuxième tour de scrutin, par cinq voix contre quatre au premier roman de Corentin Durand, "L'Inclinaison" (Gallimard) - la troisième sélection mentionnait aussi "Vivre vite" de Brigitte Giraud (Flammarion). Un livre où elle raconte sa nuit au musée Anne Frank à Amsterdam, l'an dernier en août. Au musée et dans l'Annexe, là où vécut la famille juive avant d'être déportée. Un livre qui s'est un jour, ou plutôt une nuit, imposé à elle. Elle devait l'écrire.

Pour cela, il lui fallait se rendre au musée et convaincre le conservateur de l'intérêt de sa démarche. Tout cela, elle le partage avec le lecteur, en petites phrases simples, sans pathos, l'invitant dans son expérience.

Un livre qui lui a permis de faire des découvertes sur la jeune fille, devenue au fil du temps une icône presque robotisée alors qu'elle était un être humain, de sang, d'émotions, de sentiments, de rêves et d'espoirs. Un livre où Lola Lafon rend à Anne Frank son humanité et montre combien la collégienne était douée pour la littérature. Une rencontre avec une jeune fille morte avec sa famille, tuée par la barbarie nazie, qui lui a aussi permis de retrouver l'histoire de sa propre famille, juive elle aussi, massacrée durant la guerre elle aussi, mais dont le destin avait été occulté jusque-là et, ce chemin parcouru, de mieux se connaître elle-même. Un livre bouleversant et lumineux.
"Le 18 août 2021, j'ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l'Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu'il n’en sait pas grand-chose. Comment l'appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment.

Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre?

Celle d'une jeune fille, qui n'aura pour tout voyage qu'un escalier à monter et à descendre, moins d'une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l'imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J'imaginais la nuit propice à accueillir l'absence d’Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s'est habitée, éclairée de reflets; au cœur de l'Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver."
Lola Lafon

Pour lire en ligne, et il faut le faire tant c'est beau, le début de "Quand tu écouteras cette chanson", c'est ici.




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