(c) CBBD. |
Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges, Joséphine Baker
Lucie
Lucrèce, Marion, Linotte, Loulou, Philomène
Quel est le point commun entre ces héroïnes féminines, dont on découvre les destins ou les aventures dans des bandes dessinées ou des albums jeunesse?
C'est simple, elles sont toutes sorties des pinceaux et des crayons de Catel, parfois en duo avec un(e) scénariste.
Ah booooon? Ben oui, selon qu'on se situe BD ou jeunesse, on connaît plutôt l'une ou l'autre Catel. Alors qu'il s'agit d'une seule et même personne, volubile et dynamique, brassant à merveille les genres littéraires, et réjouissant d'autant plus de lecteurs. Avec toujours l'idée de militer, à sa manière, pour les droits des femmes.
Un des atouts de la magnifique exposition "Catel, héroïnes au bout du crayon" qui vient de s'ouvrir au Centre Belge de la Bande Dessinée est d'ailleurs de montrer l'ensemble du travail graphique de Catel et d'en faire percevoir la cohérence. Installée à l'étage, extrêmement riche, elle présente dans son mini-labyrinthe les différentes facettes de l'artiste née à Strasbourg le 27 août 1964.
Une scénographie réussie. (c) Daniel Fouss/CBBD. |
L'expo est immense et remarquablement scénographiée dans l'ordre chronologique du travail de Catel. On y trouve évidemment des planches complètes en noir et blanc et en couleurs de la plupart de ses albums en bande dessinée et en littérature de jeunesse, des croquis de ses repérages au crayon ou à l'aquarelle extraits de ses célèbres carnets, de somptueux portraits (féminins en général), la manière dont elle travaille par étapes, ses projets en cours et même un mini-atelier (table, documentation, crayon noir (porte-mine), pinceaux, encre de Chine, boîte d'aquarelles, crayons de couleurs, carnets). Un écran proposant seize sujets en projection complète cette riche visite que Catel nous a commentée.
"Des héroïnes féminines dégourdies, plutôt impertinentes, qui ont du caractère, dans lesquelles j'ai envie de me retrouver et que mes lectrices se retrouvent", en dit-elle.
Aquarelle de Kiki de Montparnasse sur scène. (c) CBBD. |
Bécassine revue. (c) CBBD. |
Carnet de repérage de la maison de Doëlan composant la planche 25 de "Ainsi soit Benoîte Groult" (Grasset, 2013). (c) CBBD. |
Catel dans son expo. (c) Daniel Fouss/CBBD. |
Philomène chez Epigones. (c) CBBD. |
Lucie, chez Casterman. (c) CBBD. |
Catel, ce sont évidemment les biographies graphiques, les formidables "biographiques" "Kiki de Montparnasse", "Olympe de Gouges" et "Joséphine Baker" (Casterman, collection "Ecritures", 2007, 2012 et 2016), en duo avec José-Louis Bocquet. Des romans graphiques passionnants, documentés et terriblement agréables à lire. Son "Liberté (Kiki), Egalité (Olympe), Fraternité (Joséphine)" à elle.
"Après "Kiki de Montparnasse", mon premier grand succès, j'ai subi beaucoup d'agressivité de la part des hommes. Mon deuxième succès a été "Quatuor". Olympe m'a donné mes galons ainsi que le livre avec Benoîte Groult qui a été très bien reçu. Aujourd'hui, cela va tout seul. Je suis présidente de la commission BD du CNL."
Catel, c'est aussi une petite entreprise familiale qui tourne bien. "Mes enfants sont présents dans mes livres. Ma fille Line m’a servi pour le personnage de Linotte, ma seconde fille Julie pour celui de Juliette dans "Quatuor". Par contre, c'est Salomé, la fille d’Anne Goscinny, qui a inspiré le personnage de Lucrèce." Cette "matière première en direct!" et un appétit féroce pour le travail ("J'accepte plus de travail que je ne peux en faire et je le répartis") ont conduit à la création d'un "studio Catel". "Je suis boulimique. C'est merveilleux de pouvoir choisir. Je suis dans un entonnoir où le temps m'est compté. Ainsi, Lucrèce, c'est 120 dessins par livre. Du coup, j'ai des stagiaires, dont une a fait mon blog et avec qui je travaille toujours, une qui refait mes "bulles" dans les planches, des coloristes. J'ai un atelier à Fécamp, au bord de la mer, où travaille mon équipe, 80 % de filles, 20 % de gars, tous payés au mieux que je peux."
Lucrèce chez Gallimard. (c) CBBD. |
(*) Quand Catel a abordé Benoîte Groult pour faire son portrait, cette dernière lui a répondu qu'elle détestait la bande dessinée (lire ici).
Catel, c'est évidemment la mise en valeur d'héroïnes féminines qui manquaient à la bande dessinée. Combien de temps n'a-t-elle pas attendu que Peyo crée une Schtroumpfette? "La Schtroumpfette est LE personnage que j’ai attendu en tant que femme." Un personnage qui l'a réjouie, "inspiré de Mylène Demongeot et non de Brigitte Bardot comme on le croit souvent." Mylène Demongeot avec qui elle a abordé la relation mère-fille.
En projet, le roman des Goscinny. (c) CBBD. |
En projet, la cinéaste Alice Guy. (c) CBBD. |
Pratique
"Héroïnes au bout du crayon": Centre belge de la Bande dessinée, 20, rue des Sables, 1000 Bruxelles, tous les jours de 10 à 18 heures, jusqu'au 25 novembre.
Devinettes
Différents livres de Catel sont réunis dans ces montages. Saurez-vous les reconnaître?
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