Nombre total de pages vues

mardi 9 décembre 2025

C'était comment hier? Et avant-hier?

L'école d'hier en figurine de bois découpé par Bruno Heitz.

Vertigineuse est la constatation des changements et des progrès qui ont eu lieu en un siècle. Les enfants d'aujourd'hui, en tout cas ceux d'ici, peuvent-ils imaginer une vie dans portable, sans supermarché, sans console, sans....? Et pourtant, il ne faut pas être bien vieux pour s'en souvenir. Bien sûr, il y a déjà eu des albums pour enfants racontant le temps de leurs parents ou de leurs grands-parents. Sur le mode humoristique comme James Stevenson (lire ici) ou plus documentaire avec le duo Hélène Lasserre et Gilles Bonotaux.
 
Bruno Heitz avait déjà fait des livres d'histoire et même d'histoire de l'art. Ici, dans les deux albums qui paraissent simultanément chez deux éditeurs, il utilise le procédé du ping-pong-pong. C'est-à-dire que la question initiale des enfants trouve une première réponse donnée par la génération au-dessus d'eux et une seconde réponse par la génération précédente. Mais c'est à la mode Heitz, drôle, efficace, ludique. Les spécialistes de son œuvre et les passionnés reconnaîtront quelques personnages emblématiques, Jojo ou ceux de sa série qui se déroule à Saint-Saturnin.
 
Le titre du premier album en question est clair, "L'école d'aujourd'hui, d'hier et d'avant-hier!" (Le Genévrier, 48 pages) soit les années 2020, 1980 et 1950. On va y trouver une série de sujets, chacun développé en trois doubles pages, la photo de classe, le tableau, la mixité, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture, la cantine, le sport, la fête de fin d'année. On commence au présent, avec les questions de l'autorisation parentale pour la photo, de l'imprimante qui ne fonctionne pas, du bio dans les repas, etc. La scène se termine par un "de mon temps...", prononcé par l'un ou l'autre.
 
Saut dans le passé avec une séquence dûment documentée lançant des pistes comme le journal intime ou le massicot. Elle se termine elle aussi par un "de mon temps" qui donne la parole à quelqu'un d'encore plus ancien. L'occasion d'autres découvertes avec le photographe et son appareil en bois, les ardoises, la plume sergent-major, la rivalité des sportifs Bobet-Coppi... 
 
On en apprend des choses dans ces saynètes qui présentent des gamins attachants à toutes les époques, qu'on retrouve de sujet en sujet. Des garnements parfois, mais tellement justes. On croise aussi leurs parents, avec leurs qualités et leurs défauts, et des instituteurs débrouillards, adorables et diplomates. On rit et on sourit devant les expressions de tous ces humains de tous les âges et de toutes les générations. Les dessins expressifs complètent les textes. Au lecteur de les déchiffrer, ce qui lui permettra de réfléchir à ces évolutions: qu'y a-t-on gagné et aussi, en douce, qu'y a-t-on laissé? Impeccable et riche travail sous son apparence légère. 
 


La séquence à propos de la photo de classe. (c) Le Genévrier.


 
Bruno Heitz applique le même principe quand il étudie notre quotidien dans "Comment on vivait avant?" (Casterman, 64 pages). Il y passe à son tamis humoristique et documenté "un siècle de révolutions du quotidien". Il a retenu pour sa farandole dix sujets allant du téléphone à l'éclairage en passant par la nourriture, l'information, le cinéma, le courrier... On remonte le temps de 2020 à 1970, puis à 1920 cette fois. Parfois 1940. C'est tout aussi passionnant et étonnant. Combien de bouleversements les familles n'ont-elles pas connu en un siècle? Autant de sujets à partager entre générations.
 


Les premières pages de "Comment on vivait avant?" (c) Casterman.

 
 
 
Précédemment, Bruno Heitz avait publié
 
L'histoire de l'art en BD

Marion Augustin, Bruno Heitz
album jeunesse
Casterman, octobre 2025
 
Le coffret réunit sept albums BD déjà parus, les quatre premiers retraçant l'histoire de l'art, "De la préhistoire au Moyen Âge", "Du Moyen Âge à la Renaissance", "De la Renaissance à l'époque classique", "De l'époque classique à l'art moderne" et trois monographies, "Monet et les impressionnistes", "Vincent Van Gogh" et "Léonard de Vinci".
 

Les animaux malades de la peste

Jean De La Fontaine, Bruno Heitz
album jeunesse
Éditions du Genévrier, octobre 2023
 
La version intégrale d'une des fables les plus connues de La Fontaine. Avec sa célèbre morale "Selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir". Les illustrations accentuent encore l'ironie du texte qui afflue derrière l'apparente urbanité des échanges.

 
 
La Civette
Bruno Heitz
roman littérature générale
On Verra Bien, juin 2024

Première incursion en littérature générale, première réussite. On retrouve dans ce roman l'art de raconter de Bruno Heitz. L'histoire se déroule à Villeneuve-les-Granges, un petit village plein d'habitudes plus ou moins honnêtes. Alors quand le bon docteur Leroy est remplacé par un médecin moderne, auscultant les gens et ne prescrivant congés et médicaments que s'ils sont nécessaires, ça coince. Et c'est bien là que le primo-romancier excelle. Il s'agit d'un texte seul mais on voit ses BD tant il raconte bien ce milieu. Il nous trousse ainsi un excellent petit polar rural avec mort suspecte, soupçons, gazetier local, piliers de bistrots... Une ribambelle de personnages, un peu moqués, jamais caricaturés. Un art subtil de l'équilibre pour un excellent moment de lecture.
 
 
Le Garage de Gégé: Les dessous de Saint-Saturnin

Bruno Heitz
bande dessinée
Gallimard BD, juin 2023
 
Le quatrième titre de la série se déroulant en province, à Saint-Saturnin précisément (lire ici). Gégé a installé son garage à la place de l'ancienne station-service. Mais il semblerait que, dans son atelier, on n'y fasse pas que réparer des voitures: entre les piliers de garage, les véhicules qui sillonnent la région en douce et les voix inconnues qui sortent des murs... c'est à nouveau Annie, la coiffeuse de la rue Carnot, qui flaire l'embrouille! Une nouvelle intrigue explosive et rondement menée dans le petit monde si bien croqué.
 
 

lundi 8 décembre 2025

Y a-t-il un style d'écriture présidentiel?

 
Ils font fort chez Fayard! Deux bouquins qui sortent avec le même titre la même année, un petit "Le" distinguant le second du premier. Découverte faite en cherchant sur Google la couverture du livre de l'ex-président français, "Le journal d'un prisonnier" de Nicolas Sarkozy (l'autre, sans le "le" est de Gilles-William Goldnadel et est sorti en janvier). Celui-ci sera en librairie ce mercredi 10 décembre mais il a bénéficié d'une belle campagne de teasing de la part du groupe Bolloré, propriétaire de la maison d'édition comme de plusieurs médias qui en ont donné les "bonnes feuilles". Une "exclusivité" largement partagée le 6 décembre, Europe 1, Le Figaro, le JDD, Gala...
 
Faut-il lire cet essai définitif de 216 pages sur l'emprisonnement sur base d'une expérience de trois petites semaines, du 21 octobre au 10 novembre? La réponse ne fait pas de doute, d'autant que les médias en ont déjà donné l'essentiel. A savoir que Sarko n'est plus ami avec Emmanuel Macron qui ne l'a pas prévenu du retrait de la légion d'honneur mais avec Marine Le Pen avec qui il estime une alliance indispensable.

Que penser des comparaisons malheureuses, Dreyfus étant convoqué, des yaourts ingurgités en masse par l'auto-proclamé martyr, du jogging sur un tapis de course, des prières et du projet d'aller à Lourdes, du fait que Giulia était malade le jour où il est entré à la Santé, du gris omniprésent et du bruit très dérangeant. Écrire dans le bruit, cela s'apprend, Nico. Tous ceux qui travaillent dans un espace paysager le font.
 
Ce qui frappe surtout dans ces pages mièvres, c'est la pauvreté du style, le ton geignard, les formules toutes faites qui fatiguent. Pour finir, on lit le "Journal d'un prisonnier" pour y débusquer les faiblesses stylistiques. Tellement nombreuses qu'elles méritent un coup de Kärcher. Comme les idées y avancées sans doute. Et dire que ce produit d'une rédaction express va se vendre.
 
* *
 
En revanche, ce style ouin-ouin me rappelle un autre livre, dû à un autre ex-président français: "La Princesse et le Président" de Valéry Giscard d'Estaing (de Fallois-XO), sorti à l'automne 2009. Une vraie-fausse autofiction à propos de son idylle avec la Princesse Diana sur laquelle j'avais écrit ceci dans "Le Soir" à l'époque.
L'ont-ils fait ou non? La question a acquis de l'importance depuis que Bernard Fixot, coéditeur avec Bernard de Fallois du nouveau roman de Valéry Giscard d'Estaing, "La Princesse et le Président", a fait savoir que l'auteur, son beau-père, se serait inspiré pour le faire de son idylle avec la princesse Diana.

Réponse dans l'hebdomadaire "Le Point" de ce jeudi: l'ancien président de la République française y dément toute "histoire" avec Lady Di.
"N'exagérons rien. Je l'ai connue un peu, dans un climat de relation confiante. Elle avait besoin de communiquer (…) J'ai voulu lui rendre hommage (…) Ses sentiments profonds, c'étaient la déception et le besoin d'être aimée."

Doute dans le livre, dont la distribution en librairie a été avancée à aujourd'hui (24/09/09).
"Promesse tenue… ", annonce l'exergue. Assez pour déchaîner les rumeurs. Assez pour braquer les projecteurs sur un roman qui serait passé inaperçu, tout écrit qu'il soit par un membre de l'Académie française.

Kitchissime, il déroule une banale histoire à l'eau de rose. Mais les histoires de princesse ont toujours fait rêver l'Hexagone républicain. Par un médiocre procédé littéraire, il double la voix du Président de celle d'une secrétaire confesseuse. Surtout, ses phrases paraissent sortir de la bouche de l'ancien chef d'Etat. Et on a de la peine à ne pas le lire à voix haute, à la manière de l'auteur, la bouche pleine de patates chaudes.

Par cette opération pub réussie, un ouvrage tiré initialement à 100.000 exemplaires double sur la ligne d'arrivée celui d'un autre ancien président. "Mémoires de Jacques Chirac" (Nil), annoncé au 1er octobre, est reporté au 5 novembre: la photo de couverture le présentait une cigarette à la bouche!

V. Giscard d’Estaing, La Princesse et le Président, de Fallois-XO, 268 p., 19,9 euros.
 



 

vendredi 5 décembre 2025

"L'Art de l'autre" superbement célébré à Montreuil

Benoît Jacques et Susie Morgenstern, Grandes Ourses 2025 et 2024 du SLPJ.

Montreuil 2025, c'est fini. Depuis lundi soir déjà. Mais le temps de rentrer, de se remettre, de guérir le rhume, de parer aux urgences, on est déjà vendredi. Retour sur quelques temps forts.

Première impression: le monde! 196.000 visiteuses et visiteurs, un poil moins que l’an dernier (198.000). Un beau succès pour la 41e édition du Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-St-Denis qui était consacrée à "L'Art de l'autre". Six artistes coréens étaient présents, Min-seok Ha, Hye-eun Kim, Minu Kim, Soyung Lee, Gee-eun Lee et Seoha Lim. Un focus était fait sur les éditions helvétiques et sur les éditions africaines. Sans oublier l'habituelle Librairie Wallonie-Bruxelles. L'accès au Salon était gratuit pour tous, moyennant inscription en ligne.

Deuxième impression: l'ambiance chaleureuse, au propre et au figuré, le plaisir des retrouvailles et des découvertes, et le mélange des âges des visiteurs découvrant 400 maisons d'édition de toutes tailles, des plus grandes aux plus petites, ces dernières souvent présentes sur des stands collectifs ou alignées dans le grand marché et son nouveau couloir tout rouge.

Troisième impression: la générosité des artistes de la littérature de jeunesse lors des dédicaces et des rencontres. Peu importe les files d'attente et celles devant les stars des romans pour adolescents étaient impressionnantes, il y avait échange de part et d’autres des tables.
 
Quatrième impression: le grignotage constant de l'espace du Salon par les maisons d'édition publiant les séries, donjons, dragons, romance de toutes les couleurs, enfer et paradis que s'arrachent les ados. Mais au moins, ils lisent.

Les prix

Les Pépites, c'est ici.
 

La Grande Ourse, c'est ici. Notre Benoît Jacques (il est Belge même s'il habite en France) succède pour un an à Susie Morgentern. Il lui a adressé cet hommage, en alexandrins, lors du passage de témoin. 
"Ô Suzie, toi la Reine, l’Impératrice,
À la légendaire douceur protectrice,
Aujourd'hui, pour un court, un fugace moment;
Une minute, une seconde, un tout petit instant,
Il rayonne sur ma modeste carrière,
Un peu de ton éblouissante lumière,
Car, si chaque nuit scintille la Grande Ourse,
Le temps lui, demeure obstiné dans sa course.
Aussi, avant que pour moi ne s'amorce la pente,
La fatale, l'inexorable descente,
Reçois, Ô Suzie, en cet instant de bonheur,
La gratitude de ton humble successeur.
Quant à cette constellation je la partage
Avec celles et ceux auxquels je dois cet hommage."
 
Benoît Jacques a aussi permis un bon moment à la Télé du Salon lors de son interview par Lucie Servin (replay ici). L'occasion de mieux connaître le maître de la marge, le professionnel de l'autoédition avec ses Benoît Jacques Books, une centaine actuellement.
 
Les livres de Benoît Jacques rassemblés par Lucie Servin.

Les expos

L'exposition "regards croisés" a rassemblé deux par deux six artistes. Pas d'originaux mais une très belle scénographie extrêmement bien architecturée offrant parcours labyrinthiques et expériences sensorielles. "Tendre la main" avec l'humour de Csil et Gee-eun Lee, "Ouvrir les bras" avec la nature au cœur des livres de Caroline Gamon et Jeanne Macaigne, "Donner de la voix" avec la pratique artistique de Pauline Barzilaï et Maeva Rubli.  
 


Des expositions ludiques et artistiques.

Les rencontres

Parmi les dizaines rencontres organisées durant les six jours de la manifestation, pointons la chance qu'a eue le public - nombreux - d'assister à l'épatant dialogue sur l'information aujourd'hui entre l'Irlandais Chris Haughton, dont "Histoire de l'information" vient de sortir en français (Thierry Magnier Éditions) et les deux Ukrainiens, Romana Romanyshyn et Andriy Lesiv, auteurs du documentaire sur la communication "Tout le monde se parle!" (Rue du monde). 
 

Et au fil des allées, la joie de découvrir Philippe Dumas en train de signer chez MeMo qui réédite certains deux ses albums, "La reine des abeilles" (paru chez Grasset en 1984) et "Colin et Pauline", sur les vers libres d'Anne Trotereau (paru à l'école des loisirs en 1995), après lui avoir consacré en juin une passionnante monographie par Michèle Cochet, "Morceaux choisis" (256 pages).

Philippe Dumas.




jeudi 4 décembre 2025

366 poèmes animaliers illustrés

Les premiers jours de janvier. (c) Gallimard Jeunesse.
 
Restons en poésie,
selon un calendrier aussi (lire ici) mais avec les animaux comme focale. Il s'agit de l'épais recueil en bon format "Une année en poésie avec les animaux". Les poèmes ont été choisis par Emmanuelle Leroyer et ils sont superbement illustrés par Britta Teckentrup (Gallimard Jeunesse, 320 pages). L'idée, mentionnée en couverture, est excellente: "Un poème à partager chaque jour". Des textes brefs pour la plupart, parfois des extraits, de quoi accompagner les enfants de poésie animalière toute l'année.
 
Une chose surprend, le nom de l'illustratrice. Car Britta Teckentrup ne travaille pas en français. Bien sûr, on trouve chez nous des albums illustrés par elle, mais ce sont des traductions: l'illustratrice allemande a passé dix-sept ans à Londres (1988-2005) avant de retourner en Allemagne, à Berlin, avec son mari écossais et leur fils. En plus, les poèmes choisis pour ce recueil sont majoritairement dus à des auteurs francophones. Alors, que s'est-il passé? Tout simplement, l'équipe de Gallimard a utilisé les illustrations réalisées pour le livre de poésie "Tiger, Tiger, Burning Bright!" publié par l'éditeur britannique Nosy Crow en 2020 (1). La sélection de textes opérée alors par Fiona Waters a été remplacée en français par celle d'Emmanuelle Loyer. Sont restés identiques à la version originale les dessins et la mise en page. Seules, les couvertures diffèrent. 
 
4 et 5 janvier. (c) Gallimard Jeunesse.
 
Ce qui ne veut évidemment pas dire que ce remplacement a été facile ou rapide. Il fallait trouver des textes qui collent aux animaux présents dans les images. Le résultat est excellent, proposant aussi bien des textes de classiques comme Victor Hugo, Louis Aragon, Apollinaire ou Anna de Noailles, que ceux des contemporains que sont Susie Morgenstern, Michel Besnier, Marie Pavlenko, Clémentine Beauvais ou Jacques Roubaud. Plusieurs poètes belges sont présents aussi, dont Maurice Carême (évidemment), Carl Norac, Henry Michaux, Pierre Coran. En tout, ce sont près de 200 poètes qui sont cités dans l'ouvrage.
 
6 janvier, Epiphanie. (c) Gallimard Jeunesse.

Sur les réseaux sociaux, Emmauelle Leroyer explique: "une année de recherche intense de poèmes pour les petits, une année à trouver des poèmes sur nos amis les animaux, une année à s'entourer des poètes, poétesses, auteurs et autrices jeunesse pour récolter des inédits, des pépites oubliées, à recueillir les traductions de Julie Nice, une année à rêver, à admirer les images de Britta Teckentrup et surtout une année à construire un bestiaire poétique, une année à observer et dire le vivant en poésie."
 
Une merveille que ce recueil illustré, qui donne une image vivante de la poésie. "Un pense-bête poétique", comme l'écrit Emmanuelle Leroyer en introduction où elle analyse tout ce que peut apporter la poésie animalière aux enfants, portrait, surprise et même écologie. On aime aussi dans ce gros bouquin illustré les index, celui des noms d'auteurs renvoyant aux pages et ceux des titres et des premiers vers répertoriés par date.
 
7, 8 et 9 janvier. (c) Gallimard Jeunesse.

 
A noter qu'un précédent recueil sur le même principe avait déjà été publié en 2020 et vendu à 16.000 exemplaires, "Une année en poésie", sélection d'Emmanuelle Leroyer, préface d'Isabelle Carré, illustrations de Frann Preston-Gannon. Il s'appuyait sur "I Am the Seed That Grew the Tree – A Nature Poem for Every Day of the Year", sélection de Fiona Waters, illustrations de Frann Preston-Gannon (Nosy Crow, 2018). 
 
 
  
(1) Le tigre en couverture de la version anglaise et le choix du titre, "Tiger, Tiger, Burning Bright!" (Nosy Crow) sont une allusion à un célèbre poème de William Blake (1757-1827).
 

mercredi 3 décembre 2025

Un calendrier de l’Avent poétique

"Même l'hiver a des airs de caresse". (c) La doux.

Idée originale que ce livre "Même l'hiver a des airs de caresse" dont les poèmes sont composés par Marion Fritsch et illustrés par Hadrien (La Doux, nouvelle maison d’édition jeunesse dans le groupe Les nouveaux éditeurs d'Arnaud Nourry, 200 pages). D'abord, il est non-massicoté, terme ancien, professionnel ou savant pour indiquer que les pages ne sont pas découpées. Ensuite, chacun de ses mini-cahiers comporte un poème de l'Avent se déroulant sur plusieurs pages et complété de dessins. Numérotés de 1 à 24, ils ménagent un sympathique et ludique effet de surprise.

En y regardant de plus près, la non coupe des pages impose l'usage d'un coupe-papier pour ne pas les déchirer quand on veut accéder au contenu, le pointillé de petits trous ne suffisant pas. C'est contraignant, mais cela peut se trouver. Faire bien attention aussi à ne pas décoller le dos du livre broché. Que découvre-t-on alors de jour en jour, si on respecte le calendrier et la consigne? Un poème, inédit précise l'éditeur comme si ce n'était pas la moindre des choses, de Marion Fritsch, mis en scène et en images par Hadrien, pour cheminer jusqu'à Noël. 
La maison d'édition précise que Marion et Hadrien sont des passeurs de mots, engagés pour faire rayonner la poésie dans la vie de tous les jours, via leurs comptes Instagram (ici et ici) ou leurs performances en live dans le cadre du Poetry Club. Leurs comptes sont en effet suivis par des 450.000 personnes pour la première, par 126.000 pour le second, mais qui n'en suivent eux-mêmes que 412 et 137. A peine les avais-je suivis qu'ils m'invitaient à leurs canaux de diffusion. Drôlement efficaces. 
Que découvre-t-on alors? Une mise en bouche pour le 1er décembre: "25 jours pour serrer dans ses bras les étoiles dans les yeux qu'on avait égarées". Un texte plus long pour le 2 décembre: "D'abord on ira choisir le sapin / chez le fleuriste du coin celui que tu aimes bien  / celui qui nous file toujours une rose et un chocolat / puis on prendra la route direction le vieil entrepôt pour la bûche et le nougat / tu connais le gérant depuis 15 ans et tu me le rappelleras / comme d'habitude / comme d'habitude / on ressortira les guirlandes les boules les chaussettes de la cave l'étoile un peu cabossée nichée dans la poussière des cartons / qu'on accrochera quand même comme chaque fin d'année / naîtra alors ce bonheur contagieux dans tes yeux / la plus belle des habitudes / et Noël pourra bien commencer."
 
A chacun de juger du texte, les images l'accompagnent. Je ne dévoilerai un autre jour que dans l'apparence qu'il a dans les pages du livre à la couverture embellie par une dorure (ci-dessus et ci-dessous).
 
Un QR code à scanner en quatrième de couverture permet d'entendre chaque jour la version audio du poème lu par l'autrice. 
 
 
 
 
 
"Même l'hiver a des airs de caresse". (c) La doux.