Nombre total de pages vues

jeudi 26 juin 2014

LA6 livres à offrir pour les vacances

Six livres à offrir à ceux ou celles qui remporteront mon petit concours.
Le premier de ce blog (merci aux maisons d'édition). A découvrir en fin de note.
Et aussi parce que je suis fière d'avoir passé le cap des 150.000 consultations.

Six livres, soit trois exemplaires de "Sagan 1954" d'Anne Berest (Stock, 194 pages) et trois exemplaires de "Mai 67" de Colombe Schneck (Robert Laffont, 258 pages). Deux titres qui se clignent joliment de l’œil et constituent une excellente lecture pour les vacances qui se profilent. Ou pas.

En commun, ils ont:
  • qu'ils sont des commandes
  • que les commandes initiales ont été détournées
  • qu'ils mêlent la réalité et la fiction
  • qu'ils dépeignent un personnage et son époque
  • que leurs auteures se connaissent et se sont parfois concertées pour écrire certains passages
  • que leurs héroïnes se sont croisées dans la vraie vie
  • qu'ils sont très réussis.

En particulier,
  • le premier rend hommage à sa façon à "Bonjour tristesse", de Françoise Sagan, tout juste 18 ans lors de sa sortie chez Julliard il y a soixante ans,
  • le second se penche sur un épisode amoureux heureux de Brigitte Bardot, 32 ans, alors à l'acmé de sa beauté.

Anne Berest. (c) Alexandre Guirkinger.
Dans "Sagan 1954", Anne Berest ne se contente pas de composer le journal de l'année de la sortie de "Bonjour tristesse". Elle fait continuellement résonner ce travail de recherche et d'écriture avec sa  propre vie, douloureuse à cette époque suite à sa séparation du père de sa fille. Et c'est précisément ce qui donne toute sa valeur à son troisième roman.

C'est un livre de commande, on le sait, mais aussi le fruit de rencontres: "Mon roman précédent, "Les patriarches" (Grasset, 2012)", m'explique Anne Berest, de passage à Bruxelles, "a été finaliste du prix Françoise Sagan. Il a été lu par Denis Westhoff (NDLR: le fils de Françoise Sagan), que j'ai rencontré pour la première fois le soir de la remise du prix. En septembre, il a repris contact avec moi. Il cherchait une jeune romancière pour écrire très vite un livre sur sa mère, pour les 60 ans de la sortie de "Bonjour tristesse". C'est donc un livre de commande mais j'ai fait du sujet mon roman. Ce n'est ni un travail de biographe, ni un travail de romancière. Je l'ai écrit très vite, en cinq mois. Ma vie personnelle était compliquée à ce moment mais je me suis sentie accompagnée comme quand on traverse une épreuve et qu’elle est adoucie grâce aux gens qui vous entourent."

On se rappellera que les éditions Stock ont entrepris de rééditer tout l’œuvre de Françoise Sagan, l'initiative de Jean-Marc Roberts étant aujourd'hui poursuivie par Manuel Carcassonne.

"Sagan 1954" dresse aussi un remarquable tableau de la société française alors. "1954", poursuit la romancière, "c'est Dien Bien Phu, une défaite monumentale de la France. C'est aussi un pays en reconstruction après la guerre, qui tente de remettre la machine économique en route. J'ai eu grand plaisir à faire des recherches et à écrire ce roman historique même s'il est quasiment contemporain. Comment était alors Paris? Comment s'habillait-on? C'est quoi être une jeune fille en 1954? Pourquoi le scandale à la sortie du livre? Je voulais que le décor soit le plus juste possible. J'ai essayé de transposer et de transmettre ici mon plaisir de lectrice."

Le roman est également un formidable portrait de Françoise Quoirez, avant qu'elle ne devienne Françoise Sagan, pseudonyme inspiré par Proust. Anne Berest a fait des recherches, lu des livres, visionné des films, a rencontré Florence Malraux, l'amie de toujours de Françoise  ("elle a été mon sésame en me disant que je pouvais avoir confiance dans la direction très particulière que je choisissais; elle a été ma baguette magique"), et aussi un de ses biographes. Et puis, après tout cela, elle s'est fiée à elle-même. "J'ai juste essayé d'être honnête, les moments imaginés sont annoncés au lecteur. Je fais la différence avec les scènes historiquement vraies."

Cela donne un épatant roman, personnel et historique, où se dessine l'itinéraire d'une femme peu commune. Bernard Frank disait: "Sans Sagan, la vie serait mortelle d'ennui." Anne Berest le confirme. "Elle a été un écrivain à succès mais à aucun moment, elle ne semble avoir eu le début du commencement d'une grosse tête. Elle prend tout  à la blague. Elle trouve qu'on fait beaucoup de foin pour ce qu'elle a écrit. Cette nature donne à réfléchir. Ne pas se prendre au sérieux, c'est être plus léger, plus ouvert à l’autre, offrir plus de place à  l'altérité. Le corollaire est que si on ne se prend pas au sérieux, les autres ne vous prennent pas au sérieux. Elle en a souffert. Son écriture n'a pas été prise au sérieux. Un peu comme Colette. C'est le contraire de la posture du grand écrivain. J'ai découvert la complexité d'un être plein de choses qui m'ont passionnée. Elle a été hors norme toute sa vie, déjà à douze ans! Elle était une petite fille drôle, désinvolte. Je l'ai découverte comme si je découvrais un personnage de roman. Elle nous rend un peu plus grands que nous-mêmes. Il n'y a pas un moment de sa vie que j'aie trouvé décevant. Ses promesses d'ado, elles les a tenues toute sa vie. Sa vie, cela a été aimer, être généreuse, polie, délicate."

Même si on connaissait en gros l'itinéraire de l'auteur de "Bonjour tristesse", le livre d'Anne Berest nous le fait ressentir de l'intérieur, dans l'intimité familiale, avec les parents, le frère, la sœur, les amis et la rencontre avec René Julliard. Avec les repas, les fêtes et les sorties, les dépenses et les projets d'achats, les moments de solitude pour écrire et la joie de retrouver les autres ensuite. Sans oublier les séances de photos dont certaines sont reprises dans le volume.

Au terme de cette aventure littéraire qui est allée de pair avec l'apaisement de ses propres tourments, Anne Berest dit se sentir définitivement en phase avec Sagan. Et elle ajoute: "Maintenant, durant la promotion du livre, je parle beaucoup d’elle, je continue à me plonger dans ses livres. Sa compagnie est délicieuse."


Colombe Schneck. (c) Opale.
Dès l'entame de "Mai 67", on reconnaît le style d'écriture particulier de Colombe Schneck, court, rapide et tellement évocateur. Qui plaît ou pas. En tout cas, à moi, il me plaît beaucoup. "J'ai un style rapide", reconnaît Colombe Schneck, de passage à Bruxelles. "Mais je réécris beaucoup, jusqu'à vingt fois, pour enlever, enlever, enlever... Encore davantage ici parce que c’était une commande."  Un travail de plus de quatre ans. "Je voulais qu'il n'y ait rien de sucré, pas un mot en trop. Je voulais de la simplicité. J'ai fait plein de versions différentes jusqu'à trouver la bonne. Les meilleurs passages sont ceux qui sont écrits naturellement, très vite, sans hésitation."

Ici ses phrases courtes racontent les dix semaines de l'histoire d'amour que vécurent Brigitte Bardot et un technicien de cinéma originaire d'Oujda et installé à Paris. Rien n'est vrai bien entendu dans "Mai 67" mais tout pourrait l'être... "Au départ", précise la romancière, "ce livre est une commande des Editions Robert Laffont. Ils voulaient un livre sur Brigitte Bardot. J’ai donc lu son autobiographie. Une de ses phrases m’a permis de faire "Mai 67", celle où elle raconte sa rencontre avec un jeune homme qui est un "pansement sur son cœur"."

Voilà un beau roman, tout en finesse, où on découvre la femme malheureuse derrière l'actrice considérée alors comme la plus belle et la plus célèbre femme du monde. "Je l'ai retrouvé, cet homme, ainsi que d'autres personnes qui connaissaient la jeune femme généreuse qu'était Brigitte Bardot, "Bri" dans les lettres qu'elle lui écrivait. Je l'ai beaucoup regardée en photos, sa façon de se tenir, ses gestes aériens, sa bouche entrouverte. Elle avait 32 ans alors, elle était à l'acmé de sa beauté. C'est dur d'être l'objet de tant de désir. La période du livre a été une parenthèse enchantée pour elle. Dans tous mes livres, je cherche la parenthèse enchantée. C'était la grand-mère dans "La réparation", dans "Mai 67", c'est ce jeune homme qui s'est offert à elle, même si ça se termine. Ce n'est pas la fin qui m'intéresse mais le fait que cela ait existé." A l'époque, BB venait de se marier avec Gunther Sachs et n'était pas vraiment heureuse avec son riche mari. "Tout le monde l'aime sauf son mari."

Ce tournage à Rome a permis la rencontre que décrit Colombe Schneck. La romancière raconte la femme qu'elle est mais aussi l'époque qui est la sienne. "Dans le livre, je fais le portrait de la France. Je raconte la période de la fin des années 60. Même si elle comportait des malheurs, comme le chômage, c'était aussi la modernité, la révolution sexuelle. Brigitte Bardot a été révolutionnaire à sa façon." Aujourd'hui, on l'a oublié devant ce que l'actrice est devenue. "Mais alors, elle montre son désir, elle aime les hommes, elle aime l'amour physique. Elle est très physique.Elle a été victime de grandes violences. Elle a été insultée, trahie, elle a connu des histoires d’amour très tristes. Elle était une jeune femme pleine de bonté et vit cadenassée quelque part aujourd’hui. Ce qu’elle est devenue est l’expression d’une grande tristesse?"

"Mai 67" est écrit à la première et à la deuxième personne. C'est le technicien qui parle à Brigitte Bardot, qui raconte leur histoire, depuis leur première rencontre, quand il a définitivement craqué pour elle. En contrepoint, il indique quel jeune homme un peu benêt il était, mais aussi combien amoureux et sensible. "Je me suis mise dans la peau d’un homme", explique encore Colombe Schneck. "Coucher avec une fille avant la pilule, c'était toucher le gros lot. Je n'ai pas essayé de faire l’homme. C'est toujours moi le narrateur. J'ai écouté les hommes mais je n'ai pas essayé de les reproduire. J'adore Philip Roth. Je vois comment il écrit sur les femmes. Le personnage masculin est complètement inventé mais Brigitte Bardot aura été sa professeure d’amour. Après elle, après leur histoire, il rencontrera la femme de sa vie."

Ce beau roman est rempli de détails piquants sur Rome et la Dolce Vita. "J’ai passé une semaine à la Villa Médicis à Rome en juin 2013 pour l'écrire", raconte l'auteure. "Les débuts de l’histoire ont été plus faciles à faire. Raconter le délitement a été plus difficile." Demeure le personnage central, épris de liberté, de fantaisie et révolutionnaire. Et naît chez le lecteur, l'envie furieuse de se rendre à Rome illico.
 
Et pour finir, comme promis, le concours permettant de remporter un des six livres offerts pour l'été.Merci de répondre par mail à  blog.lucieandco@gmail.com et d'indiquer quelle est votre préférence entre "Sagan 1954" d'Anne Berest (Stock) et "Mai 67" de Colombe Schneck (Robert Laffont). Un tirage au sort départagera les éventuels ex-aequo.
La question: quels sont les titres des premiers romans d'Anne Berest et de Colombe Schneck et chez quels éditeurs ont-ils été initialement publiés?




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire