La première page de la nouvelle histoire d'Adrien Albert. |
La première page de son tout nouvel album, "Au feu Petit Pierre" (L'école des loisirs, 36 pages) présentant en couverture une voiture de pompiers comme les enfants les apprécient, est déjà un petit régal. "Cette nuit, dans la caserne, Orang-outan, Jars et Petit Pierre profitent d'un moment calme pour se détendre", signale le texte. Car l'illustration en dit cent fois davantage. On y voit notamment trois lits superposés, Petit Pierre qui lit, Jars qui empile des cubes, des jouets, des casques de pompiers, la célèbre colonne d'accès pour ne pas perdre de temps dans les escaliers et plein d'autres petites choses à repérer.
Cette quiétude ne va guère durer car la sirène retentit dans la caserne des pompiers. Un incendie s'est déclaré quelque part. Les trois pompiers casqués foncent et sautent à bord de leur camion rouge, chacun à son poste. On en verra le détail et la raison d'être en cours de récit.
Il va s'en suivre une aventure pleine d'inattendu et de rebondissements. On découvre au fil des doubles pages à fonds colorés changeants comment Petit Pierre, Orang-outan et Jars vont rivaliser d'habileté pour juguler l'incendie qui ravage toute la ville. Leurs techniques sont souvent originales mais rudement efficaces. Qu'il s'agisse d'aspirer la fumée, de pomper l'eau nécessaire ou de sauver la Mamie de Petit Pierre, en très mauvaise posture sur son bout de plancher, le reste s'étant écroulé.
Encore une fois, la technique des trois pompiers fait merveille.
Première mission de Petit Pierre: arroser Bubulle, le poisson rouge de Mamie. |
Il ne s'agit pas de dévoiler ici la finale des rebondissements pleins de fantaisie mais de saluer l'imagination d'Adrien Albert qui rend toute son histoire logique, un pied dans le domaine des adultes, un pied dans celui des enfants. Sans oublier son talent graphique qui opte pour les couleurs en aplats.
A l'heure du "tout électronique", il est vraiment plaisant de découvrir une histoire aussi fouillée sous son apparente simplicité. Avec des jouets et des idées d'enfants dans des codes d'adultes. Du suspense, de la fantaisie et de l'humour. C'est rudement d'avoir chaud et de trembler avec Petit Pierre!
En 2012, Adrien Albert publie l'album "Simon sur les rails", avec un lapin blanc aux idées aussi originales que bien accrochées.
On y découvre notamment pourquoi les marteaux ont une partie de leur manche peinte en rouge – déjà là, il faut bien regarder les images car le texte ne le mentionne pas. La raison est simple: à la chaîne de l’usine de marteaux, Simon, un lapin blanc, est celui qui porte le coup de pinceau sur le manche.
Il est content, le héros, ravi même. Il part en week-end chez son grand frère. Il ira en train de l’autre côté de la montagne où il est attendu. Sa course joyeuse est arrêtée net par un employé des chemins de fer: le train du soir est annulé. Simon a les oreilles qui en tombent. Et pas du tout envie d’attendre le train du lendemain comme l’y invite son grand frère.
Mais il a de la ressource, le joli lapin blanc, pressé à sa manière. Il va suivre les rails qui mènent à la ville. Besace sur le dos, oreilles au vent, il court sur la voie ferrée pour faire une surprise à son frère. Jusqu’à ce qu’il rencontre un tunnel sombre, inquiétant.Commence alors pour lui une véritable épreuve d’alpinisme. Le lapin est si petit dans les paysages immenses! Une épreuve d’endurance également quand la nuit tombe et noircit les lieux. Au matin, le jeune héros "a tellement marché qu’il ne sent plus ses pattes". Il arrive à l’extrémité du tunnel en même temps que le train. Il ne lui reste qu’à piquer un nouveau sprint en direction de la gare…
Adrien Albert confirme avec "Simon sur les rails" son talent et son charme. Un très agréable graphisme proche de la ligne claire et, surtout, un passionnant rapport texte-images invitant le lecteur à décrypter chacune des pages. Ses histoires sont issues de scènes quotidiennes et conduites de main de maître jusqu’à leur issue, invitant l’humour, l’imaginaire et la magie dans des récits à hauteur d’enfant. Ses albums révèlent de nouveaux détails à chaque lecture.
"Cousa" (L'école des loisirs, 2010), démontrait déjà qu'on ne peut compter que sur soi et sur son imagination.Le titre est le nom d'une petite fille en vacances chez sa grand-mère en compagnie de ses quatre grands frères. L'album raconte le premier jour de ces vacances. Ce moment où chacun cherche ses marques, défend le territoire qu’il s’est attribué.
La brunette en fera les frais. Elle se fait sauvagement remballer par ses aînés quand elle se présente au grenier dont ils occupent l’espace. Pas facile d’être la plus jeune… Au passage, on remarquera leur formidable installation de ville fortifiée, toute en blocs de bois et matériaux de récupération.
Déçue par le refus du chat et de la grand-mère qui lui préfèrent la sieste, Cousa sort dans le jardin. Tiens, un trou dans la haie. Un passage? Oui, vers la rivière proche. Elle y entre avec plaisir quand son regard est attiré par des mouvements dans les buissons.
Un ours sort de la verdure, aussi brun qu’elle, mais aussi grand qu’elle est petite. Cousa est terrifiée, surtout quand il s’approche. Mais il se détourne. Il a autre chose à faire et s’en va. La fillette a eu chaud mais elle se sent fière d’elle. Toutefois, elle ne partagera l’aventure ni avec sa grand-mère ni avec ses chamailleurs de frères. Cousa est comme elle est et c'est comme cela qu'on l'aime.
Tout à fait d'accord avec ce que tu dis de ces albums. J'apprécie aussi énormément cet auteur de talent !
RépondreSupprimer(mon billet sur Simon sur les rails : http://tiroirahistoires.canalblog.com/archives/2013/10/05/28151491.html)