De tout pour l'été, DTPE.
L'été, le temps de lire, du lourd et du léger, du français et de l'étranger, des romans et des récits. L'été, le temps de relire aussi.
L'été, le temps de lire, du lourd et du léger, du français et de l'étranger, des romans et des récits. L'été, le temps de relire aussi.
"C'est l'histoire d'une femme qui voulait devenir un caillou", indique l'éditeur du premier roman de Sigolène Vinson, précisément intitulé "Le Caillou" (Le Tripode, 195 pages). Cette merveille de livre à la première personne raconte effectivement cela, une femme qui cherche à devenir un caillou. Pourquoi? Comment? On va le découvrir dans ce texte magnifique. Quelle manière de raconter elle a, Sigolène Vinson! Pas de grands mots ni d'inutiles. Non, vlan, vlan et vlan, des claques. Et son ton! Vif toujours, dur parfois, sans aucune concession.
Derrière cette recherche de minéralité, il y a une passion amoureuse déçue. Mais transposée de cette manière et racontée ainsi, chapeau! Chapeau d'ailleurs à tout le livre qui se déroule entre Paris, un peu, et la Corse du sud, beaucoup. La narratrice nous promène dans son histoire en des phrases sublimes que la romancière nous octroie en nombre. Voilà un bouquin qu'on ne lâche pas, à la fois pour le style et la manière dont cette détresse humaine est amenée et transposée, et parce qu'on est pressé de savoir quel autre ébahissement va nous saisir. L'imagination, l'idéalisation, sont les meilleurs remparts contre soi, les meilleurs tremplins pour soi. Surtout quand ces derniers rencontrent la pierre et l'argile où s'usent les ciseaux et les mains.
Derrière cette recherche de minéralité, il y a une passion amoureuse déçue. Mais transposée de cette manière et racontée ainsi, chapeau! Chapeau d'ailleurs à tout le livre qui se déroule entre Paris, un peu, et la Corse du sud, beaucoup. La narratrice nous promène dans son histoire en des phrases sublimes que la romancière nous octroie en nombre. Voilà un bouquin qu'on ne lâche pas, à la fois pour le style et la manière dont cette détresse humaine est amenée et transposée, et parce qu'on est pressé de savoir quel autre ébahissement va nous saisir. L'imagination, l'idéalisation, sont les meilleurs remparts contre soi, les meilleurs tremplins pour soi. Surtout quand ces derniers rencontrent la pierre et l'argile où s'usent les ciseaux et les mains.
Et à reparcourir "Le Caillou" en vue d'écrire cette chronique, je pense qu'on a même tout intérêt à le relire pour en savourer tous les trésors, tous les liens qu'on n'avait peut-être pas encore vus.
Mais revenons au livre. Il commence à Paris. Et fort. Quand la narratrice est invitée à ouvrir la porte palière de son appartement. Les pompiers n'arrivent pas à prendre le virage avec le mort qu'ils sont en train d'évacuer. Monsieur Bernard, le voisin âgé mais pas raciste. Sigolène Vinson va nous raconter la rencontre entre ce drôle de zouave et cette femme de quarante ans au bout du rouleau. De goûters en conversations, on découvre les fragilités de la professeure au chômage, serveuse à ses heures et amoureuse folle d'un de ses clients. "En vrai, je souhaite devenir un caillou", dit-elle lors de leur premier rendez-vous à son voisin qui avait repéré ses vagues à l'âme. Lui, employé de l'Imprimerie nationale à la retraite, lui répond: "Vous deviendrez un caillou, croyez-moi." Et c'est parti pour toute une série de rendez-vous dans l'antre du dessinateur-sculpteur dont le compte-rendu génère autant de bonheurs de littérature."Le Caillou" est le premier roman de Sigolène Vinson, journaliste née en 1974, mais pas son premier livre puisqu'elle est déjà l'auteur de l'autofiction "J'ai déserté le pays de l'enfance" (Plon, 2011) et de plusieurs polars écrits à quatre mains avec Philippe Kleinmann. A noter que si le nom de la romancière nous est familier, c'est sans doute parce qu'elle est une des journalistes rescapées de l'attentat terroriste à "Charlie Hebdo" le 7 janvier dernier. Mais rien à voir avec ce roman, achevé, bien avant le carnage, le 20 septembre 2013 au lieu dit Le Ruppione, en Corse évidemment.
Sigolène Vinson. (c) Sandra Surmenian
L'auteure amène ensuite sa narratrice en Corse, sur les pas du voisin âgé qui y avait ses habitudes tous les deux mois. Pour ce voyage-enquête, elle a renoncé à son poste de serveuse et à aider sa voisine du dessous, l'éléphantesque Madame Vallé. Et à l'idée de se transformer en caillou? Non, elle est toujours là, et sera exploitée de superbe façon dans ces pages ardentes dont il serait idiot de tenter un réducteur résumé. Sachez juste que pour peu que vous vous y risquiez, et je vous y exhorte, "Le Caillou" va vous donner des heures de pur bonheur. Il va vous emmener là où vous ne l'imaginiez pas, avec toute une tribu de Corses inoubliables, tout en vous rendant de plus en plus présente la narratrice qui va être confrontée à pire qu'un caillou dans la chaussure, à une statue de femme ayant ses traits sculptée dans une roche plus dure que de la pierre. Une œuvre qu'elle veut achever...
Après avoir baladé son lecteur entre mer et montagnes corses, Sigolène Vinson va le récupérer pour une ultime pirouette qui donne encore plus de valeur à ses pages. Je n'en dirai pas plus. Lisez ce merveilleux premier roman et donnez m'en des nouvelles.
Rappel
DTPE 1 "Nous étions l'avenir", de Yaël Neeman (Actes Sud)
DTPE 2 "Jules", de Didier van Cauwelaert (Albin Michel)
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