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vendredi 21 juin 2024

La note bleue selon Louis Joos et d'autres

L'exposition propose un focus sur Louis Joos.

La note bleue s'expose tout cet été à Bruxelles. Principalement en noir et blanc mais aussi en couleur et même en vidéo. Vient en effet de s'ouvrir au CBBD (Musée de la BD) l'exposition "Jazz & Bande Dessinée". Nichée à la Gallery, elle a superbement investi cet espace de taille réduite. Aux cimaises, rien que des originaux (sauf un). Une belle série de planches et d'illustrations de Louis Joos évidemment. L'artiste bruxellois n'est-il pas le maître du genre avec ses encres de Chine puissamment évocatrices? Son trait parfait, son jeu avec le blanc, son sens de l'instant. Regarder son travail, c'est se trouver tout à côté des musiciens qu'il dessine. Quasiment les entendre.

Entre deux séries d’œuvres de Louis Joos, des variations sur Chet Baker
par Joe G. Pinelli. (c) Daniel Fouss/CBBD.
 
Quelques reproductions géantes des dessins exposés apparaissent sur les panneaux de cette expo fort bien scénographiée. Elles attirent le regard et rythment la visite. Un parcours qui fait découvrir d'autres dessinateurs amateurs de jazz, avec les variations sur Chet Baker de Joe G. Pinelli, les gravures de Jean-Claude Salemi, les portraits d'Yves Budin, les ambiances des concerts bruxellois de Thierry Bouüaert, les blagues en création numérique d'Anne Citron, les dessins de Sisca Locca, sans oublier les dessins animés de Vincent Patar & Stéphane Aubier pour "Aka Moon".
 
"Jazz & Bande Dessinée", c'est une représentation de la création contemporaine d'artistes installés en Belgique avec un focus sur Louis Joos qui excelle, lui, à camper le jazz new-yorkais sans y avoir jamais été. Sous ses pinceaux, Billie Holiday, Thelonius Monk, Charlie Mingus, Miles Davis, Chet Baker et d'autres vibrent aux cimaises.
 
Portraits de musiciens par Louis Joos.

L'exposition bruxelloise est une mouture revue de l'exposition qui s'est tenue en avril à Liège, à l'école Saint-Luc, à l'initiative de la Maison du jazz. Le responsable des projets de cette dernière, Jacques Onan, s'explique: "On a décidé à la Maison du jazz de refaire des expositions en dehors des murs. Nous avions commencé lors de la crise sanitaire où une exposition a remplacé notre traditionnel concert aux Chiroux. Nous avons d'abord monté une expo sur la place des femmes dans le jazz, expo qui tourne toujours. La question a été: quel thème jazz choisir pour une autre expo qui soit aussi de la vulgarisation? La bande dessinée bien entendu, surtout avec Louis Joos. Contact a aussi été pris avec d'autres dessinateurs ayant campé des scènes de jazz."

Œuvres d'Yves Budin. (c) Daniel Fouss/CBBD.

La grande affaire des commissaires a été de choisir des dessins chez Louis Joos, ceux-ci n'étant pas répertoriés. "C'est Jacques Onan qui a tout fait", répond le principal intéressé. "Il est venu, il a fait un début de classement, on a trié, il a fait une présélection d'une centaine de dessins." La suite a été de décider quels dessins de Louis Joos sélectionner. Sachant qu'il dessine le jazz depuis toujours. "L'idée retenue a été de choisir le début des années 80 comme date-pivot", reprend Jacques Onan. "C'est à ce moment qu'il publie ses premiers livres chez Futuropolis. Le jazz occupe une très grosse partie de ce qu'il a fait. Il a une place tout à fait particulière à cause de son style, de sa patte, de la manière dont il parle du milieu dans les années 80. Ensuite, il s'est concentré sur différents musiciens."
"J'ai toujours eu envie de faire du dessin ou de la peinture. (…) Moi, ce que j'aimais bien dans la bande dessinée, c'est qu'il fallait beaucoup dessiner, plein de cases. Mais quels sujets prendre? Quelque chose que j'aimais beaucoup depuis toujours, enfin depuis mes quinze ans, et c'était le jazz. J'ai fait quelques bouquins chez Futuro qui avaient comme sujet le jazz et c'est ainsi que ça a démarré."
Louis Joos (extraits des propos recueillis par Jacques Onan,
pour la Maison du Jazz, janvier 2024)
Louis Joos, "Tout pour plaire".
Les présélections ont été réduites en fonction des deux expositions. Celle de Liège disposant de plus vastes espaces a retenu une douzaine de grands formats (50 x 70), pas celle de Bruxelles. "Au CBBD", précise la commissaire Mélanie Andrieu, "nous avons opté pour une histoire de la musique de jazz sous l'angle des musiciens avec le travail de Louis Joos en fil conducteur. L'espace étant réduit, nous avons choisi quatorze auteurs aux styles variés. Notamment ceux qui sont très présents dans les fanzines. Nous avons voulu élargir le public. En lui réservant aussi des surprises comme Patar & Aubier qui travaillent sur un support différent." L'expo "Jazz & Bande Dessinée" comprend toutefois quarante cadres (quinze pour Joos et vingt-cinq pour les autres).

"C'est une très belle scénographie", juge Louis Joos, "simple, réussie et efficace. On y trouve des planches de bande dessinée et des dessins d'illustration. Et le bâtiment du CBBD est une merveille."

Pic Pic André à gauche, Thierry Bouüaert à droite.
(c) Daniel Fouss/CBBD.


Pratique

Centre Belge de la Bande dessinée, espace Gallery
Rue des Sables 20, 1000 Bruxelles
Du mardi au dimanche, de 10 à 18 heures, jusqu'au 8 septembre.
Plus d'infos ici

L'humour d'Anne Citron.

Biblio bleue de Louis Joos

  • Saxo Cool, Futuropolis, 1984
  • Foutue croisière, Futuropolis, 1985
  • Musique de nuit, Futuropolis, 1987
  • Monk, Point Image, 1995,
  • Blues, Point Image, 1996
  • Mood indigo, Point Image, 1997
  • Mingus, Pyramides/Aplanos, 1995
  • Suite bleue, texte de Frédéric Debomy, Le 9e Monde, 2001
  • Jazz Concert, Pyramides/Aplanos, 2001
  • Bud Powell, BD Music, 2004
  • Ladies in Blue, BD Music, 2005
  • Une vie silencieuse, texte de Frédéric Debomy, Albin Michel, 2006
  • Charles Mingus, BD music, 2008
  • John Coltrane, BD music, 2009
  • Un piano, Futuropolis, 2010
  • Thelonious Monk, BD Music, 2013
  • Jazz, Alain Baulet éditeur, 2019
  • Une histoire du Bebop, texte de Franck Médioni, Le Layeur, 2020 




jeudi 20 juin 2024

Deux Belges primés par l'Académie française

L'écrivain Philippe Leuckx et le chanteur Adamo.

Si on ne vote pas chaque année en juin, c'est le moment où est publié le long palmarès de l'Académie française. 67 distinctions pour l'année 2024, le Grand Prix du Roman étant lui décerné à l'automne. Parmi les distingué.e.s, deux Belges, le chanteur Adamo et l'écrivain Philippe Leuckx pour un texte de poésie. Blague belgo-belge: se cache-t-il un ingénieur ailleurs dans le palmarès?
On remarquera aussi dans la liste entre autres noms celui d'Emmanuel Kherad dont l'émission de radio "La librairie francophone" vient d'être crucifiée par France Inter.


PALMARÈS DE L'ANNÉE 2024
 
GRANDS PRIX
Grand Prix de la Francophonie
M. Abdelfattah Kilito (Maroc)
Grande Médaille de la Francophonie
M. Edwin M. Duval (États-Unis)
Grand Prix de Littérature Paul Morand
M. Marcel Cohen, pour l'ensemble de son œuvre
Grand Prix de Littérature Henri Gal
Prix de l'Institut de France
Mme Cécile Wajsbrot, pour l'ensemble de son œuvre
Prix Jacques de Fouchier
Général François Lecointre, pour Entre guerres
Prix de l'Académie française Maurice Genevoix
Mme Alice Renard, pour La Colère et l'Envie
Grand Prix Hervé Deluen
M. Constantin Sigov (Ukraine)
Prix Léon de Rosen
Plantu, pour "Sale Temps pour la planète"
Grand Prix de Poésie
Mme Hélène Dorion, pour l'ensemble de son œuvre poétique
Grand Prix de Philosophie
M. Ruedi Imbach, pour l'ensemble de son œuvre
Grand Prix Moron
M. Daniel S. Milo, pour "La Survie des médiocres. Critique du darwinisme et du capitalisme"
Grand Prix Gobert
Mme Jacqueline Lalouette, pour "L'Identité républicaine de la France. Une expression, une mémoire, des principes et l'ensemble de son œuvre"
Prix de la Biographie (littérature)
M. Claude Burgelin, pour "Georges Perec"
Prix de la Biographie (histoire)
MM. Romain Descendre et Jean-Claude Zancarini, pour "L'Œuvre-vie d'Antonio Gramsci"
Prix de la Critique
Mme Anne Michelet, pour son travail de critique de presse
Prix du cardinal Lustiger
R. P. Jean-Miguel Garrigues, o. p., pour "L'Impossible Substitution. Juifs et chrétiens (Ier-IIIe siècle)" et l'ensemble de son œuvre
Prix de la Nouvelle
M. Bertrand de Saint Vincent, pour "Une certaine désinvolture"
Prix d'Académie
M. Olivier Charneux, pour "Le Glorieux et le Maudit. Jean Cocteau-Jean Desbordes: deux destins"
M. Alain Fleischer, pour l'ensemble de ses nouvelles
M. Jonathan Siksou, pour "Vivre en ville"
M. Pierre Singaravélou, pour "Fantômes du Louvre. Les musées disparus du XIXe siècle"
Prix du Théâtre
M. Florian Zeller, pour l'ensemble de son œuvre dramatique
Prix du Jeune Théâtre Béatrix Dussane-André Roussin
Mme Élodie Menant, pour ses ouvrages dramatiques
Prix du Cinéma René Clair
M. Pascal Bonitzer, pour l'ensemble de son œuvre cinématographique
Grande Médaille de la Chanson française
M. Salvatore Adamo, pour l'ensemble de ses chansons
Prix du rayonnement de la langue et de la littérature françaises
M. Arnaud Antona, professeur des écoles au lycée français de Singapour, qui a mis au point une méthode d'apprentissage de la lecture utilisée à Singapour et à Hong Kong;
M. Emmanuel Khérad, journaliste et producteur de l'émission "La Librairie francophone";
M. Dana Kress, professeur de français, directeur exécutif des presses du Centenary College of Louisiana et promoteur, à la tête des éditions Tintamarre, de la littérature francophone louisianaise;
M. Francesco Massa, historien italien spécialiste des religions antiques, qui a récemment publié "Les Cultes à mystères dans l'Empire romain. Païens et chrétiens en compétition"
Mme Marie-Christine Vandoorne, qui a occupé des postes de direction au sein de l'Alliance française ou de l'Institut français aux Pays-Bas, en Irlande, à Paris, Tétouan ou Athènes

PRIX DE POÉSIE
Prix Théophile Gautier
M. Patrice Delbourg, pour "Le Singe du side-car"
Prix Heredia
M. Christophe Manon, pour "Porte du Soleil"
Prix François Coppée
M. Philippe Leuckx, pour "Le Traceur d'aube" (Al Manar)
Prix Paul Verlaine
M. Emmanuel Godo, pour "Les Égarées de Noël"
Prix Lucette Moreau
M. Guillaume Decourt, pour "Lundi propre"

PRIX DE LITTÉRATURE ET DE PHILOSOPHIE
Prix Montyon
MM. Guillaume Alonge et Olivier Christin, pour "Adam et Ève, le paradis, la viande et les légumes"
Prix La Bruyère
M. Paul Clavier, pour "Les Avatars de la preuve cosmologique. Essai sur l'argument de la contingence"
Prix Jules Janin
M. Pierre Deshusses, pour sa traduction des œuvres de Joseph Roth
Prix Mabillon
M. Florent Rouillé, pour sa traduction de l'"Anticlaudianus" d'Alain de Lille
Prix Émile Augier
M. Nasser Djemaï, pour "Les Gardiennes ou le Nœud du tisserand"
Prix Émile Faguet
M. Nicolas Bourguinat, pour "L'Avenir est gros! Temps, espace et destinée dans L'Éducation sentimentale"
Prix Louis Barthou
M. Jean-Félix de La Ville Baugé, pour "Magnifique"
Prix Anna de Noailles
Mme Violaine Huisman, pour "Les Monuments de Paris"
Prix François Mauriac
Mme Lilia Hassaine, pour "Panorama"
Prix Georges Dumézil
M. Alexandre Surrallés, pour "La Raison lexicographique. Découverte des langues et origine de l'anthropologie"
Prix Roland de Jouvenel
M. Paul Saint Bris, pour "L'Allègement des vernis"
Prix Biguet (philosophie)
M. Frédéric Berland, pour "Les Logiques absurdes. De la dialectique néoplatonicienne aux logiques non classiques"
Prix Biguet (sociologie)
M. Mikael Askil Guedj, pour "Médecins malgré vous. Portrait des maladies du XXIe siècle"
Prix Ève Delacroix
Mme Isabelle Sorente, pour "L'Instruction"
Prix Jacques Lacroix
M. Laurent Tillon, pour "Les Fantômes de la nuit. Des chauves-souris et des hommes"
Prix Raymond de Boyer de Sainte-Suzanne
M. Bruno Karsenti, pour "La Place de Dieu. Religion et politique chez les modernes"

PRIX D'HISTOIRE
Prix Guizot
M. Jean-Marc Schiappa, pour "Gracchus Babeuf"
M. Frédéric Régent, pour "Libres de couleur. Les affranchis et leurs descendants en terres d'esclavage (XIVe-XIXe siècle)"
Prix Thiers
MM. Olivier Dard et Jean Philippet, pour "Février 34. L'affrontement"
Prix Eugène Colas
Mme Monique Cottret, pour "L'Europe des Lumières (1680-1820)", coécrit avec Bernard Cottret (†)
M. Michel Pierre, pour "Histoire de l'Algérie. Des origines à nos jours"
Prix Eugène Carrière
Mme Marie Fournier, pour "Nicolas-Guy Brenet (1728-1792)"
M. Pierre Sérié, pour "Résistances à l'idée d'art moderne dans la peinture. Paris, Londres, New York, 1848-1931"
Prix Louis Castex
M. Gérard Guerrier, pour "Rêves d'Icare. Pionniers et aventuriers du vol non motorisé"
Prix Monseigneur Marcel
M. Olivier Guerrier, pour "Visages singuliers du Plutarque humaniste. Autour d'Amyot et de la réception des Moralia et des Vies à la Renaissance"
Mme Anaïs Thiérus et M. Damien Millet, pour "Les Chappuys d'Amboise. Chronique historique d'une famille lettrée de la Renaissance"
Prix Diane Potier-Boès
Mme Ons Trabelsi, pour "Sīdī Molière. Traduire et adapter Molière en arabe (Liban, Égypte, Tunisie, 1847-1967)"
Prix François Millepierres
M. Daniel Marguerat, pour "Paul de Tarse. L'enfant terrible du christianisme"
Prix Augustin Thierry
M. Aurélien Robert, pour "Le Monde mathématique. Marco Trevisano et la philosophie dans la Venise du Trecento"

PRIX DE SOUTIEN À LA CRÉATION LITTÉRAIRE
Prix Henri de Régnier
M. Philippe Lacoche, après "Oh, les filles!" et "Les Ombres des Mohicans"
Prix Amic
Mme Clara Arnaud, après "Et vous passerez comme des vents fous"
Prix Mottart
M. Mokhtar Amoudi, après "Les Conditions idéales"






mercredi 19 juin 2024

Palmarès du prix Bernard Versele 2024

Grand succès pour Adrien Albert et son chantier. (c) l'école des loisirs.
 
Participation record pour le Prix Bernard Versele 2024 de la Ligue des familles: plus de 45.000 enfants ont désigné le meilleur du livre jeunesse parmi les vingt-cinq titres qui leur avaient été proposés au cours de l'année scolaire. 45.040 enfants exactement, soit 6.016 de plus que l'an dernier (résultats 2023 en fin de note).
 
Depuis 1979, année de sa création, la mécanique du prix est bien huilée. Vingt-cinq livres sont sélectionnés par 300 volontaires. Les livres entament alors leurs périples à travers les classes et bibliothèques de Wallonie et de Bruxelles. Chaque enfant participant découvre les cinq livres correspondant à son niveau de lecture. Les enfants lisent seuls ou grâce à la complicité d'un lecteur adulte, avant de voter pour leur préféré. Ils peuvent voter pour leur coup de cœur même s'ils n'ont pas lu la totalité des cinq livres d'une catégorie. Ils peuvent aussi voter en dehors de leur catégorie d'âge.

"En 2024", fait remarquer le prix Bernard Versele, "les choix des enfants ont été marqués par une préférence pour des livres très enfantins, épicés d'un tendre humour. Fait rare pour le Versele, la bande dessinée ressort dans la sélection ainsi que des livres qui s’inspirent de ses codes. Chez les plus grands, c'est aussi une bande dessinée qui sort gagnante, avec un thème plus social et un enjeu d'identification." Ce que confirment les commentaires des enfants. Pour Rosélia, 10 ans, de Boussu, "Mon livre préféré est "Dulcinée" parce que les sorcières n'existent pas donc c'est fantastique." Alaïs, 11 ans, d'Embourg, juge que "c'était super chouette car il y avait beaucoup d'imagination et de fantaisie, j'aime ça. Quand on lit "Les sœurs Hiver", on n'a pas envie de s'arrêter." Léo, 9 ans, de Jemeppe a bien apprécié "Mon passage secret": "Je vais voir si j’ai pas un passage secret chez moi."

Quel enthousiasme pour les albums lauréats en catégorie 1, 2 et 3 chouettes. Ils recueillent chacun environ 10 % des suffrages totaux. Et à raison. A noter que les deux premiers  "Chantier Chouchou Debout" d'Adrien Albert (lire son interview à parution ici) et "Poussin et Renard" de Sergio Ruzzier figurent dans les 30 finalistes des prix IBBY Belgique francophone 2022 (lire ici), le second étant même un des trois lauréats (lire ici).

Palmarès

1 chouette
(dès 3 ans)

Lauréat
Chantier Chouchou Debout
Adrien Albert
l'école des loisirs
 
Le grand nettoyage de printemps de mamie Brosse.

4.490 votes
 
 
 
Label
Couvre-toi!
Françoise Rogier
À pas de loups
 
Aller jouer dans la neige? Oui, mais pas tout de suite.

2.939 votes



2 chouettes
(dès 5 ans)

 
Lauréat
Poussin et Renard
Sergio Ruzzier
traduit de l'anglais par La Joie de lire
La Joie de lire
 
Six journées d'aventures au quotidien en format BD.

4.544 votes
 
 
 
Label
Le petit robot de bois et la princesse bûche
Tom Gauld
traduit de l'anglais par Rosalind Elland-Goldsmith
l'école des loisirs
 
Une histoire d'amour entre un frère et une sœur.

2.671 votes



 

3 chouettes
(dès 7 ans)

Lauréat
Mon passage secret
Max Ducos
Sarbacane
 
Un jeu de piste intergénérationnel. 

5.104 votes
 




Label
Dulcinée – un conte magique
Ole Könnecke
traduit de l'allemand par Svea Winkler-Irigoin
l'école des loisirs
 
Un conte transgressif avec une sorcière-cantatrice. 

1.941 votes



 

4 chouettes
(dès 9 ans)


Lauréat
Miss Chat – Le cas du canari 
Jean-Luc Fromental
Joëlle Jolivet
Hélium
 
Polar nordique avec une détective à l'allure de félin.

1.676 votes

 
 
 
Label
Marie-Aude Brosse 
Denis Baronnet
Roxane Lumeret
Seuil Jeunesse/Le grand bain
 
Un titre au nom de la narratrice, en référence à Mario Bros.
 
1.401 votes
 


5 chouettes
(dès 11 ans)


Lauréat
Babyface
Olivier Balez
l'école des loisirs/ Rue de Sèvres
 
BD tirée du roman "Babyfaces" de Marie Desplechin (l'école des loisirs, 2010), prix Bernard Versele 2013.
 
1.303 votes
 
 
 

Label
Jacqueline: "J'avais 7 ans quand la guerre a éclaté..."
Pierre-Jacques Ober, Jules Ober
Seuil Jeunesse
 
Le point de vue d'un enfant, tiré des mémoires de la mère de l'auteur. 

1.219 votes


* *
*
 
Les livres lauréats en 2023. (c) La ligue des familles.

Palmarès 2013
 
Parmi les vingt-cinq livres sélectionnés en 2022 pour le prix Bernard Versele de la Ligue des familles, 39.024 enfants ont choisi lauréats et labels. Quasi 2.000 de plus que l'année précédente (lire ici).
 

1 chouette (dès 3 ans)


Lauréat

Et si!
Chris Haughton
Editions Thierry Magnier

Label
Un loup sort dans la nuit
Clémentine Mélois
Rudy Spiessert
l'école des loisirs
 
 
 

 

2 chouettes (dès 5 ans)

Lauréat

Tigre
Jan Jutte

Traduit du néerlandais par Inge Elferink
Les éditions des éléphants
 
Label

Porculus
Arnold Lobel
traduit de l'anglais par Adolphe Chagot
l'école des loisirs/ Mouche
 
 
 
 
 
 
 

3 chouettes (dès 7 ans)

Lauréat

(321)
Mari Kanstad Johnsen
Traduit du norvégien par Catherine Renaud
Cambourakis
 
Label

Cachée ou pas j'arrive!
Lolita Séchan
Camille Jourdy
Actes Sud BD
 
 
 

4 chouettes (dès 9 ans)

Lauréat

Résidence beau séjour
Gilles Bachelet
Seuil Jeunesse
lire ici

Label

Boucles de pierre
Clémentine Beauvais
Max Ducos

Sarbacane
 
 
 
 
 
 

5 chouettes (dès 11 ans)

Lauréat
Les gardiennes du grenier
Oriane Lassus
Biscoto éditions

Label

Mission mammouth
Xavier-Laurent Petit
Amandine Delaunay
l'école des loisirs/Neuf
 




lundi 10 juin 2024

Quinze albums, dont "Petits riens", en lice pour la Révélation Livre jeunesse 2024

Les 15 titres présélectionnés en 2024.

Parmi les palmarès à suivre, il y a celui de la Révélation Livre jeunesse 2024 de l'ADAGP (société française de droits d'auteur), récompense créée en partenariat avec la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse afin de valoriser et d'encourager le travail d'auteurs et autrices émergent·es, travaillant ou résidant en France et ayant publié trois albums à compte d'éditeur au maximum dont au moins un entre le 1er juin 2023 et le 31 mai 2024.

Particulièrement en cette édition qui a présélectionné un album publié par la maison belge CotCotCot Editions. "Petits riens" de Marion Pédebernade avait aussi été remarqué à la Foire de Bologne de cette année ( lire ici).




Les 15 albums présélectionnés

  • "La malédiction du royaume de Pépin de Florie Briand" (Éditions Thierry Magnier)
  • "Manqué!" d'Antonin Faure (Les Éditions des Éléphants)
  • "Salade de fruits", de Charline Giquel (L'Agrume)
  • "Minigolf", de Lisa Laubreaux (Maison Georges)
  • "Jeu de Pom", de Léa Louis (Éditions courtes et longues)
  • "Petits riens" de Marion Pédebernade (CotCotCot Éditions, lire ici)
  • "Les fruits et les gumes" de Jérémy Piningre (Éditions 2024, coll. 4048)
  • "La mer, la nuit" de Carine Prache (hélium éditions)
  • "Une petite histoire qui compte" de Morgane Rospars (Éditions Thierry Magnier)
  • "L'adorable ours des neiges" de Lionel Tarchala (Sarbacane)
  • "La Forêt éveillée" de Paul Testelin (Le Genévrier)
  • "Le lendemain" de Tom Vaillant (Éditions Thierry Magnier)
  • "Fjord" de Willy Wanggen (HongFei)
  • "Oreille de géant" de Pierre Zenzius (Éditions Albin Michel)
  • "Coucou !" d'Anne Zeum (Les Fourmis Rouges)


En juin, un jury composé d'illustrateur·ices et de professionnel·les du livre jeunesse désignera la Révélation Livre jeunesse 2024 parmi ces auteurs et autrices.
Le lauréat ou la lauréate recevra 5000 € et bénéficiera également d'un texte critique ainsi que d'une présentation de son travail sur les cimaises de l'ADAGP.

Palmarès

  • Révélation 2023 Rozenn Brécard pour "Le détour" (La Partie, lire ici)
  • Révélation 2022 Marion Kadi pour "Les reflets d'Hariett" (L'Agrume)
  • Révélation 2021 Sahean Parc pour "Papa Ballon" (Éditions 2024)
  • Révélation 2020 Charline Collette pour "Au bois" (Les Fourmis Rouges)
  • Révélation 2019 Anne-Hélène Dubray pour "L'Alphabet cocasse & illustré" (L'Agrume)
  • Révélation 2018 Claire Schvartz pour "Le gravillon de pavillon qui voulait voir la mer" (Les Fourmis Rouges) 

 

mercredi 5 juin 2024

Alan Turing, génie des mathématiques méconnu

Alan Turing. (c) Casterman.
 
Se déroulent actuellement les cérémonies liées au 80e anniversaire du débarquement en Normandie. Elles rappelleront sans doute un homme qui l'a en partie permis, Alan Turing. Le génie britannique des mathématiques brisa en effet Enigma, la machine de cryptage nazie durant la Seconde Guerre Mondiale, et contribua ainsi largement à la victoire des Alliés. L'homme né le 23 juin 1912 eut un destin phénoménal, largement méconnu, lui dont des intuitions scientifiques résonnent constamment dans notre quotidien. Sait-on assez qu'il est aussi le père des ordinateurs que nous utilisons aujourd'hui et que ses travaux ont largement contribué à réaliser l'intelligence artificielle évoquée chaque semaine si pas chaque jour? Une biographie illustrée lui rend justice.

Des intuitions précoces. (c) Casterman.

Quel cœur a battu dans le corps de cet homme, condamné au printemps 1952 en Grande-Bretagne pour homosexualité, et qui se suicida le 7 juin 1954? Il n'avait pas 42 ans. Réponse dans l'extraordinaire, richement documenté et passionnant récit graphique simplement intitulé "Alan Turing", du trio Aleksi Cavaillez aux dessins, Maxence Collin et François Rivière aux textes (Casterman, 264 pages). Si bien sûr, le passage par les services secrets est largement évoqué, les auteurs élargissent leur spectre à l'adolescence avec la rencontre déterminante de Chris et aux années d'après-guerre.
 
Réalisé en noir et blanc avec une encre de Chine sur papier buvard particulièrement expressive, l'album offre une lecture passionnante, mettant en valeur Alan Turing dans toutes les facettes de son humanité, à la fois scientifique inspiré, excentrique avéré, homosexuel assumé, rêveur exalté. On suit le chercheur tout au long de sa vie, depuis son enfance loin de ses parents jusqu'au terme de son existence, en passant par ses années d'études et ses fonctions successives ensuite. Les auteurs ont eu la très bonne idée d'articuler les différents épisodes de la vie d'Alan Turing en marge de la tenue de son procès en 1952, dans le décorum des procès britanniques. 
 
Le procès. (c) Casterman.
 
On découvre dans ce splendide récit un être terriblement volontaire, d'une honnêteté sans faille, un romantique aux amours déçues, un ami solide. Ses découvertes scientifiques sont très présentes dans les pages, en texte et en dessins. Leurs explications sont accessibles au lecteur - mais peuvent être éludées. Le récit biographique, complété d'éléments secondaires plausibles comme une séance de cinéma, se lit d'une traite. Il campe formidablement les aspirations, les doutes, les rêves souvent fous d'un homme emporté par son destin. Une force dont rendent remarquablement compte les illustrations qui bousculent à bon escient les codes du gaufrier classique de la bande dessinée pour faire intervenir graphiquement des éléments scientifiques quand elles ne convoquent d'étranges pingouins dans les parties plus oniriques.
 
Un génie des mathématiques. (c) Casterman.

Sept questions aux auteurs du récit "Alan Turing"
Les trois auteurs sont passés par Bruxelles présenter leur nouvel album qui retrace de manière intime la vie d'un génie qui a marqué l'Histoire. Leur "Alan Turing" va beaucoup plus loin que ce qui a été réalisé jusqu'à présent. Il nous dit le savant et l'homme. Rencontre.

Beaucoup de choses ont déjà été dites à propos d'Alan Turing. Pourquoi ce nouveau roman graphique?

François Rivière. Alan Turing est un personnage tellement extraordinaire à tout point de vue, pour de bonnes et de mauvaises raisons. Le recul fait voir différemment son histoire, notamment la fin de sa vie, qui n'est peut-être pas si étrange quand on le connaît. Nous avons opté pour une biographie non romancée, à la fois sa vie et son activité de mathématicien. Nous avons voulu sortir le personnage d'une légende qui n'était pas une bonne chose pour lui.

Votre livre paraît après beaucoup d'autres choses, des livres, des bandes dessinées, des films.
F.R. Sommes-nous en retard? Non, car il trouve sa place dans l'histoire de la science avec une actualité au sens fort par rapport à l'intelligence artificielle. C'est le moment de donner à Alan Turing une visibilité à travers tout ce qu'il a été. Et ce, de manière honnête. En optant pour sa fin pour une version assez romantique, logique par rapport à d'autres parts de sa vie.
Maxence Collin. La question s'est posée très directement. En réalité, l'idée du livre est très ancienne. Plus de dix ans. Elle est venue de Benoît Mouchart (NDLR: directeur éditorial bande dessinée chez Casterman) dans un train entre Paris et Bruxelles, bien avant le film et la bande dessinée. Fallait-il continuer après ces sorties? Quand on a vu le film et la montée actuelle de l'intelligence artificielle, il nous a semblé que le sujet n'était pas épuisé. Ce qui avait été fait se concentrait seulement sur la guerre et pas sur le reste du travail de Turing. Et comportait un récit un peu tronqué de sa fin. Bien sûr, il y a eu le procès où il a été condamné pour homosexualité et il a subi un traitement de castration chimique. Cela l'aurait-il conduit au suicide? En prenant au complet le tableau de sa vie, on s'est aperçu qu'elle est tronquée. Il avait encore des projets. Certes, le procès a eu une influence sur lui mais cette faille intérieure existait depuis toujours chez Alan Turing. Il a souvent été fait de lui le portrait d'un savant autiste et génial comme s'il était un ordinateur et non un être humain. Nous, le personnage qu'on a trouvé est différent. Il a des amis, tout en ayant le sentiment d'être différent. Il est un poète des mathématiques, sa poésie est humaine.

Quand avez-vous eu l'idée d'entrecouper le procès qui sera fait à Alan Turing en 1952 des différentes périodes de sa vie?

F.R. Nous avons eu l'idée du procès dès le départ. C'est elle qui structure le livre. Mais nous avons choisi un angle narratif autobiographique même si d'autres angles apparaissent ensuite. Nous avions envie de faire parler Alan Turing. Lui-même avait envie d'écrire. Il aurait pu être un écrivain de valeur en plus du scientifique qu'il était. C'était quelqu'un qui ne trichait pas. Il n'était pas un affabulateur.
M.C. La BD est arrivée au bon moment. Il n'est plus un robot manichéen comme il a été présenté. On l'a rendu plus contemporain. On a rappelé sa place dans la conception de l'intelligence artificielle. On a construit l'histoire en faisant le pari avec l'éditeur d'expliquer vraiment le travail d'Alan Turing et de faire comprendre dans les grandes lignes son apport à chaque étape de ses recherches. Cela a été un travail complexe de mouliner toutes ces choses, de les rendre accessibles pour nous-mêmes et d'ensuite y amener le lecteur. Nous avons aussi voulu inscrire ces passages dans une histoire plus humaine, dans une vie dramatique. Nous avons voulu balayer toutes les dimensions de sa vie sans sectoriser.
F.R. Précédemment, on a eu tendance à assécher le personnage en expliquant tout par son enfance. Il a pratiqué la science avec une intuition et un génie extraordinaires. Il a été distingué par Winston Churchill qui avait compris qu'il n'était pas un simple personnage au service de la nation. Nous présentons son enfance, son adolescence, sa vie sentimentale, la déception de sa vie qu'a été le procès. C'est d'autant plus pathétique.
Comment avez-vous opté pour vos choix graphiques?
Aleksi Cavaillez. J'avais différents choix. J'ai d'abord essayé des pages très classiques puis j'ai libéré les cases. Une scène que j'aime particulièrement est celle des pages 164-165 où on voit la machine et le réveil. J'ai voulu montrer comment Alan Turing passait d'une chose à l'autre, J'ai complètement éclaté le dessin.
Les scientifiques apparaissent mécaniques avec des problèmes, des questions. Alan Turing est différent. Ses rêves sont l'enjeu de la bande dessinée. Comment il passe de la vie au suicide. Mais j'ai voulu éviter le psychologisme et maintenir le mystère de son être par pudeur. J'ai voulu donner à sentir un sentiment intérieur tout en brouillant les pistes.
Pour cela, j'ai pioché dans sa biographie et aggloméré divers éléments. Il y a le double personnage de Chris, le clin d'œil à l'intelligence artificielle avec la séquence où on demande de reconnaître l'artificiel entre deux êtres, le vrai et sa copie, l'U-Boot planté dans la glace pour rappeler la guerre. La fin de l'album est un espace entre la banquise et la géométrie. Les pingouins qui s'y promènent sont un élément poétique, rappelant le côté excentrique du personnage.
Comment avez-vous fait pour travailler à trois?
M.C. François et moi, nous nous somme souvent vus. On pourrait presque dire qu'on a écrit le scénario autour d'une tasse de thé.
A.C. Moi j'habite dans la banlieue de Paris. Nous avons beaucoup communiqué entre nous par messagerie instantanée, notamment lorsque je faisais des propositions à propos du scénario.
J'ai dessiné tout l'album de façon chronologique, après avoir conçu un chemin de fer. C'était un travail très complexe.

F.R. Les différentes parties de la vie d'Alan Turing apparaissent au fil du procès, son enfance, son adolescence, son premier amour, ensuite les années à Cambridge, puis la guerre, ensuite l'informatique et les débuts de l'intelligence artificielle. Autant de tableaux à jointurer avec le procès et ses rêves.
Les mères sont très présentes.
F.R. Oui, la sienne d'abord et aussi celle de son ami mort. Quelle émouvante visite il lui a rendue! C'est éclairant sur sa personnalité.
Nous avons pris le parti de la subjectivité pour toucher les moments-clés de sa vie. Il n'y a pas eu beaucoup de femmes dans sa vie. C’est aussi dû à l'époque, l'université dans la Grande-Bretagne des années 30, le camp militaire secret, le laboratoire. Par contre, celles qu'il a rencontrées étaient des femmes très fortes: sa mère, Joan, une femme isolée dans un monde d'hommes où elle n'est pas très à l'aise. Voilà pour les raisons objectives. Il y a aussi des raisons subjectives, comme le fait qu'il était misogyne.

M.C. Nous avons voulu nuancer certains clichés posés sur Alan Turing. Le film parle de brimades et de harcèlement. Nous n'avons pas trouvé de trace de ce harcèlement dans sa bio. Nous avons plutôt découvert quelqu'un qui était souvent un peu "à côté", ce qui pouvait faire croître un malaise. Parfois les gens subissent mais souffrent beaucoup. Nous avons voulu faire une autre histoire que celle de la famille le rejetant. Les rapports peuvent être ambivalents surtout quand ça touche les êtres aimés.
Comment avez-vous dessiné cet album?
A.C. J'ai débuté le travail fin 2021. J'y aurai passé deux ans finalement, le temps d'y réfléchir, d'avoir des idées, de le sentir physiquement, de le faire. Mes dessins originaux sont plus grands que ceux qui sont imprimés. J'ai utilisé de l'encre de Chine, appliquée au pinceau. Je me suis inspiré des photographies en noir et blanc des années 50.
M.C. Photographiquement, on avait beaucoup de matière. Aujourd'hui, on peut visiter le centre secret de Bletchley Park. Le tout a été de replacer les scènes dans le contexte de l'époque. Quel film Alan Turing est-il allé voir au cinéma? "Wings" est plausible. On a surtout voulu éviter de redire encore une fois l'histoire de la pomme de "Blanche-Neige" qui n'est pas certifiée. On s'est permis quelques écarts aussi, pour mieux servir le récit. On a déplacé la nuit des longs couteaux en Allemagne alors qu'elle s'est déroulée en Autriche en réalité, pour donner à sentir la montée du nazisme. Nous avons présenté Alan Turing avec ses premières pensées dépressives, le début de son mal être, dès qu'elles sont apparues, tôt dans sa vie et non sur le tard comme souvent mentionné. Nous évoquons Ludwig Wittgenstein, ce savant juif, et l'hémorragie du monde mathématique parti se réfugier ailleurs.

Une vie hantée par un décès prématuré. (c) Casterman.