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jeudi 27 novembre 2025

Vive la pédagogie active!

En novembre 2022, trois classes d'élèves de terminale du Lycée Intégral Roger Lallemand (LIRL) de Bruxelles ont eu l'occasion de s'entretenir avec Angela Davis. Une jeune école, elle a été créée en 2017, pratiquant la pédagogie active (1), c'est-à-dire que les élèves participent activement à leurs apprentissages. Ils avaient ainsi choisi Angela Davis comme personnalité marquante de la seconde moitié du XXe siècle. L'étude de sa biographie leur a permis de travailler sur plusieurs thèmes, la ségrégation, le féminisme, le maccarthysme entre autres, de s'interroger sur son engagement politique et sa pratique. Une excellente préparation qui a permis un très bel entretien retranscrit dans le petit opus "L'espoir est une discipline, Entretien entre Angela Davis et les élèves du LIRL" (Aden , 64 pages). La phrase du titre est due à Mariame Kaba.
 
Les questions des élèves qui ont en général 17 ans sont très bien préparées. Et les réponses d'Angela Davis percutantes, qu'elle donne son opinion sur les thématiques actuelles, explique ce qu'elle fait actuellement ou offre des conseils à le jeunesse. La retranscription de cet entretien peu commun est complétée des textes de trois conférences données par Angela Davis aux Etats-Unis. La première (1985) traite de la violence contre les femmes et du racisme, la deuxième (2008) de la liberté, la troisième (2009) des populations autochtones.
 
Une lecture éclairante sur la nécessité de lier les différentes luttes. 



 
(1) On ne sait pas assez que l'enseignement fondamental en Belgique a failli être totalement en pédagogie active, à l’initiative du ministre François Bovesse (1890 -1944). Ministre de l'Instruction, des Arts et des Lettres en 1935, il lança notamment une réforme scolaire prônant dans le fondamental l'apprentissage in situ - comme le préconisait le Dr Decroly. Devenu gouverneur de la province de Namur en 1937, il fut révoqué par les Allemands en 1940 et arrêté en 1941. Il fut finalement assassiné chez lui en 1944 par les rexistes. Sa disparition entraîna la disparition de ce projet scolaire novateur.

mercredi 26 novembre 2025

Une Bruxelloise Pépite d'or au Salon de Montreuil

Les Pépites 2025. (c) SLPJ.

Quatre Belges figuraient en sélection des Pépites du Salon du livre de Montreuil (lire ici). C'est finalement une Bruxelloise d'adoption, la Française Adèle Maury qui remporte le gros lot, la Pépite d'Or qui lui est attribuée par un jury de professionnels pour sa bande dessinée, "Béril en bataille" (Sarbacane). Les autres Pépites ont été attribuées par un jury 100% enfants et ados (de 8 à 18 ans) à quatre ouvrages dans les catégories fiction juniors, fiction ados, livre illustré, bande dessinée. Sur cinq livres primés, deux sont des bandes dessinées, deux des romans, et un seul un album, destiné aux plus jeunes. Cela va-t-il inoculer le virus de la lecture aux enfants?
 
Diverses rencontres avec les Pépites sont organisées au Salon les samedi 29 novembre, dimanche 30 novembre et lundi 1er décembre (programme ici). Pour rappel, même si l'accès au Salon est gratuit, il faut  télécharger un billet et le présenter obligatoirement à l'entrée (billetterie en ligne ici).
 
Palmarès


Pépite d'or

 
Béril en bataille
Adèle Maury
Sarbacane
192 pages
en librairie depuis le 1er octobre

Béril est né dans une campagne vide d'hommes et d'enfants. Quand son père, berger, emmène ses chèvres paître sur les collines voisines, le petit garçon va jouer avec ses amis, Coltaire le lièvre, et Anour la coccinelle, avec qui lui seul a le pouvoir de communiquer. Il se rend vite compte que les bêtes vieillissent plus vite que lui et que leur espérance de vie est plus courte que la sienne. Alors, arrivé à l'âge qu'on dit adulte, le deuil et la solitude lui font perdre toute aptitude à parler avec les animaux. Sans repère et curieux du monde des humains et des villes auquel il n'a jamais vraiment eu accès, Béril devra trouver sa voie: reprendre la ferme familiale ou voler de ses propres ailes. À partir de 12 ans.
 

Pépite livre illustré

Pavel et Mousse
Aurore Petit
Les fourmis rouges
208 pages
en librairie depuis le 21 novembre
 
Un très épais petit format presque carré, tout juste paru, qui nous conte par le menu la vie de Pavel, un lapin solitaire jusqu'au jour où il découvre au cours d'une chasse aux fruits rouges en forêt une petite chose braillante dans la forêt. De quoi s'agit-il? Ses voisins lapins à la logique famille nombreuse lui donnent la réponse: c'est un bébé. Un bébé qui mange, qui dort, qui fait pipi et caca, qui se lave... Mousse, du nom où il a été trouvé (comme j'ai un jour baptisé un chaton Rhubarbe au même motif) chamboule la vie de Pavel.
 
De chapitre en chapitre, on les voit évoluer. Le lapin devient responsable, le bébé grandit et s'avère être un panda. Mais un panda qui a grandi entre des lapins et a joué avec ses innombrables voisins dont la petite Bénédicte est-il un panda? Aurore Petit aborde avec beaucoup de délicatesse les questions de l'adoption, de la parentalité et de la construction de l'identité. Son dessin d'apparence simple est d'une richesse infinie car tout y est signe ou indication. A chacun d'y prendre ce qu'il y repère. Tendresse et humour rivalisent dans ce splendide album réalisé avec soin: l'alternance des illustrations sur simple et double page, le changement de couleur d'encre du texte à chaque chapitre, le rythme de ceux-ci, le signet soyeux pour marquer la lecture ou une page appréciée. Un petit bijou de livre sur l'amour qui naît, grandit et ravit.
 
Les premières pages.
 







"Pavel et Mousse". (c) Les fourmis rouges.



Pépite fiction juniors

La jeune fille au crâne
Benoît Richter
Nathan
256 pages
en librairie depuis le 9 janvier
 
Lors de vacances en Alsace, Lucie découvre un crâne mystérieux dans un ossuaire. De retour chez elle pour sa rentrée en sixième, ce crâne posé sur sa table de chevet se met à lui parler, bouleversant son quotidien. À partir de 10 ans
 
 

Pépite fiction ados

Courir le vaste monde
Alex Cousseau
Rouergue, collection "Doado"
448 pages
en librairie depuis le 5 mars 

XVIIIe siècle, au cœur du pays Pagan, le destin attend Lison et Eliaz. Couturière à Brest, elle? Et lui, l'aventure car il est marin? Non. Lison va tracer sa route dans ce monde d'hommes pour les hommes. Elle sera passagère clandestine, exploratrice, amoureuse. Elle raconte la beauté de son existence. À partir de 15 ans
 


Pépite bande dessinée

Sangliers

Lisa Blumen
L'Employé Du Moi
208 pages
en librairie depuis le 23 mai

Nina est maquilleuse professionnelle, mais surtout influenceuse beauté qui crée des tutos pour les réseaux sociaux. Productive donc, obligatoirement, seule en conséquence. Son exposition médiatique ne lui apporte que désillusion et elle est victime de harcèlement. Son agent lui met la pression, sa famille ne la comprend pas, un partenariat commercial menace son éthique et un inconnu rôde autour de chez elle... À partir de 12 ans.
 
 
 
"Pavel et Mousse", Pépite livre illustré. (c) Les fourmis rouges.
 
 
 

mardi 25 novembre 2025

Trois amis au paradis des illustrateurs

Les trois amis de Helme Heine.

En quelques semaines
se sont éteints les magnifiques auteurs-illustrateurs jeunesse Helme Heine, Jutta Bauer et Harrie Geelen. Des bibliographies superbes dont peu de titres sont encore réédités aujourd'hui. Hélas. 
 
Helme Heine et ses délicates aquarelles, oscillant entre tendresse et humour. Helme Heine, l'auteur-illustrateur allemand voyageur. Il naît le 4 avril 1941 à Berlin, y fait ses études, déménage en Afrique du Sud de 1966 à 1977 où il est metteur en scène, décorateur, comédien, animateur d'un cabaret politico-littéraire et corédacteur d'un journal satirique. C'est là qu'il publie son premier album pour enfants, "Elefanteneinmaleins" ("Un éléphant ça compte énormément", Gallimard, 1981) qui remporte un grand succès. Il revient en Allemagne en 1977 et se consacre à la littérature de jeunesse. Il publiera une trentaine d'albums, qui seront traduits en 35 langues dont le français, recevront de nombreux prix (tirage mondial d'environ 25 millions d'exemplaires). En 1990, il part pour l'Irlande, puis la Nouvelle-Zélande, où il s'est installé avec son épouse, Gisela von Radowitz et où il est décédé le 20 novembre 2025. Il avait 84 ans.
 
Son site internet annonce son décès. En voici la traduction.  
"Bonjour les amis,

Je suis assis dans mon jardin et je fais mes adieux.
Un peu chancelant, un peu fatigué, mais curieux de ce que demain apportera.
Mes proches et tous mes petits locataires sont venus pour me dire au revoir.

Je me sens comme Gregor Samsa dans la nouvelle La Métamorphose de Franz Kafka.
Un matin, il s'est réveillé et a réalisé qu'il s'était transformé en un cancer maléfique qui avait pris possession de lui.
Pour moi, c'est maintenant l'ami Hein, la mort, qui a mis fin à ce cauchemar. J'en suis reconnaissant. C'est terminé.

Mes chers amis, j'aurais aimé vivre encore quelques années avec vous.
Ne soyez pas tristes, mais pensez au beau temps que nous avons pu partager ensemble.

Votre Helme en voyage."
 
On y trouve aussi le Credo de Helme Heine, dont voici la traduction.
"Je sais que tout travail destiné à gagner mon pain me rend non libre; c'est pourquoi j'ai choisi le plus libre de tous les métiers: celui d'artiste de la vie.

Je sais que mon temps de vie est limité, et j'en suis reconnaissant, car cela me permet de vivre plus consciemment.

Je sais qu'un porte-monnaie bien rempli me rend heureux, mais deux ne me rendent pas plus heureux.

Je sais que Goethe a dit de notre Terre qu'elle est une pépinière pour un monde d'esprits. Je crois qu'il a raison.

Je sais que les arbres sont de merveilleux amis fidèles, c'est pourquoi je leur offre un foyer dans mon jardin.

Je sais que l'art n'est pas nécessaire à la survie de l'être humain, pourtant je ne pourrais pas vivre sans elle.

Je sais que le sexe nous emprisonne, mais que l'amour nous libère.

Je sais que toute vie est née de la poussière d'étoiles.
La mort ne mettra pas fin à ce processus."



Il faut avoir un certain âge mais lire la bibliographie de Helme Heine va susciter des souvenirs et des sourires chez les amateurs de littérature de jeunesse de qualité. 
  • "Fier de l'aile", texte et illustrations de Helme Heine (traduction de Patrick Jusserand, Gallimard jeunesse, 1976)
  • "Fantadou", texte et illustrations de Helme Heine (traduction de Gilberte Lambrichs, Gallimard jeunesse, 1979)
  • "Le Mariage de Cochonnet", texte et illustrations de Helme Heine (traduction de Rémi Laureillard,  Gallimard jeunesse, 1979)
  • "Un Éléphant, ça compte énormément", texte et illustrations de Helme Heine (Gallimard jeunesse, 1981)
  • "Trois amis", texte et illustrations de Helme Heine (traduction d'Yves-Marie Maquet, Gallimard Jeunesse, 1981), soit le trio Jean Campagnol, le bon gros William et François Lecoq
  • "Le plus bel œuf du monde", texte et illustration de Helme Heine (traduction de Marie Lallouet, Gallimard jeunesse, 1983)
  • "La Promenade des trois amis", texte et illustrations de Helme Heine (traduction de Pierre Beck et Betty Léonard, Gallimard jeunesse, 1983)
  • "L'invitée des trois amis", texte et illustrations de Helme Heine (traduction d'Yves-Marie Paquet, Gallimard Jeunesse, 1984)
  • "Sept cochons sauvages", texte et illustrations de Helme Heine (traduction de Jean Launay, Gallimard Jeunesse, 1986)
  • "La Perle", texte et illustration de Helme Heine (traduction d'Yves-Marie Paquet, Gallimard jeunesse, 1989)
  • "Le Merveilleux voyage à travers la nuit" , texte et illustrations de Helme Heine (l'école des loisirs, 1989)
  • "L'exposition des trois amis", texte et illustrations de Helme Heine (Gallimard Jeunesse, 1991) 
  •  "Drôle de nuit pour les trois amis", texte et illustration de Helme Heine (traduction d'Yves-Marie Paquet, Gallimard jeunesse, 1997)
  •  "Prince Ours", texte et illustrations de Helme Heine (Gallimard Jeunesse, 1999) 
  • "Je suis un ours", texte et illustrations de Helme Heine (traduction d'Éric Pierrat, Gallimard Jeunesse, 2001)
  • "Le lièvre au nez rouge", texte et illustrations de Helme Heine (traduction d'Éric Pierrat, Gallimard Jeunesse, 2001)
  • "Dans le vaste monde", texte et illustrations de Helme Heine (traduction d'Éric Pierrat, Gallimard Jeunesse, 2001)
  • "Foxtrott", texte et illustrations de Helme Heine (Kaleidoscope, 2005) 

* *
 
L'ange de grand-père de Jutta Bauer. (c) Gallimard Jeunesse.
 
On avait appris précédemment le décès de l'auteure-illustratrice allemande Jutta Bauer. Née le 9 janvier 1955 à Hambourg, elle a succombé à un choc allergique le 10 septembre 2025 à Schwerin, dans la même région. Elle avait reçu le prix Hans Christian Andersen de l'IBBY en 2010 dans la catégorie Illustration, pour l'ensemble de son œuvre. Le jury avait aimé la puissance de sa narration qui "mélange vraie vie et fiction". Un peu comme sa vie à elle. Si, mauvaise élève à l'école, Jutta Bauer a toujours été attirée par le dessin où elle excellait, elle a aussi exercé divers métiers avant de se consacrer à la littérature de jeunesse, aide-soignante dans une maison de retraite, nounou... "Je pense que si l'on ne travaille qu'avec des livres, on finit par perdre tout contact avec le monde réel", expliquait-elle.
 
Elle l'a bien gardé dans son œuvre partagée entre illustrations de texte et albums en solo, dans son trait minimaliste captant l'essentiel, des expériences de vie transposées en images. Plusieurs de ses albums ont été traduits en français.
 


  • "La reine des couleurs" (Autrement Jeunesse, 1999), un maximum d'effet pour un minimum de mots, splendide réflexion sur les couleurs et le monde, magnifiquement traitée par des croquis vifs et précis où l'encre de Chine se marie subtilement aux crayons de couleurs. 
  • "Mamancolère" (Autrement Jeunesse, 2010), belle variation sur le thème de la colère avec ce petit pingouin qui explose au sens littéral lors d'une colère maternelle. Une scène de la vie ordinaire qui est l'occasion de mieux se dire et se comprendre.
  • "L'ange de Grand-Père" (traduit de l'allemand par Dominique Miermont, Gallimard Jeunesse, 2002) où un grand-père raconte sa vie à son petit-fils venu lui rendre visite, sans savoir qu'un ange a toujours veillé à le protéger, ange qui va désormais s'attacher aux pas de l'enfant.
  • "Selma" (La joie de lire, 2003), variations philosophico-humoristiques sur la question du bonheur, l'héroïne étant une vache!
  • "Alors on a déménagé", texte de Peter Stamm (traduit de l'allemand par Genia Català, La Joie de lire, 2006), qui dit où peut se trouver le bonheur de vivre.
  • "Tu te souviens...", texte de Zoran Drvenkar (traduction de Marion Graf, La Joie de lire, 2007), les souvenirs d'enfance d'un homme et d'une femme adultes.
  • "Dans sa maison, un grand cerf" (l'école des loisirs, 2012), version originale de la célèbre comptine.
  • "Facile à trouver facile à manquer", texte de Jürg Schubiger (traduction de Marion Graf, La Joie de lire, 2014), les réflexions philo d'une petite fille, d'un taureau, d'un loup et d'une grande femme.
  • "Albie sur son chemin" (Les Arènes, 2025), pas facile d'aller délivre l'important message au roi quand on croise tant de monde en chemin!

* *

"Les chaussures rouges" de Harrie Geelen. (c) Pastel.

Un peu plus tôt, on apprenait le décès, le 30 août 2025 à Hilversum, sa ville natale, de l'auteur-illustrateur hollandais Harrie Geelen, à l'âge de 86 ans, l'époux depuis 1963 d'Imme Dros. Merveilleux duo créatif, ils étaient les auteurs d'un album pour enfants, traduit il y a plus de trente ans, que j'ai encore en mémoire et qui est toujours disponible. Dès l'annonce de son décès, son titre a surgi dans ma mémoire. "Les chaussures rouges" (traduit du néerlandais par Paul Beyle, l'école des loisirs, Pastel, 1992)! Le livre avait frappé à sa sortie. Par son graphisme inhabituel pour l'époque, avec des gouaches très colorées, peu détaillées mais rendant parfaitement compte des états de son héroïne. Par son approche positive d'une expérience dont l'adulte mesure immédiatement l'échec.
 
L'histoire est celle d'Hélène qui se rend au magasin acheter des chaussures avec sa maman, les siennes étant usées. Elle repère immédiatement la paire de rouges, la dernière de ce modèle en magasin. Trop petites pour elle, mais ce sont celles qu'elle veut ("Ik wil die!" est le titre original). Elles les enfile: "Elles me vont parfaitement bien." Sa maman les paie. Au début, tout va bien, tant qu'elle ne doit pas marcher. Mais après une journée passée à souffrir sans oser le dire, la pauvre Hélène n'en peut plus. Ses pieds sont tout abîmés.
 
Le point positif de cet album est que la maman laisse sa fille se rendre compte par elle-même de son erreur. Et quand cette dernière éclate en sanglots après une journée de souffrance tue, pas une seule fois elle ne lui fait la morale. Au contraire, elle accepte de garder les chaussures pour un autre enfant.
 
"En tant qu'auteur-illustrateur d'albums, j'aime utiliser un minimum d'effets pour expliquer des idées plutôt difficiles aux jeunes enfants. Malgré les Crayons et les Pinceaux [NDLR: des récompenses aux Pays-Bas], et tous les autres prix, je me considère toujours comme un cinéaste, qui crée aussi des livres pour enfants", disait Harrie Geelen lors de l'exposition des illustrateurs de Bologne en 2001.
 
  
Harrie Geelen se reconnaît de loin par son trait épais et sobre, ses couleurs flamboyantes et très texturées, son sens de la lumière et de la mise en page.
  •  "Les chaussures rouges", texte d'Imme Dros, illustrations de Harrie Geelen (l'école des loisirs/Pastel, 1992)
  • "Gros-Papy", texte d'Imme Dros, illustrations de Harrie Geelen  (l'école des loisirs/Pastel, 1993), abordant la mort sans la diaboliser et décrivant avec justesse les sentiments de jeunes enfant, illustré de façon réaliste par des tableaux lumineux et joyeux. 
  • "Le fauteuil bleu",  texte d'Imme Dros, illustrations de Harrie Geelen (l'école des loisirs, Pastel, 1994), un vieux siège dans le grenier où se réfugie Jenny-Julie chaque fois qu'on se dispute à la maison."Les comptines de Robinson", texte d'Annie M. G. Schmidt, illustrations de Harrie Geelen (traduction d'Anne-Marie de Both, Albin Michel Jeunesse, 1997), comptines rythmées qui ont pour thèmes la vie quotidienne des petits.
  • "Le livre de Yann", Harrie Geelen (traduction d'Anne-Marie de Both, Autrement Jeunesse, 2002), un titre en solo, épatant petit format carré, intimiste et philosophique où un petit garçon occupé à écrire "son" livre, est interrompu à la troisième page par sa voisine Ursule Charpentier.
  • "L'ombre de Yann", Harrie Geelen (traduction d'Anne-Marie de Both, Autrement Jeunesse, 2003), le dialogue de Yann et de son ombre, qui se découvrent mutuellement.
  • "Victor au zoo", Harrie Geelen (traduction d'Emmanuèle Sandron, Albin Michel-Jeunesse, 2021), les échanges de Victor avec les animaux du zoo le rendent méconnaissable pour sa maman.
  








Le cadavre (exquis) de la FLB

On sait ce qu'est le jeu du cadavre exquis inventé il y a pile un siècle par les surréalistes et nommé ainsi par Jacques Prévert. Chaque personne écrit une partie d'une phrase sur un papier, le plie pour cacher ce qu'elle a écrit avant de le passer à la personne suivante. Personne ne sait donc ce qui a été écrit avant. Les surprises sont au rendez-vous des lectures. 

Lors de la dernière Foire du livre de Bruxelles en mars ce cette année, du 12 au 16 précisément, les Éditions du Basson ont eu l'idée de l'adapter pour une création inédite (1). "L'exquis cadavre de Bruxelles" est en effet un "livre choral écrit en public lors de la Foire du livre de Bruxelles 2025" sur leur stand. Tous les visiteurs étaient invités à participer à l'expérience. Trente-sept ont répondu oui. Bien sûr, il a fallu un peu adapter les règles. Ainsi, chaque auteur écrivait un chapitre avec la consigne de poursuivre les dernières lignes de l'auteur précédent - elles apparaissent en italiques en tête de chapitre.
 
Le résultat est un livre de 96 pages. Sa première phrase est: "Il n'y a que des mots dans ce carnet de croquis. Je dessine en phrases, assis à une terrasse ou debout dans le métro." Les suivantes vont nous promener d'un lieu à l'autre via des détours surprenants. Bien sûr, ce livre choral est plus une curiosité littéraire qu'on lit pour voir comment les auteurs vont raccrocher leur wagon aux précédents que pour son intrigue. Quoique. Il est également fort amusant de voir les oscillations entre personnages centraux masculins et féminins, humour, romance, rage et tragédie, écriture soignée et triviale, mini-chapitres ou larges déploiements de mots, glissements du milieu littéraire à celui de la nuit tarifée, sans oublier quelques allusions à la maison d'édition. Une sorte de jeu de piste littéraire puisque les noms des 37 auteurs apparaissent en fin d'ouvrage. Et une question: pourquoi un participant a-t-il décidé de transformer le mot "pairs" d'une fin de chapitre en "pères" dans le sien? 
 
 
(1) Une première expérience de ce genre, nous dit l'éditeur, a été menée en 1931 par Agatha Christie et sa bande du Detection Club.
Je complète: "The Floating Admiral" a été une première fois traduit en français par Violette Delavigne sous le titre de "L'Amiral flottant" (Gallimard, 1936) et une seconde fois en 2003 par François Andrieux avec le titre "L'Amiral flottant sur la rivière Whyn" (Paleo).
Plus récemment, avec l'arrivée de l'internet et du covid, plusieurs autres initiatives du type sont apparues, dont le site français The root book et celle menée par le romancière portugaise Ana Margarida de Carvalho.
 
 
 
 

dimanche 23 novembre 2025

La quinzième vente aux enchères du Muz

EDIT 01-12-2025
La vente aux enchères 2025 du Muz a rapporté 24.670 euros. Une somme qui permettra au Musée des Œuvres des enfants de renforcer son action et de continuer à rémunérer un.e salarié.e. Les enchères les plus élevées concernent les œuvres de Claude Ponti lui-même et celles de Tardi: autour des 500 euros en moyenne, avec quelques poussées (690 euros pour "L'art de donner à boire à un oiseau", 700 euros pour "Quand c'est pareil, c'est différent", 710 euros pour "L'art de la rigolmarade 2", 740 euros pour "L'art du haut d'oiseaux" et même 1.120 euros pour "Sèche poussin" du premier, 710 euros pour "Elise" et 810 euros pour un "Nestor Burma" du second). On note aussi d'autres enchères remarquables: 490 euros pour "Sur la banquise" de Kimiko, 400 euros pour un "Poisson-fesse" de Magali Le Huche, 410 euros pour "Le chien sieste" de Frédéric Stehr, 460 euros pour un "Chien-Pourri" de Marc Boutavant. D'autres enchères ont moins monté, l'occasion pour leurs acquéreurs d'une "bonne affaire" en même temps qu'une bonne action.
 

Dessin de Claude Ponti.

Pour la quinzième fois, le Muz, le musée des œuvres des enfants créé par Claude Ponti, organise en ligne sa vente aux enchères annuelle d'originaux des trente artistes donateurs en 2025, français et belges. Beaucoup d'habitués, quelques nouveaux noms:
 
Adrien Albert, Aurélia Aurita, Thomas Baas, Anne-Sophie Baumann,
Soledad Bravi,  Armelle Benoît, Julien Béziat, Magali Bonniol,
Marc Boutavant, Mai Lan Chapiron, Mathias Friman, Bruno Heitz,
Anne Herbauts, Pénélope Jossen, Kimiko, Thomas Lavachery,
Claire Lebourg, Magali le Huche, Alan Mets, Julien de Man,
Dorothée de Monfreid, Yvan Pommaux, Claude Ponti, Audrey Poussier,
Frédéric Stehr, Pomme, Grégoire Solotareff, Eglantine Triboulet,
Anaïs Vaugelade, Jacques Tardi.
 

Rappelons que le Muz est né en 2009 d'une idée surgie dans ma voiture entre Namur et Bruxelles, le projet un peu fou de donner une pérennité aux œuvres des enfants par la magie du virtuel. Photographiées, scannées, venant du monde entier, elles rejoignent les salles du musée en ligne qui leur est consacré (ici). En 2023, le Muz (organisé par l'association l'ACADE de Claude Ponti) s'est localisé en région, à Marçon (72340), a étendu ses activités (ateliers, évènements, rencontres, spectacles, expositions) grâce à son association avec le lieu culturel local La Venture. Il est ainsi devenu l'association La Venture - Le Muz. La partie musée des œuvres des enfants demeure, toujours largement soutenue financièrement par la vente aux enchères d'originaux. 
 
Attention, la vente 2025 s'achève le dimanche 30 novembre à 20 heures. Les 76 œuvres proposées dont 20 de Claude Ponti lui-même, illustration, dessin, peinture, gravure, encore, sculpture sur bois, céramique, CD dédicacé, accompagnées de leur descriptif et du montant actualisé de l'enchère sont en ligne ici. Pour enchérir, il suffit de cliquer sur l’œuvre choisie et de suivre les instructions. Pour chaque enchère simple ou enchère maximum est envoyé un mail de confirmation de l'enchère et de son montant. A l'issue de la vente, dès le lundi 1er décembre, la procédure pour payer et récupérer l'œuvre est envoyée par mail.

Toute l'histoire du Muz ici.
 
Quelques-unes des œuvres offertes pour la vente aux enchères 2025.  
 
Anne Herbauts.
Marc Boutavant.
Bruno Heitz.
Dorothée de Monfreid.
Claude Ponti.
Yvan Pommaux.
Anaïs Vaugelade.
Frédéric Stehr.
Claude Ponti.
Claude Ponti.
Thomas Lavachery.