Nombre total de pages vues

samedi 18 janvier 2025

IBBY 2024: les finalistes du prix de l'album belge

 

Prix IBBY Belgique francophone 2024 de l'album belge

Pour rappel, la Section belge francophone de l'IBBY (International Board on Books for Young People) décerne depuis janvier 2023 ses quatre prix de l'album (prix de l'album, prix de l'album traduit, prix de l'album belge, prix de l'album drôle). La remise de leur troisième édition, publique, aura lieu ce lundi 20 janvier à 14 heures (infos ici).
Voici les dix titres finalistes en catégorie album belge, tous sortis en 2024, par ordre alphabétique du nom de l'illustrateur. Avec un choix d'images en fin de note.

Ombrella

Pierre Alexis
La Partie, 48 pages

Très différent de son précédent album, le rigolo "Règlobus" (finaliste en même catégorie des prix IBBY 2022), ce grand format déploie un univers singulier et poétique, un peu étrange même, autour du thème de l'adoption. Chacun le lira à sa façon entre les jeux d'ombres et de reflets qui apparaissent dans les illustrations à l'acrylique. Au centre de ces pages mystérieuses, Ombrella, une chauve-souris aux jolis yeux qui sort tout juste d'hibernation. Elle découvre par hasard un œuf, décide de le couver, puis d'éduquer le caneton. On la suit dans ses initiatives et ses questionnements dans des pages en deux plans, qui montrent le monde et son reflet liquide souvent déformé, comme pour rappeler la position inversée de la chauve-souris. Avec Ombrella, on comprend aussi combien l'adoption doit être réciproque, ce qu'elle semble être ici, jusqu'à l'énigmatique page finale où l'écho dans l'eau diffère du ciel. Un album plein de mystères.


Le voyage d'Irma

Mathias Baijot
Cotcotcot éditions, 144 pages
 
Un récit onirique, essentiellement porté par des dessins délicats en teintes douces. Il y est question d'une baleine à bosse, Irma, qui, couchée dans son lit, souhaite entendre des histoires d'ailleurs. On la voit quitter son univers aquatique, embarquer en compagnie d'autres passagers animaux dans un gros avion. A destination, ses amis l'attendent. Léon le héron, Simone la vigogne, Ernesto le blaireau, Andréa le renard et elle s'installent dans un minibus VW. Ils partent faire la tournée des contes. "Chaque soir, une nouvelle histoire sera dite dans un nouveau paysage, singulier à chaque complice". Un programme qu'apprécie Irma qui aime autant les histoires que ce qu'elles révèlent de ceux qui les disent. Les jours passent, on découvre en détail les conteurs et leurs récits. Irma s'inquiète car son tour approche. C'est oublier le destin qui en décidera autrement et soudera encore davantage les amis. Un beau roman graphique choral où le lecteur, pas trop jeune, peut longuement s'aventurer.
 
 
Il y a aussi une T-rex
mais ce n'est pas le sujet
Julie Douine
Noémie Favart
Versant Sud Jeunesse, 40 pages

Voilà un album à facettes multiples. Il dit le présent, Édith et son papa Bachir habitent dans un immeuble de la cité des Coquelicots. Un lieu bien mal nommé car il ne présente que du béton. Il dit aussi le passé. Lors de leurs promenades, Bachir explique à sa fille ce qui s'est déroulé là précédemment avec précision. Une famille de loups 503 ans avant, une femelle T-rex affamée 67 millions d'années plus tôt ou un menhir en 416 ans après Jésus-Christ. Il dit encore le futur quand Édith entre dans le même jeu mais inversé: "Juste là, dans 111 ans, ce sera un grand cèdre!" Bigre! Il s'agit pour Bachir de dégotter une graine de cèdre. Puis pour le duo de la planter, ce qui est interdit. Mais père et fille sont tenaces et vont réussir au-delà de toute espérance, les illustrations luxuriantes en témoignent. L'histoire est à la fois sociale car elle montre la société contemporaine, drôle avec l'intervention de la T-rex affamée, ébouriffante comme les cheveux d’Édith dans ses développements, remarquable par son ancrage dans notre quotidien. Écologie, transmission, famille monoparentale et société multiculturelle, autant de sujets qui arrivent avec naturel sans aucune lourdeur. Ils conduisent à la merveilleuse avant-finale, avec une Édith devenue une vieille dame contemplant sa magnifique ville-forêt et une finale qui se déroule dans... 1603 ans.


Matin Minet Grandeur nature
Anne Herbauts
l'école des loisirs/Pastel, 40 pages

Dans ce cinquième épisode de la série, Matin Minet et Hadek le charançon se lancent dans l'exploration complète du mot "mesurer". Équipés d'un mètre pliant et d'un mètre-ruban, ils s'en donnent à coeur joie. Tout y passe dans leur environnement. Tous leurs amis y passent aussi. Pas seulement physiquement car surgit très vite la question de ce qui est mesurable et de ce qui ne l'est pas. Ou de ce qui ne l'est pas encore, comme ces graines qu'ils vont planter pour mesurer leurs pousses quand elles grandissent - en témoignent les pages de garde. Un album de jardinage qui célèbre la nature et invite à s'en rapprocher, porté par d'exquises illustrations dont les fonds colorés indiquent le passage du jour.


Le cas canard

Vincent Mathy
La Partie, 40 pages

En couverture, pas de titre ni d'autre mention. Juste un canard qu'on dirait réalisé en gommettes. Il va falloir le repérer dans chacune des illustrations suivantes car il a faussé compagnie aux siens qui barbotent dans la mare. Au début c'est facile. L'histoire devient vite un suspense qu'il s'agit de décoder grâce aux informations fournies par les illustrations. Pas si facile de passer du rôle de lecteur à celui de créateur, mais terriblement amusant. Si ce canard est un cas, il a aussi un ami sur lequel compter pour le sauver d'un camarade mal intentionné. Tout est dit dans les images aux formes simples mais efficaces. 


À tire-d'aile

Pierre Coran
Dina Melnikova
Cotcotcot éditions, 24 pages
 
Tout mince et en format livre de poche, le très beau mariage d'un texte poétique sur une libellule qui revient saluer celui qui l'a libérée de la vitre du salon et d'illustrations qui jouent avec les couleurs bleu-vert et les formes de la demoiselle, agrandies, déconstruites ou simplement esquissées. Un album qui donne envie de guetter les premières libellules et qui aide à attendre le printemps.


À la lisière
Nina Neuray
La Partie, 40 pages

Que se passe-t-il l'hiver, quand le parc de jeux a fermé et que les humains ne s'y rendent plus? Une renarde qui s'y aventure semble en apprécier les installations. Elle est bientôt suivie par plein d'autres animaux qui s'en donnent à cœur joie. Les faons gambadent partout entre les toboggans et les balançoires, les canetons testent la piscine, les sangliers se vautrent dans le pédiluve, les hérons se promènent sur l'étang gelé. Avec le printemps reviennent les hommes de la ville. Ils veulent tout nettoyer, ils font du bruit. Les animaux fuient, sauf l'ourse qui a été réveillée et crée la panique chez les ouvriers. Que va-t-elle devenir alors qu'un mur de briques se construit? Un splendide graphisme qui salue le réensauvagement et pose la question des frontières, des murs et des cohabitations entre vivants.


Dévacance Colère

Marina Philippart
MeMo, 56 pages

Belle réussite que cet album construit sur un quiproquo. Personne dans ce village ne prête attention à Petit Chien à l'exception d'un groupe d'orphelins sur le chemin de l'école. Inquiet de ne plus voir ses visiteurs pendant plusieurs jours, Petit Chien entend le pigeon lui dire qu'il y a des vacances scolaires. Mais il comprend que Dévacance Colère, un terrible monstre, a kidnappé les enfants. Il lui faut aller dans la forêt pour les retrouver. En chemin, il rencontre Reine, une enfant oubliée, et Robin, un oiseau sans voix. A trois, ils mènent l'enquête et retrouvent les enfants qui s'étaient égarés en jouant. Ils décideront de lier leurs destins et de rester tous ensemble dans la forêt. Malice et tendresse dans cette histoire d'amitié et d'entraide illustrée avec art.


Rue Bilal Balazar
Alice Babin
Marine Schneider
Albin Michel Jeunesse, 40 pages

La rue Bilal Balazar porte le nom d'un jeune homme disparu qui peignait sur les murs les récits qu'elle lui confiait. Blagues, luttes, mots d'amour, alertes... Un jour, les habitants ont l'idée d'organiser un bal pour faire revenir Bilal. Merveilleuse réussite: tous les éléments du décor semblent prendre vie. Jusqu'à la danseuse peinte sur un mur qui se met à chanter (QR code à scanner pour l'entendre). Bilal est de retour dans cet album qui célèbre le street art à travers un de ses artistes, Bilal Berreni (1990-2013).
 
et aussi
Minik
Marine Schneider
Albin Michel Jeunesse, 56 pages

Sortie  de l'eau en même temps qu'une île qui vient de naître, Minik est une sorte de chauve-souris dont l'histoire va durer des millions d'années.
Un très beau pantone corail dynamise cet album initiatique où il est question d'évolution, de temps, de vie et de mort, d'histoires qu'on se raconte. Notamment celles qu'Atlas invente avec ses frères jumeaux, Orso et Loup, pour affronter la disparition de leur maman, engloutie dans le brouillard. Une maman qui leur envoie des signes, notamment son foulard fleuri qui revient en fil rouge dans les superbes illustrations, fascinantes et mystérieuses.


Dans le nez de la sorcière

Michel Van Zeveren
l'école des loisirs/Pastel, 48 pages

En cherchant une vache, Petite Mouche se fait aspirer par le nez d'une sorcière. Un lieu où elle va faire d'incroyables rencontres, plus repoussantes les unes que les autres, plus puantes les unes que les autres. Mais elle est une mouche et s'e, réjouit. Elle déteste l'odeur de la rose et apprécie grandement celle d'une bouse bien fraîche. Par exemple, celle qu'a laissée la vache à la recherche de laquelle elle était partie. Mais revenons au nez de la sorcière où vit une petite fille victime d'un charme qu'un baiser peut rompre. Un album aussi rigolo par son propos renversant les codes que par ses illustrations volontairement exagérées.
 

Quelques illustrations
 
"Ombrella". (c) La Partie.

"Le voyage d'Irma". (c) CotCotCot éditions.

"Il y a aussi une T-rex". (c) Versant Sud Jeunesse.
"Matin Minet Grandeur nature". (c) l'école des loisirs/Pastel.
 
"Le cas canard". (c) La Partie.

"A tire d'aile". (c) CotCotCot éditions.
"A la lisière". (c) La Partie.
"Dévacance Colère". (c) MeMo.

"Rue Bilal Salazar". (c) Albin Michel Jeunesse.

"Minik". (c) Albin Michel Jeunesse.
"Dans le nez de la sorcière". (c) l'école des loisirs/Pastel.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire