A la recherche du roi des papas. (c) l'école des loisirs/Pastel. |
Avec ses personnages en médaillon sur la couverture, le très réussi nouvel album de Kristien Aertssen, "Mon papa roi" (l'école des loisirs, Pastel, 40 pages) rappelle irrésistiblement le premier album jeunesse qu'on ait eu d'elle du côté francophone, "La reine des bisous", paru chez le même éditeur il y a... vingt ans. Si elle est parfaitement bilingue néerlandais-français, l'auteure-illustratrice belge est née à Anvers et vit à Gand. La lecture de ce pendant masculin montre combien les deux titres forment un diptyque même s'ils se lisent sans problème séparément.
Dans "La reine des bisous", une reine débordée envoie sa fillette en mal de câlins chez la "Reine des bisous". Les univers de la mère et de la fille sont adroitement mis en scène par un judicieux parallélisme de leurs actes. La petite princesse fait durant une journée le tour des reines, celle des gâteaux, celle des chats, celle des jouets, celle des fleurs... à la recherche de celle qui lui procurera les baisers escomptés. De son côté, la reine se sent seule durant l'absence de sa fille. Elles découvriront bien entendu en finale qui est la reine des bisous. Un album ingénieux au graphisme tendrement naïf, dès 3 ans.
Passées d'éloquentes pages de garde montrant la belle relation entre un père et un fils, l'album
"Mon papa roi" voit un petit prince
interroger son père à barbichette et jolie moustache:
"Tu es le roi de quoi?"
"Je suis un roi tout court, un papa roi" est la réponse paternelle. Aussitôt elle fait germer chez le fiston l'idée
"Est-ce que tu connais le roi des papas?" et chez le père perplexe
celle de partir en excursion à la recherche de ce fameux roi des papas.
Père et fils vont se lancer dans un très plaisant road-movie d'un jour
également, admirablement construit. Ils vont successivement rencontrer
plusieurs personnages masculins, adeptes de disciplines comme le vélo, le
bricolage, la natation, la cuisine... Les entourages respectifs de ces
derniers les considèrent chaque fois comme le roi de leur spécialité. Mais pas
comme le roi des papas. Les visites qui s'enchaînent habilement font
reconnaître au papa roi qu'il ne sait rien faire comme ceux avec qui lui et son
fils lient connaissance. Il n'a même jamais rien fait de tout cela. Mais il apprend
volontiers tout en cherchant toujours à localiser le roi des papas. On savoure les épisodes du scénario, le changement constant de moyen de locomotion, l'accumulation des cadeaux reçus en cours de route, la combinaison fréquente d'animaux et d'humains, la découverte d'univers joyeux et attrayants. Mais la nuit tombe et
le roi des papas n'a toujours pas été identifié. C'est alors que
Kristien Aertssen
renverse la vapeur pour donner toute sa place au papa roi dans une finale aussi
réussie qu'attendrissante.
Tout au long des péripéties de ce formidable voyage, on admire et on savoure
les illustrations expressives riches de mille détails judicieux à observer. Faune, flore,
humains, tout est beau, vif, malicieux parfois, réjouissant toujours, dans ce style graphique propre à l'artiste, entre arts naïf et primitif et dessin d'enfant, parfaitement maîtrisé. La scène de
la soirée est une réussite totale. Vive
"Mon papa roi", pour les enfants de 4 ans
et plus.
Rencontre avec le roi du bricolage. (c) l'école des loisirs/Pastel. |
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