Prof de français depuis trois ans dans un lycée dit "sensible" de Seine-Saint-Denis, Mathilde Levesque raconte avec grâce et humour son quotidien à l'école sur Facebook. Mat Hild, c'est elle. Bons mots, associations d'idées, réparties inattendues... On rigole de ce qu'elle partage de ses cours et de ses sorties scolaires. On sourit aussi devant l'imagination et l'esprit d'à propos des élèves comme de la prof, agrégée de lettres modernes et docteur en langue et littérature françaises.
Ces dialogues entre élèves ou prof-élèves auraient pu s'effilocher au gré des souvenirs que laissent les réseaux sociaux. Et ç’aurait été dommage. Joie, ils sont réunis dans un livre au titre drôlatique, "LOL est aussi un palindrome" (First Editions, 192 pages) - on est prof de français ou pas.
Le recueil est conçu comme un journal de bord de l'année scolaire, avec le bac en point final, enfin officiellement. De septembre à juin, le mois commence par un résumé en plusieurs points: nombre d'élèves présents, état des troupes, état du prof, événements marquants. Puis viennent les échanges, pleins de piquant, de complicité, d'autodérision, de confiance, d'humour et finalement d'estime réciproque et d'amour.
"Ah mince... Vous ne savez pas", conclut un élève devant le silence de la prof à qui il avait demandé "Madame, "nous serons", ça s'écrit avec un s ou avec un t?"
La question du voile (en "mode décapotable" ou en "nénuphar") revient régulièrement bien entendu, tout comme celles de l'homophobie et de la misogynie, mais de quelle manière! Sans moquerie. Avec une énorme attention à comprendre le pourquoi de ces réactions, sans varier de sa propre position. "Journal d'une prof au bord de la crise de rire" est l'impeccable sous-titre de l'ouvrage.
Ponctué de délicieux "Avouez" et de "[tchip]", "LOL est aussi un palindrome" est un recueil qui fait du bien car il donne un point de vue sur un coin du 93 où le cours de français fonctionne et est apprécié - il n'est sans doute pas le seul endroit. A l'image des réussites que génère le microcrédit.
Il conte une expérience qui fonctionne à un moment donné, mais qui, on le comprend, nécessite de l'huile de coude et une attention constante. Une faculté d'adaptation à l'humeur du jour de la classe aussi. Une propension à l'empathie avec les ados. Mais du "Qui a dit: "L'important c'est de participer"? Réponse: Un perdant" au sms où l'iPhone modifie le "problèmes sur l'autoroute, serai en retard" en "problème sur l'autorité, serai en retrait", tout est excellent et agréablement mis en pages.
Il donne une image positive de ces élèves étiquetés "difficiles" et cantonnés à cette étiquette. Sans angélisme ni naïveté, il est réconfortant de voir qu'un enseignement plus ouvert donne de plus beaux fruits. On admire la connaissance précise du français qu'ont ces garçons et ces filles. Et qu'est-ce qu'on rigole avec eux! Ils n'ont pas l'humour en poche et leurs associations d'idées sont souvent épatantes.
En consignant ces échanges, en en oubliant sans doute d'autres, Mathilde Levesque signe une superbe déclaration d'amour à son métier. Et montre que l'envie d'apprendre et de s'en sortir est plus souvent là qu'on ne le pense en général.
Ces dialogues entre élèves ou prof-élèves auraient pu s'effilocher au gré des souvenirs que laissent les réseaux sociaux. Et ç’aurait été dommage. Joie, ils sont réunis dans un livre au titre drôlatique, "LOL est aussi un palindrome" (First Editions, 192 pages) - on est prof de français ou pas.
Le recueil est conçu comme un journal de bord de l'année scolaire, avec le bac en point final, enfin officiellement. De septembre à juin, le mois commence par un résumé en plusieurs points: nombre d'élèves présents, état des troupes, état du prof, événements marquants. Puis viennent les échanges, pleins de piquant, de complicité, d'autodérision, de confiance, d'humour et finalement d'estime réciproque et d'amour.
"Ah mince... Vous ne savez pas", conclut un élève devant le silence de la prof à qui il avait demandé "Madame, "nous serons", ça s'écrit avec un s ou avec un t?"
La question du voile (en "mode décapotable" ou en "nénuphar") revient régulièrement bien entendu, tout comme celles de l'homophobie et de la misogynie, mais de quelle manière! Sans moquerie. Avec une énorme attention à comprendre le pourquoi de ces réactions, sans varier de sa propre position. "Journal d'une prof au bord de la crise de rire" est l'impeccable sous-titre de l'ouvrage.
Ponctué de délicieux "Avouez" et de "[tchip]", "LOL est aussi un palindrome" est un recueil qui fait du bien car il donne un point de vue sur un coin du 93 où le cours de français fonctionne et est apprécié - il n'est sans doute pas le seul endroit. A l'image des réussites que génère le microcrédit.
Il conte une expérience qui fonctionne à un moment donné, mais qui, on le comprend, nécessite de l'huile de coude et une attention constante. Une faculté d'adaptation à l'humeur du jour de la classe aussi. Une propension à l'empathie avec les ados. Mais du "Qui a dit: "L'important c'est de participer"? Réponse: Un perdant" au sms où l'iPhone modifie le "problèmes sur l'autoroute, serai en retard" en "problème sur l'autorité, serai en retrait", tout est excellent et agréablement mis en pages.
Il donne une image positive de ces élèves étiquetés "difficiles" et cantonnés à cette étiquette. Sans angélisme ni naïveté, il est réconfortant de voir qu'un enseignement plus ouvert donne de plus beaux fruits. On admire la connaissance précise du français qu'ont ces garçons et ces filles. Et qu'est-ce qu'on rigole avec eux! Ils n'ont pas l'humour en poche et leurs associations d'idées sont souvent épatantes.
En consignant ces échanges, en en oubliant sans doute d'autres, Mathilde Levesque signe une superbe déclaration d'amour à son métier. Et montre que l'envie d'apprendre et de s'en sortir est plus souvent là qu'on ne le pense en général.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire