Glace, comme dans la pub Magnum qu'on a pu voir au moment du festival de Cannes?
Nooooooooooooon.
Un mot qui est assez bien d'actualité ces derniers jours.
Bon, je vous aide?
Je prends une valise comme dans le jeu télévisé dominical "Visa pour le monde" (RTB, puis RTBF, de 1967 à 1984), culturel et voyageur, où les candidats hésitants ou ignorants d'une réponse avaient droit à un certain nombre de valises munies de téléphones pour se faire aider par l'extérieur?
Je vous ai beaucoup aidés, là.
Car oui, le mot à trouver est "valise", décliné en deux couleurs dans deux super albums pour enfants.
En version noire, "La valise", de Frédérique Bertrand (Rouergue, 32 pages). En rose fluo, "La valise rose", de Susie Morgenstern (évidemment), illustré par Serge Bloch (Gallimard Jeunesse, 32 pages).
Avec "La valise", Frédérique Bertrand met subtilement en scène la grosse colère d'un très jeune enfant. Celle qui prend et submerge. L'histoire commence dès les pages de garde. On ne se fait pas d'illusions. Papa et Maman sont barrés d'une croix et du papier découpé surgit un petit bonhomme décidé: "Je pars!"
Dès la double page suivante, on comprend l'idée graphique du livre, le découpage sur l'aplat de couleur de la page de gauche se retrouve dans le dessin aux crayons de couleurs de la page de droite.
Le texte, lui, est composé uniquement des mots du candidat au départ.
"Je prends ma valise... et mes cliques! et mes claques!", déclare-t-il en attrapant sa valise noire dans l'armoire bleue. Normal. Démarre alors une folle farandole de tout ce qui va être destiné à cette valise, une accumulation entre tendresse et sourires pour ce petit qui sait comment être accompagné, pull pour le soir, manteau, bottes, short, livre mais aussi camion de pompiers, ballon, crayons... Tout son univers défile dans ces sobres découpages alors que le petit grogne toujours: "J'en ai ma claque".
Est-ce fini quand toute l'armoire se retrouve dans la valise? Non, le gamin a encore d'autres choses à emporter, plein d'autres choses de plein d'autres pièces de la maison indiquées par d'autres codes couleurs. Dans la liste, des objets bien trop grands pour la valise mais dont l'évocation crée une jolie complicité avec le lecteur de l'album qui s'achemine tout doucement vers sa conclusion. "Ici, c'est sûr; mon départ va laisser un grand vide, un ÉNORME VIDE!" Surtout quand le héros aura choisi les dernières pièces à emporter, de choix assurément... et se retrouvera seul face à une question sans réponse.
Frédérique Bertrand raconte une colère sous forme de témoignage oral, transformé par la qualité et la sobriété des images. Ne dit-on pas "Less is more"? On ne peut qu'avoir de l'empathie avec ce gamin au nez rouge, fâché, vraiment hors de lui et qui finit par ranger sa colère dans sa valise.
Avec "La valise rose", une de ses couleurs favorites, Susie Morgenstern raconte une jolie histoire de naissance, de doudou et finalement de vie, subtilement mise en images, en traits délicats et expressifs sur des collages graphiques, par Serge Bloch.
Susie Morgenstern ne serait-elle pas elle-même la grand-mère de l'album qui offre au nouveau-né de 3,437 kilos, comblé de cadeaux de naissance "aussi convenables que convenus", une valise à roulettes non emballée et vide! Rose en plus! Pour un garçon... Rose fluo même. Même si la romancière brouille les pistes: elle est la mère de deux filles - on les a souvent rencontrées dans ses romans pour (pré)-ados à l'école des loisirs - et la grand-mère de papier est la mère du papa du bébé.
Dépouillées, les illustrations en douces teintes vert olive où pète le rose de la valise s'accordent idéalement avec le texte généreux où respirent joliment les phrases. Des ondes de mots évocateurs qui enrobent le lecteur et le convient au cœur du récit qui suivra le héros jusqu'à son mariage et à sa lune de miel.
Bébé Benjamin est un bébé qui sait ce qui veut. A l'image de sa maman qui refuse cette valise rose, à la différence que lui l'exige près de lui tout le temps. Minuscule petit bout, il avait déjà souri en la voyant. Et tant pis s'il ne savait alors pas encore marcher. Le bagage l'attire même si sa maman le qualifie de "monstruosité".
On va successivement découvrir tous les usages qu'il en fait: berceau, lit à peluches, table à dînette, tambour, même cartable quand il entre à l'école. Heureusement que le gamin a le père qu'il a, toujours prêt à trouver un compromis entre sa mère et son épouse, habile à trouver des solutions qui conviennent à toutes les parties. "Tu sais que ma mère ne fait jamais les choses comme les autres, j'en suis la preuve vivante!", dit-il un jour à sa femme. D'autres formules savoureuses suivront.
On l'a compris, la valise rose est devenue un doudou pour Benjamin et un doudou ne s'abandonne pas, même si les parents pensent autrement. Le garçon va grandir avec la philosophie de vie de sa grand-mère, ne pas chercher à ressembler à tout le monde, et devenir un beau jeune homme à marier qui sait écouter sa femme et se faire écouter d'elle (la preuve en quatrième de couverture), tout en ayant recours aux bons soins d’entreposeuse de sa grand-mère, évidemment.
"La valise rose" est un très joli album familial plein de douceur et de vivacité à la fois, qui roule de l'enfance à l'âge adulte en défendant les doudous, quels qu'ils soient, avec une force tranquille qui le rend d'autant plus attachant. Entre les mots choisis de Susie Morgenstern et les images fines de Serge Bloch, le doudou est en de bonnes mains.
Nooooooooooooon.
Un mot qui est assez bien d'actualité ces derniers jours.
Bon, je vous aide?
Je prends une valise comme dans le jeu télévisé dominical "Visa pour le monde" (RTB, puis RTBF, de 1967 à 1984), culturel et voyageur, où les candidats hésitants ou ignorants d'une réponse avaient droit à un certain nombre de valises munies de téléphones pour se faire aider par l'extérieur?
Je vous ai beaucoup aidés, là.
Car oui, le mot à trouver est "valise", décliné en deux couleurs dans deux super albums pour enfants.
Avec "La valise", Frédérique Bertrand met subtilement en scène la grosse colère d'un très jeune enfant. Celle qui prend et submerge. L'histoire commence dès les pages de garde. On ne se fait pas d'illusions. Papa et Maman sont barrés d'une croix et du papier découpé surgit un petit bonhomme décidé: "Je pars!"
L'histoire commence en pages de garde. (c) Rouergue. |
Dès la double page suivante, on comprend l'idée graphique du livre, le découpage sur l'aplat de couleur de la page de gauche se retrouve dans le dessin aux crayons de couleurs de la page de droite.
"Je prends ma valise". (c) Rouergue. |
Le texte, lui, est composé uniquement des mots du candidat au départ.
"Je prends ma valise... et mes cliques! et mes claques!", déclare-t-il en attrapant sa valise noire dans l'armoire bleue. Normal. Démarre alors une folle farandole de tout ce qui va être destiné à cette valise, une accumulation entre tendresse et sourires pour ce petit qui sait comment être accompagné, pull pour le soir, manteau, bottes, short, livre mais aussi camion de pompiers, ballon, crayons... Tout son univers défile dans ces sobres découpages alors que le petit grogne toujours: "J'en ai ma claque".
Découpages et accumulations. (c) Rouergue. |
Est-ce fini quand toute l'armoire se retrouve dans la valise? Non, le gamin a encore d'autres choses à emporter, plein d'autres choses de plein d'autres pièces de la maison indiquées par d'autres codes couleurs. Dans la liste, des objets bien trop grands pour la valise mais dont l'évocation crée une jolie complicité avec le lecteur de l'album qui s'achemine tout doucement vers sa conclusion. "Ici, c'est sûr; mon départ va laisser un grand vide, un ÉNORME VIDE!" Surtout quand le héros aura choisi les dernières pièces à emporter, de choix assurément... et se retrouvera seul face à une question sans réponse.
Frédérique Bertrand raconte une colère sous forme de témoignage oral, transformé par la qualité et la sobriété des images. Ne dit-on pas "Less is more"? On ne peut qu'avoir de l'empathie avec ce gamin au nez rouge, fâché, vraiment hors de lui et qui finit par ranger sa colère dans sa valise.
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Avec "La valise rose", une de ses couleurs favorites, Susie Morgenstern raconte une jolie histoire de naissance, de doudou et finalement de vie, subtilement mise en images, en traits délicats et expressifs sur des collages graphiques, par Serge Bloch.
"35 ans après notre premier album, enfin le second…merci Suzie et les amis de chez Gallimard", écrit Serge Bloch à son propos sur son blog. Oui, sauf que l'album "Une vieille histoire", celle d'une vieille dame qui se remémore sa vie passée, est sorti en 1985 chez Messidor, a été repris en Kid Pocket avant de reparaître chez Il était deux fois en 2007. Et qu'entre les deux a paru en 2006 au Rouergue un "Comment ça va?" qu'il ne mentionne même plus puisque l'ouvrage est promis au pilon, encore un. Encore un de trop.Pas grave, retour à cet excellent album, pour enfants pas trop petits pour qu'ils en savourent tous les niveaux.
Susie Morgenstern ne serait-elle pas elle-même la grand-mère de l'album qui offre au nouveau-né de 3,437 kilos, comblé de cadeaux de naissance "aussi convenables que convenus", une valise à roulettes non emballée et vide! Rose en plus! Pour un garçon... Rose fluo même. Même si la romancière brouille les pistes: elle est la mère de deux filles - on les a souvent rencontrées dans ses romans pour (pré)-ados à l'école des loisirs - et la grand-mère de papier est la mère du papa du bébé.
Dépouillées, les illustrations en douces teintes vert olive où pète le rose de la valise s'accordent idéalement avec le texte généreux où respirent joliment les phrases. Des ondes de mots évocateurs qui enrobent le lecteur et le convient au cœur du récit qui suivra le héros jusqu'à son mariage et à sa lune de miel.
La couleur de la discorde. (c) Gallimard Jeunesse. |
Bébé Benjamin est un bébé qui sait ce qui veut. A l'image de sa maman qui refuse cette valise rose, à la différence que lui l'exige près de lui tout le temps. Minuscule petit bout, il avait déjà souri en la voyant. Et tant pis s'il ne savait alors pas encore marcher. Le bagage l'attire même si sa maman le qualifie de "monstruosité".
Une valise multi-usages. (c) Gallimard Jeunesse |
On va successivement découvrir tous les usages qu'il en fait: berceau, lit à peluches, table à dînette, tambour, même cartable quand il entre à l'école. Heureusement que le gamin a le père qu'il a, toujours prêt à trouver un compromis entre sa mère et son épouse, habile à trouver des solutions qui conviennent à toutes les parties. "Tu sais que ma mère ne fait jamais les choses comme les autres, j'en suis la preuve vivante!", dit-il un jour à sa femme. D'autres formules savoureuses suivront.
Une valise doudou. (c) Gallimard Jeunesse. |
On l'a compris, la valise rose est devenue un doudou pour Benjamin et un doudou ne s'abandonne pas, même si les parents pensent autrement. Le garçon va grandir avec la philosophie de vie de sa grand-mère, ne pas chercher à ressembler à tout le monde, et devenir un beau jeune homme à marier qui sait écouter sa femme et se faire écouter d'elle (la preuve en quatrième de couverture), tout en ayant recours aux bons soins d’entreposeuse de sa grand-mère, évidemment.
Un doudou, discret, pour la vie. (c) Gallimard Jeunesse. |
"La valise rose" est un très joli album familial plein de douceur et de vivacité à la fois, qui roule de l'enfance à l'âge adulte en défendant les doudous, quels qu'ils soient, avec une force tranquille qui le rend d'autant plus attachant. Entre les mots choisis de Susie Morgenstern et les images fines de Serge Bloch, le doudou est en de bonnes mains.
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