Susie Morgenstern. |
Fée de la littérature de jeunesse avec une centaine de titres publiés et grandement appréciés, Susie Morgenstern a déjà raconté abondamment sa vie dans des romans et des albums destinés à toutes les tranches d'âge de l'enfance et de l'adolescence. Habituée des manifestations littéraires jeunesse, salons, festivals, rencontres scolaires, Susie Morgenstern n'a jamais hésité à y partager de nombreux événements de sa vie, petits ou grands, joyeux ou tristes. Pour peu qu'on soit amateur de littérature de jeunesse, on sait beaucoup de choses sur celle qui est née Susie Hoch à Newark dans le New Jersey aux Etats-Unis le 18 mars 1945 et est arrivée en 1965 en France, à Nice précisément, après avoir rencontré en Israël, à 18 ans, un mathématicien français, Jacques, l'amour de sa vie dont elle allait prendre le patronyme!
A lire "Mes 18 exils" (L'Iconoclaste, 224 pages), sa passionnante autobiographie publiée du haut de ses 76 ans, on se rend compte que Susie Morgenstern ne vous avait pas tout dit. Le reste, elle nous le confie de sa plume singulière, vive et sensible, si proche de sa diction qu'en la lisant, on entend son épouvantable accent américain. Le reste. Son immense amour de la vie, peu importe les surprises. Son appétit pour chaque jour qui commence avec, si possible, ses grands éclats de rire distinctifs. Son état d'esprit ouvert à l'aventure de vivre. Pas par militantisme mais parce qu'elle est comme ça, Susie.
En décidant de baser son autobiographie sur un mot à même de faire peur et d'occulter un récit extrêmement passionnant, digne d'un roman ("Quelle vie! Plus pleine, plus riche, plus drôle qu'un roman") et en le déclinant 18 fois, Susie Morgenstern peut donner l'impression de vouloir dérouter son lecteur. C'est mal connaître cette professionnelle de l'écriture, cette championne des déclarations. Son lecteur, elle le rattrape tout de suite par un bref cahier photo en ouverture de l'ouvrage et par un bref résumé des "18 exils" qu'elle a définis. Du premier, "naître", au dix-huitième, "mourir", en passant par tout ce qui a fait d'elle l'être humain aussi original qu'attachant qu'elle est: son sexe, sa famille, sa religion, ses rencontres amicales, amoureuses, ses maternités, son changement de pays, ses études, son boulot, ses joies et ses deuils, ses tristesses, son veuvage, sa maladie, sa résurrection amoureuse...
Tout cela, Susie Morgenstern nous le confie avec sincérité, nous entraînant à sa suite dans cette incroyable aventure qu'est sa vie, qu'est la vie. Une vie qu'elle a toujours croquée à pleines dents, forte de ses appétits variés, manger, lire, écrire, aimer, enseigner, donner. Même si elle a parfois morflé, l'énergique qu'elle est a thésaurisé chaque fois. Elle nous partage son évolution, ses doutes, ses questions, ses réussites, ses rigolades. Sa volonté farouche de suivre sa voie, de quitter certaines choses et d'en découvrir d'autres. Son impertinente liberté.
"Mes 18 exils" se lit avec curiosité et plaisir, hymne à la vie lucide et plein d'émotions, de rires et d'autodérision. Quel parcours! Merci à Susie de nous le partager et de nous inciter à vivre nos vies et à profiter de chaque moment.
"L'ultime exil, on essaie tous de ne pas y penser
Mais quand on n'en est pas loin, c'est difficile.
Ma prière quotidienne: "Merci d'être en vie!"
Restons le plus possible dans cette vie
dont on se plaint mais qu'on aime tant-tant-tant!"
"Exil 18, Mourir".
Les petits bonheurs de Susie Morgenstern par elle-même
Mes petits bonheurs
Rester à la maisonSe leverSe laverPresser les oranges du jardinÉcouter les gazouillements de la cafetièreToasterTartinerFrance InterSe brosser les dentsContempler le ciel bleu azurFaire le lit avec des beaux drapsFaire une lessiveAttacher une montre sur le poignetFaire du stretching pour le dos en miettesS’habiller dans des vieilles guenilles 100 % cotonÉcrire une page dans un journal intimeRépondre à de vraies lettresArranger les coussins de toutes les couleursAllumer l’ordinateurRegarder la mer au loinPenser à JacquesArroser les plantesParler au téléphoneCuisiner pour Mayah et Jean-MarcTendre le linge sur le toitS’allonger cinq minutes au soleilPenser à Yona et à NoamTaper trois pages
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