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| Témoin silencieux. (c) Bozon2X |
D'où vient l'intérêt, la fascination même, pour les lieux industriels
abandonnés? Ces immenses carcasses métalliques qui se dressent dans un
paysage, imposantes, et nous rappellent qu'il a été décidé qu'elles ont fait
leur temps. Est-ce la même perspective de fin qui émeut? Le rappel du labeur
qu'elles ont hébergé? Leur beauté formelle? Toujours est-il que ces lieux
abandonnés, désaffectés par l'homme et où s'invite maintenant la nature, sont de très
bons sujets d'inspiration pour les photographes Urbex. La preuve encore
dans le magnifiques livre
"On n'a pas retrouvé l'oiseau" (Bozon2X
éditions, 150 pages), où les superbes photos de
Florian Leburton ont vu
se poser sur elles des textes poétiques de
Luc Baba.
"C'est ici, chez moi, à Liège, que tout a commencé", explique le photographe
en préface. "Le haut fourneau B d'Ougrée n'était pas qu'une carcasse d'acier:
il s'érigeait, en vestige, en témoin silencieux d'une époque qui s'effaçait
sous mes yeux sans l'avoir connue. (...) Photographier ces vestiges, c'était
opposer une résistance à l’effacement, reprendre le flambeau de leurs luttes
éteintes par l'usure du temps."
Luc Baba complète: "Il [Florian] a changé ma façon de considérer les sites
industriels au ventre ouvert. Quand mon regard change, il arrive que je
ressente l'urgence d'écrire."
Entrons donc dans ce bon format à l'italienne qui met en valeur ses très nombreuses photos en couleurs. Ce qui frappe immédiatement, outre la beauté des cadrages, c'est le contraste entre le monochrome sépia de la rouille omniprésente en ces lieux abandonnés et les touches de couleur qui ont résisté au temps. Le bleu d'un classeur ou de pupitres de commande, le rouge d'un socle de béton ou d'une bouche d'incendie, le jaune de tubulures de toutes tailles, le vert d'une immense conduite rivetée... Sans oublier le blanc de la lumière naturelle qui passe ici et là, en briques de verre ou fenêtres habituelles.
On avance dans les pages et on découvre l'intérieur d'un lieu qu'on a peut-être aperçu un jour de loin. On est à côté de tout ce qui a fait fonctionner le site industriel, machines en tout genre, canalisations multiples, passerelles, jusqu'aux pupitres de commande et aux armoires à classeurs en passant par les vestiaires. Une immense impression de solitude naît de cette visite, balayée ci et là par une discrète présence humaine. En contrepoint des photos, quelques phrases poétiques rappellent que la vie y a eu sa place un jour.
Photographiés de haut en bas et de bas en haut, à toutes les saisons, en plans larges ou en gros plans, ces lieux où l'acier a été roi voient la nature s'y installer peu à peu. Rien n'est donc figé à jamais. Et la passion des photographes Urbex se comprend facilement. Si le haut fourneau B d'Ougrée est le sujet principal de ce splendide travail, à la fois artistique et documentaire, on trouve
aussi des vues du site des ACEC de Charleroi et quelques friches industrielles
du nord de la France, nous indique l'éditeur.




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